éditorial


Jospin n'a d'autre ambition que de servir les financiers et… sa carrière

Vive l'alliance des travailleurs des villes et des campagnes, des chômeurs et des exclus

 Lors de l’université d’été des socialistes, Jospin a tracé les grandes lignes de son programme gouvernemental. En mal de démagogie, il a notamment promis des cadeaux fiscaux aux " classes moyen-nes "... pour 2001, sans doute pour faire oublier les hausses de cette année. Derrière les propos du démagogue, il y a cependant une politique, celle de tous les gouvernements des pays riches, celle des Clinton, Blair et Shröder, servir les intérêts des grands groupes financiers et industriels, à l'intention desquels ils multiplient les cadeaux, au prix d’un appauvrissement de l’ensemble de la population et d’une aggravation des inégalités sociales, que les gouvernements cherchent à compenser en donnant quelques miettes aux catégories sociales intermédiaires dont les politiciens se disputent les voix.

Jospin tente de donner le change en parlant d’une " nouvelle alliance " : " les exclus, les classes populaires et les classes moyennes ". La prétention de se préoccuper des exclus et des classes populaires n’est qu’un mensonge, spécialité de ces politiciens qui pour satisfaire leurs propres ambitions – et Jospin affiche de plus en plus les siennes – tentent de faire croire qu’ils défendent les intérêts de l’ensemble de la population.

Mais tout ce que Jospin a à promettre aux travailleurs, aux chômeurs, aux exclus, c'est le plein emploi… dans dix ans ! Les délais s’allongent d’autant plus qu’à court terme les choses s’aggravent ! Jospin voudrait donner l’impression qu’il peut décider sur plusieurs années de ce que sera la situation économique et sociale mais dans les faits, il est impuissant devant les capitalistes et les financiers. Il l’a lui-même reconnu : " le gouvernement n’a plus les moyens d’imposer ses volontés au marché ". Ni les moyens ni la volonté !

On l’a bien vu cet été où les fusions et concentrations à coups de milliards se sont succédées. Un nombre toujours plus réduit de grands trusts dirige la société en fonction des besoins exclusifs d’un nombre toujours plus restreint d’actionnaires toujours plus riches : les 200 personnes les plus riches du monde ont une fortune évaluée à 1 000 milliards de dollars et ils sont deux fois plus riches qu’il y a cinq ans. Ce sont eux les vrais maîtres de la société.

Ainsi, la fusion entre Carrefour et Promodès constitue le deuxième groupe mondial de distribution. Il n’y aura désormais plus que quatre groupes de distribution en France : pour leur vendre leurs produits, les paysans seront contraints d’accepter des conditions de plus en plus draconiennes. Et tandis que les producteurs sont payés le moins cher possible sans que les prix baissent, notre assiette risque d’être remplie de vache folle ou de poulet à la dioxine, tandis que les salariés de la distribution subissent temps partiel imposé et salaires de misère. Tout cela pour le plus grand profit des familles Mulliez, Defforey et Halley, actionnaires d’Auchan, de Carrefour et de Promodès qui caracolent en tête des classements des grandes fortunes. C’est pour défendre ces intérêts-là que le gouvernement fait la guerre aux travailleurs, aux classes populaires et aux exclus.

Il est beaucoup question de l’utilisation qui pourrait être faite des quelques dizaines de milliards de recettes fiscales en excédent. Il y a six millions de personnes qui vivent avec moins de 3500 F par mois, il y a des millions de chômeurs dont la moitié ne touche plus d’allocation-chômage, il y a des dizaines de milliers de sans-abri : un gouvernement qui aurait eu le souci d’améliorer le sort des classes populaires n’aurait pas hésité longtemps à prendre des mesures en leur faveur. Jospin, lui, a promis des cadeaux fiscaux qui vont profiter aux professionnels du Bâtiment et de l’immobilier. Les économies budgétaires dont il proclame la nécessité ne concernent que le fonctionnement des services publics. Pas question de limiter les cadeaux aux patrons. Cela se traduit par une dégradation des services publics et de tout ce qui concerne la vie de la collectivité.

C’est contre cette dégradation que les salariés de Bronzo, entreprise détenue par Vivendi et la Lyonnaise des eaux, deux groupes français qui ont prospéré en s’accaparant les marchés publics, ont fait grève pendant trois semaines pour demander des embauches et plus de matériel pour ramasser les ordures dans les quartiers populaires de Marseille. Ils n’ont eu pendant trois semaines qu’une seule réponse, la menace de l’intervention de l’armée pour briser leur grève, avant d'enfin obtenir gain de cause sur leur modestes revendications. De même que les paysans qui protestaient contre les conséquences de la course au profit pour les producteurs et les consommateurs n’ont eu droit qu’à de la prison et à des amendes.

Les éboueurs en grève de Marseille et les paysans de la Confédération paysanne montrent que la seule force qui peut briser ce carcan du profit qui étouffe toute la vie sociale, ce sont les luttes des travailleurs. C’est cela, la véritable alliance des exclus, des travailleurs et des couches populaires, qui nous permettra de changer notre sort.