éditorial


Contre le chômage, interdiction des licenciements, mobilisation et contrôle des travailleurs

Manifestons contre le libéralisme économique et le gouvernement qui le sert, pour défendre les droits du monde du travail

Le capitalisme sans frein, hors de tout contrôle, le libéralisme économique conduit la société à une catastrophe.

Le terrible accident de chemin de fer qui a eu lieu à Londres la semaine dernière et dont les autorités sont encore incapables de dire le nombre exact de victimes, tant le choc et l’incendie qui a suivi, ont été violents, en est une nouvelle et dramatique illustration.

Cet accident est la conséquence de la dégradation de l’ensemble des chemins de fer anglais à l’issue de leur privatisation, une véritable " braderie ". Le ministre des transports britannique a été lui-même obligé de reconnaître qu’" il y a un conflit d’intérêts entre la recherche du profit et la sécurité ". Oui, la question est bien là, les différentes compagnies privées qui ont dépecé le chemin de fer britannique n’ont qu’un seul but, réaliser des profits, 13 milliards dans les trois dernières années, au détriment des investissements et donc de la sécurité.

Aujourd’hui, le gouvernement anglais essaie de se dédouaner de ses propres responsabilités en accusant, en fonction de ses propres intérêts, les sociétés privées devant lesquelles il est à plat ventre. C’est leur propre système qui se retourne contre eux et les accuse, la folle logique de l’économie de marché, le capitalisme qui brade les intérêts de la collectivité pour le seul profit des financiers.

L’Angleterre est certes en avance dans cette course vers l’anarchie financière par rapport à la France. Mitterrand et les différents gouvernement de cohabitation qui ont suivi n’ont pas pu, à cause de la résistance du monde du travail et de ses organisations, aller aussi vite que Thatcher, Major et Blair, mais les uns et les autres mènent la même politique.

C’est bien ce que disait Jospin lui-même, avant de se reprendre, quand froidement, il déclarait à la télévision que l’Etat ne pouvait rien contre les licenciements à Michelin. Il s’est repris depuis, mais en changeant les mots pour garder la même politique. Il nous parle maintenant de " régulation ", mais cette régulation se fera pour le seul compte des intérêts privés, égoïstes, irresponsables de la poignée de financiers dont l’avidité dirige l’économie.

La seconde loi Aubry actuellement en discussion au Parlement vise à " réguler" le temps de travail comme les salaires dans le seul intérêts des patrons, arrosés de subventions sans même que l’Etat exige d’eux des embauches.

Ne voit-on pas ici aussi les services publics se dégrader, passer au privé, ou s’engager dans une politique financière comme la Poste ? Il n’est plus question que d’une seule chose, de rentabilité, de coût du travail, de concurrence.

C’est aussi contre cette politique folle que les jeunes des lycées ont manifesté ces jours-ci, au premier rang d’entre eux les jeunes des lycées professionnels, victimes eux aussi dans leur formation des impératifs de rentabilité.

Pour enrayer cette course à la catastrophe dans laquelle le libéralisme économique engage toute la société, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. Les partis qui se disent de gauche se font les défenseurs de l’économie de marché, des privatisations, de la concurrence, au mieux " régulée ".

Oui, seuls les travailleurs ont la force, la capacité de s’opposer à la soumission de toute la société aux seuls intérêts de la minorité privilégiée, qui concentre toujours plus de richesses entre ses mains au détriment de la grande majorité de la population. Cela n’est pas vrai qu’en Angleterre ou aux Etats-Unis, cela est aussi vrai ici après des années de gouvernement de gauche.

C’est pourquoi nous pensons que tous ceux qui comme nous, et nous savons qu’ils sont nombreux, sont révoltés par cette mainmise criminelle des intérêts d’une toute petite minorité de financiers sur l’économie, ont intérêt à saisir l’occasion qui leur est offerte, à l’initiative du Parti communiste, de dire leur révolte dans la rue, au coude à coude, en manifestant le 16 octobre à Paris.

Oh, bien sûr, les intentions et les calculs de Robert Hue et du Parti communiste qui participe au gouvernement, ne correspondent pas aux intérêts de l’ensemble des victimes de la politique que patronat et gouvernement mènent la main dans la main. Bien des travailleurs peuvent être sensibles aux arguments de Nicole Notat et de Bernard Thibault qui justifient que ni la CFDT ni la CGT ne participeront à la manifestation, au nom de l’indépendance des syndicats par rapport aux partis politiques. Mais ces arguments ne tiennent pas compte des intérêts des salariés. Pour s’en convaincre, il suffit de voir à quel point ce petit monde des dirigeants syndicaux est lié au gouvernement. Il a suffi que Jospin reçoive Hue à déjeuner pour que Thibault se sente autorisé à aller à la manif ! A titre personnel, bien sûr…

La véritable question est que nous soyons, nous, indépendants du gouvernement et des partis qui le soutiennent pour défendre nos intérêts, pour faire entendre nos droits et nos revendications. Thibault ne fait que ce qu’en haut lieu on l’autorise à faire. Tout comme Notat, sa nouvelle alliée, l’ancienne alliée de Juppé en 95, même s’ils n’obéissent pas exactement aux mêmes.

Robert Hue et le Parti communiste voudraient détourner notre mécontentement pour le compte du gouvernement. A nous de ne pas nous laisser duper, à nous de dire avec Lutte ouvrière d’Arlette Laguiller et la Ligue communiste révolutionnaire d’Alain Krivine, qui appellent à la manifestation, notre colère, nos revendications, en toute indépendance du gouvernement comme des partis qui le soutiennent pour faire notre propre politique, celle de la défense des intérêts du monde du travail.