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La solidarité avec les militants du Parti communiste passe par les aider à se dégager de toute solidarité gouvernementale

Les manifestations auxquelles le Parti communiste et l’extrême-gauche appellent pour le 11 décembre sont l’occasion pour tous ceux qui seront présents de se retrouver au coude à coude pour manifester contre le chômage, la loi des 35 heures et la politique gouvernementale dans laquelle nombre de militants et sympathisants du Parti communiste ne se reconnaissent plus. Et de ce point de vue, leur succès ne peut qu’encourager les militants et sympathisants du Parti communiste qui prennent conscience qu’être fidèle aux intérêts de la classe ouvrière signifie n’avoir aucun soutien avec le gouvernement. Pour la direction du Parti communiste, les manifestations du 11 décembre sont une nouvelle concession qu’elle a dû faire à sa base militante. Elle n’entend pas qu’il y ait un réel lendemain au 11 décembre et elle s’apprête à réintégrer tranquillement le giron gouvernemental qu’elle n’a jamais quitté en essayant de capitaliser au mieux sa politique vis-à-vis de l’extrême-gauche. Mais ce n’est pas si simple, loin s’en faut. Il y a même fort à parier que ce soit l’extrême-gauche qui retourne en sa faveur les petites manœuvres de Robert Hue.

Ce dernier doit aussi compter sur l’immobilisme d’une grande partie de l’appareil, craintif de toute évolution. La préparation du 30ème Congrès prévu fin mars l’atteste clairement. Il n’est pas question de changer d’un iota le cap de la participation gouvernementale qui est à nouveau affirmée. Il ne s’agit pas de " refonder " le Parti communiste comme l’avait avancé Robert Hue mais de poursuivre la même politique, le Parti communiste n’en n’ayant pas d’autre de rechange. La seule perspective serait dans l’affirmation d’une force politique se donnant les moyens de préparer la contre-offensive du monde du travail contre la politique de la bourgeoisie et de son fidèle allié, le gouvernement. Ce serait une " refondation " à l’opposé de la nature même du PC.

Beaucoup de militants du Parti communiste vont prendre conscience que pour la direction du Parti communiste, il n’était pas question de s’appuyer sur les mobilisations pour aller de l’avant. Et le retour à une politique dont le soutien au gouvernement n’aura plus besoin de susciter l’illusion qu’il est en même temps possible de s’y opposer dans la rue, va faire se poser beaucoup de questions aux militants. Ce que le Parti communiste a mis en route, contraint et forcé de prendre position contre les licenciements chez Michelin, ne peut s’arrêter là.

Les mouvements de grève en cours contre l’application de la loi des 35 heures, les manifestations des mineurs de Metz pour revendiquer leur part des richesses sous forme d’augmentation des salaires, comme les mouvements des pompiers pour de meilleures conditions de travail sont la preuve qu’une fraction des travailleurs, loin d’être démoralisée, relève la tête. Cette reprise des conflits suscitent la sympathie et la solidarité des militants ouvriers du Parti communiste qui avaient pris au sérieux la nécessité de s’opposer au chômage et à la dégradation des conditions d’existence proclamée dans les manifestations du 16 octobre comme du 11 décembre. Ils ont raison et il est de notre responsabilité de nouer les relations démocratiques de discussions et de débats pour aider à ce que leurs évolutions de conscience puissent être confortées dans des relations fraternelles.

Agir en commun contre le chômage et les licenciements, oui, mais il nous appartient d’aller jusqu’au bout des aspirations de ceux qui descendent dans la rue, en posant en toute clarté la responsabilité des partis gouvernementaux dont le PCF.

Valérie Héas

Vouloir se mobiliser, oser sanctionner ", Voix des travailleurs soutient les candidats de la LCR aux élections cantonales partielles en Gironde

Vouloir se mobiliser, oser sanctionner ", c’est par ces mots que Catherine Durin et François Labrosse commencent la présentation de leur candidature aux élections dans les 1er et le 3ème cantons de la Gironde. Ils écrivent : " Par la mise en place du gouvernement PS, PC, Verts, on était en droit d’attendre la régularisation de tous les sans-papiers, l’augmentation des minima sociaux, associés à une embauche massive dans les secteurs privés et publics, une réduction du temps de travail qui donne du temps pour vivre et du travail aux chômeurs.

Les mesures gouvernementales sont là, cyniques ; de plus sur les retraites et la Sécurité sociale, ces acquis seront détruits, les conventions collectives, le droit du travail, les statuts des fonctionnaires seront remodelés vers l’emploi précaire et flexible, et les licenciements sans contraintes, comme en Amérique du Nord.

Nous devons aujourd’hui sanctionner cette politique et faire barrage à toutes ces mesures dictées par la mondialisation. Nous appelons à le faire par tous les moyens, mobilisations, élections.

C’est le sens de nos candidatures aux cantonales partielles […] Faites de votre vote l’expression de votre désaccord avec la politique de la droite sur Bordeaux et des partis de la gauche  plurielle ".

" Voix des travailleurs " soutient et s’associe à la campagne de Catherine et de François. Il est important qu’à chaque occasion qui se présente, nous donnions aux travailleurs le moyen d’adresser un carton rouge aux partis de la gauche plurielle, que nous sanctionnions la politique du gouvernement entièrement vouée aux intérêts du " marché ". Comme le disent Catherine et François, les élections sont un moyen de préparer les mobilisations et les luttes.

Y. L.

Le droit de vote des étrangers revient en discussion : les besoins démocratiques s’imposent aux calculs des politiciens

Le 24 novembre, les députés du PCF ont déposé une proposition de loi proposant que les étrangers vivant en France depuis cinq ans puissent voter et se présenter aux élections municipales, comme c’est déjà le cas pour les résidants originaires des pays de l’Union Européenne. Cette proposition met en évidence une injustice flagrante : ce sont plus de deux millions de travailleurs, issus pour la plupart d’entre eux de pays pauvres, et souvent d’ex-colonies françaises, qui ont le " droit " de venir en France, d’y produire des richesses pour le plus grand profit des patrons, d’y payer des impôts utilisés par les pouvoirs publics pour subventionner le patronat mais qui n’ont aucun droit politique. Cette discrimination qui affaiblit encore un peu plus la fraction la plus faible de la classe ouvrière en la désignant comme différente, est un héritage du nationalisme et de l’oppression coloniale sur lesquels s’est construit l’Etat de la bourgeoisie française. Une discrimination qui divise le monde du travail, c’est une limitation des droits démocratiques de tous.

Cela nous rappelle que les droits démocratiques n’ont jamais été donnés par un quelconque Etat aux " citoyens ", mais ont toujours été imposés à l’Etat par les citoyens en lutte. Ainsi en 1793, les Sans-Culottes et les paysans révolutionnaires avaient imposé une Constitution républicaine qui affirmait le droit de vote pour " tout étranger âgé de 21 ans, qui, domicilié en France depuis une année, y vit de son travail, ou acquiert une propriété, ou épouse une Française, ou nourrit un vieillard. Tout étranger enfin qui sera jugé par le corps législatif avoir bien mérité de l’humanité ". Aujourd’hui, ce sont les luttes dans la rue des sans-papiers, c’est la participation des travailleurs immigrés aux luttes pour défendre les droits des travailleurs, comme on l’a vu avec les salariés d’ONET en grève à la gare d’Austerlitz, c’est l’engagement des femmes et des jeunes immigrés dans la vie des quartiers à travers les associations, les comités de parents d’élèves qui résistent à la dégradation des rapports sociaux conséquences de la misère et trouvent mille et un moyens de faire vivre la solidarité, c’est tout cela qui fait la démonstration que ces " étrangers " d’après la loi sont bien des " citoyens " à part entière.

Les politiciens n’ont plus qu’à entériner ce que la vie a imposé. Tout leur problème est de s’accaparer la paternité de ce droit démocratique en le présentant comme le produit de leurs conceptions démocratiques éclairées. Cela devient un enjeu dans les rivalités entre les différentes forces politiques : le PC a eu l’initiative de la proposition de loi. Le PS répond, on est " favorable ", mais c’est compliqué, cette loi supposant une réforme de la Constitution, " s’il y a une majorité pour réformer la Constitution, nous sommes prêts à voter dès maintenant " a déclaré un dirigeant du PS en renvoyant la balle aux partis de droite. Dans le camp de la droite, c’est la division sur cette question. Les dernières déclarations de Pasqua favorables à la régularisation des sans-papiers et de Juppé appelant son camp à une " décrispation idéologique " sur la question de l’immigration en sont la preuve. Leur préoccupation aux uns et aux autres, est de se faire une image de marque moins réactionnaire en montrant leurs capacités à prendre en compte les " questions sociales ", comme le formulait un dirigeant de l’UDF. Ces évolutions bien timorées prouvent cependant que les travailleurs peuvent exercer leur pression sur l’Etat. Pour imposer le droit de vote pour les travailleurs immigrés sans doute faudra-t-il faire monter la pression.

Isabelle Cazaux

Elections dans le XXème arrondissement de Paris, dans la cacophonie politicienne, une voix révolutionnaire s’est fait entendre

Avec plus de 64 % d’abstention, les élections dans le XXème arrondissement de Paris ont atteint un record d’indifférence comme déjà il avait été possible de le constater au long de la campagne. Il est bien difficile de tirer des conclusions politiques des résultats. On peut cependant noter que le Parti communiste maintient ses résultats de 97, avec 8,81 % des voix. Les Verts progressent, passant de 4,93 à 12,57 %, progression qui semble confirmer que la relative désaffection pour le PS profiterait aux Verts dont les appétits pour les municipales vont s’en trouver aiguisés puisque ces résultats tendent à confirmer qu’ils sont en passe de devenir la deuxième force de la gauche. Il est significatif que les Verts n’arrivent que difficilement à dépasser les 5% dans les quartiers populaires alors que le PC malgré sa participation gouvernementale y fait ses meilleurs scores, plus de 15 %.

Le PS passe de 27,46 % des voix à 25,61 %, recevant ainsi la sanction de sa politique défavorable à la population.

On peut noter avec une certaine satisfaction que " la personnalité nationale " de Brice Lalonde fait à peine plus de 1 %.

Le Front national confirme son recul avec 5,19 % des voix au lieu de 13,35 %, alors que le candidat mégretiste frôle par le haut les 1 %. Recul d’autant plus significatif que c’est dans cet arrondissement que le FN avait dépassé pour la première fois les 10% des voix en 1983.

Le vainqueur de ces élections, du moins politiquement, au sens où il peut se positionner comme l’arbitre de la droite, c’est Pasqua dont le candidat recueille 11,53 % des voix. Arbitre, certes, mais obligé de s’effacer au deuxième tour, il ne semble guère avoir envie de donner son soutien sans contrepartie au candidat UDF de la droite, qu’il entend laisser seul face au candidat socialiste. Le couple Pasqua-De Villiers est peut-être en train de devenir le nouvel axe de la droite bien qu’il soit plus probable que ce petit faux succès ne constitue qu’un nouvel épisode de la bataille des clans et des chefs au sein de cette droite qui n’en finit pas de s’entre-déchirer.

Dans cette agitation politicienne, une voix a tranché, celle de la candidate de la Ligue communiste révolutionnaire, Catherine Lebrun. Elle recueille 2,31 % des voix, ce qui, dans ce contexte, est très honorable, puisqu’en 1997, LO avait recueilli 2,92 % des voix et la LCR 0,9 %. On ne peut que regretter que Lutte ouvrière n’ait pas apporté un soutien plus franc qu’un petit communiqué de dernière minute plein de réticences.

Lutte ouvrière a pris prétexte, sans même en discuter, du fait que la candidate de la LCR pouvait appeler à voter au deuxième tour pour le candidat socialiste, pour écarter la possibilité d’une candidature commune. Bon argument pour une mauvaise cause ! Il fallait regrouper dès le premier tour l’ensemble des forces révolutionnaires pour que s’exprime au mieux la condamnation de la politique de droite que mène le gouvernement de la gauche plurielle. C’est ce que pour notre part nous avons fait.

Nous ne pensons pas cependant que les travailleurs aient à arbitrer le conflit entre les politiciens de droite ou de gauche. Laissons-les vider leurs querelles. Sans faire au deuxième tour l’inverse de ce qu’on a fait au premier. Au premier tour comme au deuxième, comme dans toute notre activité militante, il nous faut œuvrer aux mobilisations pour aider les travailleurs à rompre toute solidarité avec le gouvernement et la politique des partis qui le soutiennent

Yvan Lemaitre