éditorial


Samedi 11 dans la rue, comme tous les jours au travail, organisons la résistance contre la politique du patronat et du gouvernement

Grèves des nettoyeurs du métro, des techniciens de la radio et de la télévision, des cheminots, manifestations des mineurs de Lorraine, des pompiers, des chômeurs, ou des éleveurs bretons, nous sommes de plus en plus nombreux à entrer en lutte, pour opposer notre résistance à la dégradation de nos conditions de vie et de travail.

La contestation sociale se manifeste ici, comme elle l’a fait aussi à Seattle, contre la mondialisation et le pouvoir des trusts, lors de la conférence de l’OMC dont les organisateurs ont dû reconnaître l’échec. Les représentants des grandes puissances tant américaine qu’européennes, quoi qu’en disent aujourd’hui les ministres français ou allemand, avaient organisé cette grande messe pour tenter de faire croire que la mondialisation, c’est le progrès, et qu’elle pourrait être régulée, de façon démocratique, avec l’approbation des représentants de tous les peuples du monde.

Leur échec montre qu’il n’en est rien. Il est aussi impossible de réguler le commerce et l’économie à l’échelle du monde qu’à l’échelle d’un pays, tant la seule loi que connaît le système capitaliste, c’est la loi de la jungle, la loi du plus fort, le pillage des peuples les plus pauvres par les trusts des pays riches, l’exploitation des travailleurs du monde entier par une poignée d’actionnaires de la finance et de l’industrie. C’est ce qu’ont mis en lumière les dizaines de milliers de manifestants qui se sont retrouvés à Seattle.

C’est ce que montre aussi la multiplication des grèves et des mouvements de résistance ici. Le gouvernement voudrait nous faire accepter, en jouant la concertation avec des directions syndicales complices, et sous couvert de modernité et de " réformes ", le recul de nos conditions de travail, de notre pouvoir d’achat, la misère entraînée par le chômage massif, la disparition des services publics et des protections sociales. Un recul général de la société qu’exige la satisfaction des intérêts égoïstes et parasitaires des gros actionnaires qui mettent l’économie en coupe réglée.

Mais les dizaines de milliers de travailleurs qui font grève ou manifestent ces derniers jours, pour des embauches, pour l’augmentation de leurs salaires, contre les attaques mises en place par la loi Aubry sur les 35 heures, expriment ce que nous sommes très nombreux à ressentir, la révolte devant l’insolence des profits en Bourse, la rapacité et l’arrogance du patronat, l’hypocrisie de ce gouvernement qui prétend représenter nos intérêts quand il n’agit que pour satisfaire la soif d’enrichissement de celui-ci.

Ce ne sont pas les 2,7 milliards que Martine Aubry distribue pour un million six cent mille personnes les plus démunies, ces miettes de la croissance, qui feront illusion. Bien au contraire. La générosité de Martine Aubry, générosité de riche, n’a d’autre fonction que de bluffer l’opinion et d’aider le mauvais coup du vote de la loi des 35 heures à passer. Les riches ne sont généreux qu’avec eux-mêmes.

Samedi prochain, le 11 décembre, les organisations de chômeurs, le Parti communiste et l’extrême-gauche appellent à manifester contre le chômage. Saisissons-nous de cette occasion, manifestons contre le chômage, manifestons pour dénoncer le patronat et le gouvernement, les responsables de cette plaie pour la société. Manifestons pour indiquer que nous sommes nombreux à vouloir préparer une contre-offensive du monde du travail, pour imposer un changement de politique au gouvernement, pour l’obliger, lui et le patronat à reculer.

Oui, il faut un changement de politique, mais un changement radical, et nous sommes les seuls, nous, travailleurs, chômeurs, jeunes, à vouloir et à pouvoir l’imposer, parce que nous n’avons aucun intérêt commun avec la minorité privilégiée dont les intérêts déterminent la marche de l’économie et la politique du gouvernement.

Nous sommes les seuls à vouloir et pouvoir imposer une autre répartition des richesses, et le contrôle de la population sur la marche de l’économie, qui seuls permettront l’embauche de tous les chômeurs et l’augmentation générale des salaires, ces mesures d’intérêt collectif sans lesquelles il est impossible d’en finir avec la misère.

Soyons le plus nombreux possible à dire cela, dans la rue, samedi, comme chaque fois que l’occasion s’en présente. Mais en sachant que c’est tous les jours, sur nos lieux de travail, que nous pouvons préparer cette contre-offensive, en regroupant nos forces, en organisant la résistance pour faire respecter notre travail et nos droits.

Oui, c’est en permanence qu’il nous faut exercer notre pression sur l’Etat, sur les autorités quelles qu’elles soient. Rien ne peut venir des sommets, seulement des attaques et des coups, ou bien des paroles hypocrites quand ils craignent la révolte du monde du travail et tentent d’étouffer la contestation sociale.

C’est par en bas, par nous-mêmes, par nos seules forces, que nous pouvons organiser la résistance quotidienne aux attaques que nous subissons, pour opposer notre contre-pression à la pression que le patronat, le gouvernement et tous leurs relais exercent en permanence sur nous afin de faire reculer nos droits et de soumettre la collectivité à la loi de la rentabilité et des intérêts des privilégiés.