échos dentreprises et de luttes
Les agents de nettoyage de cette entreprise sous-traitée par la RATP ont fait grève pendant plus de quinze jours contre lapplication des 35 heures. Elles devaient se traduire par une dégradation de leurs conditions de travail et de leur salaire.
Avec les 35 heures, la direction voulait faire faire en 7 heures le même travail qui était fait en 8 heures par jour auparavant. Elle a embauché 23 personnes mais en a fait partir 30 dans le même temps. Les travailleurs ont exigé une " prime dénergie " de 400 F pour compenser le surcroît de travail. A loccasion de quelques reportages qui ont été faits durant la grève, les travailleurs ont montré les locaux que la direction appelle leurs " vestiaires " : à la station de métro de la Gare de lEst, un cagibi confiné sans lavabo, aux Halles une pièce sentant le moisi où prolifèrent les cafards mais aussi les rats, à Strasbourg-Saint-Denis, les travailleurs mangent leur casse-croûte dans un dépôt à ordures. Cest pourquoi ils exigeaient également une prime de salissure de 100 F.
Cest avec beaucoup de révolte et de dignité que les travailleurs, souvent dorigine étrangère, ont dénoncé, pour la première fois devant des médias, leurs conditions de travail et leurs salaires. La direction, face à leur pression, a parlé dune " prime de qualité " qui serait de 0 à 200 F ! Elle serait attribuée individuellement, en fonction des pénalités infligées à la RATP qui fait contrôler régulièrement la propreté des couloirs du métro.
Mercredi 24 novembre, la direction a assigné en référé les 326 grévistes pour " entrave à la liberté du travail " et a fait interdire par le juge du tribunal des référés laccès aux sites Onet de la RATP à 7 salariés quelle accusait de déposer volontairement des ordures ! Elle les a menacés de licenciement. Pendant le jugement, l'avocat du patron a été soutenu par celui de la RATP qui a parlé de " mouvement illicite ". Sous prétexte de prétendues menaces de grévistes envers des non-grévistes et parce que les poubelles trop pleines auraient empêché l'application de Vigipirate, il a obtenu une protection policière des non-grévistes. Il a également pu embaucher des intérimaires pour nettoyer à la place des grévistes. Mais comme cela ne suffisait pas, des cadres et des chefs de ligne ont dû se mettre au travail, en cravate, ce qui était assez cocasse.
La direction a dû accorder la prime de qualité mais son montant sera au maximum, de 200 F ce mois-ci, puis de 100 F les autres mois. Elle devra payer 30 % des jours de grève avec une prime de remise en état correspondant à encore 30 % des pertes de salaire. Les grévistes ont donc obtenu de ne pas avoir de perte de salaire ce mois-ci. Mais la direction retirera un jour de paye pendant 5 mois à partir de janvier pour " dédommager Onet " Les syndicats FO, UNSA et CFTC disent quils agiront pour empêcher le licenciement des 7 travailleurs. Après cette grève dure, les travailleurs ont pu vérifier encore une fois la rapidité de la direction à faire intervenir la justice et la police quand ils se mettent en grève et font connaître leurs conditions de travail. Ils ont pu voir quil était possible dempêcher une dégradation encore plus grande de leurs salaires par leur seule détermination, sans compter sur le ministre communiste des transports Gayssot.
SED-Cordier (Blanquefort 33) : le ras-le-bol déborde
Depuis quelques semaines, à cause des conditions de travail de plus en plus insupportables, le ras-le-bol avait gagné tout le monde. Vendredi 3 décembre, vers 11 heures, la CGT appelait à une AG sur un débrayage, la direction voulant remettre en cause la nécessité davoir laccord du CE pour le choix de la mutuelle et du contrat correspondant.
Quelques travailleurs ont repris le travail après le repas, mais nous sommes un certain nombre à être restés en grève, et nous avons discuté d'un document que la direction avait remis aux délégués du personnel quelques instants avant le débrayage. Il s'agit d'un dossier préparatoire à une réunion exceptionnelle du CE, prévue le jeudi 9 décembre, et présentant " le projet d'évolution de l'actionnariat " de la boîte. Autrement dit, les conséquences de la vente de 30 % des actions détenues par Suez au groupe Val d'Orbieu qui en détenait déjà 20 % et qui devient ainsi notre nouveau patron.
La dernière phrase de ce texte : " il est de l'intérêt de tout le personnel de la SED de soutenir ce plan et de participer activement, dans les mois à venir, à la concertation qui sera organisée pour adapter la SED à un accroissement des volumes de production et pour trouver le bon compromis entre l'efficacité économique et les bénéfices sociaux, dans les règles qui doivent se substituer à la loi de Robien et appliquer la nouvelle législation sur les 35 heures lorsque cette dernière sera connue ", est apparue clairement comme une nouvelle menace, s'ajoutant à celles contre la mutuelle et à tous les coups que nous subissons continuellement.
Petit à petit, la colère est montée. Le directeur industriel, qui avait eu la bonne idée de venir fumer une cigarette dans notre salle de repos, histoire de nous dire de faire confiance et que nous ne risquions rien, y a gagné de s'entendre dire ce que beaucoup d'entre nous avaient sur le cur depuis longtemps.
Lundi, les camarades de léquipe de matin se sont mis en grève dès lembauche, et après une AG qui sest tenue vers 9 heures, cest pratiquement 90 % du personnel, employés et ouvriers, qui se sont joints à eux, avec pour objectif dobtenir de la direction lengagement quun certain nombre davantages sociaux - 13ème mois, prime dancienneté, durée des temps de pause -, ne seraient pas remis en cause au moment du changement de propriétaire.
Depuis, plus rien ne sort des chaînes, lusine est totalement paralysée. A un collègue qui craignait que les cadres nessaient damener le vin contenu dans les cuves se faire embouteiller ailleurs, un autre répondait : " ils ne savent rien faire, cest nous qui faisons tout, mais on aurait peut être intérêt à planquer les fiches de procédures ".
Tous les grévistes sont présents sur leur horaire de travail, - dans lusine ou au portail où on se chauffe en brûlant des palettes -, mais beaucoup rigolent en disant quils nont jamais fait autant dheures supplémentaires. Les discussions vont bon train, sur la loi Aubry, sur le gouvernement : " le PS, encore, on sy attendait un peu. Mais le PC, quand même ! ". On discute sur les grèves qui éclatent un peu partout, sur la nécessité de sy mettre, tous ensemble. Et tout le monde attend de pied ferme la venue des PDG de Suez Industrie et de Val dOrbieu, qui doivent participer à la réunion de jeudi.
Une journée de grève contre les 35 heures et la dégradation de nos conditions de travail à la Polyclinique Bordeaux Nord
A la polyclinique Bordeaux Nord, nous sommes environ 540 salariés et depuis des années nos conditions de travail ne cessent de se dégrader. Avec lapplication des 35 heures, la direction prévoit de les dégrader encore plus. Elle veut supprimer une heure de chevauchement entre les équipes, alors que cest en général à ce moment là quon peut faire ce quon na pas le temps de faire avant, de préparer les traitements, faire les commandes et prendre le temps de discuter avec nos collègues des autres équipes. Elle prévoit aussi de ne plus avancer la part du remboursement de la sécurité sociale en cas darrêt maladie pour, comme elle le dit, " définir les moyens de réduire le coût et les dysfonctionnements créés par labsentéisme ". Elle profite des 35 heures pour rediscuter des modalités dattribution des jours fériés, en voulant supprimer la récupération des jours fériés non travaillés. Contre toutes ces dégradations, la CGT a appelé à une journée de grève, et nous étions nombreux à vouloir marquer le coup. La veille, la direction nous avait convoqués à une réunion du personnel pour nous faire la morale. Le directeur, P. Savin, nous a expliqué quil ne comprenait pas cette grève, que dailleurs il était persuadé que nous ne savions pas pourquoi nous allions la faire, en disant que les négociations navaient pas encore commencé, et que donc ça ne servait à rien. Que les 35 heures étaient imposées à la clinique et quil fallait faire avec. Nous avons été nombreux à intervenir pour lui dire quon savait très bien pourquoi on allait faire grève : " les conditions de travail se dégradent de plus en plus, et il faut en faire toujours plus avec le minimum de personnel, à force la corde finit par casser et il y en a marre ". Un collègue a rappelé les bénéfices de la clinique depuis 2 ans : en 1997 de 2,8 millions de francs et en 1998 de 3,9 millions de francs.
Vendredi 3, nayant pas prévu que la grève serait si largement suivie, le directeur est venu au piquet de grève, faire du chantage sur la sécurité des malades pour essayer de nous faire remonter dans les services.
Mais nous navons pas cédé, la responsable étant la direction qui met la sécurité des malades en danger en réduisant les effectifs au minimum. Elle a donc été obligée de transférer certains malades dont ceux du service de dialyse dans dautres centres et aucune urgence na pu être acceptée.
Nous avons repris le travail samedi, contents davoir marqué le coup.
Ras le bol au service des Courses et de la Navette du Tripode - Hôpital Pellegrin Bordeaux
Au service des Courses du Tripode, le bâtiment principal de lhôpital Pellegrin, notre travail consiste à amener les examens des services aux différents labos ou au Centre de transfusion sanguine, et vice-versa pour les résultats de ces examens ou les produits sanguins, et aller chercher, en urgence, la pharmacie, qui se trouve dans un autre bâtiment de lhôpital. En plus des tours que nous faisons toutes les demi-heures ou toutes les heures sur lensemble du Tripode (36 services sur 12 étages), aux Urgences et en Réa, situées juste à côté, nous avons à répondre aux appels en urgence des services qui nous contactent par " bip ".
A la Navette, nous assurons les mêmes tâches, mais sur tous les autres bâtiments de lhôpital Pellegrin. Il nous faut en plus aller chercher au Tondu, un autre secteur de Pellegrin, le matériel qui doit être stérilisé au Tripode depuis que la Direction a fait fermer le service de stérilisation, puis ly ramener. Mais nous devons aussi assurer le transport des malades décédés jusquà la morgue, aller porter dans dautres établissements du CHU de Bordeaux, à plusieurs kilomètres de Pellegrin, examens et parfois dossiers, sans compter les organes destinés aux greffes que nous devons aller chercher à la gare ou à l'aéroport. La nuit, il ny a quun seul coursier et un seul agent de la Navette pour assurer le travail sur tout lhôpital. Bilan des courses : nous faisons chacun de 5 à 15 kilomètres à pied tous les jours.
Depuis des années, les arrêts-maladie ou les congés ne sont plus remplacés tandis que la charge de travail na pas cessé daugmenter. Il y a une quinzaine de jours, le ras le bol est parti dun collègue qui venait de faire un remplacement de nuit, révolté de navoir pas eu une seule minute pour souffler. Nous avons décidé de réagir ensemble, et nous avons fait une lettre, signée par nous tous, pour demander une audience au directeur afin de lui expliquer de vive voix nos problèmes. La semaine avant lentrevue, nous avons formulé ce que nous exigions : du personnel supplémentaire. Notre chef, solidaire, nous a fourni tous les plannings depuis le début de lannée, ce qui nous a permis de faire le décompte des jours où nous étions en sous-effectifs : 138 sur les 308 derniers jours.
Lundi 6 décembre, le directeur des Ressources humaines et le directeur des Services économiques nous ont reçus. Nous étions cinq, représentant toutes les équipes, de jour comme de nuit, et notre chef sest délibérément placée de notre côté en sasseyant parmi nous.
Lun dentre nous a dabord exposé lensemble des problèmes du service et dit nos revendications. Le DRH a immédiatement dit non à la revendication de création de postes supplémentaires, " impossible " à cause des budgets, puis avec son collègue il a essayé de noyer le poisson en disant quil fallait revoir lorganisation du travail. Le directeur des Services économiques na même pas hésité à accuser nos collègues soignants des services de ne pas assurer eux-mêmes certaines des courses en urgence. Comme si eux-mêmes, qui connaissent les mêmes problèmes de personnel que nous, pouvaient faire ce travail en plus du leur.
Bilan de la réunion : de vagues promesses, sur la remise en état des ascenseurs quon attend depuis deux ans, laffectation probable dun collègue qui est à cheval sur un autre service, à plein temps sur le nôtre, et rien dautre.
Nous étions venus pour dire notre ras le bol, sans illusions sur le résultat. Nous étions tous très contents de notre intervention, y compris notre chef, arrivée et repartie avec nous, et avons immédiatement commencé à discuter de la suite.
Débat animé au Congrès de lUD CGT de la Gironde sur la participation à la manifestation du 11 décembre
Le Congrès de lUnion départementale de la Gironde sest tenu les 6,7 et 8 décembre. Un débat sy est ouvert sur la participation à la manifestation du 11 décembre. La direction départementale, appuyée par la représentante de la direction nationale, Maryse Dumas, a défendu la position prise par la Confédération pour la manif du 16 octobre et renouvelée à loccasion de celle du 11 décembre. Il faut, disent-ils, que le syndicat préserve son indépendance, quil ne se mêle pas à des manifestations appelées par des partis politiques et notamment par le PCF. Car ajoutent-ils, cela a fait beaucoup de tort à la CGT dapparaître comme un satellite du PCF et dapprouver sa politique en toute circonstance. Et notamment, ont-ils ajouté, pendant la période 81-84 où la CGT a apporté son appui à la politique du gouvernement ou quand la CGT appelait systématiquement à voter pour les candidats du PCF aux élections. Mais pour eux, bien sûr " en tant que citoyens ", les objectifs de cette manifestation sont intéressants et les syndiqués CGT peuvent aller à cette manifestation individuellement.
Cette prise de position a suscité bien des réactions. Plusieurs délégués sont intervenus en se prononçant pour la manifestation. Le représentant de la fédération de lEnergie, une déléguée des banques, un délégué de la CGFTE qui a précisé quil nétait plus militant du PCF , des militants de notre tendance, sont intervenus pour appeler à participer à la manifestation. Les arguments différaient selon les intervenants, mais tous revenaient à la même constatation : au lendemain du vote de la loi Aubry, après les aumônes accordées par le gouvernement aux chômeurs et aux Rmistes, cette manifestation était loccasion de dénoncer la politique du gouvernement et daffirmer notre solidarité avec les milliers de travailleurs qui étaient dans la rue. Certains ont mis en parallèle la faible mobilisation due au peu de préparation des journées nationales daction de la CGT et le succès de la manif du 16. Quant à lindépendance à légard du PCF, outre le fait que certains dentre nous ne se sentaient pas vraiment touchés par largument, car par le passé nous avions combattu cette politique dans la CGT, il nous semblait quelle serait très facile à affirmer, si la CGT manifestait en affirmant nos revendications et en dénonçant la politique du gouvernement et la loi Aubry que les députés du PCF viennent de voter pour la deuxième fois.
La salle était très partagée mais le mécontentement était tellement prononcé que Maryse Dumas est intervenue pour conclure provisoirement les débats en insistant sur la menace quun tel appel représentait pour lunité de la CGT.
Une motion appelant à la manifestation a été soumise au vote dans la matinée de mercredi. Elle affirme :
" Le 16 octobre à Paris, plus de 50 000 personnes ont manifesté pour protester contre les licenciements et le chômage. Beaucoup dentre nous ont participé à cette manifestation bien que la direction confédérale ait décidé de ne pas être partie prenante de cette initiative.
Depuis cette date, la deuxième loi Aubry a été votée au Parlement et de nombreuses grèves ont éclaté dans tout le pays contre les conséquences désastreuses quelle implique pour nos conditions de travail, nos conditions de vie. Des grèves ont également éclaté pour réclamer des augmentations de salaires. Une occasion nous est offerte de prolonger, dunifier et de renforcer ces mouvements et dexprimer notre mécontentement dans la rue.
Le 11 décembre, les organisations et associations à linitiative du 16 octobre à Paris, lancent un nouvel appel à manifester dans toute la France. Le Congrès de lUD CGT de la Gironde appelle à participer à cette manifestation pour protester contre les licenciements qui se multiplient dans le pays et contre la loi Aubry dont nous condamnons toutes les mesures qui permettent aux patrons dimposer la flexibilité et le gel des salaires. Sur les revendications qui sont les nôtres, nous appelons à manifester aux côtés des partis politiques et des associations de chômeurs qui sont à lorigine de cette initiative. Lorsque des milliers de chômeurs, de salariés, de jeunes manifestent dans la rue contre la politique du patronat et du gouvernement, pour la défense de leurs revendications dont la grande majorité sont aussi les nôtres, notre place est dans la rue, à leurs côtés, sous nos propres banderoles ".
Après le vote de trois motions, la présidence du Congrès passa à lordre du jour. Le camarade qui avait déposé la motion, demanda ce quelle était devenue. Après quelques instants de confusion, le président la retrouva et expliqua que " le débat de la veille avait tranché le problème ". Notre camarade demanda quelle soit lue. Ce qui fut fait. Mais lidée du vote fut écartée " nous nallons pas recommencer ce débat ". " Je demande simplement quon vote la motion ", rétorqua notre camarade. Après quelques arguties et une intervention des délégués de lEnergie se désolidarisant des critiques contre la loi Aubry, le Congrès passa à lordre du jour. Mais la grossière manuvre avait créé un malaise et certains délégués tinrent à dire à notre camarade quils ne trouvaient pas normal que la motion nait pas été votée.
" Le métier de chômeur " : leur théorie, notre pratique
La ville de Bordeaux compte quatre ANPE pour environ 200 000 habitants, chacune des agences ouvrant deux à trois guichets pour lensemble de son public, soit 10 à 15 000 chômeurs bordelais. On comprend aisément pourquoi la moindre démarche réclame une ou deux heures dattente en moyenne, système qui a encore empiré avec une nouvelle mesure : il faut maintenant avoir repéré et noté une annonce pour avoir droit au précieux ticket dattente, sésame de linsertion professionnelle. De plus, au sein des ANPE, nos besoins ne sont pas pris en compte par ladministration. Ainsi, à lagence Bordeaux Saint-Jean, il y a trois ordinateurs neufs trônant au milieu de la pièce mais qui ne donnent accès quaux annonces déjà affichées alors que nous navons quun seul minitel, indispensable pour certaines inscriptions, autour duquel se forme une longue file dattente.
Une fois que vous avez accédé au guichet, le parcours du combattant ne fait que commencer puisquune foule de vicissitudes vous attendent encore : par exemple, il sagira de relancer lorganisme X pour quil appelle lassociation de réinsertion Y qui prendra contact avec le supermarché untel. Ou bien, il faudra attendre une matinée à la mairie pour apprendre que lorganisme finançant telle formation nexiste plus. On pourrait citer pléthore de mesures de ce type destinées avant tout à occuper les chômeurs.
Revenez à la charge, insistez lourdement, on finira peut-être par vous donner un petit quelque chose : un CES, un emploi-jeune, un stage bidon qui ne mène nulle part, nimporte quoi pourvu quon puisse vous rayer des statistiques afin de faire baisser artificiellement les chiffres du chômage et que Jospin et Aubry en profitent pour se féliciter de la réussite de leur " politique pour lemploi ". En effet, ils nous ont annoncé avec fierté que le nombre de demandeurs demploi a baissé de 26 400 en octobre, mais ils oublient de préciser que lANPE, en dispensant toujours plus de chômeurs de la recherche dun emploi, dégonfle en même temps les statistiques du chômage. Ainsi, daprès La Tribune, les nouvelles dispenses de recherche, pouvant intervenir pour raison dâge par exemple, ont atteint 7 798 en octobre, les radiations administratives, 17 691, et les radiations pour absence de contrôle, 115 669 pour le même mois ! Baisse du chômage, vous avez dit baisse du chômage ?
Nous sommes 6 ou 7 millions à être condamnés à la pauvreté et à la précarité. Si nous nous révoltons pour dénoncer nos conditions de vie, impossibles avec 3 000 F, le gouvernement nous envoie les CRS ou la police. Dans lesprit des Jospin, Chevènement, des préfets, un chômeur en colère est un voyou, ni plus ni moins.
Sogerma : le mécontentement continue à sexprimer !
La Direction a de nouveau revu sa copie sur ses projets dapplication de la loi Aubry. Le travail du samedi est définitivement jeté aux oubliettes mais elle maintient ses projets de passage des équipes en 2x8 et dattaques contre les salaires. Aussi, nous avons continué à manifester notre mécontentement. Jeudi dernier nous avions décidé de retarder lentrée dans lusine en faisant signer une pétition rappelant nos revendications. Nous avions prévu dêtre 15 pour le faire mais en fait cest à 200 que nous nous sommes finalement retrouvés aux portes et lentrée à lusine sest faite très très lentement. La bonne humeur était au rendez-vous, à peine troublée par la colère, lorsque le délégué syndical FO, qui sapprête à signer laccord, est arrivé devant lusine. Sa voiture a été un peu secouée au passage.
Lundi, nous avons recommencé la même opération à une centaine mais là nous étions mieux organisés avec des feux de pneus pour nous tenir au chaud et un feu de palettes pour faire griller les saucisses !
Cela nous a valu de nous faire traiter de " brûleurs de cageots " dans un tract de FO condamnant notre intervention. Lors de la réunion du CCE, le syndicat FO a donné un avis favorable au projet de la Direction ce qui laisse présager une signature prochaine.
Du côté de ceux qui sont opposés à laccord, cest un peu lexpectative. Il est certain que le mécontentement est grand à lusine. Il sest manifesté par des débrayages et des actions qui ont regroupé un noyau de 200 personnes. Mais nous avons bien conscience que pour faire échec à la Direction, il nous faudrait franchir une étape et les hésitations sont plus grandes car il faudrait évidemment un autre rapport de forces. Alors les discussions vont bon train dans les ateliers et même sil nous semble difficile de passer à une vitesse supérieure, rien nest encore joué !
Cofrablack (Ambès près de Bordeaux) - Réduction du temps de travail : contre le projet de la direction une seule alternative, la mobilisation
Lors de la dernière réunion de négociation sur les 35 heures la direction a affiché la couleur. Depuis le début de l'année des réunions sur ce thème avaient eu lieu mais timides quant aux intentions de notre patron ; les attaques se sont précisées depuis. Nous avons eu droit pour la première fois à un projet complet et pour être complet il l'est, surtout en matière de provocation. Nous y trouvons la panoplie habituelle, gel des salaires, peu ou pas d'embauche, rien pour les postés continus qui sont déjà à 35 heures en utilisant les ficelles du temps de travail effectif qui exclut le temps d'habillage ; le même moyen minimise pour d'autre secteurs la réduction du temps de travail. Une trouvaille, puisque certains salariés de jour mettent plus de 30 mn pour déjeuner pourquoi ne pas leur laisser plus de temps qui bien sûr sera décompté sur les jours dus de réduction. Ils arrivent ainsi à économiser par exemple 5 jours annuels sur 16 par agent de la maintenance. Tout est prévu pour minimiser l'embauche, il n'y a pas de petites économies ; le flicage par le badgeage ou pointage qui n'existait pas jusqu'à maintenant est introduit, le compte épargne-temps nous est proposé, etc., etc. Du fait de la diversification des horaires, des heures de réduction plutôt que des journées mettent en péril notre transport collectif, un des rares qui subsiste sur Bordeaux.
Ce projet présente un avantage, celui de regrouper le mécontentement ; sa publication la plus large a permis que chacun y apporte ses critiques que nous avons regroupées lors d'une assemblée syndicale CGT lundi. Nous y avons décidé les actions à poursuivre, rencontrer les copains de la CFDT avec la perspective d'une assemblée générale, bousculer l'ordre du jour de la réunion DP-direction de mardi en y imposant les 35 heures avec la menace d'un préavis de grève que nous avons trouvé judicieux de mettre en uvre le jour prochain du Conseil d'administration qui aura lieu dans nos murs.
Beaucoup d'entre nous se rendent maintenant compte à quel point la loi Aubry des 35 heures est une arme redoutable donnée au patronat qui lui permet de ne pas embaucher et d'attaquer nos revenus. D'un terrain défensif nous passons à l'offensive en exigeant des embauches réelles et une augmentation de salaire.
LEtat français invente la précarité à deux vitesses
Le développement des emplois précaires est une aubaine pour le patronat qui impose à lensemble des travailleurs une exploitation accrue avec laide de lEtat.
Le gouvernement de gauche a eu lidée il y a quelques années de subventionner des associations loi 1901, dites " dinsertion par le travail ". Ces sous-boîtes dintérim ont fleuri dans le désert économique des banlieues grâce à largent de lEtat. Le Lien Garonnais situé à Lormont (33) répond ainsi aux besoins des entreprises qui, installées en zone franche, bénéficient déjà davantages fiscaux considérables. Ces associations proposent des missions qui nexcèdent jamais 10 jours, la plupart des contrats se limitant à 2-3 jours. Elles se positionnent sur une sorte de second marché du travail où les patrons disposent dune main duvre dautant plus malléable que ces associations sinstallent dans des zones où le chômage atteint les 40 % comme dans certains quartiers de Lormont. Dans ces quartiers, " lUtilisateur ", terminologie qui désigne le patron dans les statuts du Lien Garonnais, peut arguer de sa contribution à " une uvre humanitaire " afin dexiger un rendement maximum. Lemploi est ici un cadeau " offert aux défavorisés ". Dès lors pourquoi exiger le respect des temps de pause ou le paiement des heures supplémentaires ?
Depuis la rentrée, sous la pression des lobbies de lintérim, le gouvernement a limité les prérogatives de ces associations : le chômeur ne peut pas travailler plus de 240 heures via le Lien Garonnais. Cette mesure est révélatrice du poids quont pris les agences dintérim dans lorganisation du travail. Celles-ci font pression pour garder le monopole du juteux marché de la précarité.
Personne ne peut sen réjouir, sinon les patrons pour qui laggravation des conditions de travail et la baisse du niveau de vie de lensemble des salariés garantit laugmentation des profits, ou certains politiciens de gauche qui nous donnent là un exemple concret de ce que peut-être la " troisième voie ".