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En régime de libéralisme économique, la croissance c’est la crise permanente, la production de richesse aggrave la misère

Feu d’artifice final pour les Bourses mondiales " titrait le 31 janvier le journal La Tribune, donnant le ton des commentateurs de cette fin d’année, euphorie générale devant cette maigre croissance économique que consume la flambée boursière. L’euphorie des classes dominantes est proportionnelle à l’incertitude qu’avait provoquée la crise asiatique puis la crise russe. Ce à quoi elles-mêmes ne croyaient pas est en train de se dérouler, sans trop de heurts ni de violence pour leur domination, la mondialisation brise méthodiquement, les uns après les autres, les obstacles que les luttes passées des peuples et des travailleurs avaient réussi à dresser face à l’exploitation.

Leur euphorie est inversement proportionnelle au doute qui les avait saisis au lendemain des crises financières. Les sentiments des parasites du travail humain sont versatiles, ils expriment la nervosité des avides, comme leur inquiétude devant leur propre forfait. L’inespéré arrivé, le retour des profits à un niveau jamais atteint, leur fait l’effet d’une drogue euphorisante.

Mais déjà, les doutes semblent les reprendre, les places financières chutent.

Cette chute des Bourses en ce début d’année n’est-elle que la gueule de bois des lendemains de fête et d’ivresse boursière ou les premiers symptômes d’un krach ? Bien difficile à dire, sans compter que toutes les variantes sont possibles. Quoiqu’il advienne, le plus probable est que la tendance économique actuelle ne soit pas inversée, ce qui explique la confiance affichée par les financiers.

Leurs espoirs ne sont pas sans fondement tellement aujourd’hui le rapport de forces semble se dégrader en faveur des profiteurs au détriment des peuples. Nous ne sommes encore qu’au début de la phase nouvelle que connaît l’économie capitaliste, un libéralisme sauvage à l’échelle mondiale qui concentre encore plus la production, la modernise grâce aux nouvelles technologies, ouvrant la perspective de nouveaux profits pour les quelques trusts industriels et financiers qui dominent la planète.

Cette croissance est une croissance destructrice, la seule que permette ce capitalisme sénile du libéralisme impérialiste.

Loin d’écarter le risque de krach, elle le rapproche. L’euphorie boursière ne peut être continue. 51 % de hausse à Paris en un an ! Pour maintenir la même progression, il faut augmenter encore plus les profits puisque la masse des capitaux a augmenté. Ce qui veut dire soit un bond en avant des affaires, soit un bond en avant de l’exploitation. Mais cela ne suffira probablement pas et pour les plus gros détenteurs de capitaux, les plus grosses sociétés multinationales ou les groupes financiers alliés à elles, un krach pourrait être le bienvenu. Il leur permettrait d’accélérer les concentrations industrielles et financières en cours.

Les baisses de ce début d’année en sont-elles le début, les premiers signes ou les signes annonciateurs ? Nous verrons. Le calendrier n’est pas écrit, par contre un nouveau krach est inévitable. Mais les financiers qui tiennent les cordons de la bourse ne le craignent pas, voire le souhaitent.

Les nouveaux investissements qu’envisagent les multinationales exigent des moyens financiers considérables qui exigent une nouvelle accélération des concen-trations-fusions.

C’est un des rôles de la Bourse que d’aider à cette concentration. Elle permet la concentration de capitaux, puis le krach accélère cette concentration en un nombre de mains de plus en plus restreint.

C’est ainsi que fonctionne le capitalisme. Au XIXème siècle, alors qu’il avait le monde à conquérir, le progrès a pu, au prix d’un terrible gâchis, se forger sa voie. Aujourd’hui, alors qu’il a pénétré l’ensemble de la planète, sa croissance, celle des profits, la croissance de la concentration des richesses, exige ruines, misère, recul des conditions d’existence de l’immense majorité des populations. Quand la Bourse monte, elle s’alimente de l’aggravation de l’exploitation avant que les pertes ne s’ajoutent au prix à payer par les masses populaires. Voilà pourquoi la croissance est perverse et produit la misère. Le chômage ne recule que bien peu dans les faits alors que la précarité tend à se généraliser.

L’embellie économique actuelle laisse un peu de répit aux travailleurs, c’est tant mieux, même si c’est pour peu de temps, surtout si ce répit est mis à profit pour préparer les grandes luttes que nous aurons à mener. De plus en plus nombreux sont les salariés qui entendent profiter des discussions sur les 35 heures pour poser la question non seulement du temps de travail, mais de l’embauche, des conditions de travail et des salaires.

Ce répit encourage les salariés à demander leur dû, les jeunes à faire leurs premiers pas dans le combat, c’est l’évolution même de toute l’activité économique qui entraîne des millions de femmes, d’hommes et de jeunes dans l’action. C’est elle qui suscite un renouveau du mouvement ouvrier.

C’est cette évolution que les révolutionnaires, les travailleurs les plus conscients doivent suivre, accompagner, amplifier pour aider l’ensemble de la classe des salariés à se hisser au niveau de sa tâche, la transformation révolutionnaire d’une société condamnée parce que les progrès y produisent la misère.

Yvan Lemaitre

 

Le tabac et l’essence augmentent,
à nous de faire payer ceux qui nous taxent !

Augmentation à la pompe : les pétroliers n’ont aucune " d’essence "

Le prix du baril de pétrole a été multiplié par 2,5 depuis 98. Les compagnies pétrolières se sont payées sur le consommateur en augmentant aussitôt le prix de l’essence. Avant Noël, le prix du litre de super était en moyenne de 7,18 francs, celui du sans plomb de 6,88 francs.

Pourtant, avec les fusions intégrations des derniers mois, les trusts du pétrole ne sont plus que 4 géants qui dominent le marché et ont programmé des milliards d’économies liés aux restructurations et aux licenciements.

Deux manières de nous faire payer : en tant que consommateur et en tant que travailleur.

TotalFina : une troisième manière de nous faire payer

Comment TotalFina a-t-il pu se payer Elf, représentant désormais la plus grosse capitalisation boursière de la Bourse de Paris, 600 milliards de francs, environ 1/3 du budget de la France ?

Ce n’est pas difficile, on vient d’en faire la dure expérience : en faisant transporter son pétrole dans des bateaux pourris, sous pavillons de complaisance, avec des équipages sous-payés.

Résultat : une marée noire dans laquelle des milliers de bénévoles sont en train de s’engluer les mains et les pieds.

L’Etat n’est pas en reste

Alors tant qu’à surcharger la bête, le gouvernement Jospin s’y met lui aussi. Non content de prélever en taxes 80 % du prix du litre, il vient de décider une nouvelle augmentation des taxes : 9 centimes par exemple pour le gazole à partir du 3 janvier.

Pour nous faire payer, le gouvernement et les trusts c’est copains coquins.

Le prix du tabac augmente aussi

Le gouvernement ne s’arrête pas là pour nous faire les fonds de poches, puisqu’il a décidé en même temps une augmentation de 5 % du prix du tabac. Sans doute pour approvisionner la cagnotte de 65 milliards qu’Aubry a promise en 2000 aux patrons pour financer leurs soi-disant pertes liées aux 35 heures.

Il ne faut pas oublier en effet que la ministre, n’ayant pu ponctionner pour cela les organismes sociaux, s’est rabattue sur différents bas de laine de l’Etat : droits sur le tabac, droits perçus sur les alcools par le… Fonds de solidarité vieillesse, ainsi que la nouvelle taxation des heures supplémentaires.

Vider les poches des consommateurs pour remplir celles des patrons, ça va un moment.

Ca va fumer !

Alors ras le bol de payer ! La moitié du budget de l’Etat, ce sont les taxes diverses, TVA, taxe pétrolière, etc. que nous travailleurs payons en tant que consommateurs. Des impôts particulièrement injustes puisque riches et pauvres sont taxés de la même façon.

C’est la colère des bénévoles, des travailleurs qui s’est exprimée un peu partout qui a contraint Desmarest, le patron de TotalFina, à sortir de son silence méprisant et dire que son trust se chargeait de récupérer le pétrole de l’épave.

C’est un début. Si nous le voulons, nous avons la force tous ensemble de faire payer à leur tour ceux qui n’ont jamais cessé de nous taxer.

Sarah Leroy

 

Baisse du chômage… et augmentation de la précarité

Jeudi dernier, le gouvernement a annoncé les chiffres du chômage pour le mois de novembre : - 1,7 % par rapport au mois d’octobre, qui font passer les chiffres officiels à 2 624 000 chômeurs. Selon lui, c’est l’euphorie, pour la première fois depuis 1992, le chômage repasserait sous la barre des 11 % pour s’établir à 10,8 % de la population active. Dans son élan, le nouveau ministre de l’Economie et des Finances, Sautter, a déclaré : " Nous sommes dans une perspective d'un mouvement volontaire vers le plein-emploi ".

Mais derrière ces chiffres, la réalité est bien différente. D’abord parce que le gouvernement prend les chiffres qui l’arrangent, puisque pour sa comptabilité, il ne prend que les demandeurs d’emploi à durée indéterminée à temps plein (la catégorie 1), alors que toutes les autres catégories de demandeurs d’emplois sont en augmentation sur un an.

Ainsi, ceux qui " souhaitent ", ou plutôt accepteraient faute d’autre chose un temps partiel sont passés de 403 000 à 462 000 sur un an, soit une hausse de 14,3 %. Le nombre de contrats en CDD est passé de 142 600 à 182 300 (+27 %). Quant au travail intérimaire, il est aussi en augmentation, mais tous ceux ayant travaillé plus de 78 heures dans le mois ne sont pas comptabilisés dans la statistique gouvernementale. Fin septembre, le travail intérimaire avait progressé de 10,1 % par rapport à septembre 1998, et fin octobre, le nombre des intérimaires continue de grimper et atteint +13,8 % par rapport à octobre 1998, soit 564 000 personnes.

Dans sa statistique, le gouvernement révèle ce qu’il appelle le " plein emploi " : c’est-à-dire les petits boulots mal payés, le travail précaire, les emplois jeunes (110 000 cette année)… C’est la réalité de la " reprise " actuelle, qui s’appuie sur une exploitation accrue des travailleurs grâce à toutes les déréglementations menées par tous les gouvernements successifs, de gauche comme de droite.

Dommage que la diminution du chômage, même statistique et officielle, n’atteigne pas le record historique du CAC 40, de + 51,1 % en un an. On voit bien que si nous voulons réellement nous attaquer au chômage, il faudra nous en occuper pour prendre l’argent là où il est.

Denis Seillat

 

Un assuré sur sept ne peut se soigner faute d’argent

Une étude du Credes du 16 décembre montre que 14 % des assurés sociaux et surtout 30 % des chômeurs ont dû renoncer à se soigner faute d’argent en 1998. Les plus touchés sont les femmes (26 % contre 18 % pour les hommes), les jeunes et les personnes en situation précaire. Parmi les personnes ayant les revenus les plus modestes (moins de 2 000 F pour un adulte seul et moins de 4 500 F pour un couple avec deux jeunes enfants), près d’une personne sur quatre n’a pas effectué les soins nécessaires au cours de l’année précédant l’enquête. Pour environ 20 % des personnes concernées, ce renoncement aux soins était définitif, et non un simple report. Les soins qu’ils n’ont pu faire, ce sont surtout les soins dentaires avec 43 % des soins cités, les soins de médecins et examens pour 29 %, et les lunettes et verres de contact, 13 %. En plus, 19 % des personnes vivant du RMI ne bénéficient ni de l’aide médicale ni d’exonération du ticket modérateur. Ces personnes ignorent bien souvent leurs droits ou bien sont découragées par la longueur et la difficulté des démarches administratives.

Les salaires et les allocations sont tellement bas, la Sécu et les mutuelles remboursent tellement peu, qu’il est impossible, même pour une partie des salariés, de se soigner correctement. La situation est encore plus grave pour les chômeurs et les personnes qui ont droit à l’aide médicale gratuite et dont la même enquête montre qu’elles présentent " un état de santé nettement moins bon que la moyenne de la population, avec une forte proportion de personnes déclarant souffrir de troubles mentaux ou du sommeil, de troubles du système nerveux, de troubles digestifs et d’affections pulmonaires ". Les chômeurs souffrent en particulier deux fois plus de dépression que les autres travailleurs et ont deux fois plus de troubles anxieux.

Sophie Candela