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Le 15 janvier, toutes et tous à Paris,
manifestons pour les droits des femmes

25 ans après le vote de la loi Veil légalisant l’avortement, la lutte pour imposer le respect des droits des femmes est toujours autant d’actualité.

Les femmes sont parmi les plus exploitées et elles sont souvent les premières victimes de la crise. Davantage touchées par le chômage, elles restent, à qualifications et travail égaux, moins payées que les hommes. Plus de 3 millions de femmes subissent un temps partiel qu’elles n’ont pas choisi et doivent vivre avec des salaires très bas, des horaires flexibles, souvent dans des branches où la main d’œuvre est parmi la moins qualifiée et la plus exploitée.

Les droits minimums que sont le droit à la contraception et à l’avortement, gagnés après des dizaines d’années de luttes des féministes et de la classe ouvrière, continuent à être, d’une façon ou d’une autre, remis en cause. Les " défenseurs de l’ordre moral ", porteurs de calottes et réactionnaires de tous poils n’ont pas désarmé. Il y a quelques années, ils tentaient régulièrement de s’opposer aux interruptions de grossesse en pénétrant de force, en commandos, dans les centres d’IVG. Bien que les tribunaux aient été particulièrement cléments à leur égard, l’opinion publique, elle, a désavoué ces pratiques. Mais ces " croisés " continuent à peser sur les pouvoirs publics et le gouvernement qui, par crainte de les affronter, mettent bien peu d’empressement pour faire appliquer les droits des femmes.

Récemment, un rapport fait à la demande du gouvernement par un chef de service, le professeur Israël Nizan, dénonçait les limites du droit à l’avortement qui contraignent, chaque année, près de 5 000 femmes à aller avorter à l’étranger. Ce rapport se prononçait, entre autres, pour un allongement du délai de 10 à 12 semaines (comme dans nombre d’autres pays européens) ; pour l’ouverture des droits à toutes les femmes immigrées ; pour la simplification des démarches et pour la suppression de l’autorisation parentale pour les mineures. Mais alors qu’elle avait elle-même demandé ce rapport, Aubry l’a mis sous le coude, tandis que les réactionnaires engageaient une véritable campagne de calomnies antisémites à l’égard d’Israël Nizan.

L’oppression subie par les femmes, qui imprègne toute la vie sociale, est le fruit d’une société de classe qui aliène les individus. Combattre pour le respect des droits des femmes, c’est combattre pour une société libérée de toute forme d’oppression, une société où chacun, homme ou femme pourra librement choisir sa vie en tissant des liens solidaires et respectueux.

Pour dire que " pour toutes et tous, nous voulons la liberté, l’autonomie, l’égalité, la dignité et la solidarité ", le Collectif National pour le Droit des Femmes et de nombreuses organisations appellent à manifester, samedi 15 janvier 2000, à 14h 30 place de la Bastille à Paris.
Soyons-y nombreuses et nombreux.

 Troupes russes hors de Tchétchénie !

Il n'y a pas eu de trêve pour le Nouvel an en Tchétchénie : les bombardements ont redoublé au contraire sur la capitale Grozny, maintenant complètement détruite, où 15 000 à 40 000 personnes tentent de survivre, dans les abris souterrains et les caves. L'armée russe contrôlerait aujourd'hui plus de 70 % du territoire, et les généraux, forts d'avoir rasé quasiment toutes les villes du pays et provoqué des milliers de morts dans la population civile, ont déclaré avoir lancé la " bataille finale " contre Grozny.

Mais celle-ci est loin d'être acquise. Il ne suffit plus maintenant de bombarder à distance, par l'aviation ou l'artillerie lourde, il faut occuper le terrain, comme commencent à le faire les soldats russes.

Or, même dans les territoires dits " libérés ", où l'État-major russe a poussé, parfois par la violence, les populations tchétchènes qui s'étaient réfugiées en Ingouchie, à revenir, il y a eu des incursions de combattants tchétchènes. A Grozny, plusieurs milliers de ces combattants seraient aussi retranchés, de même que dans les montagnes du sud du pays, sur lesquelles l'armée russe a lancé l'offensive.

En réalité, l'armée russe est en train de s'enliser dans un véritable bourbier, et ce que voulait éviter le gouvernement, des pertes en hommes, est inévitable et a déjà commencé. Officiellement, il y a eu près de 500 soldats russes tués, dont le plus grand nombre ces derniers jours, et ce chiffre est sans doute loin de la réalité. La peur qui pousse à la violence gratuite, les pillages auxquels ils sont autorisés par leurs officiers, la propagande raciste de ces derniers, font haïr ces soldats par la population tchétchène. Celle-ci n'avait pas au départ soutenu les combattants indépendantistes, dont elle rejette l'intégrisme et parce qu'elle connaît trop l'avidité de leurs chefs, ces seigneurs de guerre qu'elle a subis ces dernières années, mais les exactions de l'armée russe, la violence des bombardements, ne peuvent que la pousser à les soutenir.

Pour les populations, il n'y a aucune issue, ni du côté du pouvoir russe, ni du côté des dirigeants indépendantistes. La seule alliée des populations tchétchènes, c'est la population russe elle-même, les travailleurs qui connaissent la même misère des conditions d'existence, les jeunes, employés comme chair à canon, leurs mères, comme les Mères de soldats qui ont manifesté sur la Place Rouge à Moscou. Jusqu'à présent, le pouvoir russe avait réussi à isoler toute contestation de cette guerre. Mais comme lors de la première guerre en 94-96, l'enlisement de l'armée russe, les milliers de morts qu'elle va bientôt compter, vont saper la propagande gouvernementale et donner naissance à une opposition à cette guerre.

C'est bien pourquoi Poutine a jugé qu'il n'était pas possible d'attendre même 6 mois avant les prochaines élections présidentielles.

G.T.

 

Côte d’Ivoire - lutte de clans dans un pays pillé par les trusts français et ruiné par le libéralisme mondial

La junte militaire ivoirienne a formé un gouvernement auquel les principaux partis du pays ont accepté de participer et dans lequel les militaires se taillent la part du lion : direction du gouvernement et du Comité national de Salut public, Intérieur, Sécurité, Défense. Le parti du Président déchu a annoncé qu’il soutenait ce gouvernement et qu’il acceptait d’y participer, de même que le principal opposant, Ouattara. Il est difficile de dire si l’intervention des militaires est approuvée par la population, qui en est de toute façon soigneusement tenue à l’écart, mais en tout cas, personne n’a levé le petit doigt pour défendre Bédié.

Personne ? Si ! Le gouvernement français qui s’est empressé d’assurer sa protection, qui lui a laissé la possibilité matérielle depuis une base militaire française de lancer des appels à la résistance et qui ne l’a abandonné que lorsqu’il a vu que, décidément, il n’y avait personne pour le soutenir.

Le régime Bédié était en effet tout dévoué aux intérêts des capitalistes français, peu regardants sur les méthodes qu’il employait pour se maintenir et notamment la campagne développant les pires préjugés nationalistes et racistes contre les habitants de la Côte d’Ivoire originaires du Mali ou du Burkina notamment. C’est d’ailleurs en déniant la nationalité ivoirienne à Ouattara qu’il l’avait écarté de la prochaine élection présidentielle puis l’avait contraint à l’exil, tandis qu’au nom d’une " loi anticasseurs " directement importée de l’ex-puissance coloniale, il faisait mettre en prison les principaux leaders de son parti. Exit donc Bédié et personne ne semble le regretter, à l’exception des parasites qui l’ont suivi dans son exil royalement favorisé par le gouvernement français.

Mais les actuels détenteurs du pouvoir, civils ou militaires, ne semblent pas vouloir mener une politique bien différente de Bédié.

Le problème de la misère en Côte d’Ivoire tient essentiellement au fait que la ressource principale, le cacao, dont la Côte d’Ivoire assure la moitié de la production mondiale, la met dans une totale dépendances des multinationales de l’agro-alimentaire.

Pour faire face au chantage des trusts, le gouvernement de Côte d’Ivoire avait mis en place une caisse de stabilisation, " la Caistab " qui, en achetant le cacao de tous les producteurs ivoiriens à des prix garantis, pouvait résister un peu à la dictature des multinationales et des banques internationales.

Mais aussi faible que soit cette digue, c’était encore trop pour les capitalistes et les financiers des pays riches. Les principaux huissiers internationaux du libéralisme mondial avaient fait pression – au point d’interrompre les prêts à la Côte d’Ivoire – pour que le gouvernement Bédié liquide cette caisse de stabilisation qui était une entrave à la liberté du marché. Ils ont mené toute une campagne – au nom de la morale et de la lutte contre la corruption ! – pour exiger son démantèlement sous le prétexte qu’une partie de ses fonds alimentait le régime.

Cette pression a été telle que le régime Bédié s’était résigné à liquider la " Caistab ". Les résultats ne se sont pas fait attendre : les cours du cacao ont chuté de moitié et sont au plus bas depuis huit ans. Si les multinationales se frottent les mains, des milliers de petits producteurs sont menacés d’être ruinés.

Cela ne semble guère préoccuper le général Gueï, ancien élève de Saint-Cyr et Ouattara, ancien numéro 2 du FMI, qui attribue la misère de la Côte d’Ivoire, non pas au pillage des banques et des trust internationaux, mais à la corruption du régime Bédié. Elle était bien réelle mais elle sert aujourd’hui de paravent à la mise en coupe réglée du pays par les grandes puissances et, notamment, par les gouvernants et les patrons français, si prodigues en leçons de morale et de démocratie, mais qui sont bien les principaux responsables de la misère et de l’oppression du peuple ivoirien.

Jean Kersau

Extrait de VOIX DE LA JEUNESSE REVOLUTIONNAIRE
numéro 26 du lundi 3 janvier 2000

A l'heure des bilans, le XXème siècle apparaît comme celui où les contradictions de la société capitaliste ont été les plus marquées. Si ce siècle fut celui d’un développement sans précédent des moyens de production, des sciences… ce fut aussi celui des deux premières guerres mondiales de l’histoire, des totalitarismes et de l’accroissement des inégalités sociales. Il n’y a donc pas de conséquence directe entre les progrès techniques et le progrès social. Ce qui est déterminant ce sont les intérêts qui président à l’utilisation de la technique. Au cours du siècle les intérêts dominants ont été ceux des grandes puissances capitalistes, qui mettent aujourd’hui la planète en coupe réglée.

Avec le développement d’Internet, il est question d’une " démocratie virtuelle " qui serait garante d’un certain bien être. Avec la révolution des moyens de communications il n’a jamais été aussi facile techniquement de rendre la démocratie la plus large possible. Mais le problème de la démocratie n’est pas technique, c’est un problème politique. Même les techniques les plus modernes ne serviraient à rien pour le développement de la démocratie si on laisse une minorité prendre les décisions comme à l’heure actuelle.

La démocratie, ce serait le contrôle de la population, du monde du travail, de la jeunesse sur l’ensemble des activités économiques et politiques. Nous gagnerons une entière démocratie quand nous déposséderons collectivement les capitalistes de ce pouvoir qui leur permet de faire vivre l’humanité dans la misère malgré l’accroissement des richesses dû au travail humain et aux techniques modernes.