éditorial


Les dégâts de la tempête et la marée noire révèlent les ravages de l'économie de marché

Les conséquences de la tempête des 26 et 27 décembre derniers se mesurent aujourd’hui dans toute leur gravité : de nombreux foyers sont toujours privés d’électricité et près de 30 000 lignes téléphoniques toujours coupées, 300 000 agriculteurs ont subi des destructions et 1,5 million de personnes ont été touchées dont certaines ont tout perdu, 300 millions d’arbres environ sont abattus. A cela s’ajoute pour les habitants des communes du littoral de l’Atlantique, la pollution des côtes par la marée noire qui continue sa progression. Les dégradations dues à la tempête s’ajoutant à celles de la marée noire révoltent et en même temps révèlent à quel point le libéralisme fait des ravages.

Bien sûr, une tempête de la force de celle qui a soufflé était imprévisible, par contre la pollution de la marée noire, elle, n’a rien de naturel, elle est le résultat direct de l’irresponsabilité du trust pétrolier TotalFina et du gouvernement qui en est solidaire. Pour abaisser le coût du transport du pétrole, TotalFina a fait prendre aux autres tous les risques et maintenant, il s’estime quitte en lâchant quelques millions de francs alors que ce sont des milliards de dégâts dont il est responsable. Le gouvernement pour sa part a minimisé l’importance de la pollution pour servir les intérêts du trust dont il a récemment encouragé la fusion avec Elf.

Si la tempête était imprévisible, les difficultés pour revenir à une situation normale démontrent l’irresponsabilité des gouvernements de gauche et de droite qui se sont succédé pour mener la même politique de baisse des emplois dans les services publics, en sacrifiant les intérêts de la collectivité aux intérêts d’une minorité de privilégiés. Les réparations des dégâts de la tempête et de la marée noire, ce sont bien les milliers de salariés des services publics, aidés par des bénévoles, qui s’en chargent, sans compter leurs heures de travail parce que leurs effectifs sont de beaucoup insuffisants.

Le rôle indispensable des services publics utiles à la collectivité est tellement évident que les politiciens se bousculent maintenant pour se présenter, hypocritement, comme leurs défenseurs. Chirac, Jospin et ses ministres ont multiplié les déplacements sur les lieux sinistrés par la tempête et la marée noire pour poser devant les caméras de télévision, affichant leur compassion.

Jospin s’indigne " d’une mondialisation débridée mue par un capitalisme sauvage ". Lui qui, il y a peu, se disait impuissant face aux licenciements programmés par le trust Michelin, voudrait redorer son image électorale en se disant partisan d’un capitalisme tempéré et humain alors que son gouvernement réduit à la misère ceux qui n’ont que les minima sociaux pour survivre et aggrave la précarité dans les services publics qui dépendent directement de lui. Chirac, pour ne pas être en reste dans la course pour les prochaines présidentielles, vante " l’élan de solidarité exceptionnelle des habitants, de l’ensemble des services publics ".

Comment les croire et surtout leur faire confiance pour l’avenir, alors qu’ils refusent de satisfaire aux revendications légitimes des pompiers qui réclament la retraite à 50 ans ou des salariés des hôpitaux dont certains se mobilisent actuellement pour revendiquer le personnel indispensable pour soigner correctement ?

Il n’y a rien à attendre de ces politiciens qui partagent les mêmes ambitions, indifférents à la population, et sont au service des privilégiés. Seul le monde du travail qui, quotidiennement sur les lieux de travail comme quand il est confronté aux conséquences de la tempête et à la marée noire, fait la démonstration que ses intérêts sont les mêmes que ceux de la collectivité peut, par ses luttes, mettre un coup d’arrêt aux conséquences dévastatrices de l’économie de marché.

Il y a besoin de remettre en état le réseau EDF et cela prendra dix ans selon ses responsables, il y a besoin de reboiser des régions entières, de reconstruire des habitations, de dépolluer des centaines de kilomètres de côtes souillées, il y a du travail pour tous. Bien sûr, il n’y a pas, heureusement, tous les jours des tempêtes ou des marées noires, mais il y a des millions de chômeurs et de travailleurs précarisés dont le travail est indispensable à la bonne marche de toute la société.

L’embauche massive dans les services publics est une nécessité. Pour faire face aujourd’hui aux problèmes de la population, demain pour assurer une bonne marche de la société et supprimer la plaie du chômage. Nous créons suffisamment de richesses pour que cela soit possible en diminuant le temps de travail avec le maintien, voire l’augmentation des salaires pour tous.

La répartition du travail existant entre tous n’est pas seulement indispensable quand il y a une surcharge de travail comme aujourd’hui mais parce que toute personne a droit légitimement à un travail, à être intégrée à la vie sociale, à participer à la vie de la collectivité. Le droit à une existence humaine de millions d’hommes et de femmes passe par la répartition du travail entre tous ceux qui sont utiles au fonctionnement de la société.