échos des luttes



Grève des routiers : Gayssot généreux pour les patrons routiers, n'a, pour les salariés, que des promesses creuses dont les directions syndicales se contentent !

Lundi et mardi plus de 70 barrages de routiers se sont mis en place dans toute la France pour réclamer des augmentations de salaires et une réelle réduction du temps de travail. Nous étions une vingtaine de grévistes syndiqués CGT et FO et non syndiqués à bloquer le marché d'intérêt national (MIN) de Brienne dans Bordeaux tandis que nos camarades de TFE et Frigémar bloquaient la zone industrielle de Bègles. Même si nous n'étions pas nombreux, nous avons facilement réussi à bloquer une centaine de camions car beaucoup de conducteurs étaient solidaires et tenaient à rester avec nous malgré les pressions de leurs patrons qui les appelaient régulièrement pour leur dire de forcer les barrages en les menaçant de licenciement. Ce soutien nous a permis de tenir malgré l'agressivité de quelques petits patrons routiers qui voulaient passer.

Il y a quinze jours, les patrons routiers après avoir bloqué les routes pendant 2 jours ont obtenu des concessions de Gayssot. Les décrets dérogatoires qui jusque là ne concernaient que les conducteurs longues distances ont été étendus aux conducteurs courtes distances soit 90 % des conducteurs de camions.

Nos conditions de travail n'ont cessé de se dégrader ces dernières années. Le contrat de progrès de 97 était censé fixer le maximum de la durée de travail à 220 heures pour le ramener ensuite à 200 heures. Mais aujourd'hui la réalité c'est 250 heures de travail en moyenne par mois !

Le décret de Gayssot entérine ce non respect du droit du travail puisqu'il légalise un temps de travail de 220 heures pour les conducteurs longue distance et 208 pour les conducteurs courte distance alors qu'elle était pour eux plafonnée à 200 heures ! Ce décret qui exclut de fait tous les conducteurs de l'application des 35 heures, réduit aussi le nombre de jours de repos compensateur.

Ce décret est inacceptable, nous voulons une réelle augmentation du salaire de base car le principal frein à la réduction du temps de travail ce sont les salaires trop bas qui nous poussent à faire des heures supplémentaires. Nous réclamons aussi le paiement de tous les temps passés au service de l'employeur, temps de pause, et coupure de sécurité obligatoire.

Après deux jours de barrage, Gayssot a reçu les syndicats. Mais s'il a été à l'écoute des patrons il y a quinze jours, il n'a fait que des promesses creuses aux syndicats : une réunion paritaire patronat-syndicat, le 8 février et la mise en place d'un observatoire paritaire pour veiller à l'application des décrets, et Gayssot a eu le culot de dire que son décret patronal " va dans le sens d'une amélioration sociale ". Pas besoin d'observatoire, la situation tout le monde la connaît, ce que nous voulons, ce sont des mesures concrètes, pas de vagues promesses.

Aussi tous les grévistes étaient très remontés contre leurs directions syndicales qui comme la CFDT et la CGT ont appelé à lever " provisoirement " les barrages sans nous consulter. Cet appel a été considéré comme une nouvelle trahison, certains disant que c'était comme lors de la grève de 96.

Au barrage de Brienne, nous ne voulions pas laisser les directions syndicales prendre les décisions à notre place. Après avoir discuté entre nous et avec les conducteurs bloqués nous avons décidé de lever ce barrage que nous n'avions plus la force de tenir et sommes allés rejoindre, à une dizaine, nos camarades du dépôt de carburant de Bassens pour les aider à maintenir le dernier barrage de la région bordelaise. Là, pour la dernière nuit, les discussions ont été nombreuses entre militants des différents syndicats sur la nécessité de renforcer les liens entre nous pour pouvoir nous organiser à la base sans être à la merci des directions syndicales. L'attitude du ministre communiste Gayssot a suscité bien des commentaires sur ce gouvernement soi-disant de gauche qui défend les intérêts des patrons contre les salariés. Plusieurs conducteurs se sont découverts électeurs… et futurs électeurs d'extrême gauche car comme le disait un gréviste il n'y a plus qu'" Arlette et Alain qui restent fidèles à la défense des intérêts des travailleurs ! ".

 

Les barrages routiers à Rouen

Les barrages ont été encore plus nombreux à Rouen qu’en 97. Cette fois-ci tous les accès de l’agglomération étaient contrôlés par des barrages soit filtrants, soit bloquants dès lundi matin.

Tout était bloqué et le centre ville est devenu quasiment silencieux avec de rares voitures.

Aux barrages, si quelques chauffeurs râlaient contre, la majorité était très déterminée. Gayssot était mis dans le même sac que les patrons routiers.

Au barrage de la CRAM, les habitudes prises en 97 sont revenues tout de suite. Les syndicats de la CRAM ont mis leurs moyens techniques au service des routiers, aux Télécoms voisins ce sont les douches qui ont été proposées aux chauffeurs. Des demandes d’informations sur les grèves à la Sécu revenaient régulièrement dans les discussions entre chauffeurs et employés, plusieurs routiers auraient vu d’un bon œil que les employés de la Sécu soient en grève en même temps qu’eux. Les renseignements généraux circulaient aussi pour noter les immatriculations des camions étrangers afin que le gouvernement indemnise leurs propriétaires du manque à gagner.

Mardi après-midi, après l’annonce de la levée des barrages nationaux, il y a eu beaucoup d’opposition chez les routiers qui se sentaient blousés comme en 97. Cette fois, même les militants CFDT ne voulaient pas et organisaient des votes contre la levée. Devant le refus quasi général, une inter-syndicale s’est réunie le soir. Très tard dans la soirée, les barrages ont été levés mais beaucoup de routiers disaient que s’il n’y avait rien le 8, ils remettraient ça immédiatement.

 

RATP : l’appel à la grève en ordre dispersé des syndicats désarme la colère des salariés face à l’accord des 35 heures

Les agents de la RATP étaient en grève le 1er février à l’appel de 5 syndicats (CGT, CFDT, FO, autonomes et indépendants). Dans les bus, le métro et le RER, le mouvement a été suivi à près de 50 % en moyenne sur la journée. La presse a souligné que la grève a été moins étendue que prévu malgré un appel de la grande majorité des syndicats, le secrétaire de FO-Bus parlant d’une " mobilisation en deçà de (ses) espérances ".

Le problème c’est que si les principales organisations syndicales ont appelé à la grève, elles l’ont fait en ordre dispersé, sur la base de revendications distinctes. Quinze préavis de grève différents avaient été déposés. Les revendications allaient du " maintien du régime spécial de retraite " avancé par FO, à l’amélioration des " rémunérations (salaires, primes, déroulement de carrière) " mis en avant par les autonomes, la CGT évoquant la nécessité d’une " véritable réduction du temps de travail " sans autre précision.

La direction de la RATP avait alors beau jeu de déclarer qu’elle ne comprenait pas les raisons de ce mouvement, tous ces sujets " faisant l’objet de négociations en cours ou programmées ". Le secrétaire de la CGT s’était alors senti obligé de préciser : " C’est vrai que la plupart des dossiers sont en cours de négociation ou en voie de l’être ; alors un coup de semonce avant n’est pas inutile ". On ne peut mieux décrire les intentions réelles des syndicats. Il ne s’agit pas pour eux d’organiser les travailleurs pour qu’ils s’opposent aux attaques de la direction et imposent leurs revendications, mais simplement d’envoyer " un coup de semonce " avant que les responsables syndicaux aillent s’asseoir à la table des négociations.

Pourtant, la colère des agents de la RATP est profonde. Durant tout le mois de décembre dernier, le métro parisien avait été affecté par un mouvement de grèves tournantes touchant 50 à 70 % des conducteurs. Le mouvement avait éclaté alors même que des négociations étaient en cours, par établissement et par métier, pour la mise en place de l’accord des 35 h signé en juillet 1999 par différentes organisations, dont certains syndicats CGT. Pourtant, les syndicats qui appelaient à la grève se défendaient de faire un lien avec l’application des 35 heures, mettant surtout en avant le fait qu’il n’y avait pas eu d’augmentation des salaires en 1999, et que les embauches prévues cette année-là avaient pris du retard. Les directions syndicales refusaient évidemment de reconnaître que ce mouvement d’ampleur désavouait l’accord qu’elles avaient signé avec la direction, généralisant la flexibilité dans l’entreprise.

Dans l’appel à la grève du 1er février, il n’y a guère eu que les indépendants, syndicat minoritaire, pour dénoncer la " productivité-flexibilité accrue " par l’accord sur les 35 h. Mardi dernier, c’est pourtant bien leur opposition à la généralisation de la flexibilité qui a mobilisé les salariés, à la RATP comme ailleurs.

Frédéric Martin

Sapeurs pompiers de Rouen - " Non à la dictature militaire "

La mobilisation des Sapeurs Pompiers pour défendre leurs droits se poursuivra-t-elle en l’an 2000 ? Ce ne sont pourtant pas les raisons de manifester qui manquent. Mais ce ne sont pas les directions syndicales qui vont y aider puisque celles-ci se préoccupent plus de négocier le protocole d’accord national sur la pseudo retraite à 50 ans que de défendre réellement les droits des travailleurs. Le gouvernement par ses manœuvres a eu ce qu’il voulait avec le consentement de l’intersyndicale : le mouvement de grève est suspendu au niveau national. Mais il y a une différence entre ce qui se décide dans les instances et ce que vivent au quotidien les sapeurs pompiers.

La départementalisation est entrée en vigueur le 1er janvier 2000 et les décisions se prennent maintenant au niveau local (ce qui renforce le poids de l’état-major) et sous l’autorité du président du Conseil général, Charles Revet pour la Seine-Maritime. Ce dernier qui n’en est pas à sa première fourberie baveuse a récidivé en voulant faire passer en force son Règlement Intérieur qui est taillé sur mesure pour casser toutes les volontés de contestation. La CGT localement avait annulé une manif le 21 décembre " en échange " de ne pas adopter ce RI. Mais Revet, comme n’importe quel politicien, se fiche complètement des conditions de travail et ne s’est évidemment pas senti obligé de respecter ses engagements.

Alors le mécontentement ne fait qu’augmenter en conséquence. S’il peut s’exprimer par l’action collective et démocratique des sapeurs pompiers, Revet n’aura aucun moyen de résister. C’est bien par peur de la mobilisation que la hiérarchie mène une campagne contre la grève allant jusqu’à dire qu’elle met en danger les services publics ! Surtout, le nouveau RI prévoit de sanctionner plus lourdement toutes les fautes et d’empêcher la continuation de la grève administrative. A Quimper, ce sont 8 sous-officiers qui ont été rétrogradés et il y a eu une dizaine de mises à pied. Mais une réaction collective de protestation a permis de lever la plupart des sanctions.

Les élus, la hiérarchie et le gouvernement font tout pour empêcher que le mouvement continue. Ils multiplient les négociations pour faire pourrir le mouvement. Et les directions syndicales dont il n’y a vraiment rien à attendre jouent ce jeu. C’est à la base par leur propre organisation, dans leurs assemblées générales, avec les militants syndicaux locaux, que les sapeurs pompiers pourront faire respecter leur droit et ne pas subir l’oppression qui est en train de se durcir. A Rouen, une manif est prévue le 8 février au Conseil d’administration du CDIS pour faire monter la pression et montrer à Revet qu’il ne peut faire passer ses attaques comme il l’entend.

 

La lutte du 2ème collectif de sans-papiers de Rouen " Nous voulons vivre dans la dignité et nous refusons la clandestinité "

Depuis 3 mois, un nouveau collectifs a été formé sur l’agglomération rouennaise. Il compte plus d’une centaine de sans-papiers, principalement originaires d’Afrique ou du Maghreb. Samedi 29 janvier, une fête organisée à Petit Quevilly a rassemblé plus d’un centaine de personnes ce qui dans le contexte très difficile actuellement est un succès. La lutte des sans-papiers est entrée dans une nouvelle phase, beaucoup plus dure. La période post électorale où le ministère de l’Intérieur accordait, quand il y était contraint, des régularisations ou le plus souvent des cartes de séjour temporaires, est finie. Chevènement avec sa circulaire d’octobre 99 réclame maintenant d’augmenter le nombre des expulsions. C’est ce que le collectif dénonce dans un tract : " La préfecture de Seine Maritime, aveugle à la situation précaire des sans-papiers, refuse leur dossier sans motif, s’acharne surtout à faire un bon score d’expulsions pour satisfaire la circulaire interne de monsieur Chevènement datée du 11 octobre 1999 (à croire vraiment que la soi-disant opération de régularisation n’était faite que pour ficher les sans papiers) ". La discussion a posé un certain nombre de problèmes urgents pour faire face à la répression accrue, aux rafles qui se multiplient directement dans les quartiers populaires. Le mouvement est certes moins important que l’année dernière mais tous les sans-papiers et les soutiens investis sont déterminés à mener cette lutte jusqu’au bout, pour la régularisation de tous les sans-papiers.