Une campagne contre Arlette Laguiller et Alain Krivine orchestrée par la gauche plurielle
Même le Point sen est fait lécho, Les Guignols de linfo aussi, depuis presque deux semaines une campagne est engagée contre les députés révolutionnaires au Parlement européen. Nous en avons déjà parlé dans notre précédent numéro, mais rappelons les faits. Les députés révolutionnaires sont tout simplement accusés au mépris de la plus simple vérité davoir voté contre la taxe Tobin au Parlement européen. Mensonge évident puisquAlain Krivine sest abstenu et Arlette Laguiller a voté contre une résolution envisageant létude de la " faisabilité " de la taxe Tobin, résolution dont plusieurs avenants défendaient léconomie de marché. Cette résolution a recueilli les faveurs de Bayrou, Lamassoure ou Pasqua
Les révolutionnaires navaient pas à se rallier à cette confusion politicienne.
Arlette sen est expliquée, sil sétait agi de voter sur la taxe Tobin elle-même, elle naurait pas voté contre. Quimporte. PS, PC et Verts, dans une touchante unanimité, partent en guerre contre ceux qui auraient voté contre la taxe Tobin au nom de la politique du tout ou rien. Caricature intéressée.
Ces bons et honnêtes défenseurs de la politique dun gouvernement soumis aux exigences du marché oublient simplement de dire quil eût suffi que les seize députés de la gauche plurielle absents le jour du vote soient là pour que leur projet " révolutionnaire " passe.
Cest bien Robert Hue qui a saboté cette révolution dans un verre deau parlementaire, en privant la taxe de sa voix !
Dans cette campagne plurielle contre lextrême-gauche, social-démocratie rose ou verte et ex-staliniens repentis se sont retrouvés dans un même chur de calomnies. Le PC garde quand même la palme dans la grossièreté de lattaque si on en juge à cet article paru dans un supplément local à lHuma, article intitulé " Les cons ! " où il est entre autres écrit : " Ceux-là attendent que la capitalisme soit mort pour commencer la révolution. Bande didiots dangereux. Avec des olibrius de cet acabit, jamais on naurait eu les congés, la sécurité sociale et la retraite à 60 ans Arlette et Alain sont devenus des vieux cons assagis. Que les briques du mur de Berlin sabattent sur eux et quils disparaissent à jamais ". Passons sur cette littérature haineuse.
Il y a là comme une suite directe et complémentaire à la politique du PC qui a essayé de rallier à son soutien au gouvernement lextrême-gauche en prenant linitiative des manifs du 16 octobre et du 11 décembre. Manuvre bien incertaine qui, malgré nos divisions, na pas réussi. Alors, il faut contre-attaquer. Robert Hue lui-même a commis lerreur de contribuer au rapprochement de ses militants avec ceux dextrême-gauche, il lui faut maintenant tenter de les dresser contre nous pour espérer pouvoir récupérer les fruits de ses manuvres. Pour beaucoup, il ne fait que se révéler un peu plus.
Son zèle à calomnier est dautant plus vigoureux quil espère aussi quil laidera à gagner des positions dans Attac où il se trouve en concurrence avec bon nombres de militants qui se revendiquent de lextrême-gauche. Là encore, il est probable quil aboutisse au résultat inverse auprès de bien des militants qui se tournent vers Attac pour trouver un cadre militant qui échappe aux manuvres politiciennes. Son zèle contribue à leur éducation, en les aidant à comprendre que pour échapper à la politique des appareils intégrés aux institutions, ils seront amenés à faire pleinement de la politique qui sorte des institutions, cest-à-dire une politique révolutionnaire.
Les révolutionnaires loin de sinquiéter ou de dramatiser les attaques dont ils sont lobjet, loin de céder aux pressions ne serait-ce quen se justifiant, ne sont nullement gênés du débat. La démocratie est un combat, le combat pour la vérité, nous le menons depuis longtemps contre la social-démocratie ou le stalinisme.
Au moment où nombreux sont ceux qui se détachent des partis gouvernementaux, notre combat trouve une force nouvelle, un encouragement qui nous poussent à aller de lavant pour accuser nos accusateurs qui rêvent dêtre aussi nos juges.
Yvan Lemaître
Les révolutionnaires et la taxe Tobin, non à la régulation de léconomie de marché, oui à la nécessité de taxer et de contrôler le capital
La petite bataille parlementaire autour de la possibilité de peut-être envisager détudier la " faisabilité de la taxe Tobin " a suscité bien des interrogations. La taxe Tobin est devenue un véritable mythe, point de convergence de beaucoup dillusions, de révoltes et despoirs légitimes, mais aussi de beaucoup de confusion.
Pour bien des gens de gauche, cette idée de taxer de 0,01 % les mouvements des capitaux spéculatifs a un double avantage. Le premier est dêtre lenfant dun prix Nobel, reconnu par les dirigeants impérialistes eux-mêmes, et dêtre ainsi par la vertu du conformisme investi dune légitimité, dune autorité morale. Le deuxième est davoir lair radical, une taxe internationale qui plus est sur le capital. Voilà qui semble audacieux !
La taxe Tobin, cest un mot dordre simple, celui dimposer une régulation aux marchés financiers qui prend appui sur lautorité morale du prix Nobel. Doù son succès.
Aux yeux dune opinion de gauche désorientée par la soumission de la gauche gouvernementale aux marchés financiers, ce mot dordre apparaît radical, loin du sectarisme et des caricatures de marxisme. En somme cette idée convient bien à une large fraction du milieu de gauche en rupture avec la politique des partis gouvernementaux mais qui hésite à remettre en cause la propriété privée et à lier leur combat politique au combat social.
Les révolutionnaires ne cultivent pas un faux radicalisme symétrique. Ils sont solidaires de toutes les formes de contestation même morale du capitalisme, ne jugent pas mais accompagnent les évolutions, aident chacun à aller jusquau bout des raisonnements pour rejoindre le combat des travailleurs sans en craindre les conséquences révolutionnaires.
Pour nous le succès rencontré par Attac et lidée de la taxe Tobin est lexpression dun mécontentement, dune révolte qui se cherchent, qui cherchent une politique, des idées, des pratiques militantes en rupture avec les partis de la gauche parlementaire. Les idées de la révolution apparaissent comme un vieux mythe dépassé auquel beaucoup préfèrent une illusion qui a une apparence plus moderne. Les révolutionnaires ne jugent pas, mais cherchent à comprendre pour apporter des réponses.
Nous faisons nôtre la volonté de mettre un frein au ravage de léconomie de marché tout en cherchant à révéler lillusion que représente lidée que lon peut réguler cette économie autrement quen fonction des seuls intérêts des classes dominantes. Pour beaucoup, léconomie apparaît comme une réalité obéissant à ses propres lois, difficile à comprendre mais indépendante des rapports de classes. Ils ne voient pas, aveuglés par lidéologie bourgeoise, dans la vie économique lexpression de ces rapports de classes. Ce sont ces derniers qui, pour les révolutionnaires, sont une boussole.
Il ne sagit pas là dune caricature gauchiste ou stalinienne, mais de lanalyse des rapports de classes vivants, réels, qui dévoile les mystères de bien des phénomènes économiques.
François Chesnais dans un opuscule intitulé " Tobin or not Tobin " écrit : " Taxer les opérations de change pour pénaliser la spéculation, contrôler les mouvements de capitaux à court terme, ce serait adresser un avertissement politique fort aux principaux acteurs économiques ; ce serait affirmer que lintérêt général doit lemporter sur les intérêts particuliers et les besoins du développement sur la spéculation internationale ".
Daccord, mais qui va donner ce signal fort ?
Francois Chesnais y répond quand il écrit quelque pages plus loin que lécho rencontré par lidée de la taxe Tobin est " une expression de plus de la volonté manifestée par des travailleurs - salariés, chômeurs ou retraités -, des étudiants, des lycéens de comprendre le capitalisme dans ses formes contemporaines et de se réunir dans une campagne, non pour subir ni replâtrer ce système, mais pour le combattre ".
Aider à comprendre, à penser, cest faire preuve de fermeté, cest-à-dire, en loccurrence, refuser de céder aux démagogues de gauche et de droite qui rêvent de se faire une vertu morale, sinon anti-capitaliste, à lombre dun prix Nobel. Cest refuser de mêler nos voix aux leurs, et sous aucun prétexte sen justifier. Cest clairement affirmer que la taxation du capital comme son contrôle ne pourront venir que de la mobilisation des travailleurs.
YL
Election législative partielle
3ème circonscription des Landes :
un jalon pour le renforcement de l'implantation des
révolutionnaires
Henri Emmanuelli aura quand même quelque peu raté son retour. Elu avec plus de 76 % des voix conseiller général dans le canton de Mugron, sur " ses terres ", il n'a pu se faire élire dès le premier tour dans la législative de la 3ème circonscription, car il n'a pas recueilli les voix de 25 % des électeurs inscrits nécessaires. L'abstention a été forte, 51,88 %, cest de la part des électeurs de "son fief" un désaveu. Sur les suffrages exprimés, il arrive cependant largement en tête avec 55,80 % des voix, devant le candidat de droite (20,03 %). Les candidates du RPF et du Front national font 6,99 % et 3,58 %, José Huici du Parti communiste fait 8,43 %.
Quant à notre score, 1,57 %, cest certes un résultat faible, mais tout à fait honorable dans cette circonscription difficile, où les révolutionnaires ne s'étaient pas présentés depuis 20 ans. Surtout, le décalage est grand entre la sympathie que nous avons rencontrée au cours de cette campagne électorale, le mécontentement général que nous avons perçu et le score que nous avons obtenu. C'est encore chez beaucoup l'idée qu'il est impossible de peser politiquement autrement qu'à travers les institutions et les politiciens qui y sont installés. Quant aux autres, parmi ceux qui se sont abstenus, qui rejettent la politique politicienne, il y a souvent un sentiment d'impuissance, et une ignorance de l'extrême-gauche, encore peu crédible à leurs yeux, aussi bien à cause de sa faiblesse que de ses divisions.
De ce point de vue-là, notre candidature est un pas important. Le score qu'elle a réalisé indique que même là où l'extrême-gauche était très faiblement représentée jusque là, le courant politique qui se reconnaît dans une opposition de classe au patronat et au gouvernement, existe bel et bien. Il y a une attente de ce côté-là, tant chez d'anciens militants de gauche, du PC en particulier, que chez des jeunes qui aspirent à un changement radical de société, et au cours de cette campagne nous avons travaillé ou établi le contact avec quelques uns d'entre eux.
Le fait que connus comme militants de Voix des Travailleurs nous soyons apparus publiquement sous l'étiquette de la Ligue communiste révolutionnaire a été perçu avec intérêt non seulement dans notre milieu proche mais encore chez beaucoup de ceux que nous avons rencontrés qui se réjouissent de tout pas en avant dans le sens de l'unité de l'extrême-gauche. Comme l'a dit l'un d'entre eux : " je suis de la génération d'Arlette et d'Alain, ce sont les seuls qui n'ont pas changé, qui sont restés fidèles à leurs idées. Ils auraient dû être ensemble depuis longtemps, ils l'ont fait tant mieux, mieux vaut tard que jamais ! "
Maintenant, avec les camarades de la LCR il nous faut envisager de construire une véritable section dans le département. C'est ce à quoi nous voulons nous atteler, avec les travailleurs et les jeunes qui ont pris contact avec nous au cours de cette campagne, et comme le disait un de nos camarades de la LCR à la réunion publique où malheureusement Roseline Vachetta n'a pas pu venir, retenue par une mauvaise grippe à Bruxelles : " il y a du travail ".
Dominique Peltier