page 7



Une campagne contre Arlette Laguiller et Alain Krivine orchestrée par la gauche plurielle

Même le Point s’en est fait l’écho, Les Guignols de l’info aussi, depuis presque deux semaines une campagne est engagée contre les députés révolutionnaires au Parlement européen. Nous en avons déjà parlé dans notre précédent numéro, mais rappelons les faits. Les députés révolutionnaires sont tout simplement accusés au mépris de la plus simple vérité d’avoir voté contre la taxe Tobin au Parlement européen. Mensonge évident puisqu’Alain Krivine s’est abstenu et Arlette Laguiller a voté contre une résolution envisageant l’étude de la " faisabilité " de la taxe Tobin, résolution dont plusieurs avenants défendaient l’économie de marché. Cette résolution a recueilli les faveurs de Bayrou, Lamassoure ou Pasqua…

Les révolutionnaires n’avaient pas à se rallier à cette confusion politicienne.

Arlette s’en est expliquée, s’il s’était agi de voter sur la taxe Tobin elle-même, elle n’aurait pas voté contre. Qu’importe. PS, PC et Verts, dans une touchante unanimité, partent en guerre contre ceux qui auraient voté contre la taxe Tobin au nom de la politique du tout ou rien. Caricature intéressée.

Ces bons et honnêtes défenseurs de la politique d’un gouvernement soumis aux exigences du marché oublient simplement de dire qu’il eût suffi que les seize députés de la gauche plurielle absents le jour du vote soient là pour que leur projet " révolutionnaire " passe.

C’est bien Robert Hue qui a saboté cette révolution dans un verre d’eau parlementaire, en privant la taxe de sa voix !

Dans cette campagne plurielle contre l’extrême-gauche, social-démocratie rose ou verte et ex-staliniens repentis se sont retrouvés dans un même chœur de calomnies. Le PC garde quand même la palme dans la grossièreté de l’attaque si on en juge à cet article paru dans un supplément local à l’Huma, article intitulé " Les cons ! " où il est entre autres écrit : " Ceux-là attendent que la capitalisme soit mort pour commencer la révolution. Bande d’idiots dangereux. Avec des olibrius de cet acabit, jamais on n’aurait eu les congés, la sécurité sociale et la retraite à 60 ans… Arlette et Alain sont devenus des vieux cons assagis. Que les briques du mur de Berlin s’abattent sur eux et qu’ils disparaissent à jamais ". Passons sur cette littérature haineuse.

Il y a là comme une suite directe et complémentaire à la politique du PC qui a essayé de rallier à son soutien au gouvernement l’extrême-gauche en prenant l’initiative des manifs du 16 octobre et du 11 décembre. Manœuvre bien incertaine qui, malgré nos divisions, n’a pas réussi. Alors, il faut contre-attaquer. Robert Hue lui-même a commis l’erreur de contribuer au rapprochement de ses militants avec ceux d’extrême-gauche, il lui faut maintenant tenter de les dresser contre nous pour espérer pouvoir récupérer les fruits de ses manœuvres. Pour beaucoup, il ne fait que se révéler un peu plus.

Son zèle à calomnier est d’autant plus vigoureux qu’il espère aussi qu’il l’aidera à gagner des positions dans Attac où il se trouve en concurrence avec bon nombres de militants qui se revendiquent de l’extrême-gauche. Là encore, il est probable qu’il aboutisse au résultat inverse auprès de bien des militants qui se tournent vers Attac pour trouver un cadre militant qui échappe aux manœuvres politiciennes. Son zèle contribue à leur éducation, en les aidant à comprendre que pour échapper à la politique des appareils intégrés aux institutions, ils seront amenés à faire pleinement de la politique qui sorte des institutions, c’est-à-dire une politique révolutionnaire.

Les révolutionnaires loin de s’inquiéter ou de dramatiser les attaques dont ils sont l’objet, loin de céder aux pressions ne serait-ce qu’en se justifiant, ne sont nullement gênés du débat. La démocratie est un combat, le combat pour la vérité, nous le menons depuis longtemps contre la social-démocratie ou le stalinisme.

Au moment où nombreux sont ceux qui se détachent des partis gouvernementaux, notre combat trouve une force nouvelle, un encouragement qui nous poussent à aller de l’avant pour accuser nos accusateurs qui rêvent d’être aussi nos juges.

Yvan Lemaître

 

Les révolutionnaires et la taxe Tobin, non à la régulation de l’économie de marché, oui à la nécessité de taxer et de contrôler le capital

La petite bataille parlementaire autour de la possibilité de peut-être envisager d’étudier la " faisabilité de la taxe Tobin " a suscité bien des interrogations. La taxe Tobin est devenue un véritable mythe, point de convergence de beaucoup d’illusions, de révoltes et d’espoirs légitimes, mais aussi de beaucoup de confusion.

Pour bien des gens de gauche, cette idée de taxer de 0,01 % les mouvements des capitaux spéculatifs a un double avantage. Le premier est d’être l’enfant d’un prix Nobel, reconnu par les dirigeants impérialistes eux-mêmes, et d’être ainsi par la vertu du conformisme investi d’une légitimité, d’une autorité morale. Le deuxième est d’avoir l’air radical, une taxe internationale qui plus est sur le capital. Voilà qui semble audacieux !

La taxe Tobin, c’est un mot d’ordre simple, celui d’imposer une régulation aux marchés financiers qui prend appui sur l’autorité morale du prix Nobel. D’où son succès.

Aux yeux d’une opinion de gauche désorientée par la soumission de la gauche gouvernementale aux marchés financiers, ce mot d’ordre apparaît radical, loin du sectarisme et des caricatures de marxisme. En somme cette idée convient bien à une large fraction du milieu de gauche en rupture avec la politique des partis gouvernementaux mais qui hésite à remettre en cause la propriété privée et à lier leur combat politique au combat social.

Les révolutionnaires ne cultivent pas un faux radicalisme symétrique. Ils sont solidaires de toutes les formes de contestation même morale du capitalisme, ne jugent pas mais accompagnent les évolutions, aident chacun à aller jusqu’au bout des raisonnements pour rejoindre le combat des travailleurs sans en craindre les conséquences révolutionnaires.

Pour nous le succès rencontré par Attac et l’idée de la taxe Tobin est l’expression d’un mécontentement, d’une révolte qui se cherchent, qui cherchent une politique, des idées, des pratiques militantes en rupture avec les partis de la gauche parlementaire. Les idées de la révolution apparaissent comme un vieux mythe dépassé auquel beaucoup préfèrent… une illusion qui a une apparence plus moderne. Les révolutionnaires ne jugent pas, mais cherchent à comprendre pour apporter des réponses.

Nous faisons nôtre la volonté de mettre un frein au ravage de l’économie de marché tout en cherchant à révéler l’illusion que représente l’idée que l’on peut réguler cette économie autrement qu’en fonction des seuls intérêts des classes dominantes. Pour beaucoup, l’économie apparaît comme une réalité obéissant à ses propres lois, difficile à comprendre mais indépendante des rapports de classes. Ils ne voient pas, aveuglés par l’idéologie bourgeoise, dans la vie économique l’expression de ces rapports de classes. Ce sont ces derniers qui, pour les révolutionnaires, sont une boussole.

Il ne s’agit pas là d’une caricature gauchiste ou stalinienne, mais de l’analyse des rapports de classes vivants, réels, qui dévoile les mystères de bien des phénomènes économiques.

François Chesnais dans un opuscule intitulé " Tobin or not Tobin " écrit : " Taxer les opérations de change pour pénaliser la spéculation, contrôler les mouvements de capitaux à court terme, ce serait adresser un avertissement politique fort aux principaux acteurs économiques ; ce serait affirmer que l’intérêt général doit l’emporter sur les intérêts particuliers et les besoins du développement sur la spéculation internationale ".

D’accord, mais qui va donner ce signal fort ?

Francois Chesnais y répond quand il écrit quelque pages plus loin que l’écho rencontré par l’idée de la taxe Tobin est " une expression de plus de la volonté manifestée par des travailleurs - salariés, chômeurs ou retraités -, des étudiants, des lycéens de comprendre le capitalisme dans ses formes contemporaines et de se réunir dans une campagne, non pour subir ni replâtrer ce système, mais pour le combattre ".

Aider à comprendre, à penser, c’est faire preuve de fermeté, c’est-à-dire, en l’occurrence, refuser de céder aux démagogues de gauche et de droite qui rêvent de se faire une vertu morale, sinon anti-capitaliste, à l’ombre d’un prix Nobel. C’est refuser de mêler nos voix aux leurs, et sous aucun prétexte s’en justifier. C’est clairement affirmer que la taxation du capital comme son contrôle ne pourront venir que de la mobilisation des travailleurs.

YL

 

Election législative partielle 3ème circonscription des Landes :
un jalon pour le renforcement de l'implantation des révolutionnaires

Henri Emmanuelli aura quand même quelque peu raté son retour. Elu avec plus de 76 % des voix conseiller général dans le canton de Mugron, sur " ses terres ", il n'a pu se faire élire dès le premier tour dans la législative de la 3ème circonscription, car il n'a pas recueilli les voix de 25 % des électeurs inscrits nécessaires. L'abstention a été forte, 51,88 %, c’est de la part des électeurs de "son fief" un désaveu. Sur les suffrages exprimés, il arrive cependant largement en tête avec 55,80 % des voix, devant le candidat de droite (20,03 %). Les candidates du RPF et du Front national font 6,99 % et 3,58 %, José Huici du Parti communiste fait 8,43 %.

Quant à notre score, 1,57 %, c’est certes un résultat faible, mais tout à fait honorable dans cette circonscription difficile, où les révolutionnaires ne s'étaient pas présentés depuis 20 ans. Surtout, le décalage est grand entre la sympathie que nous avons rencontrée au cours de cette campagne électorale, le mécontentement général que nous avons perçu et le score que nous avons obtenu. C'est encore chez beaucoup l'idée qu'il est impossible de peser politiquement autrement qu'à travers les institutions et les politiciens qui y sont installés. Quant aux autres, parmi ceux qui se sont abstenus, qui rejettent la politique politicienne, il y a souvent un sentiment d'impuissance, et une ignorance de l'extrême-gauche, encore peu crédible à leurs yeux, aussi bien à cause de sa faiblesse que de ses divisions.

De ce point de vue-là, notre candidature est un pas important. Le score qu'elle a réalisé indique que même là où l'extrême-gauche était très faiblement représentée jusque là, le courant politique qui se reconnaît dans une opposition de classe au patronat et au gouvernement, existe bel et bien. Il y a une attente de ce côté-là, tant chez d'anciens militants de gauche, du PC en particulier, que chez des jeunes qui aspirent à un changement radical de société, et au cours de cette campagne nous avons travaillé ou établi le contact avec quelques uns d'entre eux.

Le fait que connus comme militants de Voix des Travailleurs nous soyons apparus publiquement sous l'étiquette de la Ligue communiste révolutionnaire a été perçu avec intérêt non seulement dans notre milieu proche mais encore chez beaucoup de ceux que nous avons rencontrés qui se réjouissent de tout pas en avant dans le sens de l'unité de l'extrême-gauche. Comme l'a dit l'un d'entre eux : " je suis de la génération d'Arlette et d'Alain, ce sont les seuls qui n'ont pas changé, qui sont restés fidèles à leurs idées. Ils auraient dû être ensemble depuis longtemps, ils l'ont fait tant mieux, mieux vaut tard que jamais ! "

Maintenant, avec les camarades de la LCR il nous faut envisager de construire une véritable section dans le département. C'est ce à quoi nous voulons nous atteler, avec les travailleurs et les jeunes qui ont pris contact avec nous au cours de cette campagne, et comme le disait un de nos camarades de la LCR à la réunion publique où malheureusement Roseline Vachetta n'a pas pu venir, retenue par une mauvaise grippe à Bruxelles : " il y a du travail ".

Dominique Peltier