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VDT hebdo a accompli sa tâche, se transforme et devient mensuel, un nouveau pas en avant

Ce numéro est l’avant-dernier numéro de Voix des travailleurs hebdomadaire. Voix des travailleurs n° 131 paraîtra le 6 avril, il sera le premier numéro mensuel. Ce mensuel paraîtra sur 12 pages et coûtera 10 F.

Il ne s’agit pas d’un recul mais bien, au contraire, d’un nouveau pas nécessaire pour répondre au mieux à une nouvelle situation.

Nous publions, sur cette même page, pour témoigner du chemin parcouru et que chacun puisse juger de la cohérence de notre démarche, l’éditorial du numéro un de VDT. Nous voulions donner un contenu vivant à l’appel d’Arlette, rompre avec la politique du secret de Lutte ouvrière, discuter publiquement des questions que pose le tournant social et politique auquel étaient et sont confrontés le mouvement ouvrier et l’extrême-gauche, nous voulions nous tourner vers le monde du travail et la jeunesse, donner les éléments de compréhension des évolutions et transformations en cours, c’était l’objectif de VdT d’abord quinzomadaire puis hebdomadaire, après notre unification avec les camarades de la LST, le courant Cours Nouveau. Il a fait son travail.

Agir dans le sens du regroupement 

" Tendance pour l’unité des marxistes révolutionnaires " était alors l’intitulé nous définissant. La question de l’unité est une question clé qui s’est toujours posée pour nous en termes politiques, et non en terme de bonne volonté ou de morale. L’unité, c’est d’abord une politique pour nous-mêmes. La question n’est pas de chercher à tout prix à se regrouper sous la même étiquette, mais d’avoir une démarche constante de discussion, de recherche de l’action unitaire sans faire de cette démarche un moyen de pression. Bien au contraire, cette démarche unitaire suppose et exige le respect plein et entier de l’autonomie et de l’indépendance de chaque tendance comme de chaque militant, elle suppose aussi et exige une conscience claire de la solidarité de classe et d’idées, de savoir délimiter les frontières de notre camp pour savoir différencier ce qui est secondaire de ce qui est essentiel. Et bien sûr, si cela est possible, mais ça ne se décrète pas, l’unité exige le regroupement des forces dans un même cadre militant.

C’est cette démarche que VdT a contribué à expliquer, illustrer et défendre. Certains pensent que cette politique a été un échec. Loin s’en faut, elle connaît des difficultés, mais elle avance à grands pas même s’il y a devant elle bien des obstacles à surmonter dont la politique de la direction de LO n’est pas le moindre. Nous n’avons jamais pensé que nous puissions par nos seules forces réaliser le regroupement des forces révolutionnaires. C’eut été pure présomption ! Mais nous avons mis en pratique cette politique, chaque fois de façon positive. Et cela a contribué à transformer la situation au sein de l’extrême-gauche même si nous avons pleinement conscience que c’est l’évolution de la situation sociale et politique qui en sont le moteur essentiel. Une politique visant au regroupement a pour objectif de construire un cadre politique et organisationnel ouvert à tous ceux qui rompent toute solidarité politique avec la gauche plurielle. C’est pourquoi, dans un deuxième temps, notre tendance s’est définie comme " tendance pour un parti démocratique et révolutionnaire des travailleurs " en référence au projet de programme que nous avions rédigé.

L’intégration à la Ligue communiste révolutionnaire, un nouveau progrès

C’est le prochain congrès de la LCR qui décidera définitivement de notre intégration dans la nouvelle organisation dont la congrès a pour tâche de tracer la perspective. Mais d’ores et déjà notre tendance est associée progressivement au fonctionnement et aux tâches de la LCR dans le respect de notre identité au cours d’un processus qui permet d’établir entre nous des relations démocratiques et vivantes. Le succès de cette politique est riche de possibilité. Certes, notre tendance est minoritaire au sein de l’extrême-gauche, mais le fait que nous réussissions à mettre en commun nos forces est en soi un pas qui rompt avec toutes les pratiques du passé marquées par le sectarisme, un pas qui fera date.

Ce pas est important car il contient en lui-même une énergie, celle de la démocratie, qui aura des effets féconds.

Dans cette période de liquidation du stalinisme, le mouvement ouvrier et plus précisément le mouvement révolutionnaire ne peuvent renaître que si nous sommes capables de mettre en œuvre une démocratie vivante dont le contenu ne peut être que révolutionnaire. La démocratie suppose de ne craindre aucune vérité, elle se situe pleinement dans le camp des opprimés, elle ne peut être que révolutionnaire.

Amis et camarades lecteurs, prenez en main la construction de la nouvelle force démocratique et révolutionnaire

VdT hebdo devient mensuel, il sera le lieu de discussion de l’activité des révolutionnaires et des militants du mouvement ouvrier, discussion qui accompagnera les dernières étapes de notre intégration à la LCR. Parallèlement, nous nous intégrerons à Rouge qui deviendra notre nouvel hebdo.

Bien de nos lecteurs trouveront que Rouge manque de correspondances d’entreprises, qu’il n’est pas assez ouvert sur les préoccupations du monde du travail et de la jeunesse, que sa définition politique manque parfois de clarté ou de tranchant, d’esprit offensif et de classe, c’est un point de vue que partagent bien des lecteurs de Rouge ou des militants de la Ligue. La question est de formuler des critiques d’un point de vue révolutionnaire, c’est-à-dire en toute solidarité et pour agir, aider, prendre toute sa place dans la lutte. C’est à cela que nous vous convions, amis et camarades lecteurs.

Les élections européennes ont confirmé l’existence dans ce pays d’une force d’extrême-gauche populaire, elle se manifeste dans les luttes actuelles qui expriment une remontée du mouvement ouvrier, cette force que nous avons décrite par la formule du parti d’Arlette et d’Alain, ne s’organisera pas par la vertu du Saint-Esprit, mais la volonté, le travail militant de ceux qui sont révoltés de la voir divisée, hésitante et sans initiative.

La naissance d’une force politique nouvelle capable d’influer sur les événements ne peut naître que de la volonté de milliers de travailleurs et de jeunes. A son niveau, selon ses possibilités, chacun a à prendre sa place dans cette lutte. VdT hebdo aurait pleinement accompli sa tâche si, parmi nos lecteurs, nombreux étaient ceux qui, avec nous, faisaient un pas de plus pour prendre leur part dans les tâches actuelles.

Yvan Lemaitre

Nous publions l’éditorial du premier numéro de Voix des travailleurs afin que chacun puisse juger de la cohérence politique et humaine de notre démarche, et apprécier le travail accompli par notre journal au début quinzomadaire publié sur quatre pages pour devenir l’hebdo actuel sur huit pages.

Un premier pas et un tournant

Voici le premier numéro de " Voix des travailleurs ". Ce premier numéro qui paraît quatre semaines après notre exclusion de Lutte ouvrière, nous le voudrions riche d'espoir. Il est un premier pas et un tournant.

Il est un premier pas bien timide et hésitant par rapport aux tâches devant lesquelles nous nous trouvons après une dure rupture, difficile à surmonter de par les conclusions qu'elle nous oblige à tirer. Notre exclusion de Lutte ouvrière est en soi un fait qui peut sembler minime et sans importance, mais de par ce qu'elle signifie, du point de vue des possibilités de construire l'organisation, le parti, nécessaire à la classe ouvrière, cette exclusion exprime le fait que Lutte ouvrière ne peut plus réellement représenter l'organisation à partir de laquelle pourra naître un véritable parti des travailleurs. Loin de nous l'idée de dire que tous ceux qui comme nous ont apporté et continuent d'apporter leur dévouement à nos objectifs communs sont perdus, ce serait ridicule et stupide. Mais Lutte ouvrière telle qu'elle est aujourd'hui, telle qu'elle conçoit sa politique en tant qu'organisation, ne peut plus avoir les initiatives qui permettraient à toutes les volontés qui veulent apporter leur pierre à la construction de ce parti de se retrouver, quels que soient leur passé politique, leur cheminement, les étapes de leur prise de conscience, leur niveau actuel de conscience, au coude à coude dans un cadre qui permette à chacun de donner le meilleur de lui-même.

Ces conclusions s'imposent à nous avec la force de l'évidence et d'elles se dégagent de nouvelles perspectives.

Ces questions doivent pouvoir se discuter publiquement sans laisser à ceux qui font leur mauvais coup le bénéfice de l'ombre et du silence. La transparence est une nécessité et c'est la transparence des actes et des idées devant les travailleurs, sans prendre prétexte de l'indifférence de la majorité d'entre eux, pour taire la vérité à la fraction la plus consciente qui regarde vers les révolutionnaires, même si elle n'est pas pleinement engagée.

S'expliquer publiquement n'est pas affaiblir l'ensemble du mouvement, nuire à son unité, ou alors, on a la même conception de l'unité que tous les gens d'appareil, les staliniens, les nationalistes ou les réformistes.

L'unité, elle est politique, et loin de rompre, nous agissons dans le sens de l'unité en nous donnant les moyens de continuer notre lutte pour donner à l'appel d'Arlette Laguiller un contenu vivant et concret. Ce que nous faisions dans notre organisation, nous continuerons à le faire contraints et forcés à l'extérieur.

La situation nouvelle ainsi créée n'affaiblit pas le mouvement, ce qui l'affaiblit ce sont les méthodes employées par la direction de Lutte Ouvrière, qui voudrait pouvoir écarter 10 % de ses militants sans s'expliquer et rendre des comptes, et qui paralyse l'organisation par des méthodes d'un centralisme administratif et formel qui ne peut qu'écarter les travailleurs.

Il y a un état de fait, la pire des choses serait de faire semblant de ne pas voir. Ce serait renoncer à transformer les choses.

Nous voudrions ce premier numéro riche d'espoir. Il représente bien sûr un tournant pour nous mais surtout nous pensons que la naissance de " Voix des Travailleurs " s'inscrit dans un tournant social et politique riche de possibilités nouvelles pour la classe ouvrière et pour tous ceux qui veulent se battre dans son camp, cela bien évidemment au-delà de ce que nous sommes. Mais c'est dans les perspectives qu'ouvre ce tournant social et politique que s'inscrivent nos propres objectifs politiques, nos espoirs.

De fait une nouvelle période s'ouvre, n'en déplaise à tous les esprits chagrins qui voudraient que rien ne change, une nouvelle période qui exige de nouvelles initiatives, qui exige que l'ensemble de l'extrême-gauche, si elle veut jouer un rôle actif dans les événements et les luttes à venir, s'en donne les moyens.

La situation nouvelle devant laquelle se trouve toute la classe ouvrière ne peut manquer de provoquer une large discussion qui entraîne pour l'ensemble de ceux qui se posent le problème de l'avenir de la société et du mouvement ouvrier dont il dépend, bien des remises en cause. Personne ne pourra rester à l'écart. C'est toute l'extrême-gauche qui doit faire son bilan, tirer les leçons du passé pour se donner les moyens de jouer un rôle demain, se préparer à la remontée des luttes ouvrières.

A l'heure où se pose le problème de se donner les moyens de gagner, entraîner, éduquer une nouvelle génération de militants ouvriers, il est nécessaire que l'ancienne génération se dégage de toutes les scories de la social-démocratie et du stalinisme, du gauchisme, en rompant avec les méthodes d'appareil de ceux qui se protègent des masses et de leur contrôle. Ces scories, c'est l'esprit petit-bourgeois qui ne va pas jusqu'au bout de ses idées, qui fait la leçon à la classe ouvrière ou n'imagine pas qu'elle puisse se battre sans ses appareils parasites, en un mot le gauchisme .

Chacun est face à lui-même, ses choix, face à l'exigence d'aller jusqu'au bout de ses idées, de ses conceptions. Il n'y a là aucun " formidable culot ", simplement l'impossibilité d'échapper à sa vérité, à la logique des idées. Non seulement nous ne nous y dérobons pas, mais nous voulons aller au devant.

Parce que nous voulons aller de l'avant, aider les jeunes à trouver leur voie comme à parler de leur voix au lieu de bégayer en répétant le passé et les limites des générations qui les ont précédés. Au lieu d'étouffer la jeunesse au nom des traditions et du conservatisme, il faut lui donner la force d'être elle-même, c'est-à-dire la force de l'avenir pour donner au combat des générations précédentes une dimension plus large et plus profonde.

Notre espoir est de pouvoir contribuer à ce que la classe ouvrière puisse se donner à travers les luttes futures, une direction politique qui représente et exprime réellement ses intérêts et qui ait la force et la puissance de permettre à ces luttes de converger vers la contestation de la propriété privée capitaliste.

Editorial de VdT n°1 - 17 avril 1997

Amis et camarades lecteurs,

VdT hebdo se transforme, mais tous ceux qui souhaiteraient garder traces et mémoire des numéros qui ont préparé cette évolution, peuvent se procurer le CD " L’intégrale 1997-1998 ". Il suffit pour cela de nous écrire en nous envoyant un chèque, minimum 100 F.