éditorial



Les hospitaliers ont ouvert une brèche, il y a urgence pour l’emploi et les salaires pour tous

La mobilisation des agents hospitaliers, depuis maintenant trois mois, pour exiger l’embauche de personnel supplémentaire pour pouvoir soigner correctement, a contraint le gouvernement à un premier recul. En débloquant 10,1 milliards de francs d’ici 2002 dont 3,8 milliards pour cette année, le gouvernement a été obligé de lâcher plus qu’il n’avait prévu de le faire. En manifestant publiquement leur opposition à sa politique, les hospitaliers ont apporté la preuve que le gouvernement pouvait reculer devant la détermination des salariés.

Bien sûr, les 12 000 emplois supplémentaires restent en deçà des besoins nécessaires pour permettre aux hôpitaux de fonctionner normalement tellement le manque de personnel, résultat d’une dégradation des conditions de travail depuis des années, est important. Mais c’est la lutte et elle seule qui a permis d’obtenir des moyens supplémentaires et contraint le gouvernement à consacrer 2 milliards des quelque 30 milliards de la " cagnotte fiscale " aux hôpitaux, alors qu’il ne voulait s’en servir que pour faire des cadeaux sous forme de ristourne d’impôts aux privilégiés.

Il semble bien aujourd’hui que ce premier recul du gouvernement incite d’autres salariés du public à développer leurs luttes, comme il encourage les salariés du privé.

Alors qu’on nous annonce que la croissance est de retour, le gouvernement mène une politique systématique de rentabilisation des services publics au mépris des besoins de la collectivité, en attaquant le niveau de vie et les conditions de travail des salariés. Dans les hôpitaux, cela se traduit par des suppressions de lits et de services, le non remplacement du personnel qui part à la retraite, le recours massif à l’embauche de personnel précaire sous payé.

Dans l’Education nationale, le manque de moyens entraîne des suppressions de classes ou des classes surchargées, il y a besoin de recruter des infirmières, des surveillants, des professeurs, d’embaucher définitivement les emplois-jeunes qui effectuent un travail indispensable. Depuis des mois, des enseignants avec la participation active des parents d’élèves occupent des écoles, comme dans le Gard et dans l’Hérault, pour s’opposer à la fermeture d’écoles et revendiquer des professeurs supplémentaires. Les enseignants des Lycées professionnels étaient en grève lundi et ont manifesté avec leurs élèves pour défendre les intérêts des parents pauvres de l’Education nationale. Leur mouvement s’étend.

Et une journée de grève est organisée le 16 mars prochain pour l’ensemble de l’Education nationale. A la Poste, des mobilisations ont lieu contre l’application des 35 heures sans de véritables créations d’emplois. Aux Impôts, la mobilisation s’amplifie contre la fermeture d’agences.

Dans le privé aussi de nombreux conflits ont lieu comme par exemple la grève à Dunkerque des travailleurs de Péchiney ou la lutte contre les licenciements chez Moulinex. Des luttes pour les salaires s’engagent aussi.

Oui, il est temps d’obliger le gouvernement à consacrer l’argent nécessaire à stopper la détérioration des conditions de travail dans les services publics, à embaucher massivement du personnel titulaire pour faire reculer le chômage et la précarité. Le recul partiel du gouvernement devant le mouvement des hôpitaux est un encouragement pour tous les salariés de la Fonction publique à revendiquer leur dû et plus de moyens pour pouvoir faire leur travail indispensable à la bonne marche de la société.

Pour l’ensemble des salariés et notamment ceux du secteur privé dont le niveau de vie recule depuis des années et dont les conditions de travail se dégradent, se pose la question de préparer une contre-offensive. La politique patronale, encouragée par le gouvernement, creuse les inégalités sociales en appauvrissant même ceux qui ont un travail et en réduisant à une vie précaire de plus en plus de travailleurs victimes des licenciements. La croissance économique de 3,5 % annoncée pour cette année, c’est la reprise des affaires pour le patronat qui veut faire encore plus de profits en s’appuyant sur le rapport des forces qu’il a imposé par la baisse du coût du travail, le recours à la précarité.

L’envolée des cours en Bourse est le principal moyen d’enrichissement pour une poignée de financiers. L’action de France Télécom, en une seule journée, a rapporté 295 milliards à ses actionnaires ! Il a suffi que son PDG annonce son intention d’introduire en Bourse les activités Internet de France Télécom pour qu’anticipant sur les profits juteux qui en résulteraient, les actions grimpent de 25 %. L’Etat, qui détient 63 % des actions, y gagne 200 milliards.

Cet argent est gaspillé par quelques parasites qui vivent le regard fixé sur les cours en Bourse et n’ont que faire du recul de toute la société. Le gouvernement sert leurs intérêts au détriment des besoins collectifs. C’est aux salariés du public comme du privé qu’il revient d’imposer le partage des richesses par la lutte pour l’augmentation des salaires et l’embauche. Défendre l’intérêt collectif c’est s’opposer au gaspillage des richesses pour que l’argent serve à soigner dans les hôpitaux, à embaucher dans tous les services publics et le privé, à résorber le chômage et à garantir à tous une vie digne.

Camarades et amis lecteurs,

Ce numéro 130 de Voix des travailleurs est le dernier de VdT hebdo . Le prochain numéro paraîtra le 6 avril.

Le numéro 131 sera le premier de VdT mensuel. Il paraîtra sur 12 pages et coûtera 10 F. Nous invitons ceux qui le souhaitent à s’abonner, 6 numéros mensuels pour 60 F.

Cette transformation correspond à une nouvelle évolution de notre tendance, aujourd’hui tendance associée à la Ligue Communiste Révolutionnaire dont le congrès de juin décidera de la fusion-intégration.

Il s’agit pour nous de nous donner les moyens de réussir cette nouvelle étape tout en nous donnant l’instrument de la discussion et du débat. Ce sera le rôle du mensuel, aider à rompre avec les sectarismes pour contribuer à une démocratie vivante, ciment et garantie de l’unité.

Il sera ouvert aux autres tendances qui le souhaiteront pour confronter et discuter des expériences militantes.

Camarades et amis lecteurs, nous vous invitons fraternellement à prendre votre place dans ce débat.