correspondances d’entreprises



Renault : la concentration dans l’automobile s’accélère et reçoit l’aval des Jospin-Fabius qui disent aux capitalistes : " Enrichissez-vous ! "

Le mois dernier, Renault a annoncé en l’espace de 48 heures l’acquisition du constructeur sud-coréen Samsung Motors et la vente de sa filiale poids-lourds, RVI ( Renault Véhicules industriels ) au groupe suédois Volvo dont la branche automobile avait été cédée en 99 à Ford. Le PDG de Renault, Schweitzer, a déclaré que son groupe serait le premier constructeur occidental à pénétrer le marché sud-coréen. Au bord de la faillite depuis la crise asiatique de 98, la branche auto fait partie de Samsung qui reste le 1er conglomérat ou chaebol sud-coréen avec 100 milliards de dollars de chiffres d’affaires et 170 000 salariés. Samsung est surtout spécialisé dans l’électronique grand public (ordinateurs, électroménager) et s’était lancé tardivement en 1994 dans la fabrication de voitures en collaboration avec Nissan. Samsung Motors ne possède qu’une seule usine neuve mais sous-utilisée à 20 % de sa capacité. De 10 000 salariés en 98, il ne reste plus que 2 000 ouvriers et techniciens. Les médias se sont étalés complaisamment sur la venue de Renault présentée comme un sauveur en Corée. Ces mêmes médias ont passé sous silence les dernières grèves car les ouvriers sud-coréens refusent de voir leurs intérêts bradés dans la course au gigantisme que se livrent General Motors et Daimler-Chrysler pour le rachat de Daewooo et Hyundai-Kia. Depuis 1998, les restructurations des chaebols ont entraîné des vagues massives de licenciements. La classe ouvrière sud-coréenne a répondu par des grèves massives souvent interdites par le gouvernement et violemment réprimées par la police.

En 3 ans, Renault aura ainsi déboursé 40 milliards de F pour ses fusions-acquisitions. Outre Nissan et Samsung, il a racheté son ex-partenaire roumain Dacia et l’écurie de Formule 1, Benetton. Le nouveau groupe devient le 4ème constructeur mondial. Il aurait aussi atteint la prétendue " taille critique " de 4 millions de véhicules par an nécessaire selon les experts-gourous de la Bourse pour que Renault puisse " survivre " dans les prochaines années. La politique suivie par Renault n’a pourtant rien d’original pour le secteur automobile. Mais cette fois, elle a reçu l’aval du gouvernement Jospin-Fabius et même de Chirac qui souhaitait le rachat de RVI par Volvo. L’Etat reste encore le principal actionnaire de Renault avec 44 %. Les promesses faites par Jospin de faire revenir Renault sur sa décision de fermer Vilvoorde sont oubliées depuis longtemps. Derrière toute cette mascarade et ces cocoricos sur Renault, la vente de RVI est plutôt passée inaperçue et s’est faite en un tour de main au profit de Renault et Volvo. En vendant RVI, Renault devient le premier actionnaire de Volvo à hauteur de 15 % plus une option de 5 % supplémentaires à venir. Les travailleurs de RVI qui ont appris la nouvelle par les médias, ne sont pas dupes des propos rassurants de Schweitzer déclarant qu’il y aura aucun licenciements ni fermeture d’usines. Le PDG Schweitzer a tempéré ses premiers propos en déclarant le lendemain que le PDG de Volvo et lui " ne pouvons dire que si demain, le marché des camions s’écroule recule de 40 %, l’emploi sera maintenu ". Jospin et Fabius donnent par avance leur accord tacite à de futurs Vilvoorde et aux prochaines attaques contre les travailleurs de RVI. Les exemples ne manquent pas dans le secteur automobile comme dernièrement BMW qui a revendu le groupe anglais Rover (30 000 salariés) à Alchemy Partners, une société anglaise de capital-risque. Celle-ci sera chargée de dépecer Rover et annonce déjà 5 000 licenciements mais près de 19 000 selon les syndicats anglais en incluant les sous-traitants. Quant à Ford, il a l’intention de fermer sa principale usine britannique de Dagenham en licenciant au total près de 5 000 ouvriers.

En l’espace de quelques années, la vague de fusions dans le secteur automobile aura donné naissance à de véritables empires financiers. Leur seule ligne de conduite est la valeur de leur cotation en Bourse et chaque annonce de licenciements ou de fermeture d’usines fait monter le cours des actions. Actuellement, les principaux groupes sont au nombre de cinq. Le n°1 mondial reste General Motors/Fiat/Saab/Suzuki/Subaru suivi de Ford/Volvo/RVI/Mazda/Land-Rover/Jaguar et Daimler/Chrysler/Mitsubishi/Mercedes. Ensuite viennent Renault/Nissan/Dacia/Samsung et, en 5ème, Volkswagen/Audi/ Seat/Skoda/Scania. Les constructeurs indépendants deviennent minoritaires malgré leur taille comme Honda, Toyota et Peugeot PSA. Dans la prochaine décennie, les capitalistes vont rentabiliser à outrance leurs acquisitions en éliminant les doublons, en créant des plates-formes communes à plusieurs véhicules de marque différente, mais aussi en vendant des brevets industriels et des secteurs d’activités comme Ford qui vient de se séparer de ses usines de boites de vitesses manuelles dont celle de Bordeaux. Les principaux constructeurs mondiaux, GM, Ford, Daimler et Renault viennent de regrouper leurs achats de pièces détachées en créant une centrale d’achat en commun sur Internet baptisée B to B, Business to Business ; tout un symbole pour ces vautours-charognards que sont les capitalistes de ce 21ème siècle.

Jean Narédo

 

Dans les hôpitaux, le mécontentement n’est pas retombé

Le mouvement des personnels hospitaliers, toutes catégories confondues a arraché des sommes non négligeables 10 milliards sur 3 ans. Ces sommes restent insuffisantes au regard des besoins en personnel et investissements nécessaires. Par ailleurs, les problèmes de fond restent posés, la réforme hospitalière se poursuit avec son lot de fusion ou de regroupement d’établissements et de fermetures de petites maternités et de certains services de chirurgie laissés au privé. Le protocole Aubry signé par 6 centrales syndicales dont la CFDT, FO, la CFTC (seules la CGT et SUD ont refusé ), avait pour principale fonction de faire cesser le mécontentement en lâchant aux directions syndicales un peu de grain à moudre. Les sommes sont maintenant réparties et chaque établissement en connaît l’illustration concrète. Ces mesures ne feront pas illusion longtemps : 107 postes au CHU de Bordeaux alors qu’il en faudrait 500, 57 au CHU de Rouen, 43 au CHU du Havre. Les postes accordés ajoutés aux mensualités de remplacement déjà existantes permettent de remplacer à peine plus de la moitié des arrêts-maladie, maternité.

Les internes n’acceptent plus la dégradation de leurs conditions de travail

" Chevilles ouvrières ", " soutiens du système hospitalier ", les internes ont lancé pendant 8 jours une grève des gardes et astreintes dans 22 centres sur 26. Le mouvement était diversement suivi, de 70 % dans la région parisienne à 80-90 % dans certains centres de province. A Clermont-Ferrand, la grève était totale. Les internes ont eu à affronter les directions hospitalières qui les assignaient et ont exigé que les autres médecins à temps plein soient réquisitionnés. Les internes, étudiants en 6ème année, travaillent 5 jours et demi et assurent en plus 5 gardes par mois de 18h30 à 8h30, ainsi que des gardes de dimanche et jour fériés. Ils enchaînent donc une journée de travail, une nuit de garde qui n’est pas de tout repos, et une nouvelle journée de travail. Comment garantir des soins et prescriptions optimum dans ces conditions. Ils revendiquaient une augmentation de 16 % de leur rémunération et un repos après une garde. Un interne gagne entre 8 à 12 000 brut, les gardes sont payées 39 F de l’heure. Ils ont obtenu une augmentation de leur rémunération de 500 F brut à partir du mois de juin, les contre-visites sont rémunérées comme une demi-garde, un repos après une garde. Les problèmes qui restent posés sont la diminution du nombre d’internes, de 20 % en 2 ans, et la dégradation des conditions de soins. Les médecins (Praticiens Hospitaliers) ont eu droit eux aussi à un repos après une garde mais, dans les faits, ce n’est pas appliqué. Il manque des internes, des médecins, des urgentistes, des anesthésistes, le ministère répond que c’est un problème de répartition.

Des moyens pour les urgences

Une enquête du journal Sciences et Avenir à propos de 800 services d’Urgence conclut que 65 % des services sont hors normes. Constat accablant quand l’on constate que même les services des grands centres hospitaliers comme les centres d’Urgence des cliniques privées le sont. Le nombre de passages (de malades) par an et par médecin est 2 fois plus important que ce qui est recommandé à Marseille Hôpital Nord et Pellegrin à Bordeaux, et 3 fois aux Urgences adultes de Rouen, Reims.

De nombreux mouvements ont eu lieu à Marseille, Caen, St Louis à Paris, pour dénoncer la dégradation des conditions d’accueil et de soins. Les services d’Urgence font face à une augmentation croissante de leurs activités. Les budgets hospitaliers sont insuffisants pour assurer les embauches de personnel médical et paramédical ainsi que les travaux de restructurations nécessaires pour adapter les locaux à l’augmentation de l’activité. Soigner la douleur sur un brancard dans le couloir, c’est ce qu’on voit dans nos services ! Le gouvernement a prévu des Fonds pour l’investissement qui se révèlent également insuffisants. Un exemple : pour la restructuration des Urgences pédiatriques à Rouen, l’établissement a recours à l’opération " pièces jaunes " de Bernadette Chirac.

Tous ces mouvements résistent au plan d’économies que veut poursuivre le gouvernement Jospin. Johannet chiffrait à 32 milliards les économies qui peuvent être faites dans les hôpitaux… Bien évidemment, les hospitaliers, mais également la population, ne peuvent accepter la dégradation du service public de santé.

 

Pontoise CT (95) – Contre les sanctions, la lutte se poursuit

Le 27 mars dernier, suite à l’interdiction d’une AG, les camarades d’une des brigades de nuit du Centre de tri partaient en grève à plus de 80 %, et fermaient les grilles du centre, bloquant la distribution de plus de 600 000 lettres (VDT n°131). La Direction, en réponse, a sanctionné 11 de ces camarades : 1 avertissement, 9 blâmes et un conseil de discipline qui s’est tenu le vendredi 21 avril. Un préavis a immédiatement été déposé pour le jour même par les organisations syndicales.

Plus de 200 postiers devant la Direction départementale, dont plus d’une centaine venant du Centre de tri en grève à 80 %, la journée d’action départementale appelée par la CGT, SUD et FO contre les sanctions a été un large succès. A tel point que le directeur du CT s’est senti obligé depuis de justifier les procédures disciplinaires en envoyant un courrier à chacun d’entre nous.

Après une " opération escargot " entre le Centre de tri et la Direction départementale, un grand barbecue nous a réunis.

Malgré notre forte mobilisation, la Direction a choisi de continuer dans la provocation. D’une part, la Directrice départementale était absente lors du conseil de discipline, montrant par là qu’elle donnait carte blanche au chef d’Etablissement du Centre de tri. D’autre part, celui-ci, après avoir dirigé l’ensemble des débats, a pris part au vote final, alors qu’il était l’accusateur principal. Malgré les nombreux témoignages écrits et oraux montrant les contradictions du dossier d’accusation, la proposition de 15 jours de mise à pied a été maintenue. Les 4 représentants du personnel (3 CGT, 1 SUD) ont voté contre, les 4 représentants de La Poste pour. La décision finale revient donc au Directeur régional.

A l’issue du conseil de discipline, une AG s’est tenue sur le parvis devant la Direction. Pour beaucoup d’entre nous, le sentiment qu’on n’obtiendrait rien en dehors d’un véritable rapport de forces en notre faveur s’était renforcé. Nous sommes retournés au Centre de Tri pour faire le bilan de la journée et discuter de la suite à donner au mouvement. Un dirigeant syndical a proposé d’interpeller les députés de gauche du département pour " leur faire prendre leurs responsabilités ". La discussion a porté surtout sur les possibilités de poursuivre la lutte par la grève tout de suite, ou bien d’attendre la confirmation des sanctions. A la veille du week-end de Pâques, le moment semblait peu propice pour bloquer le centre. La grève a été poursuivie en première et en deuxième partie de nuit à presque 80 %.

Une rencontre entre le directeur régional et les organisations syndicales est prévue avant que la décision finale soit prise.

Correspondant