éditorial



Comme ceux de Millau, mobilisons-nous
pour défendre notre dignité et nos droits

Vendredi et samedi derniers, à Millau, plus de 50 000 personnes, dont un très grand nombre de jeunes, se sont mobilisées pour soutenir José Bové et ses neuf camarades de la Confédération paysanne, lors du procès intenté contre eux. Ils étaient accusés d’avoir " saccagé " un Mac Donald’s en construction, le 19 août 1999, une action qu’ils avaient organisée pour protester publiquement contre une sanction commerciale des Etats-Unis contre l’importation de fromage de Roquefort.

L’accusation a voulu faire de José Bové un terroriste, en s’appuyant sur les affabulations d’un gendarme, et l’opposer ainsi à ses camarades. Mais elle a dû en rabattre devant la dignité des accusés, qui ont déjoué toutes les manœuvres destinées à les diviser, et devant les milliers de manifestants massés aux abords du tribunal. Renonçant à demander contre eux 5 ans de prison, comme elle en avait d’abord eu l’intention, elle a tout de même osé requérir contre José Bové une peine de 10 mois de prison dont un mois de prison ferme. Le jugement, mis en délibéré, sera rendu le 13 septembre prochain.

Si les magistrats croyaient ainsi intimider les mouvements contestataires, ils en ont été pour leurs frais. Leur recul, salué par les " on a gagné " des manifestants, a fait s’étrangler d’indignation le RPR, dont certains responsables, et pas des moindres, continuent à occuper postes et sinécures, malgré leur implication dans bon nombre d’affaires de corruption. Un de ses porte-parole s’est " insurgé contre la manipulation de Millau ". " La justice doit se prononcer sereinement hors des pressions, a-t-il déclaré sans rire. Un casseur reste un casseur. Et, s'il est coupable, la justice doit le punir quel qu'il soit. "

En assumant leurs actes et en affirmant la légitimité de ceux-ci, José Bové et ses camarades ont retourné l’attaque portée contre eux et leur mouvement. Accusés d’avoir utilisé la violence, ils ont fait de leur procès le procès de l’arbitraire et de la brutalité que les trusts de tous les pays impérialistes dont la France, exercent contre les petits producteurs, les travailleurs et les peuples des pays pauvres.

En soutien à leur combat, se sont exprimés, bien au-delà de la dénonciation de la " malbouffe ", le mécontentement et les sentiments de révolte que suscite dans une large fraction de la population, dans le monde du travail comme dans la jeunesse, cette violence terrible qu’est la violence économique perpétrée contre les populations du monde entier, par une poignée d’individus richissimes dont l’intérêt seul dirige l’économie.

Oui, la mondialisation capitaliste fait des ravages, et nous en subissons tous les méfaits.

Le gouvernement a beau se vanter des bons chiffres du chômage, de la " croissance ", les conditions d’existence du plus grand nombre se dégradent, les nouveaux emplois sont le plus souvent des emplois précaires, les salaires stagnent ou baissent, les conditions de travail s’aggravent, la détérioration des services publics rend la vie plus pénible à tous.

En France, comme dans les autres pays d’Europe, les industriels et les financiers, engagés dans la construction européenne pour tenir leur rang face à leurs rivaux américains et asiatiques, dans la course au profit exacerbée par la concurrence mondiale, mènent, sous couvert de modernité, une véritable guerre sociale contre tous les travailleurs.

Pour rentabiliser leurs capitaux, ils ont entrepris de détruire toutes les barrières faisant obstacle à leur rapacité, tous les acquis sociaux que les travailleurs avaient pu gagner par leurs luttes ou par leur pression.

La " refondation sociale " engagée par le Medef, le PARE qu’il veut imposer, avec ses sanctions contre les chômeurs et ses nouveaux contrats de travail à 5 ans, en sont un dernier exemple. Les directions syndicales qui ont refusé, à la différence de la CFDT et de la CFTC, de signer le PARE, tentent de faire croire que nous pourrions compter sur un refus des projets du patronat par le gouvernement. Au lieu de cela, Martine Aubry s’est bien gardée, en remettant sa décision à plus tard, de prendre position contre, et il est évident que seule notre mobilisation, notre pression, pourraient conduire le gouvernement à adopter une autre attitude.

Car le gouvernement Jospin, tout le montre, mène la même offensive que le patronat contre le monde du travail. C’est lui qui a offert aux patrons, à travers la loi Aubry sur les 35 heures, la possibilité d’aggraver la flexibilité des salariés du privé, c’est cette même loi qui se révèle être aujourd’hui, avec le Smic à deux vitesses, un moyen de faire baisser les salaires.

C’est contre cette politique destructrice que les manifestants de Millau se sont mobilisés, c’est un large mouvement qui s’affirme dans le monde du travail, dans la jeunesse, pour lutter contre les méfaits des financiers et des trusts, dont ceux de ce pays aux intérêts desquels le gouvernement est entièrement soumis.

Jeudi 27 juillet, prochain numéro de Voix des travailleurs :

L’extrême-gauche à la croisée des chemins "

Le prochain numéro, le n°135 de Vdt paraîtra la dernière semaine de juillet, le jeudi 27, numéro spécial sur le thème " L’extrême-gauche à la croisée des chemins ", mais aussi ce sera le dernier numéro de notre mensuel. En conséquence logique de notre fusion-intégration avec la LCR, comme nous en avions convenu avec nos camarades, notre mensuel a accompli sa tâche, son équipe rédactionnelle, comme tous ses informateurs et diffuseurs, comme tous les camarades de notre tendance, comme vous aussi nous l’espérons, amies lectrices et amis lecteurs, prennent leur place dans les activités au sein de la nouvelle organisation.

C’est l’aboutissement souhaité de notre politique. En octobre 99, dans un texte intitulé " la continuité de notre tendance ", nous écrivions : " Développer notre tendance, renforcer son audience et son influence, loin d’être contradictoire avec la perspective que nous avons définie avec les camarades de la LCR pour intégrer leur organisation, y concourent. Développer notre tendance, c’est développer la LCR en tant qu’axe de regroupement, que cadre possible pour tous ceux qui se détournent des illusions réformistes pour renouer avec la lutte de classes et les idées de la révolution… Cela ne signifie nullement que nous envisagions une fois notre intégration réussie, de demeurer une tendance au sein de la LCR. Tout cela se rediscutera, étape par étape, sans préjuger ni de notre propre évolution ni de celle de la LCR, ni plus largement de la situation politique au sein de l’extrême-gauche et du mouvement ouvrier. Nous ne pouvons que souhaiter que l’ensemble des militants de notre tendance s’intègre pleinement dans la force nouvelle en train de naître, et que les conditions qui ont amené à notre constitution en fraction indépendante disparaisse, c’est à dire que nous surmontions les vieilles divisions pour constituer un cadre large et démocratique. De nouveaux débats créeront de nouvelles délimitations, en espérant que l’évolution aura été suffisamment puissante pour rendre tout retour en arrière impossible. C’est cette perspective générale et cette philosophie que défend notre hebdomadaire " Voix des travailleurs ", tant que notre intégration à l’ensemble de l’activité de la LCR n’a pas permis son dépérissement ou sa transformation. Il est l’instrument de la défense de cette orientation. Lieu de débats autour de l’intervention dans les entreprises, les quartiers, il a aussi le constant souci de s’ouvrir sur la jeunesse, c’est-à-dire de donner à la propagande socialiste le contenu le plus moderne et le plus concret possible.

A partir du moment où chaque militant est conscient de l’orientation générale de notre travail, la continuation de l’hebdomadaire, loin de cristalliser le risque de constitution d’un esprit de fraction indépendante, œuvre dans le sens du regroupement en acceptant par avance, très sereinement son propre dépérissement ".

Nous avons pleinement accompli notre tâche, ni esprit fractionnel ni ralliement, et nous continuerons à faire vivre, à renforcer la personnalité politique et les idées défendues par notre tendance au coude à coude et en toute solidarité avec les camarades de notre organisation.

Le débat continue, et pour y participer pleinement, nous éditerons un bulletin de tendance, le bulletin du militant, dès le retour des congés, la première semaine de septembre.

Alors, ami(e)s et camarades lecteurs et lectrices, ne manquez pas ces rendez-vous…