échos des entreprises et des luttes



 Annualisation à Cirma Entreprise (banlieue bordelaise) - Embauchés et intérimaires ensemble contre le projet de la direction sur les 35 heures

Cirma Entreprise emploie 285 personnes majoritairement des femmes payées au Smic (dont 85 intérimaires en moyenne sur une année), réparties sur 3 sites : St Loubès où est le siège social (140 salariés à peu près), Ambarès (100) et Marmande (40). Filiale de Cegelec-Alstom, elle sous-traite le travail pour Dassault, l’Aérospatiale, Sextant…

Le 17/04, la direction a présenté son 1er projet de RTT : annualisation avec des amplitudes de 0 h à 48 h, pas d’embauches, intégration d’une prime différentielle dégressive sur 2 ans pour compléter le salaire de 35 h à 38,5 h, 11 samedis travaillés par an… Un tract de la CGT le dénonçait, se refusant d’être les " accompagnateurs de la loi Aubry ", amorçant du coup les discussions dans les ateliers : " la loi Aubry, c’est la loi de l’annualisation et non de la RTT ", " le pire c’est que c’est une femme qui l’a faite ", et aussi " la loi Aubry est une loi cadre ; la direction utilise ce qui nous est le moins favorable mais à nous ouvriers d’en faire autre chose ". Les intérimaires ont pris toute leur part dans les discussions, se posant le problème de faire grève avec les embauchés : " Qu’est-ce qu’on risque ? Se faire virer et retrouver mieux ailleurs ?" " Si on ne fait rien, on risque soit de se faire embaucher aux conditions Cirma, soit d’être virés pour la plupart d’entre nous puisque les embauchés devenant flexibles, la Cirma aura besoin de moins d’intérimaires ".

Suite à toutes ces discussions, nous avons fait grève le vendredi 23/06, pour " avertir " la direction que si elle ne prenait pas en compte dans son second projet (elle se contentait d’intégrer 30 embauches et de modifier l’amplitude de l’annualisation de 26 h à 44 h) nos revendications, nous serions prêts à aller plus loin. La préparation de cette journée de grève a été très controversée car appelée la veille pour le lendemain (par la copine de la CGT) mais finalement l’initiative était bienvenue : on avait envie d’agir et ça nous a permis d’exercer notre pression sur FO et la CFDT prêts à discuter annualisation sans nous consulter (et du coup " prêts à faire " ce qu’on voulait), et à nous mettre d’accord en AG sur des revendications claires à proposer à la direction : ni annualisation, ni modulation, 37,5 h hebdo avec 21 jours de RTT, 85 embauches (transformation des contrats intérimaires en CDI), augmentation du taux horaire, intégration du temps de pause dans le travail effectif (un usage remis en cause)…

Mercredi 28/06, après la réunion intersyndicale-direction, nous avons décidé de nous mettre en grève : la direction n’avait pas reculé sur l’annualisation et les salaires hormis sur le nombre d’embauchés (50) mais ça ne faisait pas le compte.

Pour beaucoup, c’était la 1ère grève, bien suivie sur les 2 jours : 150 personnes au piquet, près de la moitié de l’usine ! Dès 5 h 30, nous étions tous à St-Loubès. On a eu beaucoup de discussions, levé les hésitations des intérimaires mis en garde par leur chef et parfois leur boîte d’intérim (à Ambarès il était plus facile pour un intérimaire d’être gréviste dans la mesure où les chefs d’équipe l’étaient et incitaient à l’être et qu’il y avait 90 % de grévistes). Un atelier banderoles s’est organisé : " Cirma Entreprise en grève " " Non à l’annualisation ", " 35 h + embauches et sans perte de salaire "… Collage d’affichettes et distribution de tracts sur le marché d’Ambarès. Micro et sono pour chanter la grève, apportés par 2 salariés de Sextant venus nous soutenir. On n’a manqué de rien et le repas du midi était pris en charge par le CE.

La direction n’a cependant pas reculé, nous disant " sous la pression, ce n’est pas une négociation ". Se posait le problème de continuer ou pas la grève lundi avant les négociations de mardi et mardi-même. L’AG étant partagée; l’intersyndicale a dû trancher, la CGT étant seule à se prononcer pour la continuation de la grève lundi, et nous avons repris le travail avec comme compromis que les syndicats soient reçus dès le lundi matin par la direction.

Pendant 2 jours, la direction a baladé les syndicats de réunion en réunion pour finalement ne revenir sur rien et surtout pas sur l’annualisation. Après la déception, c’est la volonté de ne pas céder qui l’a emporté : nous avons voté la grève pour mercredi car si les salariés sont convaincus que la direction ne reviendra pas sur l’annualisation, faute d’un rapport de force qui nous soit favorable, ils ne veulent cependant pas lâcher sur l’amplitude 27 h-40 h.

Mercredi, dès 5 h 30 nous étions au piquet. A 6 h 30, les syndicats rencontraient la direction qui une fois de plus, en " marchand de tapis ", proposait l’amplitude 27 h-41 h. Dans l’AG qui a suivi la réunion, la CFDT, après avoir proposé la consultation du personnel sur le nouveau projet pour vendredi, nous demandait de reprendre le travail, remettant en cause le vote de la veille. Déstabilisés par la volte-face de la CFDT, après quelques hésitations, nous avons repris le travail.

Beaucoup ressentaient de la colère que la grève n’ait pas eu lieu pour affirmer que la grande majorité d’entre nous ne se reconnaît pas dans les propositions de la direction. Tout le monde est conscient que seule notre mobilisation a pu la faire reculer jusqu’à présent. Mais pour obtenir réellement ce que l’on veut, il faudra d’autres luttes et nous donner les moyens de les contrôler.

 

CFDT  : à Rouen des syndicats pas d’accord avec Notat

La décision de la CFDT de signer l’accord sur le Pare avec le MEDEF n’est pas passée dans plusieurs syndicats de Rouen. Comme en 95, lors du plan Juppé, ils ont tenu à faire part tout de suite de leur désaccord et à le rendre public.

C’est d’abord le syndicat de la Sécurité Sociale, qui tant à la CRAM qu’à la CPAM, s’est désolidarisé d’un tel accord par un tract à l’ensemble des collègues. Pour les militants qui y ont participé, il s’agissait d’une question de principe. Cette position a été bien appréciée des employés, d’autant que ce fut la seule position syndicale à ce sujet. CGT et FO étant singulièrement silencieux. La presse n’a pas jugé utile d’en faire part.

Les cheminots de la CFDT ont eux aussi pris position contre la signature et la presse en a fait état.

La confédération CFDT n’a pas fait de réponse à ces syndicats. Mais l’Union régionale n’apprécie guère ces prises de position. Suite au congrès de l’Union Locale de Rouen, où les opposants avaient empêché une modification des statuts et le licenciement de la permanente juridique, les responsables de l’Union Régionale ont décidé de mettre le conseil de l’U.L. sous contrôle. Dans une note " confidentielle ", le secrétaire régional s’en prend violemment à ceux-ci, leur reprochant de ne pas être démocratiques parce qu’ils ont dit ouvertement que s’ils étaient majoritaires, ils étaient décidés à prendre la direction de l’U.L.. Une secrétaire administrative qui avait applaudi à ces propos s’est vue menacer d’un blâme, voire d’un licenciement.

Ces bureaucrates voudraient démontrer leur admiration des procédés patronaux qu’ils ne s’y prendraient pas autrement.

G. L.

Renault : la direction choisit de renforcer les prérogatives de la bureaucratie syndicale au détriment du syndicalisme de base

Durant le mois de juin, la direction de Renault a convoqué l’ensemble des syndicats pour revoir l’accord sur le droit syndical qui datait de juillet 84. D’emblée, Renault a fixé ce qu’elle entend par un " accord sur la représentation du personnel et la concertation sociale " en annonçant son intention de renforcer les instances " les plus contributives au dialogue social ", tel le Comité central d’entreprise (CCE ), les différents Comités d’entreprise de chaque usine, voire des attributions nouvelles pour les délégués syndicaux centraux. Passant de la parole aux actes, la direction annonçait que dès le 1er octobre prochain, les secrétaires des CE des grands établissements comme Sandouville, Flins, Douai, Cléon ou le Mans deviendraient des permanents à temps complet payés par Renault ainsi que le secrétaire du CCE et les délégués syndicaux. Chaque section syndicale d’usine bénéficiera d’un crédit d’heures en augmentation pour atteindre 1600 heures par an. La direction généreuse avec la hiérarchie syndicale propose même de mettre à disposition des dirigeants syndicaux des véhicules de fonction, un site Internet interne pour chaque syndicat et même un autre site pour les activités sociales et culturelles pour les différents CE. Sur le plan financier, Renault n’est pas en reste et propose carrément de financer tous les syndicats du groupe avec une enveloppe fixe de 300 000 F et une autre partie variable de 75 000 F pour la 1ère tranche de 5 % des voix aux élections du comité d’établissement et 30 000 F pour les tranches suivantes. Durant 3 ans et à titre " expérimental ", Renault versera aussi une subvention de 600 000 F à chaque fédération syndicale de la métallurgie.

Quant aux travailleurs, ils se posent des question sur cette remise en cause de l’indépendance des syndicats. Des syndiqués par boutade se disent même à quoi cela sert de se syndiquer, d’acheter son timbre si maintenant les syndicats sont subventionnés.

C’est que Renault a parfaitement compris. Le groupe est dans une telle frénésie d’achats et acquisitions en tout genre qu’ après avoir acheté Nissan, Samsung, l’écurie de formule 1 Benetton et son ex-partenaire roumain Dacia et vendu sa branche poids-lourds à Volvo en échange de 20 % du capital de ce dernier, le moment n’est-il pas venu pour le 4ème constructeur automobile mondial de s’acheter aussi les syndicats en les arrosant de subventions ! Bien sûr, cela fait déjà longtemps que chez Renault, les syndicats sont liés corps et âme au patron. Mais là, la direction veut s’attacher jusqu’en 2003 les bonnes grâces de la bureaucratie.

La réponse des syndicats ne s’est pas faite attendre : CFDT, CGC et CFTC et FO sont allées signer des deux mains et s’apprêtent à empocher le pactole sans états d’âme. Quand à la CGT, elle ne donnera sa réponse définitive qu’à la mi-septembre. En réalité, la direction de Renault n’a fait que devancer les désirs de tous ces bureaucrates syndicaux de jouer pleinement leur rôle de " régulateurs sociaux ", des syndicalistes " modernes " en costume-cravate, l’attaché-case à la main et le stylo dans l’autre, prêts à signer toutes les capitulations et tous les accords anti-ouvriers comme ceux sur les 35 heures ou les " mesures d’âge " chez Renault. Même la CGT n’échappe pas à cette intégration à marche forcée. Longtemps " PDG-adjoint " de Renault depuis la nationalisation de Renault en 1945, la CGT a été jusqu’au milieu des années 80 le syndicat qui avait suffisamment de poids et de militants pour encadrer la classe ouvrière et éviter tout débordement susceptible de remettre en cause la paix sociale, comme en 1968. Marginalisée ensuite dans la période de la privatisation, la CGT n’en reste pas moins un partenaire social de choix pour le patronat. Après avoir pendant près de 15 ans refusé de signer le moindre accord chez Renault, la CGT, de par aussi la présence du PC au gouvernement, a commencé à opérer un virage progressif vers un syndicalisme d’accompagnement de la politique patronale. Elle a signé en novembre dernier l’accord CASA sur les départs à 57 ans qui ne prévoit qu’une embauche pour 3 départs et ici ou là des accords locaux sur les 35 heures comme dernièrement dans les différentes fonderies du groupe, revendues depuis un an à Fiat.

Mais pour les travailleurs dans les usines, pour les militants syndicaux sincères et dévoués à leur classe sociale, cet accord sur le droit syndical va se traduire par une diminution notable des heures des délégués du personnel dont les heures de délégation vont passer de 25 heures à 15 heures par mois. La direction supprime aussi les 3 heures annuelles d’information syndicale qui permettaient de réunir des milliers de travailleurs sur le temps de travail. Ce n’est donc pas un hasard si d’un côté, Renault arrose de subventions les structures et les appareils bureaucratiques au détriment de l’activité syndicale de base. La direction veut des partenaires sociaux dociles et coupés de la vie réelle des ateliers, toujours prêt à obtempérer au moindre signe.

Aujourd’hui, c’est l’avenir du syndicalisme lutte de classes qui est en jeu. Les travailleurs mais aussi la nouvelle génération de jeunes qui arrivent, doivent rentrer en masse dans les syndicats, y insuffler une vie syndicale nouvelle, contrôler l’activité de l’ensemble des militants, leur réclamer des comptes, en un mot y prendre toute leur place. Plus que jamais, les travailleurs, les jeunes ont besoin d’un authentique syndicat de classe, démocratique et combatif pour faire contre-poids aux folles prétentions des patrons de laminer l’ensemble des droits sociaux des travailleurs.

Jean Narédo

SNPE Angoulême : l’Etat licencie, les travailleurs décidés à ne pas se laisser faire

La SNPE (Société nationale des poudres et explosifs), ex Poudrerie d’Etat, et toujours sous son contrôle, vient d’annoncer un nouveau plan de réduction des effectifs visant à la fermeture du site en 2005. Les 185 travailleurs de l’entreprise (150 de la SNPE et 30 de sa filiale la CELERG) sont donc en colère et bien décidés à ne pas se laisser faire. Dimanche 25 juin, ils ont organisé une journée " portes entrouvertes ", leur direction ne leur ayant pas accordé la possibilité de faire visiter les ateliers, qui a attiré des centaines de travailleurs venus apporter leur solidarité.

Dans la cantine, une exposition retraçait l’histoire de l’usine et les différentes luttes qui, au fil des années, ont été menées contre les plans successifs de restructuration. Au passage, étaient dénoncées les différentes promesses et engagements pris et trahis tout aussi vite par les politiciens de tous bords…

Ainsi, en 1990 la direction s’engageait à " maintenir 500 emplois jusqu’en 1996 ". En fait, à cette date il n’en restera plus que 242 ! En 1994, un " accord " prévoyant la réduction du temps de travail mais aussi des salaires devait permettre de sauver 95 emplois pendant deux ans. Mais, passé ce délai, la direction remettait ça et réclamait encore des sacrifices… pour en arriver à la fermeture annoncée d’aujourd’hui.

Des promesses de Léotard, ministre de droite à celle de Richard, ministre de gauche s’engageant en 1997, à " reconvertir progressivement la Poudrerie d’Angoulême vers des activités civiles ", rien n’est oublié et, lettre à l’appui, tout le monde peut constater les mensonges.

Tous les gouvernements nous ont menti, y compris l’actuel " déclare un syndicaliste à une délégation des députés socialistes de Charente, accompagnés d’un sénateur de droite. " Ils reviennent sur les lieux de leur crime " peut on entendre par ailleurs dans la salle…

La CGT qui distribuait un tract à l’entrée, met clairement en cause " le gouvernement de la gauche plurielle et son ministre de la Défense[…] qui portent toutes les responsabilités des décisions actuelles et notamment celle prise à l’encontre de notre établissement avec toutes les conséquences humaines ".

Depuis 1984, les effectifs sont passés de 878 à 185 aujourd’hui. Pour maintenir l’activité et les emplois, les travailleurs expliquent que la reconversion vers des activités civiles aurait été possible, mais rien n’a jamais été fait.

Ici l’Etat licencie " et " Quatre députés socialistes en Charente, quatre fois plus de licenciements " affirmaient deux banderoles à l’entrée de l’usine. Ceux de la SNPE sont bien décidés à ne pas se laisser faire ni par l’un, ni par les autres !

 

CRAM – Rouen : Les CDD on les a, on les garde !

C’est avec ce slogan qui fleurit sur les tracts et des affiches que les employés se mobilisent depuis plus de quinze jours pour obtenir la titularisation de 6 employées en CDD.

Le problème remonte à quelques mois, où suite à diverses délégations réclamant des embauches, la direction avait accepté d’embaucher 8 CDD.

Il y a quinze jours, dans le secteur Conventions où travaillent deux CDD, les employées s’étaient mises en colère et sont allées à la direction réclamer leur titularisation en juillet. Deux jours après la direction cédait.

Ce qui, évidemment a donné des idées aux autres secteurs. C’est ainsi que le Mardi 27 juin, à l’appel de la CFDT soutenue in extremis par les autres syndicats, nous nous sommes retrouvés à une centaine pour aller à la direction réclamer l’embauche des six restants. Le directeur général, fidèle à ses habitudes, s’est caché dans une réunion et a envoyé son adjoint pour nous recevoir. Pendant une heure, il a écouté nos doléances et a dû reconnaître que le volume de travail était important. S’en sont suivi des promesses d’écrire aux Caisses nationales pour demander des postes supplémentaires. Nous lui avons fait remarquer aussi qu’en 1998, la CRAM avait réalisé un " excédent " de salaires de 2,2 millions de francs (soit l’équivalent de 10 postes permanents) et que depuis 1995, la direction avait supprimé 40 postes.

Jeudi 29, les 6 CDD (que l’on appelle également Commando des Dossiers en Détresse) et les syndicats faisaient signer une pétition qui recueillait, malgré les congés, 485 signatures soit la quasi-totalité des présents.

A la réunion de CE du 3, la direction annonçait qu’elle faisait les lettres promises, mais ne s’engageait pas plus. Ce qui ne règle rien.

Les CDD décidaient alors de demander une entrevue au directeur adjoint pour s’expliquer. Entrevue qui a eu lieu le mardi 4 et où durant une heure elles se sont défendues elles-mêmes devant le directeur qui protestait de sa bonne foi. Elles ont décidé de faire un compte-rendu au personnel.

D’autres actions sont envisagées pour faire en sorte que l’embauche de nos jeunes collègues ne tombe pas dans l’oubli estival.

La direction veut jouer la montre, mais nous entendons bien la lui remettre à l’heure !

G.L

Nancy-Metz : mobilisation contre la précarité dans l’Education nationale

Les négociations gouvernement-syndicats sur la résorption de la précarité font figure d’un bien pompeux cérémonial, quand on voit le traitement quotidien infligé aux précaires...

Au moment même où s’ouvraient ces négociations au sommet, le 15 juin dernier, 150 IATOS (agents administratifs, techniques et de service de l’enseignement supérieur) et enseignants étaient rassemblés devant le Rectorat de l’Académie Nancy-Metz, pour protester contre le débauchage d’une centaine de contractuels à la fin du mois de juin. Ces derniers sont embauchés sous contrats de 10 mois signés avec le Rectorat, habituellement reconduits pendant les deux mois d’été – ils constituent un tiers de IATOS des universités de Lorraine, et certains vivent cette situation depuis plus de dix ans. Cette année, le contrôleur financier local a tout simplement décidé de n’en reconduire que 40 sur 143 pour juillet-août, laissant planer l’incertitude la plus complète quant aux possibilités de réembauche en septembre.

Un tel mépris de la part du Rectorat et de la Trésorerie générale a choqué tout le monde : les contractuels, directement visés, mais aussi les IATOS titulaires – censés par ailleurs assurer la totalité du travail en pleine période d’examens, avec un tiers des effectifs en moins –, et les enseignants qui, pour travailler avec ces salariés, savent que tout le monde est indispensable au fonctionnement de l’université. On a même vu, fait inhabituel, un des présidents d’université s’associer au mouvement par un soutien direct aux personnels en lutte.

Après deux manifestations, les 15 et 22 juin, des entrevues au Rectorat, en Préfecture ou avec des députés, la Trésorerie générale a finalement accordé le renouvellement de 12 contrats supplémentaires, laissant 91 salariés sur le carreau. Pour faire face à l’urgence, une université a décidé de reconduire tous les contractuels en les finançant sur son budget propre, ce qui laisse un court répit de deux mois. Deux nouvelles manifestations sont prévues avant la coupure estivale, chacun étant conscient qu’il ne s’agit que d’une pause dans la mobilisation avant de se retrouver en septembre, où il faudra obtenir la réembauche de tous. L’idée progresse qu’une victoire sur la prolongation de tous les contractuels des universités pourra nous servir de levier dans la lutte pour la titularisation de tous les personnels précaires de l’Education nationale : au niveau académique, sur 4 000 salariés administratifs et ouvriers, 20 %, soit 800 sont contractuels – une véritable force de frappe à mobiliser à la rentrée !

 

Mouvements de grève dans les cliniques privées

Alors que le mouvement a démarré dans les cliniques du Languedoc Roussillon, le 29 juin dernier, ce sont 700 salariés des cliniques privées de Toulouse qui ont manifesté pour réclamer l’alignement de leurs salaires sur ceux du Public. La grève qui paralysait depuis une semaine 2 importantes cliniques privées de Toulouse s’est étendue mardi 27 juin à 10 autres établissements. A Pau, une clinique s’est mise en grève, et à Bordeaux c’était le tour du personnel des cliniques du Tondu, Théodore-Ducos, et Saint-Augustin. Ces cliniques dépendent pour la plupart de la convention UHP (Union Hospitalière Privée), où les salaires pour l’ensemble du personnel sont au minimum de 1 500 F inférieurs à ceux du Public.

A la clinique Saint-Augustin, à Bordeaux, la grève a débuté le 22 juin. Ce qui a mis le feu aux poudres, c’est la proposition de la direction d’augmenter les salaires des infirmières seulement, pour essayer de les retenir dans l’établissement, alors qu’une trentaine d’entre elles avaient déjà démissionné pour aller travailler au CHU qui, en ce moment, recrute des infirmières. La grève a été décidée par l’ensemble du personnel qui réclamait une augmentation générale des salaires de 1 500 F pour tous, infirmières, aides-soignantes, agents de service, personnel administratif… Le personnel était en grève à 90 %, et les salariés au piquet de grève ont pu vérifier à quel point leur grève était populaire, encouragés par les coups de klaxons des automobilistes qui passaient devant la clinique et qui signaient volontiers la pétition de soutien aux grévistes. Au bout de 5 jours de grève, ils ont obtenu de 300 à 900 F d’augmentation du salaire de base par la revalorisation de la grille indiciaire, une prime de 600 F pour les infirmières, de 400 F pour les aides-soignantes, et de 100 F pour les agents de service et une prime supplémentaire de 100 F pour tous. Ils ont également obtenu la récupération des jours fériés non travaillés et la modification de certains horaires de travail qui avaient été remis en cause lors du passage aux 35 heures, il y a quelques mois.

L’ensemble des grévistes était content d’avoir fait céder la direction mais reste sur ses gardes et considère que ce n’est qu’une première étape, comme disait l’une d’entre elle " il faudra remettre ça ".

 

Les Cartonnages de France - Talence (Gironde) : 130 travailleurs sacrifiés au monopoly des multinationales

L’usine qui fabrique des boites pliantes en carton a été fondée en 1928 et emploie aujourd’hui 131 salariés. Depuis sept ans, entre fusions et rachats, elle a changé trois fois de mains pour se retrouver aujourd’hui dans le groupe Akerlund & Rausing Group dont le siège est en Suède et possède 17 sites de fabrication dans 9 pays d’Europe.

C’est pourquoi, dans les calculs de ces messieurs, la petite usine de Talence, (considérée non rentable) et ses 131 salariés n’ont pas pesé bien lourd et ils ont décidé purement et simplement de sa fermeture annoncée en mars dernier. Les machines seraient déménagées à Cholet, Strasbourg ou Soissons, autres usines du groupe, et les salariés, sauf un petit nombre repris (peut-être !) à Cholet, jetés à la rue.

La Direction du groupe avait tout prévu… sauf que les salariés ne se laisseraient pas faire. Depuis l’annonce de la fermeture, ils ont fait parler d’eux sur la région bordelaise.

Ils ont décidé, en assemblée générale, de refuser la fermeture et le déménagement des machines et de prouver, par tous les moyens, la viabilité de l’usine. Sans arrêter la production, ils ont fait le choix de bloquer certaines expéditions d’intérêt national et de favoriser, au contraire, toutes les livraisons locales. Tout le monde est au travail et des réunions régulières décident démocratiquement de tout. Face à cela, la Direction a bien tenté de sanctionner plusieurs délégués, mais elle a dû reculer devant le nombre d’ouvriers qui ont envahi le premier étage.

Les syndicats, dont la CGT qui mène l’action, ont mis en œuvre le " droit d’alerte ". La Direction, qui comptait sans doute licencier tranquillement, a dû revenir en arrière, condamnée à reprendre la procédure depuis le début. Plusieurs manifestations à Talence ou à Bordeaux - dont celle du 1° mai avec un magnifique char de lutte… en carton maison - ont permis de populariser leur action auprès de la population.

Plusieurs initiatives et manifs ont regroupé des salariés des quatre usines de France, et même une délégation de travailleurs allemands du groupe.

Actuellement, une nouvelle procédure est en cours au Tribunal des référés sur la régularité du plan de restructuration : jugement au 10 juillet. Les vacances d’été sont là, les actionnaires de la société viennent de confirmer, à nouveau, la fermeture de l’usine ; alors, tous se demandent si la Direction ne va pas en profiter pour tenter un coup de force, déménager les machines, par exemple ? Mais les salariés ont prévu le coup, et même organisé les tours de garde.