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Renault : flexibilité et licenciements pour faire monter les actions

Jamais encore, depuis que les trusts de l'automobile licencient et portent des coups contre les travailleurs, il n'y avait eu de réaction comparable à celle qu'il y a eu à la fermeture de l'usine de Vilvorde, dans les usines du groupe Renault.

Ainsi, à Renault Cléon, près de Rouen, où il y a 5400 travailleurs. L'annonce de la fermeture de Vilvorde a suscité immédiatement un sentiment général d'indignation devant les méthodes brutales employées, mais aussi devant l'envolée du prix des actions de Renault de 13 % due à l'annonce des licenciements.

La réaction des ouvriers de Vilvorde, immédiate, déterminée, et se posant d'emblée le problème de s'adresser aux travailleurs des autres usines, a été un encouragement pour les travailleurs de Cléon, à exprimer leur mécontentement, et la conscience de leurs intérêts communs avec les ouvriers de Vilvorde et des autres usines du groupe.

Il apparaît clairement en effet à tous que la fermeture de Vilvorde fait partie d'un vaste plan de Renault pour augmenter ses profits, en licenciant nos camarades belges, et en faisant travailler plus tous ceux qui ne sont pas licenciés.

Ainsi, à Cléon, au moment de l'annonce de la fermeture de Vilvorde, la direction préparait la mise en place, pour le 1er avril, de nouveaux horaires qui aggravent les conditions de travail. Ils consistent pour l'essentiel à supprimer le temps de repos (40 minutes), pour le mettre en fin de poste, après le travail ! C'est le même système déjà appliqué à l'usine de Flins depuis 93 et, depuis la fin mars dans celle de Sandouville. C'est ainsi que Renault peut augmenter le temps d'ouverture de ses installations dans les périodes de haute activité sans avoir recours à l'embauche de centaines d'intérimaires et au travail du samedi.

A l'usine de Vilvorde, la flexibilité imposée en 93 avait institué la journée de 9 heures !

Aussi, à Cléon, lorsque nous avons appris la fermeture de Vilvorde, nous avons été nombreux à dire que cela ne servait à rien d'accepter les aménagements d'horaires et la flexibilité pour soi-disant "sauver les emplois" ! La maîtrise optait pour le profil bas, les chefs essayant de nous contredire s'étant vus répondre qu'à Vilvorde, le P.D.G. avait licencié tout le monde, cadres compris !

Le 7 mars, jour où les syndicats ont appelé - une semaine après l'annonce de la fermeture de Vilvorde- à ce que les média ont appelé "eurogrève" sur l'ensemble du groupe Renault dont l'essentiel des usines est concentré en Europe ( France, Belgique, Espagne, Portugal et Slovénie), nous étions à Cléon 16OO grévistes dont une partie de techniciens et des membres de la petite maîtrise. A ce débrayage, une dizaine d'ouvriers de Vilvorde ont pris la parole et ont exhorté les travailleurs de Cléon à refuser la flexibilité : "Ne faites pas comme nous, refusez tout en bloc, nous avons eu tort de dire oui à tout et maintenant nous en payons le prix fort !" Des interventions courtes et chaleureusement applaudies par les travailleurs présents, contents d'entendre autre chose que les discours longuets et soporifiques des responsables syndicaux de Cléon.

Fin mars, nous avons été 2000 à débrayer pendant deux heures et défiler dans les ateliers aux côtés des grévistes de Vilvorde. L'ambiance était chaleureuse et les cadres mobilisés par la direction pour suivre de loin le cortège ont du faire le grand écart pour éviter les pétards que leur lançaient les grévistes.

Si en définitive, la direction de Cléon a réussi à mettre en place au 1er Avril ses nouveaux horaires de travail, rien n'est réglé pour autant. Les travailleurs tolèrent de moins en moins de voir rallonger la semaine de travail alors que dans le même temps des centaines de milliers de jeunes, dont bien souvent leurs propres enfants se retrouvent condamnés au chômage sans autre perspective que de vivoter chez leurs parents !

Renault n'a renoncé à aucun de ses plans. La détermination des travailleurs de Vilvorde n'a pas suffi pour le moment à déclencher un mouvement d'ensemble des usines Renault.

Mais les travailleurs de Cléon ont vu et entendu ceux de Vilvorde. Et la propagande de la direction qui a toujours voulu jouer sur la compétition entre les sites en a pris un sacré coup. Les travailleurs de Cléon sont de plus en plus persuadés que la situation actuelle n'est pas tenable et que ce système qui fabrique des chômeurs à un bout et des horaires fous à l'autre est aberrant.

 

Le PCF et la monnaie unique : une campagne de diversion qui tourne le dos aux intérêts des travailleurs et …des militants communistes

Cela fait plusieurs mois que les dirigeants du Parti communiste ont entamé une campagne pour exiger de Chirac l’organisation d’un référendum sur la monnaie unique. Les arguments qu’ils utilisent sont dans la continuité de la propagande contre le traité de Maastricht. La direction du PC brandit la menace de la perte de " souveraineté nationale " quand elle n’évoque pas comme le fit Robert Hue dans un 7/7 sur TF1 la nostalgie des billets libellés en francs.

C’est la reprise des thèmes nationalistes que le PC utilise pour montrer qu’il est un parti responsable, capable de défendre les " intérêts nationaux ", c’est à dire ceux des patrons. " L’Humanité " met en relief toute prise de position de patron ou d’homme politique mettant en cause la monnaie unique. Quant à Hue, il saisit toute occasion de montrer à quel point il est soucieux des " intérêts nationaux " et n’est pas très regardant sur le choix de ses partenaires, participant à un colloque contre la monnaie unique organisé par Pasqua aux côtés de gens tout aussi réactionnaires que lui et organisant des meetings en commun avec Chevènement. Ce même Chevènement avait voulu réhabiliter lorsqu’il était ministre de l’Education nationale l’usage de la Marseillaise dans les écoles. Il n’a pas eu un mot de critique pour la politique du Parti socialiste contre les travailleurs dont il a été un artisan direct lorsqu’il était au gouvernement. Autant dire qu’il se situe clairement par son passé comme par ses prises de position actuelles dans le camp des patrons.

Le choix d’un tel allié illustre le sens de la politique du PC. Dans la perspective des législatives, les dirigeants du PC mènent campagne sur des thèmes qui montrent leur " esprit de responsabilité " et s’efforcent d’agglutiner les forces qu’ils peuvent autour d’eux pour que dans la négociation avec le Parti socialiste , le rapport de forces leur soit le moins défavorable possible. Et même si on peut penser qu’avec Chevènement la pêche est un peu maigre, Hue n’a guère les moyens de faire la fine bouche...

Autant dire qu’un tel allié et de tels arguments, l’appel répété à " l’intérêt national ", c’est à dire à la défense des intérêts de la bourgeoisie française, ne sont guère convaincants pour les militants et le milieu populaire influencé par le PC, quels que soient les préjugés que ses dirigeants aient entretenu à ce sujet depuis bien longtemps et notamment les préjugés anti allemands, au nom du mythe de la résistance.

Les dirigeants du P.C essaient donc de donner à cette campagne un tour " social " en attribuant aux critères décidés pour la mise en place de la monnaie unique la responsabilité des mesures que prennent les gouvernements contre les salariés et des mesures d’austérité qui frappent la grande majorité de la population. Leur argument va d’ailleurs parfaitement dans le sens des différents gouvernements européens qui tous, utilisent le même prétexte des critères de convergence de Maastricht pour justifier leur politique au service des patrons. Le Parti communiste apporte ainsi sa contribution à cette entreprise de diversion et de mensonge qui masque les véritables buts de toutes les attaques contre les travailleurs : permettre aux patrons d’accumuler les profits au détriment des intérêts des travailleurs et de la collectivité.

Le débat sur la monnaie unique n’est qu’un rideau de fumée. Le problème n’est pas de savoir de quelle monnaie les capitalistes disposent. Il n’est même pas de savoir quelle politique monétaire ils appliquent pour défendre leurs intérêts : que les capitalistes laminent le pouvoir d’achat des travailleurs par l’inflation ou la déflation, qu’il se concurrencent par des dévaluations compétitives ou d’une autre manière, ce n’est pas aux travailleurs de décider quelle est la meilleure politique pour la classe adverse, en espérant avoir quelques miettes si on veut bien les leur concéder. Le seul problème , c’est de savoir qui dirige l’économie, qui la contrôle, qui prend les décisions. C’est de dénoncer sans équivoque et sans faux fuyants les véritables maîtres de la société, ceux qui soumettent la collectivité à la dictature de leurs intérêts égoïstes : les capitalistes. Et ce dont il s’agit aujourd’hui , pour tous ceux qui veulent défendre les intérêts des travailleurs, en particulier les militants ouvriers du parti communiste restés fidèles à leur classe, c’est de contester cette main mise sur l’économie, c’est de défendre l’idée de la nécessité du contrôle de l’économie par les travailleurs, par la grande majorité de la population.

Défendre la nécessité de ce contrôle et des luttes qui seront nécessaires pour l’imposer, c’est aujourd’hui la tâche de tous ceux qui, quelle que soit leur appartenance politique ou syndicale, ont à cœur de défendre les intérêts du monde du travail et de mettre un coup d’arrêt aux attaques des patrons. Cela est vrai pour tous les militants, y compris ceux du parti communiste qui ne veulent pas subir sans réagir le fait qu’une fraction croissante de leur classe s’enfonce dans la misère, comme ils n’acceptent pas de voir leur parti voué à servir de faire-valoir à des politiciens qui, qu’ils s’appellent Mitterrand, Chevènement ou Jospin, n’ont d’autres intérêts que ceux de leur carrière, en laissant le terrain dans les usines, les bureaux, les cités et les quartiers, à la passivité, à la démoralisation et en conséquence, aux idées réactionnaires.

 

Echos des entreprises

TOUT VA TRES BIEN…

En 1996, le résultat net disponible revenant aux actionnaires de Rhône-Poulenc a progressé de 43 % sur deux ans. Evidemment, on comprend mieux… pourquoi la direction ne pouvait pas aller plus loin dans les propositions salariales 97.

(Echo du bulletin Rhône-Poulenc, biochimie Elbeuf)

LES INTERNES SE BATTENT POUR EUX, A NOUS DE NOUS BATTRE POUR NOUS

Depuis maintenant 4 semaines, les internes des hôpitaux et des cliniques sont en grève. Ils défendent leurs futures conditions d'existence en tant que médecins dans le privé. Ils parlent beaucoup de qualité des soins, mais c'est la qualité de leur revenu qu'ils défendent.

Ils ont l'habitude de penser que tout leur est dû et refusent de voir leur situation de privilégiés remise en cause, ou plutôt égratignée par le gouvernement.

Ca se comprend, mais notre problème à nous, c'est de ne pas laisser se dégrader tant nos conditions de travail et de vie, que les conditions d'hospitalisation et de soin.

Et soyons convaincus que nous aurions bien plus de raisons de défendre nos intérêts et ceux de la collectivité que les internes en ont à défendre leurs propres intérêts.

(Echo du bulletin Hôpital Pellegrin - Bordeaux)

FORD AQUITAINE : SAS COMME "SANS AUGMENTATION DE SALAIRE"

La direction a généreusement consenti à une augmentation de salaire de 2%, ce qui est loin de compenser l'augmentation du coût de la vie. C'est un pas de plus vers la dégradation de nos conditions de vie, un pas d'autant plus inacceptable que les affaires de Ford et des actionnaires vont bien.

Combien les actionnaires Ford, sans prendre la peine de faire quoi que ce soit, ont-ils eu d'augmentation des dividendes cette année ? Officiellement, d'après F.C.N., cette augmentation serait de 7%. et officieusement on ne sait pas...

Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans leur système. C'est ceux qui travaillent, qui s'usent la vie sur les machines, qui produisent tout, qui ont toujours moins. Et notre vie, ils nous la volent pour que les dividendes augmentent.

Plus nos salaires sont bas, plus leurs dividendes augmentent et sont juteux. C'est le principe des vases communicants. Sauf qu'il y a un hic, c'est de ce qui nous est indispensable pour vivre que se nourrissent leurs dividendes.

Une chose au moins est claire, de l'argent il y en a, alors qu'ils payent et qu'ils embauchent.

(Echo du bulletin Ford - Blanquefort)

"NOUS DEVRIONS GAGNER DE L'ARGENT EN EUROPE EN 97"

Celui qui dit ça, ce n'est pas un ouvrier de l'usine, pas plus d'ici, que d'Angleterre ou d'Allemagne, mais Jack Nasser, le PDG de Ford Europe. Il parait qu'en 96, il aurait eu des pertes. Pourquoi ? D’après ses propres déclarations citées par la presse, à cause des frais de lancement de la Mondéo et de la Ka, mais surtout à cause des "coûts" des licenciements de 2600 personnes dont 600 "cols blancs" comme ils disent.

Alors, maintenant tout va bien, les profits vont monter.

C'est simple, on produit autant avec moins de monde. On réduit les coûts en faisant pression pour les cadences, ou au détriment de la qualité. Et c'est l'ensemble des travailleurs qui paye l'addition pour que les cours des actions continuent de grimper sur les places boursières.

Sauf qu'à force d'en vouloir toujours plus, ça va casser.

(Echo du bulletin Ford - Blanquefort)