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Hausse des salaires, interdiction des licenciements, répartition du travail entre tous : des mesures vitales

CHOMAGE ET PAUVRETE EN HAUSSE…..

Pour montrer qu’il est un homme soucieux des comptes des bourgeois, Jospin fait procéder à un audit financier.

Pour nous, par contre, il est urgent de procéder à un audit social. Plusieurs rapports sur la pauvreté, le chômage, les salaires, montrent à quel point la situation de la classe ouvrière et d’une grande partie de la population se dégrade de façon alarmante. 3,3 millions de ménages, soit une famille sur 7, n’ont d’autres ressources que les " minimums sociaux " qui vont de 1311 F à 3433 F par mois. Si l’on prend en compte le nombre de personnes vivant dans ces familles, 6 millions soit 10 % de la population n’ont pas d’autres ressources pour vivre.

Cette pauvreté, c’est le chômage qui en est responsable. En mai 97, la hausse du chômage a été la plus forte enregistrée depuis octobre 93 : 32 400 chômeurs de plus, ce qui porte le total officiel à 3 113 500 personnes, 12,5 % de la population active. Le chômage de longue durée augmente également : 1 117 500 personnes sont sans emploi depuis plus d’un an. Et les jeunes sont durement frappés : 28 % des jeunes qui souhaitent travailler sont au chômage.

Les formes d’emploi précaires, le travail à temps partiel forcé augmentent sensiblement : 3,7 millions, plus d’un tiers des femmes salariées subissent une telle situation. En 1996, les emplois stables ont diminué de 71 000, tandis que les contrats à durée déterminée, les contrats d’intérim et d’apprentissage ont augmenté de 131 000. Les salariés ayant un emploi précaire représentent désormais 9,4 % des salariés en activité. Sur 19,5 millions de travailleurs, 330 000 sont intérimaires, 849 000 sont en contrat à durée déterminée et 417 000 en CES et en CIE.

...SALAIRES EN CHUTE LIBRE

Pendant des années, les patrons et les politiciens ont expliqué qu’il fallait sacrifier les salaires pour sauver les emplois. La réalité des faits oppose un démenti absolu à cette escroquerie : alors que la situation de l’emploi se dégrade de façon dramatique, les salaires chutent eux aussi de façon préoccupante.

Selon une enquête de l’INSEE, entre 1995 et 1996, 28 % des salariés ont subi une baisse de leurs rémunérations. Pour 11 % d’entre eux, cette baisse a dépassé les 5 % et pour 6 %, elle a même été supérieure à 10 %. Cette baisse a deux causes principales : la suppression ou la diminution des primes et la modification de la durée du travail.

Le nombre de salariés touchant les salaires les plus faibles a sensiblement augmenté : 8,2 % des salariés touchaient le SMIC fin 94, ils sont aujourd’hui 2,3 millions soit 11,2 % fin 95. Un sur cinq travaille dans des petites entreprises de moins de dix salariés. Dans certains secteurs d’activités, cette exploitation est particulièrement sensible : 41 % des salariés de l’hôtellerie n’ont que le SMIC et plus de 15 % dans le commerce. Ce sont les femmes et les jeunes qui sont les plus touchés : 2/3 des salariés percevant le SMIC sont des femmes et un tiers des salariés de moins de 26 ans sont payés au salaire minimum. Les salaires d’embauche des jeunes ont baissé de 7 % ces cinq dernières années.

A l’heure actuelle, un salarié sur deux gagne moins de 7000 F nets par mois, c’était 7400 F en 93. La baisse de la part des salaires par rapport à la " valeur ajoutée ", c’est à dire les richesses créées par les entreprises, dure depuis des années : les salaires qui représentaient 68,3 % des richesses produites au début des années 80 n’en représentent plus aujourd’hui que 60,3 % en 1996. Dans le même temps la part des profits est passée de 25,8 % à 31,5 %.

UN " AUDIT SOCIAL " ACCABLANT QUI IMPOSE DES MESURES D’URGENCE !

Augmentation dramatique du chômage, de la précarité du travail, baisse sensible des salaires, voilà les causes de la pauvreté. Ce mouvement, il se nourrit de lui-même : au nom de la concurrence, de la compétitivité, il n’y a aucune limite aux licenciements, à l’augmentation de l’exploitation, à la baisse des salaires. Et c’est une spirale sans fin dans laquelle nous entraîne le système capitaliste.

Le gouvernement ne cesse de nous parler de la " concertation " pour résoudre ces problèmes. Mais ces négociations ne peuvent rien nous amener. Elles ont pour but de nous faire attendre encore et toujours, de nous anesthésier, en laissant les mains libres aux patrons pour mener leur guerre de classe contre le monde du travail. Il n’y a pas de " capitalisme dur " comme le disait Jospin en nous laissant entendre qu’il pouvait y avoir un " capitalisme mou "qui frapperait moins durement les travailleurs, de petits infléchissements qui pourraient freiner la dégradation de la situation.

Il n’y a de salut pour l’ensemble du monde du travail et pour l’ensemble de la collectivité et de la société, que si nous parvenons à imposer au patronat et au gouvernement des mesures qui sont vitales pour la classe ouvrière : la revalorisation des salaires, l’interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous.

La dignité : se battre contre la société d’exploitation

Les revendications des associations d’homosexuels qui ont organisé le grand rassemblement du Gaypride à Paris visent à défendre la dignité des couples homosexuels en revendiquant pour eux les mêmes droits que pour les couples hétérosexuels. Elles revendiquent la liberté de se marier entre personnes du même sexe. Ce qui donne lieu à des scènes cocasses comme des homosexuels en robe de mariés… Cocasses et surtout dérisoires, sans grand rapport avec la dignité humaine. On ne saurait contester les revendications de ces associations, ce sont les leurs, ce sont des droits qu’elles estiment légitimes. Bien. Mais voir dans tout ce qui ressemble le plus souvent à une mascarade, la moindre contestation sociale, suppose une optique étrange. Le mariage est une institution fondée sur les affaires d’héritages et autres préoccupations de possédants, que ces derniers ont imposées y compris à ceux qui ne possèdent rien que le droit… de s’aimer. Cela veut dire accepter des usages que, sous couvert de morale, la classe dominante tente d’imposer aux travailleurs.

Et le dérisoire de ces manifestations vient de ce que ceux qui se revendiquent de relations " hors norme ", se revendiquent en matière d’idées, des plus éculés des préjugés bourgeois. La dignité humaine, la dignité des homosexuels n’est pas dans ces parodies conformistes qui recherchent la reconnaissance de cette société d’oppression, en s’intégrant dans ses normes morales La dignité, c’est combattre cette société qui pervertit tous les rapports humains soumis aux rapports marchands et à une morale hypocrite, pour construire un monde où chaque individu sera un être humain à part pleine et entière participant consciemment et librement à toute la vie sociale. Les relations sexuelles, libérées des sentiments de possession, de propriété et de droit sur autrui, simple besoin de chaque individu, pourront s’épanouir librement, à leur juste place, loin de toute perversion.

La Russie au G 8 : la faillite du capitalisme

C’est sans tambour ni trompette que la Russie a été admise pour la première fois cette année au sommet des pays industrialisés de Denver. Si Eltsine s’est déclaré " satisfait ne serait-ce que parce que ce sommet n'a pas été un G7, mais un G8 ", en clair d’être tout simplement admis à part entière à la table des brigands, la presse bourgeoise ne s’est guère étendue sur l’événement.

C’est que le bilan de la réintroduction de la propriété privée en Russie, l’état de décomposition sociale, de misère et d’anarchie qu’elle ne peut plus mettre décemment aujourd’hui au compte de " l’héritage du communisme ", constituent à eux seuls une condamnation sans appel du capitalisme.

Tandis qu’une minorité d’affairistes maffieux, par le pillage des richesses créées par le travail collectif, des biens publics et des dollars de l’aide internationale, constituent des fortunes considérables qu’ils placent dans des banques occidentales à l’étranger, la grande masse de la population s’enfonce dans une misère croissante, et toute la société retourne à l’arriération. 87 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, consacrant plus de 80 % de ses revenus à une alimentation de survie dont ont disparu pour la plupart viande, poisson, fruits et produits laitiers. Avec la privatisation des services publics, l’éducation et la santé sont devenues un luxe réservé à ceux qui peuvent payer. Tandis que s’ouvrent les cliniques privées, les hôpitaux ferment, et ceux qui restent manquent de tout, y compris, pour la moitié d’entre eux, d’eau chaude. Les conditions matérielles de vie désastreuses comme le manque de vaccins et de médicaments ont entraîné une réapparition catastrophique de la tuberculose et de la diphtérie. A quoi s’ajoutent les ravages causés par l’alcoolisme et la drogue, celle-ci étant devenue l’affaire lucrative de l’économie. Aussi depuis 1990, l’espérance moyenne de vie pour les hommes a-t-elle reculé de 5 ans.

Rien d’étonnant à ce que la presse, qui avait claironné le triomphe du capitalisme et l’avenir radieux promis à l’URSS lorsque ses dirigeants avaient proclamé leur volonté de réintroduire le capitalisme et la propriété privée à la fin des années 80, se taise aujourd’hui, alors que la Russie réintègre de façon symbolique le giron des brigands capitalistes.

Echo d’une diffusion à la porte de la SNCF…

Quelques jours après le 2ème tour des législatives, un camarade diffuse le bulletin " Voix des Travailleurs " SNCF de Bordeaux à l’entrée du SERNAM. Un travailleur arrive en vélo, s’arrête, et, furibard :

- Je te le prends, mais je te le dis, Arlette, elle déconne, elle déconne complètement !

- Ah bon ! Tu sais, nous, on n’est plus à Lutte Ouvrière, mais bon … pourquoi tu trouves qu’elle déconne, Arlette ?

- Elle n’arrête pas de taper sur la gauche. C’est pas normal !

- Sur ce point, je suis complètement d’accord avec elle. La gauche se prépare à refaire ce qu’elle a fait quand elle était au gouvernement…

Il a déjà repris son vélo et filé.

Quinze jours plus tard, le voilà qui revient, à pied cette fois, et plus calme :

- Je te le prends, mais je pense que vous avez tort.

- Tu es prêt à refaire comme en 81 ?

- Mais non, ça ne sera pas pareil, tu verras.

- D’accord, on verra, et plus tôt que tu ne crois. On en rediscutera la prochaine fois.

Encore quinze jours, et la scène a changé. Le camarade vient vers le diffuseur, lui tend la main et :

- Je te le prends, et je dois te le dire, tu avais raison.

- …

- Oui, oui… On ne va pas manifester avec les gens pour les foutre dehors après ! Alors, il n’y a plus que l’économie qui dirige ? Je n’ai qu’une chose à te dire : tu avais raison. Voilà !

- Tu sais, si on ne s’en occupe pas nous mêmes, on se fera toujours avoir.

- A la prochaine. Bon courage.