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Colère et combativité a Rouen et Sotteville

A Rouen, des militants cheminots de Voix des Travailleurs et de l'ART (Association pour le Rassemblement des Travailleurs) viennent d'entreprendre la parution d'un bulletin commun sur la SNCF.

Ce bulletin est un premier pas concret et significatif et compte bien associer des travailleurs et des militants d'autres courants. Il paraîtra tous les quinze jours sur tous les secteurs SNCF de l'agglomération de Rouen-Sotteville qui regroupent près de 3000 cheminots.

Nous en extrayons ci-dessous un article du premier numéro paru le 26 juin dernier.

" C’est surréaliste, on se fout de nous. Juppé a été viré et il faudrait encore subir de nouvelles suppressions de postes ! " C’est ce qu’on entendait parmi la centaine de cheminots rassemblés durant la journée du 24 juin à Buddicum. Le chef d’établissement voulait faire passer en force une nouvelle restructuration : figeage de chantier, report d’activité sur d’autres chantiers avec dégradations des conditions de travail, suppression d’effectif, passage du régime 35 heures au régime des 39 heures, perte de salaire pouvant aller jusqu’à 1500 F pour certains emplois. Voilà ce que la direction voulait nous faire avaler !

Dès le matin, les cheminots des triages et des postes réunis en assemblée générale votaient pour la grève reconductible dès le 24 au soir, si la direction ne revenait pas d’ici là sur sa décision. Un télégramme inter syndical a été envoyé au nouveau ministre des Transports. Des cheminots de tous les secteurs sont venus soutenir à Buddicum ceux de la CEX. A midi, un barbecue était organisé devant les locaux administratifs. Cette première mobilisation à quelques jours des départs en vacances a contraint la direction à un premier recul : le plan de restructuration est reporté au 1er octobre.

Il faut tirer parti de ce premier recul de la direction. Nous aurons un mois de plus à la rentrée pour préparer une véritable lutte de tous les secteurs réunis, ateliers, dépôts, gares, équipements, pour le moratoire sur toutes les suppressions de postes, l’abrogation du RFF et des embauches partout. Nous sommes tous concernés. La restructuration à Rouen Port Sotteville ne doit pas passer.

SNCF : Gayssot a perdu sa voix

Jean-Claude Gayssot, ministre PCF des Transports, est très occupé mais parle peu.

Il planche sur la réforme de la SNCF. Il a rencontré les dirigeants de l'entreprise et les directions syndicales. Au mois de février dernier il signait un tract du PCF adressé aux cheminots pour demander "l'abrogation de la réforme". Aujourd'hui, il parle de "réformer la réforme". Ce qui est une manière de tourner autour du pot pour ne pas dire la vérité : la réforme, voulue par le gouvernement Juppé et toutes les entreprises qui se sont fait un fromage de la SNCF, sera maintenue.

Il y aura bien quelques astuces pour essayer d'habiller de neuf le projet précédent : on dit que les deux entreprises, SNCF pour le transport et RFF pour le réseau ferré, seraient chapeautées par un "groupement d'intérêt d'entreprises publiques". On diminuerait aussi un peu la dette de la SNCF en piquant quelques milliards, on ne sait pas encore où. Enfin on donnerait au RFF une partie des fonds antérieurement prévus pour la construction du canal Rhin-Rhône.

Tout ça, on le sait non pas parce que le "camarade ministre" en a informé les cheminots, mais parce que les journaux financiers en ont donné le tuyau à leurs lecteurs.

Si ces informations sont confirmées, cela ne changera rien quant au fond. La réforme de la SNCF restera lourde de menaces pour les cheminots. La SNCF en deux ou trois morceaux sera toujours à la recherche de la rentabilité financière pour pouvoir payer les banques auprès desquelles elle s'endette et pour régler les surfactures des Bouygues, Lyonnaise des Eaux et autres Alsthom. Les cheminots et les usagers savent ce que cela implique : suppressions de postes, fermetures de lignes, conditions de travail et de sécurité à la baisse, salaires bloqués et tarifs à la hausse. En outre cette réforme vise à diminuer le poids social et économique d'un secteur combatif de la classe ouvrière.

Au début de l'année les cheminots avaient manifesté leur opposition à cette réforme. Ils peuvent d'ores et déjà se préparer à avoir à lutter contre la nouvelle mouture concoctée par la direction et le gouvernement. Le fait que cette fois c'est un ancien cheminot, membre du PCF, qu'ils auront en face d'eux comme ministre ne devra pas les arrêter. Et on espère bien que les militants cheminots du PCF ne seront pas les derniers à signifier à Gayssot que si lui est passé de l’autre côté de la barricade, eux sont prêts à faire bloc avec tous les cheminots pour défendre leurs intérêts et lutter contre tous ceux qui s'y attaquent pour servir les capitalistes et les banquiers.

Tout va bien pour eux

Le journal patronal "les Echos" fait état de l'assemblée des actionnaires du groupe Alcatel-Alsthom qui s'est réunie le 19 juin dernier. S. Tchuruk, le PDG s'est félicité des 2,7 milliards de bénéfices.

Mais au détriment de qui ont-ils été réalisés ? De nous, les travailleurs qui ne cessons de voir diminuer les effectifs et nos salaires. Et les bénéfices, nous n'en voyons pas la couleur. Il a même été précisé qu'il n'était pas question de remettre en cause les plans en cours pour augmenter la productivité.

Par contre les actionnaires, eux, se sont votés une augmentation de 25 % du dividende, équivalente de 12 à 15 francs de plus par action, avoir fiscal compris. Quand a-t-on vu un tel coup de pouce à nos salaires ? De mémoire d'ouvrier, jamais !

Il faudra bien qu'un jour on mette le nez dans les comptes et imposer aux patrons que cet argent, fruit de notre travail, nous revienne !

Echo du bulletin GEC-ALSTHOM de Petit-Quevilly

Exploitation en continu

L’usine SBI d’Angoulême emploie 200 personnes pour produire de la gélatine. Depuis plusieurs années, elle vit au rythme des grandes restructurations des trusts de la chimie.

Elle a fait partie du trust de la chimie Sanofi (filiale de Elf) dans la branche bio-activités (" Sanofi Bio Industrie ") qui regroupe une douzaine d’usines en France produisant de la gélatine, mais aussi des arômes de fruits et autres ingrédients alimentaires. Mais pour renforcer sa branche pharmacie et racheter des usines aux USA, Sanofi a vendu, à la fin de l’année 1994, sa branche bio-activités, dont l’usine d’Angoulême, au groupe allemand SKW Trotsberg, lui-même filiale de VIAG, un énorme conglomérat dont le chiffre d’affaires est comparable à celui de Elf. Depuis, SBI s’appelle toujours... SBI, initiales pour " Systems Bio-Industries ". Il y a à peine eu besoin de changer le logo ! En tout cas, le PDG est resté le même pendant deux ans. Quant au directeur local, capitaux français ou allemands, c’est toujours le même avec les mêmes objectifs de rentabilité !

Début 96, la direction générale a lancé un prétentieux projet appelé MOVE (sans doute pour " bouger " en anglais), initiales de Mouvement pour l’Optimisation de la Vision d’Entreprise, dont le but était de chercher des idées " visant à doter SBI d’une organisation en cohérence avec la nouvelle stratégie et la nouvelle structure SKW "... Et les directions des différentes usines se sont mises à avoir des idées, bien sûr toujours dans le même sens : " faire baisser les coûts ", en s’en prenant aux travailleurs.

Le résultat, c’est qu’au début de cette année, a été annoncé au CCE un plan de licenciements économiques, touchant 88 travailleurs sur 4 sites. Le site d’Angoulême, rapportant de gros bénéfices, n’était pas touché, et au contraire, le directeur avait " l’idée " d’augmenter la production à moindres frais, sans embaucher, en remplaçant le travail en " semi-continu " par le " continu " à la fin d’août.

Cette organisation du travail nous conduirait à être à l’usine nuit et jour, samedis, dimanches et jours fériés compris. Bien sûr, cela ne convenait à personne et la protestation s’est organisée. Personne ne se satisfaisait des propositions patronales pour faire passer la pilule : la prime de semi-continu passant de 8 % à 13 % pour le continu, 500 à 600 F de plus par mois, somme jugée tout à fait insuffisante par les postés qui réclamaient une augmentation du salaire de base plutôt qu’une prime.

Des travailleurs ont pris l’initiative de faire circuler une pétition reprenant ces revendications, qui a été signée par tous. La CGT de son côté a pris position contre le continu.

Le patron a dit " qu’il n’était pas fermé à la discussion ", " qu’il répondrait aux demandes particulières ", autant de baratin pour nous lanterner, car jusqu’à présent, il n’a pas cédé sur les revendications. Il s’est mis à organiser la 5ème équipe en en profitant pour disperser le noyau des ouvriers les plus mécontents.

Pour le moment, les choses en sont là. Des camarades discutent de refuser de faire le continu en septembre et de continuer les anciens horaires si le patron ne donne rien.

Tout le monde comprend qu’il faudra s’affronter à la direction, lutter, si nous ne voulons pas voir nos conditions de vie et de travail empirer pour permettre à un trust de rentabiliser et de gagner encore plus d’argent.

A l'hôpital, il y a du travail, à l'extérieur, il y a des chômeurs. Embauchez ! Embauchez !

A l’hôpital Pellegrin du CHU de Bordeaux, les conditions de travail de tout le personnel ne cessent de se dégrader depuis de nombreux mois, du fait de la politique de restriction budgétaire de la direction qui applique celle des gouvernements successifs.

Tous veulent faire des économies à la fois sur le nombre de personnel, sur les différents produits utilisés pour les soins des malades, et aussi en fermant des lits dans les services, donc en jouant sur la qualité des soins et la sécurité des malades.

C'est ainsi que dans la plupart des services de cette grande entreprise (plus de 3000 personnes), pour toutes les catégories de personnel, la direction veut imposer que le maximum de congés-maladie, congés-annuels, de départs en retraite ne soit pas remplacé.

Au service de la stérilisation par exemple, la direction a déjà imposé que nous travaillions avec un effectif réduit car elle ne veut pas remplacer les absences. Mais bien sûr, comme le travail reste le même et qu'il faut bien le faire, c'est donc à nous de nous débrouiller.

Chez les coursiers de la traumatologie, l'encadrement a voulu obliger à faire des heures supplémentaires parce qu'il n'y avait pas assez de monde sur les postes.

Au service de radiologie, là, la direction veut changer arbitrairement les horaires. Ailleurs, à la maternité, la direction veut imposer aux ASH (personnel d'entretien) des dates précises pour les congés, pour lui éviter d'avoir à embaucher en septembre. Dans plusieurs autres services, les collègues ASH doivent supporter le mépris et l'arrogance de petit-chefs avec en plus une charge de travail qui augmente du fait du manque d'embauches suffisantes.

Au nouveau service des Urgences qui s'est ouvert en avril 1997, pour tout le monde, la charge de travail a été multipliée par 2, sans aucune embauche. Pire en ce moment, les congés-maladie, nombreux du fait de cette exploitation accrue, ne sont pas remplacés. Et il nous arrive d'être en dessous de l'effectif minimum du week-end.

Alors la colère monte parmi le personnel et elle commence à se faire sentir.

Ainsi, il y a deux semaines, le personnel ouvrier a débrayé pour exiger de l'embauche et la titularisation des auxiliaires.

Le 23 juin, à l'appel de la CGT, 60 ASH se sont réunis pour discuter de tous leurs problèmes. Et une semaine après, devant le silence de la direction à leur exigence d'avoir une audience, 24 d'entre eux ont décidé d'envahir le bureau du secrétariat du directeur.

De l'argent pour embaucher, il y en a. D'ailleurs la direction ne s'en cache même pas puisqu'elle se vante d'avoir des excédents sur le budget : depuis 2 ans, c'est plus de 120 millions de francs qu'elle a placés en SICAV !

Pour les sans-papiers, rien de changé : ni les expulsions, ni les coups de matraque !

Jospin avait fait un "effet d'annonce" en disant qu'il reviendrait sur les aberrations des lois Pasqua et que des milliers de sans-papiers seraient régularisés. En application de la circulaire Chevènement, leur sort sera décidé "individuellement au cas par cas" par les mêmes préfets que sous le gouvernement précédent. Et ils ont pu juger très vite de la façon dont cette circulaire allait être appliquée.

Quarante d'entre eux, en violation des promesses qui leur avaient été faites à Matignon étant menacés d'expulsion, ils ont protesté en occupant la mairie du 18ème. A la demande de Daniel Vaillant, ministre des relations avec le Parlement, son collègue Chevènement a envoyé des camions de CRS qui n'y sont pas allés de main morte : cinq sans-papiers ont été blessés ! Un symbole pour le premier anniversaire de l'occupation de Saint-Bernard !

Les sans-papiers, comme les autres travailleurs n'ont à attendre de ce gouvernement que des coups... Et s'ils protestent, ils auront droit aux matraques des flics de Chevènement, les mêmes qu'au temps de Debré !

La vétusté dans les écoles primaires devient un danger pour les enfants

Lormont est une commune HLM de la banlieue bordelaise où le chômage et le nombre de RMistes sont en constante augmentation. Il en résulte une paupérisation très grave de la population, c'est pourquoi les écoles primaires Romain Rolland, situées au centre du quartier Carriet, sont classées Zone d'Education Prioritaire, ZEP. Mais de priorités, il n'en est toujours pas question. Ces écoles ont été construites il y a plus de trente ans et sont dans un état de délabrement important. Les murs sont complètement lézardés, les escaliers sont détériorés, les toitures du préau risquent de s'écrouler et sont un danger permanent pour les enfants. Il pleut dans les classes les jours de mauvais temps. Faute d'hygiène, les toilettes sont dans un état tel que les enfants rentrent de l'école imprégnés d'odeurs. Pour clore le tout, deux rats ont été trouvés dans la cour de récréation. Un projet d'aménagement avait été promis par la mairie, mais il n'a pas été tenu, sans aucune justification. Les besoins, nous les connaissons, il faut des crédits pour embaucher du personnel et réaliser les travaux, et c'est ce que nous demandons tous avec l'association des parents d'élèves. Si la mairie socialiste ne peut faire face, qu’elle intervienne avec nous pour exiger des crédits.