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Pas d’autre avenir que le recul aggravé de nos conditions d’existence ou la lutte pour imposer un plan de défense

LA BOURSE BAT DES RECORDS PARCE QUE LES PROFITS DES ENTREPRISES S’ENVOLENT

C’est l’euphorie à la Bourse de Paris : le volume et le cours des actions battent des records jamais atteints jusque là, augmentant de 27 % depuis janvier et de 50 % depuis 10 mois. Au même moment, le nombre de chômeurs en France a augmenté de 32 400 pour le seul mois de mai, et le nombre des ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté atteint 11 % de la population, soit 12 millions de personnes qui n’ont que 3200 F par mois pour vivre.

Ces chiffres qui illustrent la concentration des richesses entre les mains de quelques-uns au détriment des conditions d’existence de la majorité de la population révèlent à quel point l’enrichissement de la bourgeoisie est parasitaire, et n’est possible, en cette période de crise que par l’aggravation de l’exploitation des travailleurs.

A cause du rétrécissement des marchés, les capitalistes n’augmentent que très peu la production, et investissent plus massivement dans la spéculation. Mais les profits à la Bourse ne sont possibles que parce que les entreprises qui y sont cotées retirent toujours plus de profit de la production, en réduisant " le coût du travail ", la part qui revient à la classe ouvrière.

DES PROFITS TIRES D’UNE EXPLOITATION ACCRUE DES TRAVAILLEURS...

La presse a feint de s’étonner de la sérénité des dirigeants des trusts de l’automobile au moment même où était annoncée une baisse de plus de 30 % des immatriculations en France sur un an. Mais ce chiffre n’indique qu’une chose, c’est qu’il est de plus en plus difficile pour les travailleurs dont les revenus baissent régulièrement de s’acheter une voiture neuve. En réalité, la production de Renault et Peugeot a augmenté de 4 % dans les 5 derniers mois : essentiellement celle des plus gros modèles et des exportations qui ont augmenté de plus de 15 % dans la même période.

Tous les trusts vendent moins sur le marché intérieur et davantage sur quelques marchés étrangers, parce que leurs coûts de production baissent, qu’ils sont comme ils disent très " compétitifs ", tandis que, appauvrie par le chômage et la diminution globale des salaires, la classe ouvrière peut de moins en moins consommer.

C’est pour réduire encore le coût du travail que sont programmés pour les mois qui viennent plusieurs dizaines de milliers de licenciements : 10 000 dans l’armement, 5000 au Crédit Lyonnais, 2600 chez Moulinex, 5800 à Renault, 2800 à Peugeot, 800 à Citroën, 2700 à Péchiney et 1200 chez Alcatel : plus de 30 000 et ce seulement dans les plus grands groupes.

...ET DES CADEAUX DE L’ETAT

Outre les dernières commandes de Rafale, Tigre, et divers missiles, aux industriels de l’armement, l’Etat dilapide des dizaines de milliards pour renflouer des groupes capitalistes : plus de 100 milliards sont prévus pour éponger les dettes du Crédit Lyonnais, sans même compter les frais d’emprunts qui pourraient porter la note à 160 milliards et plus ; 10 milliards pour le GAN, et 11 pour Thomson Multimédia ; et tout dernièrement ce cadeau évalué à 1,5 milliards de l’allongement de leur concession aux propriétaires d’Eurotunnel.

LE PARASITISME DE LA BOURGEOISIE MENACE L’ECONOMIE D’UN EFFONDREMENT BRUTAL

Jusqu'à présent, le cours des actions n’a cessé de monter, parce que les profits tirés de l’exploitation des travailleurs augmente et que les capitalistes envisagent pouvoir les accroître davantage encore. Des masses toujours plus importantes de capitaux s’investissent dans la spéculation, dans cette " bulle financière ", qui n’a plus qu’un lointain rapport avec la production réelle des richesses. Son volume en capital est plus de 60 fois supérieur au capital utilisé dans la production et la distribution de richesses réelles.

Que les profits tirés de la production baissent, par suite par exemple de la saturation complète des marchés, soumis à une concurrence accrue, et cette bulle financière peut se dégonfler brutalement, un krach entraînant alors l’effondrement de toute l’économie.

L’envolée actuelle de la Bourse ne signifie pas que cette hypothèse est impossible. Au contraire. Elle exprime seulement l’anarchie du système capitaliste, d’une économie qui ne peut obéir à un plan d’ensemble, car toute entière subordonnée à la seule logique du profit, et à des intérêts individuels.

OR LE PATRONAT EXIGE ENCORE PLUS ET DICTE SA POLITIQUE AU GOUVERNEMENT

Ces dernières semaines, les représentants du patronat ont fait connaître leurs exigences, voulant selon leurs termes " une réforme de l’économie française " : les entreprises françaises étant " deux fois moins rentables que leurs consœurs américaines ", ils suggèrent de " revaloriser le travail " en arrêtant les aides au chômage en cas de refus d’emploi ou en demandant aux RMIstes des travaux d’intérêt général, ainsi qu’en développant la partie variable des rémunérations. Pas question pour eux de réduire la durée du travail ; au contraire, il faut " accroître le volume global du travail ". Enfin ils exigent que soient " réduites les dépenses publiques " en diminuant de 10 % le nombre d’agents de la fonction publique et en y relevant l‘âge de la retraite à 65 ans.

Il est tout à fait clair que le gouvernement qui veut satisfaire aux exigences du patronat, l’aidera à appliquer ce programme, en voulant nous faire croire par des discours mensongers sur " l’intérêt national " qu’il est question de l’intérêt de tous, là où il ne s’agit que de l’enrichissement d’une minorité parasitaire.

Les dirigeants capitalistes n’ont qu’un but : la course au profit qui entraîne la régression de toute la société.

PREPARONS NOUS A IMPOSER UN PLAN DE DEFENSE DANS L’INTERET DE TOUTE LA POPULATION

C’est à nous de préparer une autre perspective en nous organisant sur la base d’un plan de défense que nous devrons imposer par la lutte, un plan destiné à soustraire la marche de l’économie aux appétits individuels des capitalistes. Mettre fin au chômage, c’est possible en interdisant les licenciements, en réquisitionnant les entreprises qui licencient, et en répartissant le travail entre tous. Il faudra imposer à l’Etat qu’il cesse ses subventions au patronat et utiliser cet argent pour embaucher dans les services publics, construire ou améliorer toutes les infrastructures utiles à la population. Il faut une augmentation générale des salaires, des retraites, indispensables pour vivre, et relancer d’autant la consommation.

Ces mesures de survie, nous ne pourrons les imposer que par la lutte, en imposant notre contrôle sur toute l’activité économique, les comptes des grandes entreprises, des banques, de l’Etat et des grosses fortunes.

C’est le seul réalisme. Il ne pourra y avoir de changement que radical.

La direction de Lutte ouvrière ou l’effaceur…

Les lecteurs de la Lutte de Classes, revue politique mensuelle de Lutte Ouvrière ont eu la surprise de découvrir lors du dernier numéro de cette publication l’existence d’un nouveau groupe trotskiste mentionné dans les tableaux donnant les résultats de l’extrême-gauche, et par une phrase dans un article commentant ces mêmes résultats. Pas un mot de plus, pas un mot de moins. Pourquoi ce nouveau groupe, qui s’intitule, notons-le au passage, " Voix des Travailleurs " ? D’où vient-il ? Quelle est son histoire ? Quelle campagne a-t-il menée ? Les lecteurs de la Lutte de Classes resteront la curiosité en éveil.

Le tour de passe-passe est vraiment médiocre. Il ne peut abuser que les abusés volontaires. Notre exclusion de Lutte Ouvrière pour les lecteurs de LO ou de la LDC n’a jamais eu lieu et Lutte Ouvrière, en toute objectivité, brusquement découvre, né et venu de rien, un nouveau groupe. Petit tour de passe-passe pour effacer le mauvais coup que la direction de LO a porté en mars dernier à toute son organisation, en excluant près de 10 % de ses militants, tout simplement parce qu’ils entendaient aller jusqu’au bout de l’appel d’Arlette Laguiller à la construction d’un véritable parti des travailleurs.