échos d'entreprises



Leur mépris au quotidien

Entretiens lors de recherches pour du travail : tu fais des sourires, bien sûr, tu es dégourdie sans être trop vive, ça pourrait susciter la méfiance. On te regarde comme pour jauger ta capacité de travail. " On étudiera votre demande ". La patronne soupire : " Oh, les vacances, ça devrait pas exister. J’essaie de tout prévoir pour faire tourner constamment du monde à temps partiel, mais c’est pas facile. Les gens veulent tous prendre leurs congés en même temps ". Elle te laisse entendre que toi au moins, tu es quelqu’un de bien, le genre à travailler dur et à te taire, n’est-ce pas ? Dans la rubrique des phrases d’anthologie, celle de ce " grand penseur ", boucher de profession : " de constitution égale, je préfère prendre des filles ; c’est plus docile, ça rechigne moins au travail " ; celle de ce gérant de supermarché qui avertit : " quand il y a des erreurs de caisse, je me paie sur le morceau ".

Quelques recommandations : pour décrocher quelques heures de ménage, le mieux est d’être introduit auprès d’un ponte bienveillant de la commune. C’est le genre costume trois pièces chargé de l’action sociale par la mairie, et qui a la bonté de se pencher sur ton cas à toi. Il va te faire un grand discours comme quoi lui, fils d’immigré sorti de la cité, il a fait un bout d’étude. " On peut s’en sortir quand on veut ". Les jeunes, ils peuvent lui parler comme à un grand frère, mais " tu vois, je les comprends pas. Dès que le patron est un peu spécial, ils font même pas l’effort de rester. Après, les cités, elles ont mauvaise réputation avec tous ces fainéants... Les employés des services sociaux, évidemment, ils sont inefficaces, paperassiers, je-m’en-foutistes" (il ne va pas jusqu'à dire " en sureffectif "), mais lui, c’est quelqu’un d’important, il va te faire avoir ce que tu demandes, il va faire avancer ton dossier.

Le pire c’est que pour ces gens-là, on devrait presque être reconnaissant qu’on songe à nous offrir l’occasion d’être exploités.

Au CHR de Bordeaux, circulez, y'a pas d'emplois

Depuis des années, le CHR surexploite des centaines de travailleurs en CES, qui ne lui coûtent pratiquement rien.

Ces camarades occupent des emplois indispensables à la bonne marche de l'hôpital, à l'entretien, dans les secrétariats médicaux ou sur des postes de soins.

Ces derniers mois, la direction, à l'Hôpital-Sud ne renouvelle plus leurs contrats en prenant le prétexte que tous les budgets seraient en baisse.

Ce sont ainsi des centaines de nos camarades qui ont perdu ce peu que représentaient ces 2400 francs par mois, pourtant indispensables pour eux.

Le gouvernement avait crée les contrats " CES –consolidés " qui offrent la possibilité d’être embauché entre 12 et 6O mois à temps plein et au SMIC. Ce n'est pas le Pérou, mais ça peut permettre de souffler quelques mois. Le hic, c'est que, pour ces contrats, le CHR est quelque peu obligé de mettre la main à la poche.

Alors, à ceux parmi nos camarades qui ont demandé à en bénéficier, la Direction a répondu cyniquement : " Pas question, nous n'avons pas de budget... "

Les gouvernements changent mais pas le baratin sur l'emploi et en particulier dans les services publics.

On protège d'abord la machine, pas les travailleurs

La société Cofrablack est située sur la presqu'île du bec d'Ambès en Gironde. Cette usine qui produit du noir de fumée (dit carbon black) pour l'industrie pneumatique, et en particulier pour Michelin, a été le lieu d'un accident du travail qui aurait pu être très grave.

Il est 13h45, nous sommes vendredi 13 juin, une explosion survient sur une turbine à vapeur, élément moteur d'une pompe des plus simples. C'est le compensateur, placé en sortie, qui vient d'éclater. Le bilan paraît d'abord lourd : un blessé à la cuisse par un morceau de métal, un blessé par brûlure, quatre autres travailleurs sont choqués par l'onde de choc. Les radios et la télé locales font écho de l’accident.

En fait, les blessés seront moins gravement atteints qu’on aurait pu le craindre. Il n'en reste pas moins que les éclats de métal auraient pu être projetés au visage ou à un endroit plus vulnérable.

Cet accident est survenu lors du redémarrage de la machine après l'intervention des mécaniciens. Ils en étaient à la phase d'essai pour vérifier leur travail. Les deux opérateurs dont un agent de maîtrise ont oublié d'ouvrir la vanne de sortie de la vapeur usée ou condensats. Ainsi la vapeur admise se condense brutalement et il s'ensuit des coups de bélier d'une force telle qu'il y a eu éclatement.

Il est à remarquer que ce type d'erreur est déjà arrivé. Il n'existait alors pas de compensateur. Ce sont les éléments de la turbine qui en souffraient. Pour protéger la mécanique, ils ont donc été installés. Il était prévu des soupapes qui auraient remédié à la surpression, elles étaient en commande… Il fallait protéger la mécanique, qu’importent les risques pour l’utilisateur.

A Cofrablack comme dans bien des entreprises, l’heure est à la réduction des coûts.

L’exploitation en continu

A l’usine de Bordeaux d’OXYMETAL, un groupe qui compte 5 usines dans le pays et fait 220 millions de chiffre d’affaires, nous sommes 70 ouvriers dont un quart en intérim, qui produisons surtout des pièces pour des machines agricoles. Cette production se fait dans trois secteurs : découpe à l’oxycoupage, au laser et au plasma.

L’usine tourne en 3 x 8, avec embauche à 4 heures du matin, et pour rentabiliser au maximum l’utilisation des machines, une équipe tournera le week-end en 2 x 12. Les heures supplémentaires sont monnaie courante : le samedi, et dans la nuit de dimanche à lundi pour l’équipe de nuit. Il arrive que des camarades fassent 60 heures de travail sur une semaine.

Depuis plusieurs années, la situation des travailleurs de l’usine se dégrade : suppression de certaines primes, de la demi-heure de pause. Les conditions de travail sont de plus en plus pénibles : température proche de zéro l’hiver, voire moins, chaleur et poussière insupportables l’été, accidents (entorses, foulures, coupures, sections des tendons) fréquents.

Des intérimaires à qui on a fait miroiter au début de leur contrat une embauche au bout de trois mois, sont encore là un ou deux ans après, et toujours intérimaires. Et qu’ils viennent à demander une semaine de congé, le chef leur répond que " les intérimaires ne sont pas là pour prendre des vacances ". Les deux sociétés d’intérim avec qui traite OXYMETAL paient des salaires très bas, maintenant au niveau du SMIC depuis la hausse de 4 % et il y a des différences de salaires de 600 F et plus entre les deux : 15 F ou 35 F pour les primes de panier, 1,50 F de plus ou de moins sur le tarif horaire. Mais quand on demande à ces sociétés des explications sur de telles différences, elles répondent que c’est OXYMETAL qui fixe ses conditions. Certains, opérateurs sur les machines à plasma, qui ont un bac professionnel et sont payés au SMIC, disent : " c’est bien la peine d’avoir fait des études pour ça ".

Nous avons appris qu’il est question de mettre en place à la rentrée la loi de Robien qui impose une baisse des salaires contre une baisse du temps de travail : une attaque de plus contre nos conditions d’existence.

L’usine, comme nous l’avons su par une note confidentielle, a eu droit aux félicitations du PDG du groupe pour avoir réalisé 8,3 millions de chiffres d’affaires pendant le seul mois de juin. Et dans certains secteurs, nous avons eu droit à une réunion spéciale où on nous a annoncé, diagramme à l’appui, que l’usine renouait avec les bénéfices. " Vous devez tous vous sentir concernés par la réussite de l’entreprise ; ce qui est bon pour l’usine sera bon pour vous. ".

Inutile de dire que ces belles paroles n’ont trompé personne !

Education nationale (Angoulême), précarité et suppression de postes : " Allègre c’est du Bayrou ! "

Le lycée " Marguerite de Valois " est l’un des plus importants de la région avec 2000 élèves, 160 enseignants et 70 Agents Techniques (Atoss). Et pour tout le personnel, les différences de méthode et de politique entre le ministre de " droite " et le ministre de " gauche " ne sont pas évidentes... Jugez-en.

En janvier 1997, 4 agents contractuels sont licenciés par téléphone le vendredi soir : il leur est demandé de ne pas se présenter au lycée le lundi matin ! Le même jour, un projet de suppression d’une douzaine de postes d’Atoss est annoncé. Une Assemblée Générale d’une centaine de personnes se réunit rapidement. Une délégation d’une vingtaine de personnes est chargée de rencontrer l’administration le lendemain. Cette entrevue houleuse, au cours de laquelle l’intendant rappellera les menaces de privatisation des services de restauration, renforcera la détermination. Quelques jours plus tard, les 4 collègues sont réemployés dans des lycées de l’agglomération.

Mais les pressions de l’administration et l’absence de perspectives entraînent l’abandon progressif du mouvement. En juin, les suppressions de postes sont confirmées : 3 pour 1997, 8 pour 1998. " Vous récoltez ce que vous avez semé ", clame un représentant de l’administration aux militants du mouvement, avant de se rendre... fêter la victoire des socialistes locaux aux législatives.

Dans le même temps, 13 contrats CES sont signés. Il leur est imposé des horaires supérieurs à 20 heures hebdomadaires (jusqu’à 40 heures certaines semaines) pour " récupérer " les périodes de vacances scolaires !

Arrivés au terme de leur contrat (en principe 2 ans), ils sont " remerciés " et remplacés par d’autres.

Par ailleurs, des agents non titulaires, contractuels depuis 8 voire 12 ans, vivent continuellement dans l’incertitude et la peur du lendemain, sans espoir de titularisation.

Le 25 juin, une manifestation départementale intersyndicale de l’Education Nationale, la première depuis l’arrivée de la gauche au gouvernement, a rassemblé environ 200 personnes. L’appel était peu mobilisateur, demandant " une meilleure concertation avec le Recteur et le respect des engagements pris ", sans poser le problème de la titularisation des auxiliaires.

Cependant des maîtres auxiliaires (M.A.) sont venus pour exprimer leur crainte et leur méfiance. Ils sont excédés par les "concours réservés" qu’on leur a fait miroiter ! Ces concours sont le résultat de négociations entre Bayrou et les syndicats, en particulier le SNES (organisation syndicale majoritaire chez les enseignants) qui défend cette position au nom " du principe républicain de recrutement par concours ", alors que dans le passé, de nombreux enseignants ont été intégrés sans concours... avec l’aval du SNES ! Cette position a amené les M.A. exigeant leur titularisation à organiser un Collectif national indépendant, "refusant cette mascarade" (cette année, il y aura 2700 postes pour... 40 000 maîtres auxiliaires ! )

On y entendait d’ailleurs "Allègre c’est du Bayrou" ou "Grève à la rentrée ! ", en réponse aux déclarations du nouveau ministre ("il faut dégraisser le mammouth et décentraliser la gestion").

Le 29 juin, Allègre a annoncé le réemploi des M.A. et un plan de résorption et d’intégration (excluant toute titularisation automatique ) qui suscite déjà la plus vive méfiance.

Pour tous les précaires de l’éducation nationale (CES, Contractuels, MA), seule une action inter-catégorielle exigeant la titularisation immédiate de tous est de nature à réellement mobiliser les intéressés et à obliger le gouvernement à créer des postes.

Le " Tous ensemble " de décembre 95 pourrait bien revenir dans les esprits.

Les travailleurs de Renault et de Daewoo ont les mêmes intérêts

A l'usine Renault Cléon, près de Rouen, où sont fabriqués la plupart des moteurs et des boîtes de vitesses de la marque, l'accord signé fin mai entre Renault et le deuxième constructeur coréen Daewoo suscite de nombreuses discussions dans les ateliers. Cet accord prévoit la fourniture par Renault dès 1998 jusqu'en 2002, de 200 000 moteurs diesel qui seront faits à Cléon. Renault cède aussi 4 licences de fabrication de sa gamme de moteurs (dans les versions les plus récentes adaptées aux normes actuelles en matière de pollution). Au bout de huit ans, Daewoo en sera le seul propriétaire. Ce contrat rapporterait à Renault 1,5 milliards de francs sur plusieurs années. Si les travailleurs de Cléon ne semblent pas inquiets de la vente des seuls moteurs (après tout l'usine de Cléon fournit déjà en moteurs et boîtes de vitesses Volvo et Mitsubishi), les réactions dans les ateliers sont plutôt négatives au sujet des ventes des licences de fabrication. De nombreux travailleurs se demandent si Daewoo ne risque pas de devenir ainsi un sous-traitant en moteurs pour Renault, menaçant, à terme, l'activité de l'usine de Cléon. Il faut dire que depuis des années, la direction de Renault présente les constructeurs asiatiques comme la future grande menace pour l'automobile européenne à l'ouverture des frontières prévue à l'an 2000. Et c'est toujours au nom de cette même concurrence que Renault, Peugeot ou Volskwagen s'en sont pris depuis des années aux travailleurs de l'automobile prétextant ainsi les fermetures d'usines, des dizaines de milliers de licenciements et le recours à la flexibilité. La CGT dénonce ainsi l'accord avec Daewoo comme l'accord " de tous les dangers " et pire à ses yeux " un bradage qui affaiblit Renault " ". Dans un tract récent, distribué à Cléon, la CGT va dans le même sens que la direction de Renault en écrivant : " les groupes coréens arrivent pour manger l'Europe... et nous ? On leur livre notre technologie ". Dans l'Humanité, ce sont les mêmes discours nationalistes, sans doute pour faire passer au second plan la fermeture de Vilvorde que le gouvernement Jospin vient d'entériner.

Dans l'industrie automobile, des accords commerciaux du type Renault/Daewoo sont en fait monnaie courante et obéissent aux mêmes lois capitalistes de recherche du plus grand profit. Par exemple, outre Renault, le groupe Peugeot livre des moteurs diesel au japonais Nissan et Mercedes fait de même avec un autre constructeur coréen Ssangyong. En Europe, des marques japonaises ou coréennes sont distribuées dans les réseaux commerciaux de constructeurs européens et en Asie, la réciprocité existe aussi. C'est dire qu'en la matière, les trusts de l'automobile sont autant partenaires dans les affaires que " concurrents " ; ce que Renault illustre lui-même : " l'acheteur d'un véhicule se moque de la marque du moteur qui se trouve sous le capot ". Si Renault a choisi de vendre des moteurs à Daewoo, c'est pour faire rentrer de l'argent dans ses caisses et rentabiliser davantage ses installations de Cléon. Contrairement à ce qu'affirme la CGT, Renault a de son point de vue choisi la bonne " stratégie " pour faire encore plus de profits. Les patrons de Daewoo ont la même " stratégie " que Renault, Peugeot ou Volkswagen. Il ne s'agit pas en soi pour eux de développer la production mais de dégager le maximum de profits en diminuant leurs dépenses en salaires, en faisant tourner les machines et les installations le plus longtemps et le plus vite possible. Et quand il est nécessaire de dégager de l'argent frais, ces groupes vendent aussi bien des terrains, des usines que des licences de production.

Face à la stratégie des grands groupes capitalistes, les travailleurs doivent préparer la leur. La lutte gréviste n'est pas le propre des ouvriers d'un pays plutôt que d'un autre. En décembre dernier, les travailleurs coréens ont fait massivement grève pendant plusieurs semaines contre l'ensemble du patronat, les groupes Hyundaï, Daewoo ou Samsung qui voulaient imposer plus de flexibilité et de " " souplesse " dans les procédures de licenciements ! Plus de 10 000 salariés sud-coréens de Daewoo ont fait grève 24 heures mercredi 9 juillet pour obtenir une augmentation de 10 % des salaires de base et pour la réintégration de syndicalistes licenciés. Et ils parlent déjà de recommencer. Les ouvriers de Renault et ceux de Daewoo ne parlent pas la même langue mais ils ont les mêmes ennemis, les mêmes intérêts et sont à même de parler le même langage fondamental, celui de la lutte de classe contre tous les patrons.

Moulinex : licenciements, exploitation accrue, pillage des fonds publics et toujours plus de profits !

Les usines Moulinex de Mamers et d’Argentan dans lesquelles travaillaient respectivement 410 et 262 salariés devaient être fermées le vendredi 11 juillet. Mais dès le lundi, les ouvriers ont été avisés qu’ils avaient cinq jours de congé supplémentaires. " Il s’agit d’éviter une semaine difficile à vivre pour l’ensemble des employés " a dit la Direction. Elle avait surtout hâte de pouvoir faire son mauvais coup le plus discrètement et le plus rapidement possible : dès le mardi, commençaient l’inventaire et le déménagement des machines pour le Mexique et l’Irlande où Moulinex exploite les travailleurs pour des salaires encore plus misérables que les 5200 F mensuels en moyenne que touchent les salariés français.

Les fermetures des usines d’Argentan et de Mamers sont l’application du plan de licenciement massif décidé par Blayau, PDG de Moulinex, auparavant maître d’œuvre des licenciements à Saint Gobain. En juin 96, Blayau avait annoncé 2600 licenciements dont 2100 dans les usines françaises. Il prétextait alors un déficit record de 700 millions de francs dont en fait 600 millions avaient été provisionnés pour les licenciements ! L’annonce des licenciements avait entraîné une importante hausse des actions Moulinex à la Bourse.

Depuis Blayau a mis en place un " plan social " qui a surtout consisté pour lui à récupérer des centaines de millions de francs d’argent public et à imposer la flexibilité des horaires. L’application de la loi de Robien va rapporter à Moulinex 400 millions de francs de dégrèvements de charges sociales pendant trois ans renouvelables, avec la possibilité d’en bénéficier pendant une année supplémentaire, ce qui représente un dégrèvement de plus d’un milliard de francs. D’autre part, plus de cent millions de francs de subventions ont été accordés à Argentan pour l’implantation d’entreprises qui vont travailler en sous-traitance pour Moulinex et utiliser les locaux de l’usine qu’il vient de fermer ! L’opacité la plus complète est d’ailleurs la règle pour l’attribution de fonds publics à Moulinex.

Quant aux salariés, qui financent en tant que contribuables leurs propres licenciements, certains seront reclassés dans d’autres usines du groupe et doivent subir les conséquences de ces changements forcés, d’autres partent en préretraite, d’autres enfin ont subi " un départ volontaire " avec 80 000 francs ! Dans une petite ville comme Mamers, la fermeture de l’usine, qui était le seul employeur, condamne à la mort économique toute une région et à Argentan, le maire ne se fait guère d’illusions sur le sort des salariés " dans un an, quand ce petit magot ( la prime de départ de 80 000 F!)aura été consommé, j’en retrouverai quelques uns malheureusement à l’aide sociale de la ville. "

Sous prétexte de " sauver " 750 emplois, Blayau a pu imposer la flexibilité des horaires : lorsque cela arrangera l’entreprise, les salariés devront travailler 42 heures par semaine et jusqu’à dix heures par jour, ce qui dans une activité qui connaît des pointes saisonnières est pain bénit pour les dirigeants de l’entreprise !

Et toutes ces vies brisées, ces régions dévastées par les licenciements, ces fonds publics pillés sans vergogne pourquoi ?

Pour qu’au moment même, où la direction de Moulinex ferme les usines de Mamers et d’Argentan, elle annonce que pour la première fois depuis cinq ans l’entreprise a fait un profit net de 29 millions de francs !

C’est encore trop peu pour Blayau qui s’est donné pour objectif de faire 8 % de profits l’an prochain. Mais les actionnaires peuvent d’ores et déjà ses frotter les mains : l’action Moulinex a augmenté de 32 % depuis le début de l’année !

Les effets d'annonce de Gayssot : de la poudre aux yeux

Jean-Claude Gayssot, le ministre communiste des Transports vient d'annoncer la création de 2000 emplois à la SNCF en 1997. La direction du Parti Communiste Français s'est empressée d'amplifier l'effet d'annonce : Gayssot a fait la une de " L'Humanité " du 11 juillet. Dans l'éditorial, on pouvait lire que " la décision prise par J.C. Gayssot, au nom du gouvernement, va à contre-courant du cours des choses depuis des années. " Mais qui veulent-ils ou qui croient-ils tromper ? Ces six dernières années, ce sont près de 25 000 postes qui ont été supprimés à la SNCF. Alors comment peut-on voir dans ces 2000 emplois " le contre-courant " ? Le ministre des Transports et l'éditorialiste de " L'Humanité " se moquent de nous car ces 2000 emplois couvrent à peine le nombre de départs à la retraite sur l'année en cours. De plus, ces 2000 emplois se subdivisent en 1000 emplois statutaires et 1000 emplois dits " jeunes " (peut-être pour ne pas dire " précaires "?), qui entrent dans le cadre de la future loi de Martine Aubry sur les emplois-jeunes dont un certain nombre ne seront rien d'autre qu'une partie des Contrats Initiative Emploi programmés par le gouvernement précédent et reconvertis ou déguisés en " emplois-jeunes ". Sans commentaire.

Le second effet d'annonce de J.C. Gayssot, c'est la réduction de 20 milliards de francs de la dette de la SNCF... mais il reste encore 48,5 milliards de francs de dettes qui resteront bien sûr au Réseau Ferré de France (RFF), un morceau de la SNCF qui regroupe les rails et les gares. Et là encore, la direction du PCF voudrait nous aider à voir la vie en rose : ce serait " une rupture stratégique " et J.C.Gayssot " inverserait la logique ". Mais regardons tout simplement les choses telles qu'elles sont : au mois de février, Gayssot, avant d'être ministre des Transports, signait un tract pour demander l'abrogation de la réforme et du RFF, et aujourd'hui, il s'agit de " réformer la réforme " et de " créer les conditions de l'unicité des services publics ferroviaires " avec " un véritable contrôle de la Nation sur le développement du réseau ". En d'autres termes, la SNCF et le RFF seraient chapeautés par un " groupement d'entreprises publiques ". Mais où est la " rupture de stratégie " ? Car la SNCF, en deux ou trois morceaux, sera toujours à la recherche de la rentabilité financière pour payer les banques, auprès desquelles elle est endettée, et pour régler les surfactures des Bouygues, Lyonnaise des Eaux et autres Alsthom. Bref, en guise " d'inverser la logique ", ce sera encore une fois les cheminots et les usagers qui devront payer.

Echos des entreprises

HOPITAL CHU BOIS-GUILLAUME (ROUEN)

MAINTENANT ON RASE GRATIS !

La dernière "trouvaille" si l'on peut dire pour pallier le manque de personnel est de demander aux collègues en repos hebdomadaire à leur domicile de ne pas s'éloigner du téléphone. Certaines surveillantes nous expliquent : " en cas d'absence d'une collègue vous êtes susceptible d'être appelée pour la remplacer ". Et puis quoi encore ? Rappliquer toute affaire cessante au premier coup de sifflet ? Cela s'apparente à une astreinte non rémunérée. La véritable solution serait d'embaucher suffisamment de personnel pour faire face aux surcroîts d'activité.

SNCF - FRONT DES TRAVAILLEURS

(Bulletin rédigé par des militants de l'A.R.T. et de Voix des Travailleurs ouvert à tous ceux qui souhaitent s'y associer)

EMBAUCHE DE TOUS LES CES !

Mardi dernier, nous étions nombreux à Quatre-Mares pour exiger l'embauche des trois CES. La direction refuse, sous prétexte qu'ils n'auraient pas les diplômes ! Ils n'ont peut-être pas les diplômes, mais ils travaillent et tiennent toute leur place. Cela devient une politique systématique à la SNCF de boucher momentanément des trous avec des contrats sous-payés. C'est une autre manière de comprimer les effectifs et les salaires, c'est en fait maintenir le chômage. Alors il va falloir remettre ça pour les camarades concernés, et au-delà, pour imposer à la SNCF la conversion de tous les contrats précaires en embauches définitives.

RENAULT CLEON (ROUEN)

NE NOUS LAISSONS PAS FAIRE

Au bât.G, un camarade du 42/51, a reçu une lettre à propos d'absences répétées toutes liées à de courts arrêts maladie. La direction sait très bien que c'est pour soigner une blessure à l'œil que notre camarade s'est arrêté. Mais elle veut marquer le coup, tenter de nous intimider et faire pression pour que nous renoncions à nous soigner correctement. Nous avons débrayé dès l'arrivée de la lettre lundi dernier pour aller accompagner notre camarade au bureau du chef d'atelier et vendredi, c'est encore à 100 % que nous avons refait grève. D'autres camarades seraient menacés pour les mêmes motifs, il faut réagir de la même manière si la direction persiste.

COURSE AUX PROFITS = DANGER

Vendredi matin, au bât.E, une remorque de vilebrequins, une remorque de 800 kilos s'est détachée de l'arrière d'un chariot électrique et est allé percuter violemment les bureaux des méthodes de l'entretien, près du 43/60. La façade a été défoncée par le choc et cet accident aurait pu faire d'autres victimes. A cet endroit, et au même moment se trouvait la fourgonnette de livraison de casse-croûte. Dans sa course folle, la remorque a frôlé plusieurs personnes qui attendaient d'être servies, sans toucher personne. Au bât.E, l'allée qui longe les verrières est pire qu'une autoroute. C'est une circulation permanente de clarks et de fourgonnettes. Il y a quelques années, il n'y avait que les seuls chariots filoguidés qui circulaient. Pour des raisons de productivité et pour aller toujours plus vite, la direction a préféré la circulation de remorques, de pièces, entre les ateliers de bielles et des vilebrequins et Ingersoll. C'est l'irresponsabilité et la course aux profits de la direction qui rendent dangereux le ateliers !