Algérie : grandes manuvres au sommet, terreur et misère pour la population
Zéroual, le président algérien a fait mettre en liberté conditionnelle Abassi Madani, le leader du FIS emprisonné depuis cinq ans. En quinze jours, cest le troisième geste fait par le pouvoir algérien qui aille dans le sens de la recherche dun compromis avec le FIS, après la libération dAbelkader Hachani, un autre leader du FIS et le limogeage du responsable de la gendarmerie, connu pour être un adversaire intransigeant du FIS. La direction du FIS à létranger a accusé réception de ces gestes quelle a qualifiés " dacte positif " qui permet " de dégager un début de climat sain et favorable à la recherche dune solution politique globale ".
Zéroual qui se sent conforté par la mise en place en novembre 96 dune Constitution qui renforce son pouvoir et lélection ouvertement truquée - en juin dernier dun parlement quil contrôle, se sent en position de force pour tenter une nouvelle fois de faire un compromis avec les islamistes. Politique quil a déjà commencé à mettre en pratique puisque quatre ministères et trois secrétariats détat sont détenus dans le gouvernement algérien actuel par des représentants des deux partis islamistes légalisés par le pouvoir.
Ce nest pas la première fois que le pouvoir et les dirigeants du FIS tentent de trouver un compromis depuis linterdiction de celui-ci en mars 92. En 94 puis en 95, pendant trois mois et dans le plus grand secret, des négociations avaient eu lieu et finalement échoué. Il est impossible de dire quel sort connaîtra cette nouvelle tentative mais la possibilité dun accord ne peut être écartée. Car si le pouvoir algérien et notamment les chefs de larmée que représente Zéroual, et les dirigeants islamistes se livrent une lutte acharnée pour lexercice du pouvoir, rien de fondamental ne les sépare.
Pendant des années, le sabre sest allié au croissant pour tenir les masses en respect par des mesures particulièrement réactionnaires comme le Code de la famille, qui légalise loppression des femmes algériennes.
Rien dans le fatras réactionnaire énoncé par Madani en avril dernier et demandant la protection " de la religion, de lindividu, de la progéniture, de la raison et des biens " ne peut choquer le pouvoir algérien !
Dailleurs, Madani est lui-même un exemple de cette cohabitation entre les idées réactionnaires de lislamisme et le pouvoir algérien. Il a été longtemps été militant du FLN - élu notamment conseiller municipal dAlger en 1974 - tout en animant des mouvements islamistes. En octobre 88, lors des émeutes qui se terminèrent par le massacre à la mitrailleuse lourde de centaines de jeunes à Alger, cest à Madani que Chadli, chef de lEtat à cette époque, sétait adressé pour servir dintermédiaire et ramener le calme. En contrepartie en mars 89, le pouvoir algérien avait autorisé la création du FIS.
Face aux masses algériennes, leaders islamistes et généraux défendent les mêmes intérêts et rien de positif ne sortirait pour elles dun accord entre le pouvoir et le FIS. Car cest toujours la population algérienne et notamment ses couches les plus pauvres qui continuent à payer au prix fort le bras de fer que se livrent larmée et les groupes armés islamistes. En une semaine, 120 algériens ont été assassinés, égorgés ou tués par des bombes qui auraient fait 60 morts sur le marché de Baraki. Entre la terreur exercée par les groupes islamistes et la répression féroce à laquelle se livre larmée dans les quartiers populaires, la population assiste, impuissante pour le moment, à ces tractations qui, quelle que soit leur issue, namèneront ni la fin de la guerre civile, ni la fin de loppression, bien au contraire.
Cette terreur a permis jusquà maintenant de limiter les mouvements de contestation sociale dune classe ouvrière qui subit de plein fouet la politique du gouvernement et de limpérialisme à travers les restrictions budgétaires exigées par le FMI, garant du paiement des dettes aux créanciers occidentaux et notamment français, principaux responsables de la misère qui règne en Algérie. Aucun emploi public na été créé depuis 1990, 28 % de la population active sont au chômage et plus de 50 000 travailleurs seront licenciés en 1997. Face à cela, la classe ouvrière algérienne, qui ne peut compter sur aucune organisation - lUGTA, la seule centrale syndicale étant inféodée au pouvoir - exprime son mécontentement : pilotes dAir Algérie, aiguilleurs du ciel, enseignants, chauffeurs de taxi ont mené des grèves et tenté de créer des syndicats indépendants. Lélection aux législatives dernières de Louisa Hanoune et de trois représentants du Parti des travailleurs, quelles que soient par ailleurs les réserves que lon puisse faire sur les perpectives quils défendent, témoigne de ce mécontentement dune fraction des travailleurs.
La seule alternative qui permettrait au peuple algérien de sortir de cette barbarie, ce serait la naissance dune force politique défendant les intérêts des couches populaires et les organisant pour lutter contre les possédants et les dictateurs et apprentis dictateurs qui ensemble, leur imposent la terreur pour leur faire accepter la misère. Mais cela peut dépendre aussi de ce qui se passe de ce côté-ci de la Méditerranée. Car le sort des travailleurs algériens et des travailleurs français est étroitement lié, quelles que soient les tentatives de les diviser au nom de préjugés racistes ou religieux, tout aussi obscurantistes les uns que les autres.
Poudre aux yeux, morale et tour de vis pour les travailleurs britanniques !
Le gouvernement britannique de Tony Blair dont Jospin avait salué la victoire et dont il sest dit " lami " a présenté le premier budget travailliste depuis 18 ans. Le moins quon puisse dire, cest quil ne présente guère de rupture avec les budgets présentés par les conservateurs.
La pression fiscale va peser plus sur les consommateurs, cest à dire sur les salariés que sur les entreprises. Les taxes sur lessence, la vignette automobile et lalcool vont être augmentés tandis que les impôts sur les entreprises baisseront de deux points passant de 33 à 31 %.
Le gouvernement travailliste, comme ici les socialistes français, a beaucoup parlé de créer des emplois pour les jeunes et les chômeurs de longue durée. Ces emplois seront financés par des subventions aux patrons qui recevront 600 à 750 F par semaine pendant six mois pour employer des jeunes sans obligation dembauche à lissue de ces stages. Ces subventions doivent être financées par un impôt exceptionnel de 48 milliards de francs sur les profits " excessifs " des anciennes compagnies publiques passées au privé. Mais à en juger par les réactions de lune dentre elles, lex-compagnie nationalisée des eaux du Sud-Ouest, désormais propriété dune société américaine qui a transféré 5 milliards de bénéfices dans les caisses de filiales américaines dès la nouvelle connue, la perception de la taxe ne sera sans doute pas très facile.
Par contre, ce qui sera appliqué à coup sûr, ce sont les dispositions contraignantes à légard des jeunes chômeurs qui devront accepter les emplois proposés aux conditions qui leur seront imposées, sous peine de perdre leur droit aux allocations chômage. Les jeunes devront accepter soit un stage chez un patron, soit un travail dans une équipe chargée de projets touchant à lenvironnement pour 15 livres par semaine en plus des allocations chômage, soit accepter un placement dans une organisation de bienfaisance. En cas de refus, les allocations seraient suspendues pour deux puis quatre semaines. Selon les termes de Gordon Brown, le ministre des finances travailliste " le système social de lan 2000 ne donnera rien sans rien ". Cela dépend à qui
Des deux côtés de la Manche, ce sont donc les mêmes recettes : des cadeaux aux patrons et de la morale pour les jeunes chômeurs. On comprend que lindice Footsie de la Bourse de Londres se porte aussi bien que le CAC 40 après les débuts du gouvernement Jospin. Après lannonce des mesures présentées par Gordon Brown, il sest envolé de 23 points !
Alors que le chômage a encore augmenté au mois de juin, les plans de licenciements à venir chez Renault, Electrolux, Peugeot, etc., vont encore aggraver la situation de la classe ouvrière. Il n'y a pas d'autre solution pour enrayer la dégradation des conditions d'existence de l'immense majorité des salariés que de prendre sur les profits patronaux et que les travailleurs se donnent les moyens de contrôler les comptes des entreprises qui ne sont secrets que pour eux, les capitalistes n'ayant aucun secret entre eux. Pour certains militants syndicalistes, les comités d'entreprise pourraient jouer en partie ce rôle. Qu'en est-il ? Dès leur origine, les CE ont été des organes de collaboration de classe. Nés des " comités de production " mis en place par des ingénieurs, des techniciens ou des ouvriers dans les entreprises où les patrons s'étaient compromis avec le régime vychiste, ils ont été officialisés en 1945. Le parti communiste, au gouvernement de 44 à 47, appelait alors à participer à la " bataille de la production " pour reconstruire l'économie et restaurer les profits des patrons. Il s'est servi de ses militants dans les entreprises pour faire " retrousser les manches ", selon l'expression de Thorez, le dirigeant du PC de l'époque. Par l'intermédiaire des CE, les militants du PC ont encadré la classe ouvrière pour lui faire accepter une politique qui n'était pas la sienne. Une fois la bourgeoisie remise en selle, les CE sont devenus un des moyens d'intégration des organisations syndicales. En contrepartie de miettes concédées par le patronat dans la gestion des uvres sociales par les militants syndicalistes, les salaires sont maintenus à un niveau le plus bas possible. Et les militants syndicalistes sont prisonniers dans les CE, de ce rapport de classe imposé par le patronat. Par exemple, le bilan financier présenté aux délégués ne doit pas être rendu public. De toute façon, les quelques informations données aux CE n'ont pas grand-chose à voir avec les comptes réels des entreprises et surtout les bénéfices réels. Et même si une législation nouvelle élargissait leur pouvoir, le minimum que devrait faire un gouvernement de gauche, cela ne suffirait pas. Le contrôle sur les entreprises ne pourra se faire que par la mobilisation consciente des travailleurs, sur leurs lieux de travail, et par la volonté de se donner les moyens de répertorier les richesses créées par le travail pour les faire servir à ce qui va dans le sens de leurs intérêts. Des CE, organismes de collaboration de classe, ne pourront naître des comités de travailleurs, démocratiques, larges, en rupture avec toute idée de collaboration de classe, sur la base de la remise en cause de la propriété privée capitaliste.
Mars et " Rocky ", l'avenir est déjà là
La sonde américaine Mars Pathfinder, lancée le 4 décembre du centre spatial Kennedy en Floride, s'est posée le 4 juillet dernier sur la planète Mars, après un voyage de 500 millions de kilomètres dans l'espace, à la vitesse de 21,804 kilomètres par seconde. Depuis, le robot Sojourner, baptisé " Rocky ", explore les alentours du sol martien grâce à son spectromètre lui permettant d'étudier la composition chimique du sol et envoie des photographies à la planète Terre grâce à ses trois caméras. Les 3000 photographies déjà reçues au centre spatial ont confirmé aux scientifiques l'hypothèse d'énormes quantités d'eau qui auraient coulé sur le sol de Mars, il y a des milliards d'années. L'atmosphère, riche en gaz carbonique, dans la jeunesse de la planète, oriente les travaux vers la recherche d'une vie bactérienne fossilisée. L'analyse d'un rocher, recelant du quartz, comme certaines roches terrestres, étudié par le " bras " du robot, témoignerait qu'il y aurait eu une activité volcanique sur une longue période. Toutes ces découvertes concernent l'ensemble de l'humanité et la date du 4 juillet, jour anniversaire de l'indépendance des Etats-Unis, choisi pour l'atterrissage de la sonde sur Mars, est bien dérisoire face à des progrès qui permettent de repousser les limites de la connaissance dans le domaine de l'apparition de la vie. Car si l'engin est américain, la prouesse technique, elle, n'a pu être obtenue que par la coopération et le travail de milliers d'hommes, par-delà les frontières. Les puces électroniques qui pilotent l'ordinateur à bord de l'engin spatial ont été fabriquées dans les usines d'électronique ; ce sont des ingénieurs, des techniciens, des ouvriers qui ont produit tout ce qui a rendu possible l'envoi du robot sur la planète Mars. C'est l'intelligence humaine qui a réalisé l'exploit technique enthousiasmant permettant l'exploration de Mars, comme les premiers pas des hommes sur la lune, en juillet 1969. L'humanité possède les moyens techniques et humains pour réaliser des prodiges scientifiques qui n'en sont encore qu'au stade de l'ébauche et qui permettront peut-être, demain, d'envoyer des hommes sur Mars. Tous ces progrès se font alors que sur la planète Terre, la survivance du capitalisme pousse de plus en plus d'hommes et de femmes vers le chômage et la crainte du lendemain. Les hommes sont capables de maîtriser le progrès et de le faire servir à leurs besoins malgré le frein exercé par le système capitaliste qui n'a aucune maîtrise sur la production désorganisée par lanarchie de la concurrence. Mettre le progrès au service de tous pour satisfaire tous les besoins humains ne pourra se faire qu'en débarrassant la production de la concurrence, du profit et de la propriété privée. Et du ridicule des frontières