CSG : de leffet dannonce au recul, ou comment préparer la suite
Le gouvernement Jospin a décidé de mettre en application en 98 le remplacement des cotisations dassurance maladie par une augmentation de la CSG portée à 7,4 %.
Cette mesure nous est présentée par le gouvernement et les médias comme une mesure de justice sociale : les cotisations maladie ne sont payées que par les salariés alors que la CSG touche tous les revenus, y compris ceux du capital. Ce nest pas faux sauf quelle pèsera dautant plus que les revenus sont bas.
Le gouvernement a le front de présenter aussi cette mesure comme une augmentation du pouvoir dachat des salariés, notamment du secteur privé : 4,8 % de cotisations maladie seraient remplacées par un prélèvement de 4 %, ce qui représenterait un gain de moins de 1 %.
Mais même cette augmentation dérisoire, la plupart des salariés du privé ne la toucheront pas. Car si les cotisations maladie ne touchent que le salaire brut et pas les primes, la CSG frappe tous les revenus y compris les primes, qui pour de nombreuses catégories de travailleurs du secteur privé constituent une part importante du salaire. Quant aux salariés du secteur public, ils seront aussi lésés car la CSG sera prélevée également sur des primes.
Après avoir laissé planer volontairement le doute, le gouvernement semble ne pas vouloir provoquer en décrétant que la nouvelle CSG sera déductible des impôts. De la même façon, après avoir laissé croire que le contraire aurait été possible, il semble sûr maintenant que les retraités et les chômeurs imposables (cela représente 10 % des chômeurs indemnisés) qui jusqualors payaient 2,8 % de cotisations dassurance maladie, ne seront pas imposés plus lourdement.
Jospin se donne lair magnanime en laissant planer les menaces pour, grand seigneur, arbitrer afin de ne pas provoquer de vague. Il avance cependant, prudemment, certes, mais sûrement dans le sens de nouvelles attaques contre les salariés et les plus démunis.
Il se place dans la droite ligne de ses prédécesseurs : Juppé avait augmenté la CSG d1 % et baissé les cotisations maladie de 1,3 %. Après Rocard qui avait mis en place la CSG en 91, Balladur qui lavait augmentée et Juppé qui avait amorcé le basculement des cotisations dassurance maladie, Jospin parachève la manuvre. Cest la continuité au service des mêmes intérêts, ceux des patrons. Et ce quil na pas osé faire aujourdhui, il le fera demain, lui, ou un autre.
SNCF : une irresponsabilité criminelle
13 morts dont un agent de conduite, un cadre de la SNCF et 40 blessés, tel est le bilan de laccident survenu au passage à niveau de Port-Sainte-Foy en Dordogne.
Cet accident ne doit rien à la fatalité car ce passage à niveau était de longue date connu comme très dangereux y compris bien évidemment des services de la SNCF puisque le PN 395 aurait été la cause de 70 accidents entre 1985 et 1995 selon un rapport interne de la SNCF. Les syndicats en avaient depuis longtemps dénoncé le danger. Le Comité hygiène et sécurité avait même recommandé de limiter la vitesse de circulation des trains à 30 km/h aux abords du passage à niveau, ce que la direction navait pas accepté.
Ainsi, malgré quelques aménagements, le piège mortel était toujours en place.
Le PDG de la SNCF évoque le coût trop élevé, d'après lui, du remplacement par des ponts (10 millions pour celui de Port-Sainte-Foy). Il précise que la SNCF ne peut supprimer que 500 passages à niveau par an, sur les 17500 restants...
A ce rythme, il faudrait 35 ans pour les supprimer tous. Et combien de morts et de blessés ?
Pourtant l'argent existe à la SNCF, mais comme l'a révélé la publication de ses dettes (140 milliards) il sert à enrichir les banquiers et les actionnaires des grosses sociétés qui, telles Bouygues et Alsthom, pillent sans aucun contrôle le service public depuis des années.
Des chiffres officiels accablants
Un rapport a été communiqué à Martine Aubry par la direction des études et statistiques du Ministère du Travail sur l'évolution des revenus durant les dix dernières années. Ces chiffres se suffisent à eux-mêmes.
En 1979, 72 % des ménages tiraient leurs revenus de leur seul travail, ils ne sont plus que 65 % en 1994. La part des " transferts sociaux " (allocations chômage, RMI, aides, etc.) concerne maintenant 30,4 % des revenus des ménages, et pour 12,1 % (contre 7,5 % en 1984) c'est l'unique source de revenus ! Mais si les revenus stagnent et baissent pour les plus pauvres, ils ne cessent d'augmenter pour les plus riches.
Les différences de salaire entre salariés du même âge, de même qualification augmentent : un CDD a 6 % de salaire en moins en moyenne qu'un CDI dans la même situation que lui. Un quart des salariés à temps plein d'une même entreprise a vu sa rémunération baisser entre 1994 et 1996. C'est le résultat de l'individualisation des salaires et des primes. A cela s'ajoute l'augmentation des cotisations salariales des salariés : 8,7 % en 1975, 20,9 % en 1994.
Mais selon le principe des vases communicants ces pertes de revenus du monde du travail ne sont pas perdues pour tout le monde puisque la part des salaires dans les chiffres daffaires des entreprises est passée de 40,5 % en 1975 à 35,3 % en 1997. C'est paraît-il un indice de bonne santé qui va en s'améliorant ! A cela il faut ajouter la baisse des impôts depuis les années 80 et celle des taux d'intérêts. Autrement dit tout va bien du moment que c'est le monde du travail qui en fait les frais.
Les travailleurs de la Poste font céder la direction
Lundi 8 septembre dans la nuit, 80 % des travailleurs du tri manuel et de la manutention du centre de tri Jean-Jacques Bosc à Bègles (banlieue bordelaise) se sont mis en grève en organisant un piquet de grève pour empêcher larrivée et le départ du courrier. Au lendemain de lannonce par le gouvernement de la privatisation de France-Télécom, alors que la Direction faisait un chantage à lacceptation dhoraires plus contraignants sous prétexte de lintroduction dune nouvelle trieuse inaugurée en grande pompe il y a quinze jours par le Secrétaire dEtat à lIndustrie venu pour la circonstance visiter le centre, les travailleurs ont voulu mettre un coup darrêt à une politique de dégradation de leurs conditions de travail et de leurs salaires.
Linstallation de la trieuse automatique pour objets plats - la TOP -, doit, selon la Direction, entraîner des restructurations et limposition de nouveaux horaires, voire la suppression de 7 postes. Alors, elle a " proposé " à 92 agents de faire des horaires encore plus contraignants que les 2x8, de 3h à 11h du matin. Les 43 travailleurs qui ont refusé se sont vus convoquer pour un entretien individuel au cours duquel, selon la Direction, il sagissait " didentifier les problèmes que ces nouveaux horaires feraient surgir dans leur vie personnelle " ! Elle fait pression, en sappuyant sur linquiétude engendrée par le chômage, pour que les travailleurs soient de plus en plus flexibles, à la merci de lentreprise.
Après une longue liste dattaques contre la sécurité de lemploi et les conditions de travail, cette fois, cen était trop. A la Poste comme dans les autres services publics, les travailleurs voient bien dans quelle direction va la politique du gouvernement, ses privatisations actuelles ; pas dans " le bon sens " dont parle Robert Hue ; au contraire. Mais malgré les pressions et les chantages au " courrier en souffrance " dans la presse ainsi que la mise en marche du centre de tri parallèle à Armagnac, appelé le " centre daide départementale " où se sont échinés 100 intérimaires encadrés par des chefs, les agents ont tenu bon. Conscients quil ny a que la lutte pour se faire entendre, ils nont repris le travail vendredi que lorsquils ont eu lassurance que la Direction ne supprimerait pas de poste ni nimposerait aucun nouvel horaire aux agents.
Où sont les vrais fils à papa ?
Le 16 août 1996 était signé un contrat entre des entreprises de manutention et le syndicat général des ouvriers dockers du port du Havre. Une des clauses donnait la priorité dembauche aux enfants de dockers.
Si cet accord sétait mis en place, cest bien parce quil ny pas assez demplois et que les dockers cherchaient à protéger leurs enfants, ce que chacun peut comprendre.
Mais la Cour dAppel de Rouen ne lentendait pas de cette oreille. La clause vient dêtre frappée de nullité au motif quelle présente " un caractère discriminatoire, qui crée une inégalité des citoyens dans laccès à lemploi ". Rien de moins !
Voilà qui est bien parlé, mais pourquoi la loi ne se soucie-t-elle pas de trouver un emploi aux 3,5 millions de citoyens chômeurs officiellement recensés ? (sans parler des autres). Et surtout, pourquoi ne sattaque-t-elle pas à une autre discrimination, bien plus scandaleuse celle-là car elle porte sur des sommes bien plus colossales : la transmission de père en fils des capitaux dentreprises qui se sont constitués sur le sang et la sueur de générations douvriers ?
Voilà une loi qui permet une discrimination dune autre ampleur : la propriété est un droit qui se transmet chez les Rothschild, chez les Schneider, chez les Hersant, chez les Dassault, chez les Bouygues, chez bien dautres encore.
Mais pour la loi bourgeoise les protections ou les garanties que peuvent obtenir les salariés sont des atteintes à la liberté individuelle tandis que les privilèges que les capitalistes se transmettent de père en fils sont des droits.
Deux échos du bulletin Renault Cléon (Seine-Maritime)
AVIS AUX AMATEURS
La direction a envoyé de nouvelles mises en garde contre deux militants de la CGT qui avaient distribué des tracts à l'intérieur du Bât.E. Au mois de juillet, un autre délégué du Bât.G avait eu la même mise en garde. A Cléon, depuis l'ouverture de l'usine en 1958, soit depuis 40 ans, les délégués ont toujours distribué dans les ateliers. Que cherche la direction en remettant en cause cette pratique ?
Sans doute, ne veut-elle pas qu'on rappelle ses mauvais coups, les horaires, les cadences de plus en plus dures à tenir et les suppressions de postes qu'elle voudrait faire passer en douceur ?
Les travailleurs de Cléon ont déjà montré dans le passé qu'ils n'aimaient pas qu'on leur dicte ce qu'ils doivent lire et l'endroit où le lire. Alors, avis aux amateurs !
A NOUS LE PACTOLE !
Louis Schweitzer, PDG de Renault, triomphe. Il vient d'annoncer un bénéfice record : 1,67 milliards de francs pour le premier semestre 97, dépassant largement les prévisions les plus optimistes.
Ainsi donc Renault se porte bien. Une question se pose : qui produit de plus en plus, qui enrichit l'entreprise ? C'est nous les ouvriers de Cléon comme ceux des autres sites.
Avec ces 1,67 milliards, il y a largement de quoi financer 1 500 F de plus par mois pour tous. C'est plus que légitime, c'est un dû.
Les travailleurs des telecom face aux menaces
Selon le journal " Les Echos ", France Télécom bat le record de France des profits. De quoi attirer bien des convoitises ! LEtat compte bien en profiter pour empocher quelques 40 milliards de francs tout en faisant un cadeau aux capitalistes.
Cette privatisation se situe dans la suite logique du projet déjà défendu du temps dun autre socialiste, Paul Quilès et qui a abouti en 91 sous le gouvernement Cresson à la séparation de la Poste et des Télécoms en deux établissements publics autonomes. Depuis le 31 décembre 1996, France Télécom est devenu une société anonyme. Mais ce qui masque les problèmes depuis des années, cest que cette entreprise étatisée est auréolée de vertus quelle na pas. Etatisée ou pas, cest une entreprise capitaliste qui fait des profits, qui achète elle aussi des parts de capital, 33 % du capital des Télécoms sénégalais le 21 juillet dernier, qui multiplie les marchés en Chine, au Viêt-nam, en Pologne...
Et cest dans cette logique-là, que les gouvernements Juppé ou Jospin se placent ainsi que le PDG Michel Bon : rentabilisation, recherche de profits, travailleurs de plus en plus précarisés. Et les travailleurs de France Télécom en font directement les frais : depuis 2 ans, 18 000 départs en retraite et congés de fin de carrière nont été remplacés que par 6 000 embauches et le plus souvent sous forme contractuelle.
Et cest contre cela que les travailleurs de France Télécom ont à se battre tout comme dans les autres secteurs quils soient publics ou privés.
Les travailleurs de France Télécom sont inquiets, à juste titre. Cela s'est manifesté dans les résultats du référendum organisé par le syndicat SUD. Comme on pouvait s'y attendre, la très grande majorité des travailleurs se sont prononcés contre l'ouverture du capital. Mais ce n'est pas cela qui arrêtera la direction et le gouvernement.
Les directions syndicales n'ont pas proposé de perspectives claires et fermes de lutte contre les menaces qui s'accumulent. Certains employés exprimaient leur amertume : " C'est décidé d'avance, on ne peut rien faire " ou encore " T'as entendu Robert Hue, même lui, il ne dit rien, il ne peut rien ".
La perspective, les travailleurs des Télécoms la trouveront dans leurs propres luttes, non pas pour la seule défense du statut des Télécoms, mais pour obtenir des embauches, des augmentations de salaires, mettre un terme au travail contractuel et précaire et imposer ces mesure de défense face à la direction, au gouvernement et à tous les trusts qui gravitent autour de France Télécom.
Voix des travailleurs passe hebdomadaire, un nouveau pas...
VOIX DES TRAVAILLEURS passera hebdomadaire au lendemain des fêtes de rentrée, c'est à dire à partir du 2 octobre, du numéro 11. Cela représente bien sûr un effort important d'autant qu'il s'inscrit parmi bien d'autres tâches, mais un effort indispensable si nous voulons nous donner les moyens de contribuer au mieux à ce que se constitue un regroupement des révolutionnaires, une organisation unique des révolutionnaires.
Pour que notre projet prenne corps, il faut que s'organise un réseau de diffusion efficace et précis, que chaque lecteur devienne, selon ses possibilités, un diffuseur, un informateur, un soutien financier... Rien ne se fera sans les idées, les initiatives, lenthousiasme de chacun. En avant camarades et bon courage.