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Pour la rentrée des jeunes... Dans la lutte politique

La rentrée des lycées a eu lieu, insouciante pour beaucoup, pleine d’inquiétudes pour d'autres. Une rentrée avec un ministre qui fait la leçon aux profs. Ce n'est pas qu'il veuille venger les élèves qui ont eu à subir quelques vexations ou humiliations, c'est qu'il voudrait rendre les profs responsables de la mauvaise marche de l'Education nationale. Mais l'Education nationale va mal parce que toute la société va mal, parce que toute la jeunesse est confrontée à une crise. Les profs en sont eux aussi les victimes et la responsabilité en revient à cette société où tout est fait pour une minorité privilégiée au détriment de toute la population.

Incapable d'assurer à chacun une vie riche et digne, cette société nous oppose les uns aux autres pour tenter de " réussir ". Pour la majorité, " réussir ", c'est tout simplement s'en sortir. Cette concurrence pour réussir, s'en sortir, la peur de l'avenir comme la crainte des autres alimentent les incompréhensions, la violence que tout le monde déplore et condamne mais que personne ne peut empêcher parce qu'elle est le résultat de la folie de cette société.

On ne peut y échapper sans subir qu'en s'emparant des idées de la contestation sociale pour affirmer une volonté et des choix en rupture avec la logique de la folie de ce système.

S'engager, militer, ce n'est pas l'embrigadement mais la pleine liberté de penser, de critiquer, dans la démocratie la plus large, donner à la culture, aux idées, leur force émancipatrice, loin des préjugés et des idées toutes faites où chacun dit ce qu'il faut dire en fonction des modes, des conformismes.

L'anticonformisme ce n'est pas le culte de l'individualisme poussé jusqu'aux plus étranges caricatures, que l'extrême-droite saura flatter pour l’embrigader dans sa politique agressive et violente. L’anticonformisme, c’est tourner le dos à l'individualisme et au mépris des autres pour rejoindre le camp de la solidarité, du dévouement aux autres, à la collectivité, des rapports de camaraderie qui naissent de la contestation de l'ordre bourgeois. L'altruisme est le seul égoïsme intelligent et humain.

Une force nouvelle doit naître, elle ne pourra trouver toute sa vigueur que si la jeunesse en est pleinement partie prenante, affirme sa propre personnalité dans le combat pour redonner un visage sain et honnête, démocratique et révolutionnaire aux idées du socialisme et du communisme.

La main d'Arlette pour Robert Hue ou la logique du renoncement

Ceux qui regardaient le journal de 20 heures sur TF1 dimanche dernier ont assisté à une petite scène étonnante et grotesque : Arlette Laguiller, sourire crispé, serrant la main d’un Robert Hue épanoui, dans le cadre de la fête de l'Huma. La rencontre médiatisée par TF1 n'était pas due au hasard mais à un choix réciproque de la part de la direction du PC et de celle de LO.

Arlette a ensuite bredouillé devant la caméra qu'elle n'avait pas été favorable à ce qu'il y ait des ministres communistes au gouvernement et elle a enchaîné piteusement : " Je crois qu'ils sont un peu l'otage du Parti Socialiste.[silence] Enfin... on verra. "

Pour bien des militants du PCF, c'est tout vu : le gouvernement Jospin est du côté du grand patronat. Les ministres du PC ne sont pas des " otages " du PS mais ils font le sale boulot gouvernemental pour le compte de la bourgeoisie, bien sagement, aux côtés de leurs collègues du PS.

Et voilà qu'Arlette Laguiller qui avait l'image de marque d'une militante révolutionnaire intransigeante, d'une porte-parole honnête des intérêts de la classe ouvrière va cautionner ce Robert Hue qui veut faire avaler à son parti toutes les couleuvres liées à la participation gouvernementale du PC.

En demandant à Arlette d'aller cautionner timidement Robert Hue, ce qui est une façon de soutenir honteusement le gouvernement, la direction de LUTTE OUVRIERE prend le contre-pied de son attitude passée lorsqu'elle refusait qu'Arlette aille s'exprimer au forum de Bercy du PC, alors dans l'opposition. Sa complaisance actuelle à l'égard de la direction du PC est la suite logique de son sectarisme à l'égard des militants du PC d’il y a peu de temps. Nous en avions eu un exemple il y a un an, lorsqu'elle s'était opposée à ce que la section de Bordeaux de LO, avant sa dissolution, invite le PC à sa fête, alors que celui-ci l’avait invitée à un forum à la sienne.

Dans le même temps, la direction de LUTTE OUVRIERE, qui demande à Arlette de s'afficher avec le politicien Robert Hue, organise le boycott des fêtes unitaires de l'extrême gauche à Rouen et Bordeaux en interdisant à ses militants de s'y rendre. Voilà à quoi mène la logique du renoncement qui tente de se masquer derrière la morale : sectarisme à l'égard des militants révolutionnaires, opportunisme à l'égard de la direction du PC qui prétend vouloir faire " réussir " la gauche gouvernementale mais fera tout pour faire échouer la classe ouvrière dans ses efforts d'émancipation.

Ainsi la direction de LO tourne le dos à ses propres militants, à toute l'extrême-gauche. Elle n'a plus le choix puisqu'il lui faut bien donner l'impression d'avoir malgré tout une politique. Elle tente donc d'aller chercher la reconnaissance de Robert Hue en échange du petit crédit gagné par Arlette Laguiller. Un crédit gagné par des années de travail militant et de combat politique contre le réformisme stalinien comme social-démocrate.

Depuis, le PCF et toute la presse ont fait l'impasse de façon méprisante sur la rencontre Hue-Arlette. Mais cela n'effacera pas la petite vilenie qu'on a fait faire à Arlette et qui pourrait suffire, si les militants de LO ne se ressaisissent pas, à ruiner le crédit gagné par un âpre et tenace travail collectif.

Mais au moins avec cet épisode, tout est clair. La direction de LO montre son nouveau visage et le sens véritable de notre exclusion apparaît au grand jour six mois plus tard. Aux camarades de LO de choisir : avaler les couleuvres, tout accepter jusqu'à la lie ou bien se battre pour notre idéal commun.

Deux idoles d’un monde pourri disparaissent. Vive le monde du travail !

Après les messes parisiennes du pape, les télévisions et la grande presse nous abreuvent d'images de foules s'inclinant devant Lady Diana et Mère Teresa. Ils cherchent à nous abasourdir, à nous chloroformer avec des spectacles de gens en larmes, soumis, dépossédés d'eux-mêmes. Les gouvernants et tous les profiteurs de cette société aimeraient tant que les classes populaires et la jeunesse se mettent à genoux pour adorer unanimement la trinité du pape, de "Lady" Di et de "Mère" Teresa. Mais ce sont les idoles d'un monde pourri qu'ils voudraient nous faire admirer. Car ils ont sacrément besoin d'en redorer le blason et de masquer la réalité d'un système inhumain, désespérant et qu'il nous faudra détruire.

Les deux stars qui viennent de disparaître et qu'on voudrait nous donner en exemple, symbolisent bien une société en pleine décadence sous le poids du fric et de ses contradictions. L'une faisait partie de ces aristocrates et de ces milliardaires qui se croient tout permis parce qu'ils ont l'argent, les titres et la notoriété. Ils ont le même mépris pour les autres et la même irresponsabilité que les nobles de l'ancien temps. Ces gens-là se font conduire par un chauffeur ivre à près de 200 km/h à travers Paris à bord d'un de leurs modernes carrosses Mercédès coûtant la bagatelle de 400 000 francs pièce. La vie de ces parasites consiste à ne rien faire, à quitter un palace pour se rendre à un château, ou à un yacht. Mais même cela ils ne savent pas toujours le faire et ils en perdent stupidement la vie comme Diana Spencer. Alors il n'y a pas de quoi se pâmer parce que cette personne vivant dans un luxe éhonté a fait quelques gestes charitables pour tuer son ennui ou pour améliorer son image médiatique.

L'admiration que tous les dévots conformistes cherchent à provoquer à propos de Mère Teresa est tout autant mal venue. Elle était la porte parole des idées les plus obscurantistes. Elle s'opposait fanatiquement à la contraception et au droit à l'avortement. Elle était l'amie des riches et des puissants, notamment de Diana, de Reagan et du dictateur Jean-Claude Duvalier qui fut le bourreau du peuple haïtien. Les fonds importants qu'elle collectait étaient consacrés en grande partie à créer des couvents et des institutions religieuses tandis que ses petites cliniques de Calcutta étaient scandaleusement sous-équipées.

Dans cette société le dévouement de quelques personnes fortement médiatisées est au service des institutions religieuses, monarchiques ou financières. Il est là pour servir leur prestige, pour donner une apparence plus avenante à un monde profondément répugnant dans lequel 1,3 milliard de personnes vivent avec moins de six francs par jour tandis que le patrimoine des sept personnes les plus riches de la planète est de 80 milliards de dollars.

Le dévouement réel, efficace, la générosité à l'égard des autres, ils sont le fait des travailleurs et non de quelques personnalités se consacrant à la charité avec la bénédiction des riches. Dans les services sociaux, dans les écoles, dans les dispensaires et dans les hôpitaux de tous les continents, il y a des millions de salariés qui font preuve d'un dévouement extraordinaire pour éduquer, aider, soigner et ramener à la vie des hommes, des femmes et des enfants frappés avant tout par les calamités sociales engendrées par le capitalisme. Eux agissent sans ostentation, en toute simplicité, sans avoir besoin de gloire médiatique. Rien d'étonnant à cela car ils font partie de la classe ouvrière, une classe composée essentiellement de gens honnêtes, désintéressés et qui sont les seuls à pouvoir offrir un avenir à l'humanité.

Nous qui faisons partie du monde du travail, nous sommes les seuls capables de supprimer toutes les injustices de la planète. Rien qu'à Calcutta il suffirait d'exproprier les plus grosses fortunes et de réquisitionner quelques banques occidentales pour faire disparaître rapidement toute la misère effroyable qui y prolifère ; et les mouroirs de Mère Teresa n'auraient plus lieu d'être. Les travailleurs, les damnés de la terre n'ont pas besoin de la compassion de qui que ce soit. Ils n'ont pas besoin qu'on les plaigne Mais ils n'ont pas non plus à se laisser intimider par tous ces prêtres, journalistes, politiciens de gauche ou de droite qui voudraient les entraîner par leur sermons écoeurants à faire des courbettes devant leurs icônes. Que tous ces tartuffes réalisent entre eux leur union sacrée pour tenter de sauver un système basé sur le profit et toutes les formes d'égoïsme social. Qu'ils se gavent de discours moraux vantant l'humiliation, la soumission volontaire à des idées et à un système révoltants.

L'altruisme authentique est de notre côté, du côté du monde du travail. Les jeunes et les travailleurs qui aspirent à une société humaine ne peuvent que rejeter toutes les idoles et les gourous. En s'emparant des idées socialistes et communistes authentiques, ils deviendront une force invincible à même de construire une société libre, débarrassée de l'exploitation et de la misère.