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Comores : échec de l’intervention militaire contre la population d’Anjouan

Alors qu’il avait fait débarquer le mercredi 3 septembre 300 soldats dans l’île d’Anjouan, avec l’objectif de briser par la force la révolte de la population, le gouvernement comorien a du faire rembarquer ses troupes, et reconnaître son échec publiquement.

Tout avait été fait pourtant pour que l’opération réussisse : l’ampleur des moyens militaires, mais aussi la ruse, grossière, consistant à affirmer que ces mouvements de troupes n’étaient que des manœuvres, et la calomnie, la radio d’état diffusant que les insurgés d’Anjouan étaient des " alcooliques et des drogués ". Avec, qui plus est, la complicité du gouvernement français et de l’Organisation Unitaire Africaine, les deux déclarant quelques heures à peine avant le début de l’intervention, qu’ils ne pouvaient ignorer, que l’heure était à la discussion et à la négociation. Une tentative d’endormir la méfiance de la population d’Anjouan.

Mais la population d’Anjouan ne s’en est pas laissée compter ni intimider : elle avait déjà gagné la sympathie de la population des autres îles par sa détermination lors de sa révolte en août, au point que les capitaines des deux navires marchands réquisitionnés pour transporter les troupes ont refusé de le faire, et ont été immédiatement arrêtés. Lorsque les troupes ont débarqué, elle s’est à nouveau mobilisée et a livré combat, infligeant de lourdes pertes à l’armée comorienne : il y aurait eu en tout 56 morts, mais 40 du côté de l’armée et une trentaine de blessés. Pendant les combats, un général français, sans doute imbu du mépris du colonial pour les " petits " peuples avait déclaré : " Ce n'est pas Stalingrad et l'intensité des combats est plutôt basse, d'après nos informations qui ne sont pas directes ".

Les uns et les autres ont du ravaler leur arrogance devant l’évidence de l’échec : après une série de communiqués triomphants annonçant le succès de l’opération militaire, le gouvernement a dû battre en retraite piteusement, et annoncé le retrait de ses troupes dès le vendredi soir.

Et le lendemain, c’est dans les rues de la capitale même des Comores, siège du gouvernement central, que la population a manifesté contre cette intervention militaire et le régime du dictateur comorien Mohamed Taki. Celui-ci, au bout du compte, n’aura fait que se discréditer davantage et se ridiculiser quand il croyait obtenir la victoire par ce coup de force. Et même si la population d’Anjouan n’est pas à l’abri d’une autre intervention, même si elle suit pour l’instant une politique qui ne correspond pas à ses intérêts, c’est une leçon de choses qui en dit long sur ce que peuvent la détermination, le courage et la lutte.

Le terrorisme de l’Etat israélien, principal responsable du terrorisme du Hamas : une impasse sanglante pour les peuples du Moyen-Orient

La politique de Nétanyahou : une oppression accrue du peuple palestinien, première responsable du terrorisme

Depuis qu’il est arrivé au gouvernement, Nétanyahou n’a cessé de multiplier les actes de répression contre les Palestiniens. Il a soutenu la colonisation de Jérusalem Est, expulsé de la ville des milliers de ses habitants arabes, détruit des centaines de maisons palestiniennes, bouclé les territoires palestiniens réduisant au chômage des milliers de travailleurs qui ne pouvaient se rendre en Israël et interdisant aux Palestiniens tout déplacement même pour des soins urgents. Cette politique qui accentue la misère et l’humiliation de la population palestinienne a poussé le désespoir et la colère jusqu’à l’exaspération.

La répression de l’Etat israélien, les provocations de l’extrême-droite israélienne et des colons ont entraîné de sanglantes réactions. Fin juillet et début septembre, deux attentats-suicides se sont produits en plein Jérusalem. Ce sont des actes de désespoir dont la responsabilité incombe avant tout à l’état israélien.

Le terrorisme du Hamas, fruit du désespoir et impasse politique

Mais la politique des dirigeants intégristes qui commanditent ces attentats tourne le dos à la libération du peuple palestinien. Elle s’appuie sur sa révolte et notamment celle des plus jeunes, mais elle ne leur offre aucune issue. Elle rejette la population israélienne derrière ses dirigeants et son état, aggrave le fossé entre les deux peuples, alimente la peur et la haine. Les attentats aveugles contre la population israélienne ne sont pas seulement la preuve du mépris que les dirigeants du Hamas ont pour le peuple israélien, ils montrent aussi le mépris qu’ils ont pour leur propre peuple. Tout comme les islamistes algériens, ils ne le considèrent que comme un instrument dans la lutte pour le pouvoir qu’ils mènent contre l’Etat israélien mais aussi contre Arafat auquel ils disputent l’autorité sur le peuple palestinien. En dressant leurs peuples l’un contre l’autre, les dirigeants israéliens et les dirigeants du Hamas peuvent plus facilement les maintenir en tutelle.

L’impérialisme américain exige d’Arafat qu’il soit un gendarme plus zélé de son propre peuple

Nétanyahou ne pourrait pas mener sa politique si elle ne trouvait de puissants appuis extérieurs et tout d’abord celui de l’impérialisme américain. L’attentat du début septembre précédait la visite du secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright, venue disait-elle, pour relancer le processus de paix. Mais si elle s’est contentée de remontrances à Nétanyahou lui demandant d’éviter de prendre des " décisions unilatérales ", elle a consacré l’essentiel de ses interventions à demander à Arafat une plus grande répression : " la lutte contre le terrorisme doit être globale, implacable et soutenue. Elle ne peut pas être menée simplement lorsque cela est commode " a-t-elle déclaré.

A la tête de l’Autorité palestinienne, Arafat est donc sommé d’être le gendarme de son propre peuple, parqué dans des " territoires autonomes " qui rappellent les bantoustans sud-africains du temps de l’apartheid. Depuis la création de l’embryon d’état palestinien, Arafat joue ce rôle avec un zèle tel que les Israéliens lui ont reproché de ne pas avoir mené une répression semblable à celle qui avait suivi l’attentat de juillet où les policiers palestiniens avaient emprisonné des centaines de militants du Hamas. Pour se maintenir au pouvoir, Arafat est en permanence obligé de jouer un jeu de balance, partagé entre sa volonté d’apparaître comme un partenaire fiable aux yeux de l’impérialisme et de l’état israélien et la crainte d’être discrédité auprès des Palestiniens s’il répond avec trop de docilité aux injonctions des Américains et des Israéliens.

Tant que le peuple palestinien sera opprimé, il n’y aura pas de solution possible au Moyen Orient

La situation est donc bloquée. Le processus de paix entamé par les accords d’Oslo et qui correspondait à un recul de l’Etat israélien, arraché par l’Intifada, la révolte des pierres, des jeunes Palestiniens des territoires occupés, n’a amené au peuple palestinien qu’un espoir déçu. L’oppression de l’Etat israélien, la misère dans les territoires occupés engendrent une révolte qui faute d’une perspective politique peut prendre les formes les plus désespérées. Le peuple israélien et le peuple palestinien spolié de ses terres, ne peuvent échapper à l’impasse sanglante dans laquelle ils sont prisonniers depuis près de cinquante ans, que s’ils s’unissent. Cela ne pourra se faire que si une fraction importante de la population israélienne entame la lutte contre ses propres dirigeants, dénonce l’oppression subie par les Palestiniens, tisse avec eux des liens de solidarité et de lutte.

De leur côté, les Palestiniens ne pourront venir à bout de l’oppression que s’ils savent trouver dans la population israélienne des appuis dans leur lutte contre l’Etat israélien. L’Intifada avait provoqué des réactions de solidarité dans la population israélienne et le trouble et le désarroi chez nombre de jeunes soldats israéliens qui n’acceptaient pas d’être transformés en bourreaux de jeunes de leur âge luttant avec des pierres pour leur liberté.

Le peuple palestinien et le peuple israélien n’ont d’autre solution que de s’allier contre l’oppression que subissent les Palestiniens et qui est d’abord et avant tout le fait de l’impérialisme américain et de l’Etat israélien, son allié fidèle contre les peuples du Moyen Orient.

Allègre : démagogue à défaut de régler les problèmes

La rentrée sous le gouvernement de Jospin, c'est comme la rentrée sous celui de Juppé : de nombreuses classes surchargées et toujours des postes supprimés. C'est pourquoi des personnels de lycées ou de collèges sont en grève et que de nombreuses écoles dans le pays ont été occupées et le sont encore.

Que fait le ministre de l'Education Nationale pour faire face à la situation ? Quelques semaines après ses déclarations sur le " mammouth à dégraisser " (traduire : le personnel enseignant), Claude Allègre, a affirmé sans vergogne que 12 % d'absentéisme chez les enseignants est " une chose insupportable ". Il a dû corriger peu de temps après ces chiffres mensongers, l'absentéisme réel des enseignants est de 5,7 % c'est à dire un taux proche de celui du privé. Non content de cela, il a récidivé en s'en prenant aux formations payées auxquelles ont droit les enseignants et qui les feraient quitter leur poste dès septembre à peine rentrés de vacances. Ces stages ont en fait une durée moyenne de 3,5 jours par an et par enseignant et sont accordés au compte-gouttes.

Allègre ment consciemment pour désigner les enseignants comme des privilégiés, aux yeux des autres travailleurs et des parents. C'est la basse démagogie anti-fonctionnaires que tous les politiciens emploient quand ils veulent tromper les travailleurs et dévoyer les mécontentements. Michel Charasse de son côté, pour ne pas être en reste sans doute a fait la démagogie inverse en se déchaînant contre les parents.

Il ne s'agit pas d'un écart de langage. Le but est calculé : monter parents et enseignants les uns contre les autres. Le gouvernement se moque des problèmes réels. Toute sa politique consiste à faire de l'esbroufe mais il n'est pas question de débourser un sou. Ces déclarations tonitruantes visent à préparer l'opinion à des attaques brutales contre le personnel enseignant, contre l'ensemble des fonctionnaires comme elles se font contre tous les travailleurs.

Immigration : Debré prêt à voter la loi Jospin !

Cela fait maintenant plusieurs semaines, du rapport Weil à l’avant projet de loi Chevènement et finalement au projet de loi décidé par Jospin lui-même, que l’opinion publique est préparée à la mise en place d’un texte dont Chevènement et Jospin ont dit qu’il serait " ferme ". Les sans papiers de Saint Bernard en savent quelque chose, eux qui ont envahi le siège du Mouvement des Citoyens, le parti de Chevènement, pour protester contre le fait que la situation d’une centaine d’entre eux n’est toujours pas régularisée.

En rendant les derniers arbitrages, Jospin a pris une mesure symbolique : le maintien des certificats d’hébergement, mis en place par la gauche au début des années 80 et dont des dizaines de milliers de manifestants avaient demandé la suppression en manifestant contre la loi Debré.

Jospin a aussi allongé le délai de rétention le faisant passer de dix à quatorze jours. C’est Pasqua qui en 1993 avait fait porter le délai de rétention de sept à dix jours.

Pour bien montrer que la loi Jospin était dans la continuité de sa politique, l’ancien ministre de l’Intérieur, Jean Louis Debré, qui a ironisé sur les " reniements des socialistes ", a dit qu’il était prêt à voter cette loi. Il est vrai que sur les 19 articles de la loi Debré, quinze sont inchangés, un seul, insignifiant, l’article 17 a été abrogé.

Le slogan pour les prochaines manifestations de solidarité avec les travailleurs immigrés est tout trouvé :

" A bas les lois Pasqua – Debré – Jospin ! ".