" Teneurs de promesses " et défenseurs du vieux monde
Samedi 4 octobre, des centaines de milliers d'hommes se sont rassemblés à Washington, venus de tous les Etats-Unis à l'appel du mouvement religieux chrétien les " Promise Keepers " (les teneurs de promesse).
Certains commentateurs ont attribué à ce phénomène un caractère typiquement américain, communautaire, presque libéral en quelque sorte, puisque non raciste ; il faut être singulièrement aveugle pour voir les choses ainsi. On sait bien ce que cache l'apolitisme de tels mouvements. Derrière leur bons sentiments, ils colportent les mêmes idées réactionnaires véhiculées aux quatre coins de la planète par toutes les religions quelles qu'elles soient. Les dirigeants des " P.K. " sont contre l'interruption de grossesse, pour la prière à l'école, contre les droits des homosexuels. Ils proclament vouloir sauver la nation de la débâcle morale par la Bible et la famille. Et en toute logique, ils interdisaient la présence des femmes à leur manifestation.
Les représentants des " P.K. " ont le soutien des ultraconservateurs du Parti républicain. Et le président américain Bill Clinton s'est cru obligé de saluer " la sincérité " des hommes rassemblés à Washington. Quel connaisseur ! Ce qui est inquiétant, c'est leur rapide développement dans les quatre dernières années, reflet de la crise de la société américaine et de la montée des idées réactionnaires du fait de la carence du mouvement ouvrier.
Au même moment, Jean Paul II, chef de la première secte mondiale, en tournée au Brésil, enfourchait les mêmes chevaux de bataille : la défense des valeurs familiales catholiques et l'interdiction de l'avortement au moment où le Brésil s'apprête à voter une loi autorisant l'IVG en cas de viol et de danger pour la vie de la mère.
Quelles que soient les églises ou les sectes, elles défendent l'ordre établi des classes dirigeantes au pouvoir, leurs valeurs dépassées et moyenâgeuses.
USA : les riches s'enrichissent au détriment de la majorité de la population
" Après des années et des années de stagnation des revenus familiaux, la classe moyenne américaine, trop longtemps oubliée, est en pleine ascension " déclarait Clinton à l'annonce des chiffres des statistiques sur l'évolution des revenus aux Etats Unis. Hypocrite, - comme si les classes moyennes américaines avaient jamais été laissées pour compte !-, mais lucide, puisqu'en effet la progression de 1,2 % des revenus des ménages profite aux catégories sociales les plus élevées. Cynique, Clinton laisse entendre qu'il y aurait comme une justice à cela.
C'est faux, bien évidemment et l'écart entre les revenus des différentes classes sociales se creuse au détriment des plus démunis.
Les salaires stagnent, et 36,5 millions de personnes, soit 13,6 %, vivent en dessous du seuil de la pauvreté. Le nombre de personnes vivant avec moins de la moitié du seuil de pauvreté, les " très pauvres " des catégories statistiques a progressé de 500 000 alors que le nombre de personnes qui ne peuvent bénéficier d'une assurance maladie a augmenté de 1,1 millions atteignant le chiffre de 41,7 millions d'Américains.
La richesse se concentre toujours plus : un cinquième de la population s'approprie prés de 50 % des revenus.
Ces riches se nourrissent de la sève de la société au point qu'ils en menacent non seulement la santé, mais la vie.
Contrition et déclaration de repentance ou l'hypocrisie, institution de l'église
A quelques jours de l'ouverture du procès Papon, les évêques de France ont fait, mardi 30 septembre, une " déclaration de repentance " sur le rôle de l'Eglise sous Vichy lors d'une cérémonie officielle au mémorial du camp de Drancy. Cet " examen de conscience ", ce " mea culpa " 57 ans après la première loi sur le statut des Juifs par le régime de Vichy, ont été largement commentés. Ils ont bénéficié d'une grande publicité et dune grande complaisance de la part de l'ensemble des médias et de toutes les " autorités ". Le Figaro allant même jusqu'à titrer " Courageux "... C'est une notion, comme toute notion morale, très subjective, certes...
L'Humanité écrit ce jour-là : " Cette demande de pardon est appréciée comme un acte de grande portée, aux significations multiples "... Des significations multiples, et... impénétrables sûrement comme les " voies du Seigneur "... pensent nos bons apôtres qui ont fait leurs écoles dans l'Eglise stalinienne.
Ces bonnes âmes voudraient nous convaincre que nous sommes entrés dans l'ère du " pardon ", où tout est du domaine des " bonnes intentions ", où il n'y a que des " erreurs ", des " incompréhensions "... L'évêque qui a lu la déclaration au nom du clergé, fait porter la responsabilité de la hiérarchie catholique sur " les chrétiens " qui n'ayant " pas obéi aux prescriptions de leur conscience, ont fait passer des intérêts secondaires avant les commandements de Dieu ". Quel art de se décharger de ses responsabilités...
L'Eglise, éternel bras droit de tous les pouvoirs, bonne fille toujours obéissante, s'est, à quelques exceptions près, rangée comme un seul curé aux côtés du régime de Vichy. Ceux qui aujourd'hui font mine de s'étonner d'une telle attitude qui ne serait pour eux qu'une " erreur ", un ralliement malheureux, et qui glorifient cette " démarche spirituelle " qui amène à " reconnaître ses fautes ", tentent d'occulter le rôle de l'Eglise, sa fonction. Cet étonnement intéressé, ces bons sentiments affichés par ceux qui célèbrent, genou plié, cette " purification de la mémoire ", voudraient effacer une page pour le moins trouble de l'histoire de l'Eglise. Falsification et mensonges qui ne sont pas l'uvre du Saint-Esprit, mais de tous ces bons journalistes, ecclésiastiques ou hommes politiques " honnêtes " et " sincères " toujours prêt à plier un genou devant le pouvoir et son alliée l'Eglise.
Dieppe, Paluel, Penly : la pilule antinucléaire est amère
Dans le courant du mois de novembre, les 52 communes qui entourent les sites nucléaires de Paluel et Penly (Seine-Maritime) vont recevoir des bons pour retirer des comprimés d'iode dans certaines pharmacies. L'absorption d'un comprimé d'iode permet la saturation en iode sain de la glande thyroïde qui, ainsi, ne peut plus fixer l'iode radioactif présent dans l'atmosphère polluée en cas de rejet. Ces comprimés seront à prendre uniquement sur instruction de la Sécurité civile.
La presse locale énumère les villages concernés dans un périmètre de 10 km des sites nucléaires. L'inquiétude est grande, notamment parmi les habitants de certains quartiers de Dieppe, à peine plus de 10 km de Penly, et qui eux n'auront pas droit à ces pilules. La Préfecture précise qu'ils pourront toutefois se les procurer en payant...
Cette mesure, qui se veut sans doute rassurante, produit l'effet exactement inverse...
Quand Penly a été ouvert, les capitalistes du nucléaire avaient certifié que les sites étaient sans danger aucun. Le nucléaire aux mains des capitalistes est un danger pour ceux qui travaillent sur les sites et pour les populations avoisinantes.
L'usine Grande Paroisse, filiale d'Atochem, filiale de Elf, située à Grand-Quevilly (près de Rouen), fabrique des engrais et produits chimiques. Récemment, l'atelier P4 (phosphorique 4 )a été arrêté pour travaux.
La cuve " d'Attaque ", là où le phosphate est " attaqué " par de l'acide sulfurique pour produire de l'acide phosphorique devait être nettoyée. La Direction a fait appel à la société de nettoyage Malézieux qui emploie beaucoup d'intérimaires. Son slogan publicitaire est " l'esprit de service ".
Voici un aperçu de ce qu'elle entend par là : les travailleurs de cette entreprise ont nettoyé la cuve tout le lundi 29 septembre de 7h30 à 17 h, travail pénible et dangereux. A 21 h, ils devaient se remettre à la tâche, avec dans la nuit un arrêt de trois heures. Ils ont passé ce court moment de repos dans un bungalow situé dans l'enceinte de l'usine, assis sur des chaises, la tête entre les bras sur une table, sans même la possibilité de s'allonger, de se doucher, puisque la douche est là mais pas raccordée à l'eau. Après ce bref répit, ils ont dû reprendre le travail jusqu'à 11h45. Et, comme si ce n'était pas suffisant, après le déjeuner, ils devaient retourner voir le chef de chantier pour savoir si l'on avait encore besoin d'eux. De retour à la maison, les intérimaires attendaient un coup de fil de la boîte d'intérim (Elbeuf Intérim) pour savoir si leur mission était terminée. Ces entreprises sont totalement hors la loi puisque le minimum légal d'arrêt est de six heures plus deux heures de trajet. Mais ces marchands d'esclaves se moquent éperdument des risques qu'ils font courir à leurs employés.
La Direction de Grande Paroisse, lorsque ces faits ont été dénoncés par des syndicalistes de l'usine a fait semblant de les découvrir. Comme d'habitude, elle reporte toute la responsabilité sur les entreprises sous traitantes. Mais la sienne est tout autant en cause. Car c'est bien elle qui, en toute connaissance de cause sous-traite depuis des années les travaux d'entretien les plus pénibles et les plus dangereux en utilisant des travailleurs sous-payés et surexploités.
Crompton-Oissel (76) : coup de colère
Depuis la rentrée de septembre, un fort mécontentement s'exprime dans cette usine chimique de colorants de la région de Rouen.
Ce mécontentement avait débuté avant les vacances suite à une note écrite d'un chef qui traitait les ouvriers ni plus ni moins que de bons à rien, de paresseux, d'incapables et autres amabilités.
La direction demande toujours plus de production (16 % de plus depuis janvier), tout en continuant à supprimer les effectifs (sept suppressions de poste sur 174 ouvriers). Quant aux salaires, ils n'ont augmenté que de 0,7 % en avril. Face à ce mécontentement général dans les ateliers, plusieurs assemblées générales ont eu lieu entre le 18 et le 23 septembre regroupant de 60 à 100 personnes. L'atmosphère était à la grève. La Direction a pris peur et a sorti le 29 septembre un catalogue de promesses d'amélioration des conditions de travail accompagné d'une prime exceptionnelle de 1500 F payable en octobre.
Mais le 30, à l'AG du matin, les 70 présents ont estimé que c'était insuffisant et sont allés le dire à la direction qui a revu sa copie. Mercredi 1er octobre, elle annonçait six embauches d'intérimaires face au surcroît de travail. L'assemblée générale a décidé après un vote de s'en tenir là et s'est donnée rendez-vous au 15 pour vérifier si la direction respectait ses engagements.