Page 2



Le monde capitaliste : un bagne pour 250 millions d'enfants

A Oslo, une brochette d'experts de l'ONU et des ministres de 40 pays se penchent sur le sort de 250 millions d'enfants de cinq à quatorze ans qui sont soumis à une exploitation forcenée dans des plantations, dans des mines, dans des échoppes ou dans des usines. Au Népal ou au Pakistan, ils perdent la vue en fabriquant des tapis. En Afrique du Sud, ils s'épuisent dans les mines. En Inde, ils touchent l'équivalent de 2 francs 50 pour rouler mille cigarettes. Tous ces enfants prolétaires travaillent fréquemment plus de 10 heures par jour et n'atteignent pas l'âge adulte.

Que nous proposent les " bonnes âmes " qui se réunissent en Norvège pour mettre un terme au martyre de ces enfants ? Ce n'est pas simple, nous expliquent-ils doctement. Boycotter les produits fabriqués par ces enfants entraînerait l'aggravation de leur sort... Comme l'idée ne leur vient pas à l'esprit d'exiger quoi que ce soit des employeurs directs ou indirects qui exploitent ces enfants, ils affirment tous en choeur comme la directrice de l'UNICEF que " la clé c'est l'éducation ". Ainsi, il suffirait de sortir ces enfants exténués de leur bagne un certain laps de temps par jour pour les coller sur un banc d'école pour que tout s'arrange. Il suffirait, disent-ils, de 6 milliards de dollars supplémentaires dans les budgets consacrés à l'éducation et à l'aide sociale, soit moins de 1 % des dépenses mondiales en armements, pour qu'il soit possible d'envoyer tous les enfants du monde à l'école. Il suffirait... mais cela ne se fera pas.

Parce que tous les Etats taillent dans leurs budgets sociaux (quand ils existent) pour aider leurs riches à consolider leurs profits. Cela ne se fera pas avant tout parce que d'une façon ou d'une autre, les bourgeoisies du monde entier tirent beaucoup de plus-value de l'exploitation de ces enfants. Au Bangladesh par exemple un enfant travaillant dans le textile reçoit comme salaire 1/600eme du prix de vente aux Etats-Unis d'une chemise fabriquée par lui. Le système capitaliste ne saurait négliger une main d'œuvre aussi rentable de 250 millions de personnes et dont le coût est aussi dérisoire.

Mais ces jeunes exploités s'éduqueront autrement que l'imaginent les fonctionnaires de l'ONU et les ministres. Ils s'éduqueront à l'école de la lutte des classes aux côtés de leurs aînés. Pour que cesse l'exploitation dont ils sont victimes, il faudra la thérapie de choc de la révolution prolétarienne, une révolution libératrice pour toute l'humanité et à laquelle participeront pleinement tous les exploités, quel que soit leur âge.

Budget sécu : Martine Aubry sur les traces du plan Juppé

Lorsqu'elle a présenté ce budget de la Sécurité Sociale, Martine Aubry a déclaré : " la Sécurité Sociale profite à tous, chacun doit participer à son financement afin de ne plus faire porter l'effort sur les salaires ". Cette affirmation est un mensonge, car la réalité est totalement différente. Le RDS (remboursement des dettes de santé) est maintenu et prolongé. Tous les salariés sont concernés. La CSG est augmentée de 4,1 % pour remplacer la cotisation maladie. Le gouvernement dit que les salariés vont y gagner 1,1 % de pouvoir d'achat. C'est en fait un tour de passe-passe. La CSG s'intégrant en grande partie dans le revenu imposable, le soi-disant " gain " va être récupéré par l'Etat sous forme d'impôts sur le revenu pour la quasi totalité des salariés. Tous les calculs le prouvent.

La CSG touchera les plans d’assurance vie, d’épargne logement et les plans d’épargne. Mais pour les revenus du capital, qu'en est-il ? Les actionnaires, petits ou gros, ceux qui font des opérations boursières et financières, verront leurs plus-values taxées à partir d'un seuil que Martine Aubry dit " modéré " : au-delà de 16 000 francs pour les plus-values, dividendes, actions sous forme de placement, ce qui n'est sans doute que la partie visible de l'iceberg des fortunes.

Le patronat se frotte les mains : les exonérations de cotisations ne seront pas touchées. A ce sujet, le rapport de la Cour des Comptes de la Sécu destiné aux députés, est instructif : " le développement des exonérations des cotisations introduit un élément de fragilité dans les prévisions de recettes du régime général ". D'après ce rapport, les exonérations de cotisations patronales pour les salariés au SMIC ont représenté 36,5 milliards en 96. Celles du Contrat Initiative Emploi 11,6 milliards en 96. Il faut y ajouter les 30 % d'abattement sur les cotisations patronales pour les salariés employés à temps partiel. Tous ces cadeaux aux patrons pourraient servir à combler le trou de la Sécu. Naturellement les salariés ne bénéficient eux, d'aucune exonération. Par ailleurs le projet de loi garde une certaine opacité, ce qui n'est pas innocent. De quelle façon précise seront touchés les revenus des retraités et des chômeurs par la CSG ? Ce qui est sûr par contre, c'est que les revenus des entreprises, leurs bénéfices ne seront pas taxés.

Ce même rapport de la Cour des Comptes souligne que " le Parlement ne dispose donc pas en matière de Sécurité Sociale d'informations comptables comparables à celles qui lui permettent d'exercer sa mission en ce qui concerne le budget de l'Etat ".

Les députés n'ont apparemment pas besoin d'y voir plus clair. Seuls les salariés et les chômeurs auraient intérêt à mettre les pieds dans le plat pour contrôler tous les comptes de l'Etat et ceux de la Sécurité Sociale.

Florilège réactionnaire

Dans son éditorial du jeudi 16 octobre consacré à l'immigration, " Le Figaro " écrivait entre autres : " le problème de l'immigration aurait mérité que l'on s'interroge, au minimum, sur l'opportunité d'un redéploiement du regroupement familial. Cette pratique, développée à partir de 1974, a engendré une immigration d'ayant droits, majoritairement improductifs. Pour eux, la France est devenu d'abord un prestataire d'allocations. L'ampleur du chômage et des déficits sociaux aurait dû conduire à sa restriction. "

Les immigrés, responsables du trou de la Sécurité sociale, c'est une antienne de la droite et de l'extrême-droite. Mais qui a dit le jeudi 15 octobre ? " Les immigrés en règle ont les mêmes droits sociaux que les Français. Si la frontière réguliers - clandestins était abolie qu'adviendrait-il de l'équilibre de la Sécurité sociale sans parler de la situation dans certains quartiers ? "

C'est Chevènement en personne. Pour les socialistes, " combattre Le Pen sur son terrain ", c'est reprendre ses arguments. Pas difficile de voir à qui cela va profiter.

La réalité des 35 h à la mairie de Bordeaux

Le 1er septembre, Juppé a claironné sur tous les médias que les employés de la mairie de Bordeaux passaient immédiatement à 35 h sans diminution de salaire. Il avait obtenu l’accord de FO, le syndicat majoritaire. On nous avait expliqué que cette diminution du temps de travail permettrait aux agents de " mieux concilier la vie professionnelle et la vie familiale ".

Dans les faits, nous faisons la semaine de quatre jours, pour la plupart d’entre nous, mais quand ils disent qu’il n’y a pas de diminution de salaire, il faut voir : nous avions auparavant 51 jours de congés payés, à partir de maintenant nous n’aurons plus droit qu’à 24 jours, plus 5 jours " au bon vouloir " du maire.

Le passage à quatre jours et l’augmentation de l’amplitude journalière bouleversent la vie de beaucoup d’entre nous. Cela pose des problèmes d’organisation comme la garde des enfants, des problèmes de transport (d’autant que dans les nouveaux horaires il y a beaucoup de coupures qui rallongent encore la journée). Et au bout du compte cela fait des frais supplémentaires.

Mais surtout, on attend toujours les embauches. Nos collègues en contrats précaires (C.E.S., contrats à temps partiel) ont été licenciés... pour être remplacés par de nouveaux contrats précaires. Cela veut dire que la charge de travail n’a pas changé, ce qu’on faisait en 37 h, il faut maintenant le faire en 35 h. Sans compter que la " charte " pondue par la mairie et le syndicat signataire précise qu’en cas d’absence de l’un d’entre nous, les autres doivent assurer le travail, il n’y aura pas de remplacement.

Ce n’est pas de leur baratin qu’on a besoin, c’est d’embauches en C.D.I.