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Nos sœurs noires américaines ont la santé

500 000 selon la police, plus d’un million selon les organisatrices : le week-end dernier, les femmes noires américaines ont manifesté en masse à Philadelphie, venues de tous les Etats-Unis, par les bus affrétés pour l’occasion ou à plusieurs en voitures. Elles ont ainsi pris le relais des hommes de la communauté noire qui, il y a deux ans, avaient participé à une " Marche d’un million d’hommes ", à cette différence près que contrairement au leader de " Nation d’Islam ", Farrakhan, qui les avait exclues de cette manifestation, elles se sont adressées, elles, à leurs " frères ", ont sollicité leur soutien financier et leur ont dit : " Occupez-vous de vos enfants, faites leur la cuisine et nourrissez les, aidez les à faire leurs devoirs, faites leur la lecture et jouez avec eux... C’est une bonne occasion de nettoyer maison ou appartement... Les frères sont les meilleurs cuisiniers qui existent... Nous avons tous besoin les uns des autres ". Une façon de combattre avec humour les préjugés de leurs compagnons sur lesquels spéculent les intégristes à la Farrakhan. La meilleure réponse étant aussi qu’elles n’ont eu besoin de personne pour s’organiser et se mobiliser, sans pour autant exclure les hommes de leur manifestation. Comme l’une d’elles l’a dit à un journaliste : " Nous, femmes noires nous nous sommes occupées de tout le monde depuis que nous sommes dans ce pays. Nous nous sommes occupées des femmes blanches, des hommes blancs, des enfants blancs... de nos hommes, de nos propres enfants. Et maintenant, il est temps que nous nous occupions de nous-mêmes. ".

Certaines manifestantes ont tenu à affirmer qu’elles " ne manifestaient pas pour expier (comme Farrakhan avait appelé les hommes noirs à le faire), mais pour la guérison de notre nation, de notre communauté, de nos familles... ".

Leur plate-forme revendique la mise en place de programmes permettant l’accès aux soins, au logement, à l’éducation, et réclame - c’en est le premier point - une enquête sur le rôle de la CIA dans la diffusion de la drogue dans les quartiers noirs, de même que sur les violations des droits de l’homme à l’égard des Noirs.

C’est en dehors des grandes organisations du mouvement noir, en-dehors des Eglises également, même si leur manifestation a été précédée de prières, qu’elles ont préparé et organisé leur marche. Le mouvement, semble-t-il, est parti d’organisations locales de quartier d’aide aux sans-logis, et elles l’ont fait connaître par le bouche à oreille, le téléphone et Internet. Elles ont pris conscience qu’elles ne pouvaient faire face, individuellement ou par la seule solidarité de voisinage, aux difficultés croissantes, au recul des conditions de vie, au chômage, à la misère, rendus encore plus insupportables à cause de la réduction des aides sociales, décidée par Clinton il y a un an. C’est l’union qui fait la force et c’est par leur mobilisation qu’elles comptent se faire entendre, sans faire confiance aux institutions ni aux politiciens.

Nouvelle épreuve de force entre les salariés et le patronat du transport

Les négociations entre les patrons du transport et les organisations syndicales sur les salaires et les conditions de travail, de suspension en reprise, piétinent. Le patronat de ce secteur a refusé tout net de tenir les engagements pris à la suite du conflit de 1996. Aux syndicats qui réclament 10 000 francs par mois pour 200 heures, il propose une " garantie annuelle " de 120 000 F avec un salaire mensuel de 9300 F pour 200 heures de travail. A la réduction du temps de travail, les patrons répondent comme partout, par l'annualisation.

Suite à ce black-out patronal, les organisations syndicales ont lancé un mot d'ordre de grève nationale illimitée à partir du 2 novembre et la colère des conducteurs monte à nouveau. Il y a de quoi ! Leurs conditions de travail sont toujours aussi difficiles. Les salaires de la convention collective sont presque tous bloqués au niveau du SMIC depuis juin 96. La prime de 3000 francs promise à l'issue des grèves de l'année dernière n'a été versée que dans moins de 5 % des entreprises. Le salaire net mensuel est de 6900 francs, environ 30 francs de l'heure, soit un taux inférieur au SMIC. S'y ajoutent en moyenne 2800 francs de frais de route et 600 francs de prime. Dans les petites entreprises, certains routiers peuvent travailler jusqu'à 300 heures par mois pour un salaire brut de 6000 francs. Quant à la durée du travail, elle est toujours énorme. Selon une étude récente du ministère des Transports, la durée moyenne de travail des chauffeurs routiers salariés est de 53 heures par semaine ; elle est de 48,6 heures pour ceux qui rentrent chez eux ; de 52,4 heures pour les conducteurs absents de une à trois nuits ; et d'un peu plus de 61 heures en moyenne pour ceux qu'on appelle " les très grands routiers ", c'est à dire qui sont plus de quatre nuits hors de chez eux et qui représentent un tiers de la profession. Parmi ces derniers, 28,7 % font entre 60 et 70 heures et 22,3 % dépassent les 70 heures. C'est pour en finir avec cette vie d'esclave que les transporteurs salariés avaient fait grève il y a un an.

Les grévistes ont subi toutes sortes de brimades, de mesures de rétorsion qui vont des lettres recommandées les accusant des pires méfaits, au fait de se voir confier les camions les plus pourris, de ne pas toucher la prime de 3000 francs, jusqu'à la menace de licenciement. Malgré tout, les patrons n'ont pas réussi à briser la solidarité, la détermination, la confiance dans leur force conquises par les conducteurs lors du précédent conflit.

Aujourd'hui, ils reprennent la parole. Ils disent haut et fort que ce qui avait été gagné par la grève a été reperdu et qu'ils ne l'acceptent pas ; que les patrons se paient leur tête en ne leur accordant pas satisfaction car ils savent pertinemment que ceux-ci s'en mettent plein les poches.

Beaucoup de travailleurs du pays sont très attentifs et suivent avec sympathie les actions des routiers car ces derniers expriment ce qu'ils ressentent. C'est pourquoi le patronat du pays incite les employeurs des transports à ne pas céder pour ne pas encourager les travailleurs des autres secteurs à lutter.

Quant au ministre du PCF Gayssot, il joue les médiateurs au dessus de la mêlée.

Il est probable que la menace de grève illimitée brandie par les chauffeurs routiers pour le 2 novembre au soir ne suffira pas pour amener les patrons à réviser leurs positions.

Les routiers comme nous tous ne pourront compter que sur eux-mêmes.

Quand l'Etat espagnol prétend juger le terrorisme

Le procès de 23 dirigeants de Herri Batasuna, le parti nationaliste basque lié à l'ETA, s'est ouvert la semaine dernière à Madrid. Ils sont accusés de " collaboration avec une bande armée " et " d'apologie du terrorisme ". Le prétexte : au cours de la campagne électorale de mars 96, Herri Batasuna avait utilisé des cassettes vidéo envoyées par l'ETA, l'organisation indépendantiste clandestine.

Ce procès à grand spectacle, plus d'un an et demi après les faits, est un monument d'hypocrisie. L'appareil d'Etat espagnol est un spécialiste du terrorisme. Ses membres pratiquent depuis des dizaines d'années la violence, les tortures et les assassinats contre les militants basques. Les plus hauts représentants des gouvernements socialistes qui ont précédé l'actuel gouvernement de droite sont impliqués jusqu'au cou dans les crimes des " GAL " - ces commandos terroristes clandestins créés par l'Etat lui-même qui ont perpétré des dizaines d'attentats et d'assassinats. Quant aux liens d'Herri Batasuna avec l'ETA, ce n'était un secret pour personne. Tout le monde sait depuis vingt ans qu'Herri Batasuna est l'expression politique légale de l'ETA. C'est sur cette base qu'Herri Batasuna obtient régulièrement autour de 20 % des voix lors des élections au Pays Basque et qu'il a eu des élus dans toutes les institutions.

La doctrine officielle des gouvernements espagnols, c'est qu'il n'y a pas de problème basque, seule l'ETA empêcherait le démocratie de fonctionner. L'influence persistante d'Herri Batasuna contredit ce discours. Mais l'ETA est une organisation nationaliste qui pratique une politique d'attentats aveugles qui va à l'encontre des intérêts du peuple basque lui-même. Herri Batasuna n'a rien d'autre à offrir à ses partisans que la solidarité avec cette politique, l'impasse du nationalisme. Le gouvernement espagnol profite de cela. C'est à la suite de l'assassinat par l'ETA en juillet dernier d'un conseiller municipal de droite dans une petite ville et de la vague d'indignation qu'il a suscitée dans tout le pays que le gouvernement monte ce procès.

Le gouvernement peut envoyer les dirigeants d'Herri Batasuna rejoindre ceux de l'ETA en prison, mais ce n'est pas par une parodie de procès et en remplissant un peu plus ses prisons que l'Etat espagnol effacera le sentiment d'injustice et d'oppression qui existe au sein de la population basque.

Notation et prime à l'hôpital : une carotte ,ce qu’il nous faut : une véritable augmentation de salaire pour tous

Au CHU de Bordeaux, comme chaque année, c’est la période des remises de notes qui compteront, pour une partie, dans le calcul de la prime annuelle.

La prime est le reversement d’une somme (7,5 %) prélevée sur la masse salariale, et redistribuée aux titulaires, directeurs compris, par ces derniers. Elle est calculée pour chacun en fonction de l’indice d’ancienneté, de l’absentéisme (congés maladie, maternité, grèves...), et de la note.

Tous ceux d’entre nous, et il y en a de plus en plus, qui ne sont pas titulaires, n’ont pas droit à cette prime.

Au moment des notations, certains " responsables " en rajoutent et se permettent de nous faire la morale. Pour justifier, par exemple, le blocage de note d’une camarade aide-soignante depuis 30 ans et qui est à quelques mois de la retraite, le directeur a mis l’appréciation suivante : " Doit encore progresser "... Le ridicule ne tue pas !

Ils voudraient nous faire croire que la notation correspondrait à un soi-disant " mérite individuel ", alors qu’elle est un moyen de pression pour essayer de nous faire accepter, toute l’année, les mauvaises conditions de travail, le manque de personnel, les mauvais coups de la direction. Et que nous ayons ou non une prime, nous faisons tous les frais de cette politique menée dans les hôpitaux.

Quel que soit le montant de cette prime, qu’elle dépasse le salaire, comme c’est le cas pour quelques uns en fin de carrière, ou qu’elle soit, comme la plus part du temps ridicule, elle est le plus souvent dépensée avant même d’être touchée, et c’est loin de ce qui nous est nécessaire.

Ce dont nous avons tous besoin c’est en fait d’un salaire décent, du SMIC à 8500 F, d’une augmentation de salaire générale de 1500 F pour tous et de l’embauche définitive de tout le personnel nécessaire à l’hôpital, en premier lieu l’embauche de tous ceux d’entre nous qui sont en contrats précaires.

Les pompiers toujours mobilisés

Les pompiers de Rouen sont toujours en grève administrative. Ils combattent le projet Chevènement (en fait lancé par Debré en mai dernier) qui prévoit une hausse du temps de travail, des changements dans les statuts des titulaires et la remise en cause de la gratuité de certains secours. Par exemple, l’intervention sur un nid de guêpes, extrêmement délicate, coûterait désormais 200 francs. Les gens les plus démunis seront contraints de se débrouiller seuls, avec tous les risques que cela comporte. Les pompiers parlent à juste titre de " secours à deux vitesses ". Lors de la manifestation à Paris du 15 octobre contre le projet Chevènement, les pompiers de Rouen étaient une centaine. Dans leur cortège s’exprimait aussi la colère d’avoir été écartés de l’intervention lors du terrible accident sur l’autoroute A13. Au mépris des vies qui étaient en jeu, les autorités ont fait appel aux pompiers volontaires de villes beaucoup plus éloignées, car elles ne souhaitaient pas voir apparaître sur les images de télévision les voitures marquées " pompiers en grève ". Mais aussi, surtout, elles ont tenté de monter les uns contre les autres les pompiers professionnels en grève et les pompiers volontaires. A égalité devant le danger, faisant preuve du même dévouement lors des interventions, les pompiers refusent de se laisser diviser. Au contraire, beaucoup perçoivent la nécessité de se battre le plus nombreux possible contre les attaques du gouvernement remettant en cause la qualité des secours à la population. Alors que les négociations sont désormais en cours à l’échelle locale, les pompiers restent mobilisés pour obtenir satisfaction.

Echos de bulletins d'entreprises

UN ECHO DU BULLETIN RENAULT CLEON (SEINE-MARITIME)

SOYONS SOLIDAIRES

Au bâtiment F, à la préparation du moteur G, un camarade en arrêt depuis février suite à une opération pour une hernie discale, a été convoqué par la direction. Avant son arrêt, et connaissant son handicap, celle-ci n'avait rien fait pour lui donner un poste assis. Maintenant elle voudrait le licencier et se débarrasser de lui.

Ce cas n'est pas isolé. Au Traitement thermique bât. G ou à la Centrale, des camarades ont déjà été licenciés dans les mêmes conditions.

La direction prépare ses mauvais coups en douce. A nous d'être vigilants pour défendre tous ceux qui sont en butte à ses attaques crapuleuses.

sncf rouen(extrait du bulletin Front Des Travailleurs)

Journée du matériel : il faudra aller au delà

A l’appel des fédérations syndicales, le matériel a fait grève le mardi 29 octobre. Comme toutes les catégories de cheminots, les camarades du matériel ont de multiples raisons de se mobiliser, ne serait-ce que pour empêcher des fermetures d’ateliers. Mais nous savons tous que ça ne suffit pas d’essayer de colmater les brèches catégorie par catégorie. Les journées d’action en pointillé n’inquiètent pas la direction. Face à l’ampleur des problèmes, c’est une lutte d’ensemble qu’il nous faudra mener. Les directions syndicales prennent le chemin inverse. Elles se contentent d’un calendrier de 3 mois de négociations avec le ministre. Il ne se passera rien si, à la base, nous ne nous organisons pas pour préparer cette lutte. Il nous faut des revendications claires et nettes, communes à tous : arrêt de toutes les suppressions de postes, annulation des milliards versés chaque année au compte de la dette, embauche des dizaines de milliers d’emplois au statut qui nous manquent, réduction du temps de travail à 32 heures sans perte de salaire avec embauches correspondantes, augmentation d’au moins 1500 F pour tous. La lutte de 175 000 cheminots sur ces objectifs pourrait changer tout le climat social du pays.