Mouvement des chômeurs



Echos des actions de chômeurs en Seine Maritime

A Elbeuf

Le lundi 5 janvier des chômeurs de l’agglomération elbeuvienne ont distribué un tract et le mardi en début d’après-midi ils ont occupé l’antenne ASSEDIC d’Elbeuf. L’arrivée dans les locaux s’est bien passée, les employés montrant leur sympathie pour l’action des chômeurs. Une banderole a été posée. Le mouvement est animé par une association locale, l’ADEBE. Parmi les occupants une femme qui venait tout juste de démarrer un stage a demandé " une journée de congé, et peut-être plus, parce que vous comprenez, j’occupe l’ASSEDIC et on ne sait pas combien de temps ça peut durer... " Elle a même amené avec elle deux autres stagiaires. Les déclarations de M. Aubry n’ont pas du tout été appréciées, mais celle qui a le plus fait bondir, c’est N. Notat, parce que " c’est une syndicaliste qui a fait ça ! ". Certains chômeurs commentent qu’ils sont tellement dans la gêne qu’ils se contenteraient d’une augmentation même minime. D’autres disent qu’il y en a marre, " on n’a plus rien à perdre ", gauche ou droite , ils mettent tous les " politiciens " dans le même sac et pour eux la vraie bataille, c’est l’emploi. Ils savent qu’il ne faudra pas se contenter des miettes et qu’ils n’ont pas le choix.

L’antenne d’Elbeuf a été évacuée par la police dans la soirée même du mardi. Courageux, les flics sont venus à une trentaine pour évacuer quinze occupants. Les chômeurs présents ont alors décidé de se rendre à Saint Etienne du Rouvray, une commune de l’agglomération rouennaise, dont l’antenne ASSEDIC est également occupée.

Au Havre

Travaillant à l’hôpital du Havre, après y avoir distribué l’éditorial de Voix des Travailleurs du 29 décembre : " Vive la lutte des travailleurs sans-emploi ", nous sommes allées distribuer ce même tract à l’ANPE. Nous donnions le tract en disant que nous venions exprimer notre solidarité aux chômeurs qui se battaient pour avoir de l’argent et un emploi. Les discussions sont allées bon train : " cette prime, on la veut, mais même ça c’est encore de l’assistanat, ce qu’il faut surtout c’est du boulot ". " Ces 3000 francs, c’est vital, on ne peut pas y arriver avec ce qu’on nous donne ".

Le 6 janvier nous sommes allées aux ASSEDIC pour distribuer le nouvel édito de VDT : " Tout comme les flics, les dames patronnesses protègent les riches. Seule notre union pourra les faire payer pour mettre fin au chômage et à la violence ". Par crainte des occupations, l’ASSEDIC avait été fermée la veille sans que personne n’ait été prévenu. Une dizaine de chômeurs étaient devant la porte. Certains ont manifesté leur contentement de voir des gens qui ont du travail être solidaires de leur lutte. D’autres ont même pris nos tracts pour les distribuer aux chômeurs non avertis qui arrivaient aux portes des ASSEDIC fermées. Tous se plaignaient d’être laissés pour compte par les politiques et les syndicats et regrettaient que leur mouvement ne soit pas structuré. Ils appellent à une manifestation au Havre le 7. Nous nous y retrouverons !

A Saint Etienne du Rouvray

A Saint-Etienne du Rouvray, dans la banlieue de Rouen, dès avant Noël un mouvement de chômeurs organisé par la CGT avait occupé l’antenne ASSEDIC à plusieurs reprises. Entre Noël et le jour de l’An, les antennes ASSEDIC de l’agglomération ont été fermées par décision de l’ASSEDIC par crainte des occupations. Depuis lundi 5 janvier, l’antenne est de nouveau occupée par une quarantaine de personnes qui se relaient. L’ASSEDIC étant au centre d’une cité ouvrière, des femmes du quartier viennent soutenir le mouvement.

Samedi 3 janvier l’ASSEDIC a tenté une manœuvre de division du mouvement. 41 chômeurs sur les 400 dossiers remplis par les occupants avaient reçu dans leur courrier un chèque de 1000 francs ! Personne n’a pu expliquer sur quels critères les 1000 francs avaient été accordés et pourquoi.

L’occupation continue et un certain nombre de chômeurs sont venus à la manifestation de Rouen qui a eu lieu mercredi matin. 150 manifestants se sont retrouvés, travailleurs sans-emploi, militants syndicalistes et politiques du PCF et d’extrême-gauche, ensemble pour soutenir le mouvement des chômeurs. Nous sommes tous allés en manifestation jusqu’au siège des ASSEDIC de Rouen.

Journée d’occupation des ASSEDIC de Villenave d’Ornon

Nous avons occupé vers 9 h 30 à une vingtaine les ASSEDIC de Villenave (banlieue de Bordeaux), à l’appel de l’APEIS.

Une copine de l’APEIS est intervenue pour rappeler aux personnes qui attendaient les revendications du mouvement des travailleurs sans travail ou précaires (2 000 F de prime pour tous les chômeurs, et le refus des critères d’attribution qui étudient chaque cas au prorata d’on ne sait quel critère). Les bureaux sont restés ouverts pour permettre que tous les dossiers soient traités, mais les responsables n’étaient pas tranquilles. Ils fermaient les portes des petits bureaux à clé chaque fois qu’ils passaient.

Ce qui est clair pour tous, c’est que l’argent existe dans les caisses de l’UNEDIC mais que Notat, en bonne patronne, " oublie que les syndicats sont censés défendre les travailleurs ". Les chômeurs sont fiers d’avoir relevé la tête ; personne ne demande l’aumône mais ses droits, ayant bien conscience que c’est du boulot qu’il nous faudrait et non pas des CES qui sont proposés aux chômeurs longue durée. Les travailleurs étaient très révoltés de voir l’enrichissement d’une minorité de capitalistes sur le dos des autres, comme la dilapidation des fonds publics pour le privé. Sur le mouvement des chômeurs lui-même, certains pensent que le gouvernement ne cédera pas, qu’il faudrait qu’on ait des revendications communes avec les autres travailleurs pour avoir plus de poids. " Il faut se bagarrer, ça c’est sûr, c’est pour ça que je suis là mais jusqu’à quand ça peut continuer comme ça et à quoi ça sert en réalité, surtout qu’on n’est pas nombreux. La prochaine fois, ils peuvent faire intervenir les CRS et là ils risquent de ne pas être tendres ".

Il y a bien peu d’illusion sur le gouvernement actuel " gauche, droite, c’est pareil pour nous travailleurs, ils préfèrent filer du fric aux patrons. ". Des élus communistes locaux sont venus soutenir le mouvement. Nous attendions les élus PS. Mais le gouvernement avait entre temps déclaré que plus aucune ASSEDIC ne devait être occupée le mercredi. C’est peut-être cette déclaration qui les a incités à ne pas venir !

Durant cette journée, nous avons eu des témoignages de solidarité des camarades de la CGT d’EDF-GDF, des cheminots qui nous ont apporté à manger.

Vers 19 h, des directeurs d’ASSEDIC sont venus pour " nous écouter ". C’est le contraire qui s’est produit. " On vous écoute ", lui a dit un copain de l’APEIS. Des comptes leur ont été demandés, où va l’argent, comment il est réparti sur les différentes enveloppes, et a été dénoncé le fait que beaucoup trop d’argent va dans les caisses des patrons pour leur alléger les cotisations. Un cheminot est intervenu pour leur dire que lui était salarié et qu’il se prononçait en faveur du mouvement, qu’eux en face étaient salariés aussi et qu’il faut qu’il se prononce pour ou contre le mouvement. Il n’y a pas eu de réponse. Ils nous ont quittés…

Vers 21 h, le gouvernement via le préfet donnait sa réponse aux revendications en faisant évacuer les locaux.

" Rose promise, chom’du ", le mouvement des chômeurs à Bordeaux

Comme dans bien d’autres villes, le mouvement des chômeurs s’est déclenché à Bordeaux, à l’initiative des associations (AC !, APEIS, MCDP) et de la CGT dès la fin de décembre 1997. Outre les revendications portant sur une prime de 2000 F et l’augmentation des minimas sociaux, les actions menées la semaine dernière avaient surtout pour objectif de rencontrer les responsables locaux du PC et du PS, ainsi que le préfet et les responsables des administrations, afin de tenter de mettre en place des réunions de concertations destinées à traiter les cas de détresse les plus graves. Une première réunion publique à laquelle étaient invités les responsables du PC (qui firent le déplacement) et du PS (qui ne se montrèrent pas) permit à certains d’entre nous de dire tout haut notre colère face à la situation qui nous est faite. Puis, vendredi 2, devant le refus manifeste des élus du PS à venir discuter, leur siège de Bordeaux était envahi, et il a bien fallu que le responsable local, Anziani, vienne entendre ce que nous pensions de la politique menée par son parti au gouvernement.

Les déclarations de Martine Aubry qui ont suivi n’ont convaincu personne, et lundi, une réunion organisée par le préfet était boycottée par les associations, face au refus de ce dernier d’admettre à la réunion les élus qui s’étaient présentés.

Mardi 6 janvier, un pas de plus était franchi, et deux antennes des ASSEDIC – une à Bordeaux, l’autre à Villenave d’Ornon, en banlieue bordelaise – étaient occupées dès le matin

Des affiches ont fleuri sur les murs pour dire que " Celui qui sème la misère, récolte la tempête ", " Chômeur n’est pas un métier ", " Képis, matraques, Aubry tu nous arnaques " ou encore " Rose promise, Chôm’du ", et la journée s’est passée à distribuer des tracts et à discuter avec les travailleurs sans emploi passant dans les agences.

Pour chacun d’entre nous, en attendant d’obtenir gain de cause sur les revendications, ce qui est déjà acquis, c’est de pouvoir se faire entendre et de dire bien fort que ce que nous demandons, ce n’est pas la charité, mais notre simple dû.

Mercredi, avec la CGT, l’APEIS et AC ! nous avons manifesté à 150 environ, puis envahi la Chambre du Commerce et de l’Industrie et séquestré le directeur. A l’heure où nous écrivons, l’occupation continue.

Occupation à Asnières-Gennevilliers

Pour cette deuxième nuit d’occupation de l’ASSEDIC d’Asnières-Gennevilliers, les militants des associations de chômeurs, les chômeurs inorganisés, des syndicalistes venus les soutenir se sont installés dans les locaux pour exiger satisfaction. Ils ont choisi de ne pas bloquer complètement l’activité de l’ASSEDIC pour ne pas priver des chômeurs de leurs droits. Affiches, AG, agitation, banderoles tendues dehors, la nouvelle se répand vite en ville, des chômeurs, des habitants expriment leur soutien. Des élus du PCF, du PS… passent. Près du transistor, on écoute avec dégoût Notat et Blondel, mais quand passent à la radio les représentants des chômeurs en lutte… il y a de la joie et de la fierté dans l’air.

La délégation des quatre associations de chômeurs revient de la Préfecture de Nanterre, des paroles, des paroles, du traitement cas par cas, rien de concret de la part du préfet qui les a reçus.

L’AG s’est réunie pour faire le bilan et décider de la suite à donner : " nous sommes solidaires avec le mouvement d’ensemble des chômeurs, on ne veut pas d’aumône, même allocation pour tous. Nous sommes 7 millions de précaires, c’est pour eux aussi qu’on se bat ".

Les réponses du préfet ne satisfont personne, mais pour autant faut-il continuer l’occupation malgré les menaces à peine voilées du préfet ? Après une discussion passionnée, tout le monde est pour rester cette nuit encore. Demain, on va ensemble à la manifestation devant le siège de l’UNEDIC, on revotera demain pour la suite.

Le casse-croûte, envoyé en signe de solidarité par le syndicat de la SNECMA toute proche. La nuit avance. Dans un coin, on joue au tarot, ailleurs on discute, de la galère qu’on a vécue, du mouvement auquel on n’aurait pas cru il y a quelques jours… Sur le trottoir, un chômeur invite les passants qui sortent de la bouche du métro : " Entrez, c’est ouvert, c’est la grève des chômeurs ".

Communiqué des occupants du C.A.S de Paris et du C.C.A.S de Nantes

Nous, chômeurs et chômeuses précaires sommes entrés en lutte pour obtenir des pouvoir publics :

- un revenu décent pour tous et toutes (chômeurs, chômeuses, précaires, temps partiels, etc.)

- le rétablissement de l’accès aux fonds sociaux au sein de l’UNEDIC et 3 000 F tout de suite comme rattrapage,

- une augmentation immédiate des minimums sociaux de 1 500 F par mois.

Nous occupons le CAS de Paris et le CCAS de Nantes pour protester contre un système qui exclut, humilie, paupérise une très grande partie de la population. Celle-ci est sacrifiée sur l’autel des marchés financiers au bénéfice de quelques-uns qui tirent profit du chômage de masse pour fragiliser le monde du travail et ainsi précariser l’individu.

Les C.A.S et C.C.A.S que nous occupons sont les héritiers du " grand bureau des pauvres " créé par François 1er en 1544. Notre action a pour but de dénoncer la gestion de la pauvreté et de la misère par les différents gouvernements qui l’entretiennent. Nous appelons chômeuses et chômeurs à rejoindre et à soutenir les mouvements d’occupation qui se développent. Nous les appelons à occuper ANPE, ASSEDIC, C.A.S ou C.C.A.S et autres institutions gestionnaires du chômage et du travail précaire et nous sommes solidaires de tous les lieux déjà occupés.

Lille : non assistance à sans papier en danger… de mort !

En grève de la faim illimitée depuis le 17 novembre 1997, c’est-à-dire depuis 40 jours, dix-huit sans papiers du Comité de Lille, dit CSP.59, résistent avec courage et détermination pour leur régularisation.

Cette grève de la faim qui est la quatrième dans l’histoire du CSP.59, intervient après plusieurs mois d’attente où certains sans-papiers en sont à leur neuvième convocation sans aucune certitude sur le sort qui leur est réservé !

Ainsi, après les intimidations et les louvoiements sur fond de répression, les services préfectoraux du Nord, connus pour leur mépris pour la cause des sans-papiers, jouent avec leur vie, en tentant de les faire capituler par l’usure et les manœuvres de division.

Va-t-on attendre qu’il y ait mort d’homme pour enfin trouver une solution collective à la légitime revendication de régularisation globale des grévistes de la faim et de leurs camarades ?

Déjà, trois des grévistes de la faim ont été hospitalisés d’urgence la semaine dernière parce qu’ils vomissaient du sang. Selon l’avis même du collectif des 14 médecins lillois qui a été constitué dans le cadre de la grève de la faim, la situation devient " vraiment périlleuse " pour tous les autres.

La coordination nationale des sans-papiers en lutte dénonce vigoureusement le cynisme et l’entêtement de la préfecture du Nord à vouloir laisser pourrir la situation au mépris de la vie des sans-papiers dont le seul tort est, pour la plupart, d’être des célibataires. Elle dénonce les incohérences et les impasses de la circulaire du 24 juin 1997 et les projets de loi Chevènement et Guigou qui, en assurant la continuité dans la suspicion, la criminalisation et la discrimination, maintiennent les sans-papiers en général dans la précarité et l’exclusion. Cela est inacceptable.

C’est pourquoi il y a urgence à envoyer des lettres et/ou des fax de protestation à :

1 – Monsieur le préfet du Nord

2 , rue Jacquesmars Giélée

59 800 Lille

Fax : 03 20 57 08 02

2 – Monsieur le Ministre de l’Intérieur

Place Beauvau 75 008 Paris

Fax : 01 4359 89 50

Coordination nationale des sans-papiers, 22 – rue Pajol 75 018 Paris – Tel fax 01 46 07 16 19

Compte bancaire CMDP No 80187841