Asie : derrière laide du FMI, les ravages de la concurrence qui saigne les travailleurs et les peuples
Si toutes les places boursières occidentales ont connu une fin dannée florissante, les bourses dAsie nen finissent pas de rechuter tout comme leurs monnaies. Lensemble des pays les plus faibles semblent senfoncer dans une lente mais certaine banqueroute tandis que le Japon est sérieusement secoué. Laide du FMI est impuissante à enrayer les effets dévastateurs des spéculations et des dettes dont on découvre chaque semaine un peu plus lampleur. Cette aide na dailleurs dautre fonction que déviter une faillite trop brutale dont les financiers occidentaux feraient les frais et qui menacerait le Japon. Il sagit déviter que lédifice de lensemble du système financier mondial qui nest quaccumulation de dettes et de créances douteuses ne soit menacé de seffondrer, de circonscrire la crise en ayant lair de garder le contrôle de la situation.
Cette aide nest en rien désintéressée, elle maintient le débiteur en vie pour pouvoir, la crise passée, se payer après avoir racheté au plus bas prix. Une des conditions imposées par le FMI aux pays du Sud-Est asiatique, est louverture des frontières à la libre pénétration des capitaux. On vous aide à condition de pouvoir racheter ce qui survivra " Les entreprises dExtrême-Orient, proies tentantes " écrivait le Monde rajoutant " les financiers américains mettent le cap sur lAsie ". Eh oui, les rapaces de la finance sont prêts à saisir toutes les occasions pour gagner des positions au détriment de leurs rivaux.
Une des premières choses qua tenu à affirmer le nouveau président sud-coréen aprés avoir rassuré les financiers américains en sengageant à respecter scrupuleusement les accords avec le FMI, cest quil faudrait laisser disparaître les entreprises non compétitives et donner satisfaction aux financiers qui exigent une quasi totale liberté pour licencier. Le chantage est expressément formulé par le directeur du FMI, céder à ses exigences, cest à dire à celles des financiers occidentaux est la condition pour que soient octroyés les prêts anticipés dont la Corée a besoin pour faire face à ses obligations financières. Ces brutales exigences sappellent " les réformes nécessaires ", elles saccompagneront de milliers de licenciements, de fermetures dentreprises, de la ruine de millions de petits bourgeois.
La Malaisie a annoncé quelle allait réduire la main duvre étrangère dun million de personnes. " Les travailleurs étrangers devront laisser leur place aux malaysiens " a déclaré le ministre de lIntérieur tout en annonçant des sacrifices pour tous. Propos démagogiques, sûrement, mais qui indiquent clairement à qui les gouvernements qui ont conduit leur pays à la ruine entendent faire payer laddition.
Les nouveaux profits dont les financiers occidentaux entendent sapproprier une bonne part ne pourront être que le fruit dune exploitation accrue des travailleurs et des peuples.
Le développement des dix dernières années, en particulier celui des conglomérats coréens, les chaebols, sest fait à crédit, avec la garantie des Etats au prix dun énorme endettement. Quand, chaque année, de nouveaux records dinvestissement étaient battus, que la croissance avoisinait les 7 ou 8 % et que les conquêtes de marché se multipliaient, la corruption, les scandales financiers, bourgeoisie et Etats locaux, tout le monde y trouvait son compte. Il a suffi que la croissance ralentisse, que le doute sinstalle pour que le bel édifice seffondre révélant ce véritable tonneau sans fond de lendettement.
" Avant demprunter, il faut dabord mesurer sa capacité de remboursement. Pour avoir refusé de se plier à cette discipline de base de léconomie de marché, écrit doctement un commentateur du Figaro, la Corée est aujourd'hui en train de sombrer. Ce pays avait rêvé de rattraper le Japon puis de conquérir le monde. Elle va maintenant connaître des temps difficiles. Du chômage, une baisse du niveau de vie et peut-être des conflits sociaux. Il les surmontera, c'est certain. Mais il lui faudra beaucoup plus de temps pour reconquérir la confiance de ses créanciers." Bel optimisme et belle hypocrisie ! Léconomie de marché ne connaît aucune autre discipline que celle des réajustements brutaux, celle des crises et cest toute léconomie mondiale qui repose sur lendettement généralisé, en particulier celui des Etats. La folle course au profit à laquelle elle est soumise exige toujours plus de capitaux que les capitalistes comme les Etats, y compris le plus puissant dentre eux, celui des USA, ne peuvent acquérir quà crédit. Leuphorie financière qui en résulte loin dêtre un signe de santé de léconomie en révèle la profonde maladie.
" Nous sommes entrés dans le cycle des grandes crises du XXIème siècle " prédisait le directeur du FMI, certainement, mais de ces crises naîtra un monde nouveau, transformé, libéré de la propriété capitaliste et de la concurrence. Ce monde ce seront les travailleurs et les pauvres qui le construiront.
Télécoms : ouverture de la concurrence contre la collectivité
Dans un marché mondial qui progresse denviron 3,5 % par an, le secteur des télécommunications, à la croissance deux fois plus rapide, attire les capitaux de groupes de tout horizon : la Générale des Eaux avec sa filiale Cégétel, lentrepreneur du BTP Bouygues, ou le groupe finlandais Nokia qui sest débarrassé de toutes ses activités du papier, de la chimie ou de lindustrie forestière, attiré par les profits du secteur de la téléphonie, un secteur dont, depuis des années, toutes les estimations de développement se sont révélées dépassées par la réalité.
Les capitalistes multiplient la quantité des informations pour tenter de pallier lanarchie du marché
Cégétel estime que dici 2003, les communications locales entre particuliers ne progresseront que de 5 %, tandis que les données informatiques échangées par le réseau téléphonique augmenteraient de 23 %. Cest le besoin des entreprises daccroître la rapidité et la quantité de transmissions des informations qui constitue lessentiel de la progression du secteur. Et avec les nouvelles technologies comme le téléphone mobile et Internet, les échanges dinformations deviennent plus souples, et plus puissants.
Echanger rapidement des informations permet aux capitalistes qui produisent dans un marché aveugle de mieux approcher létat de loffre et de la demande, tant pour sapprovisionner que pour écouler leur production. Plus dinformation, cest pour eux la possibilité de produire moins cher que la concurrence, et même de raccourcir les cycles de production. Leur rêve serait de relier les points de ventes aux usines, et certains groupes sy essayent déjà. Mais un système dinformation, aussi sophistiqué soit-il, permet seulement de mieux connaître la situation, pas dempêcher la concurrence de sexercer, ou le marché de progresser moins vite que la production.
Louverture à la concurrence : un mauvais coup pour les usagers...
Depuis le 1er janvier, la plupart des marchés européens de téléphone fixe sont théoriquement ouverts à la concurrence. Et si le 7 ou le 9 ne marchent pas, Bouygues et Cégétel nétant pas prêts, les entreprises, elles, se voient déjà offrir par de nouveaux opérateurs des prix en baisse pour leurs communications internationales, ou entre les grandes villes. Elles seront les seules gagnantes de louverture du marché à la concurrence qui devrait entraîner pour les particuliers une hausse des prix. Les abonnements et les communications locales qui représentent lessentiel de la facture téléphonique des particuliers devraient continuer daugmenter comme à lépoque du monopole de France Télécom, où labonnement était passé de 45 F par mois en 95 à 68 F en 96. Quant au recours à dautres opérateurs, il ne fera que multiplier le nombre dabonnements à payer.
...Et des cadeaux pour les capitalistes
Un tel marché qui devrait passer en France, selon Cégétel, de 137 milliards pour 1997, à 223 milliards en 2003 ne pouvait pas rester entre les mains dune entreprise dEtat. La privatisation de France Télécom, puis louverture à la concurrence, cest le cadeau du gouvernement aux financiers pressés dinvestir leurs capitaux dans un secteur si fructueux. Doù la frénésie des privatisations, des manuvres de rachats, de concentrations de capitaux et de participations croisées quon peut observer depuis des mois dans tous les pays.
Mais cette libéralisation du secteur nest possible que parce quelle est organisée et voulue par les gouvernements, de gauche comme de droite. Ainsi, Cégétel vient de se voir offrir par le Ministère de la Santé, le futur plus gros réseau Internet du pays, qui connectera entre eux tous les professionnels de la santé (450 000 terminaux connectés, doublant le nombre actuel dabonnés à Internet). Pour un investissement de 100 millions de francs, Cégétél pourra prélever une taxe sur chacune des feuilles de soins informatisées qui transiteront par le réseau. Seulement " quelques centimes " disent-ils, mais sur 1 milliard de feuilles prévues en 5 ans !
Cette concurrence, ces batailles sur toutes les Bourses pour sapproprier les marchés les plus rentables, ce sont les travailleurs et les usagers qui ont déjà commencé à en payer le prix. British Telecom a supprimé près de 40 % de ses emplois depuis sa privatisation en 84, France Télécom, 25 000 emplois depuis onze ans, et 20 000 supplémentaires y sont prévus dici 2002. Quant à tous les grands groupes industriels qui sarrachent le marché des téléphones mobiles, comme Siemens, Ericsson, Motorola ou Nokia, ils se débarrassent de toutes les branches les moins rentables de leurs activités pour consacrer lessentiel de leurs capitaux aux télécommunications. La croissance dun secteur, ce nest finalement que lappauvrissement dun autre, et ce sont les travailleurs qui en font les frais.
Ces deux dernières semaines plus dun millier de réfugiés kurdes fuyant la guerre, la répression et la misère ont cherché asile en Italie. Un des deux cargos qui les transportait sest échoué sur les côtes calabraises car le navire a été abandonné au dernier moment par son équipage à la solde de bandes mafieuses qui exploitent la détresse de ceux qui veulent quitter à nimporte quel prix leur région dorigine. Venus du nord de lIrak ou bien de lest de la Turquie, tous cherchent à échapper à des conditions de vie de plus en plus dégradées. Dans le nord de lIrak, la population kurde est prise en étau entre la répression du régime de Saddam Hussein et les règlements de comptes des bandes armées nationalistes kurdes saffrontant les unes aux autres pour le contrôle de la région... sans parler des incursions périodiques de larmée turque cherchant à éradiquer les bases arrières du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan). Dans lest de la Turquie, la sale guerre menée par larmée turque contre les nationalistes kurdes depuis 1984 a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé des centaines de milliers de personnes et a complètement ruiné la région : plus de 80 % des réfugiés " de lintérieur " vivent avec moins de 5 francs par jour. Alors pour tous ceux qui peuvent, notamment les jeunes, partir devient le seul espoir. Ceux qui viennent darriver en Italie ont versé entre 2000 et 3000 dollars, pour une traversée de six jours dans des conditions inhumaines... et laccueil qui leur a été fait a été celui réservé aux indésirables. Les gouvernements allemands et français se sont particulièrement distingués en dénonçant par avance " le laxisme " des autorités italiennes en matière dimmigration (... que les réfugiés albanais dil y a quelques années nont pas eu le temps dapprécier) et ont incité fortement celles-ci à ne pas laisser les réfugiés kurdes pénétrer en Allemagne ou en France... Les médias ne sont pas en reste lorsquils prévoient des " vagues massives " de réfugiés kurdes si ces réfugiés nétaient pas refoulés. Il y a quelques semaines les dirigeants des pays de lUnion Européenne refusaient la candidature de la Turquie... sous prétexte que celle-ci ne respectait pas les droits de lhomme. Mais cela ne les a pour linstant jamais empêché de continuer à vendre des armes à la Turquie. Depuis la fin de la première guerre mondiale, les puissances impérialistes nont jamais permis lexistence dun Etat kurde indépendant. Elles ont toujours soutenu et armé les dirigeants des pays dans lesquels les Kurdes se sont retrouvés dispersés de force, que ce soit la Turquie, lIrak, lIran ou la Syrie. Limpérialisme a imposé un ordre dans lequel le droit des peuples à disposer deux-mêmes nexiste pas. Les Kurdes font partie des laissés-pour-compte de cet ordre impérialiste aux frontières artificielles, qui ne reconnaît quune liberté, celle des capitaux.