A propos des relations entre les différentes tendances du mouvement révolutionnaire
Dans le dernier numéro de Lutte Ouvrière, François Duburg, au nom de la majorité, répond à une tribune libre de la minorité, signée de Jacques Morand, intitulée " Après le congrès de la Ligue Communiste Révolutionnaire ". Dans cette tribune, entre autres choses, Jacques Morand reprochait à la direction de Lutte Ouvrière dignorer la LCR, de " faire comme si le reste de lextrême-gauche nexistait plus ".
François Duburg se défend que " Lutte Ouvrière se considérerait comme une grande organisation qui mépriserait lexistence des autres organisations révolutionnaires ou se disant telles, même si elles sont plus petites "
François Duburg le dit, mais il faudrait avoir une confiance absolue pour le croire. Ce que nous avons pu en vivre et en connaître depuis que le même François Duburg, avec un zèle tout particulier, a demandé à notre ancienne organisation de nous exclure et obtenu gain de cause, semble démontrer linverse. Nous navons rencontré que mépris. En particulier lorsque nous proposions de nous présenter ensemble aux régionales, là où nous avions les moyens de nous présenter par nous-mêmes.
François Duburg sexplique : " Mais vis-à-vis de la LCR, (comme de tout autre organisation révolutionnaire), nous navons pas pour politique dessayer de la fracturer ou de la casser. Cest-à-dire de faire des propositions qui auraient pour objectif damener une partie de ses militants à faire pression sur la majorité, voire à rompre avec elle. " Voilà François Duburg, bon apôtre " vêtu de probité candide et de lin blanc ", qui déforme la réalité pour les besoins de sa cause. Qui lui parle davoir une politique pour casser la Ligue ? Si on len croit, toute attitude de discussion ou de confrontation ne peut viser quà casser lautre et ne peut être que malhonnête, calculatrice et malintentionnée. En disant cela, il ne révèle que lui-même et éclaire dune façon étonnante tout ce qua été la politique unitaire passée de LO. Duburg est pourtant bien placé pour savoir que quand une organisation entre en crise, elle peut toujours en accuser les autres, mais cest sa seule direction qui en est responsable.
Pour notre part, nous pensons que le débat doit se dérouler publiquement et largement, en tournant le dos à cette philosophie frileuse et craintive que défend François Duburg, chacun chez soi et les militants seront bien gardés. Tout cela relève de la bonne diplomatie mais absolument pas de la lutte didées qui doit se mener pleinement, à tous les niveaux, quelles quen soient les conséquences, et tous ceux qui ont comme seul souci les intérêts généraux du mouvement ouvrier, ne peuvent ni la craindre, ni la limiter ou la censurer. La discussion entre différentes tendances est un besoin constant, une nécessité qui na rien à voir avec les petits calculs qui visent à " dévoyer " les militants des autres tendances.
Sans doute F. Duburg en cherchant à établir avec la LCR ces relations de bonne diplomatie, a-t-il peut-être quelque arrière pensée, celle de limiter les discussions avec la minorité de LO mais aussi et peut-être surtout dempêcher les discussions entre les militants de Lutte Ouvrière et la tendance " révolutionnaire ou se disant telle " que nous sommes.
" Le débat se livre dans les actes de la politique quotidienne, dans les écrits, commente notre bon apôtre, mais pas forcément dans des rencontres où lon ne décide de rien et qui ont toutes les chances de rester sans lendemain. " Tout le monde aura compris que sa franchise désignait " les rencontres militantes " organisées par la tendance R !, la minorité de Lutte Ouvrière et nous-mêmes. Ces rencontres navaient pas pour but de prendre des décisions, mais il faudra bien que François Duburg sy fasse, elles ne seront pas sans lendemain.
Allègre joue les chefs d'entreprise... A l'image de ceux que sert son gouvernement
C'est en bon socialiste empressé vis-à-vis des patrons et qui rêve de jouer les chefs d'entreprise que le ministre de l'éducation nationale, Allègre, veut réformer le système éducatif qui se serait " trop rigidifié " et qu'il part en guerre contre " les pesanteurs du système ".
Il avait annoncé à son arrivée au ministère, en bon patron toujours en chasse de productivité, qu'il fallait " dégraisser le mammouth ", menti sur le soi-disant absentéisme des enseignants qu'il fallait combattre, et les dernières grèves et manifestations du premier et du second degré sont à ses yeux " sans motif ".
Membre d'un gouvernement dont toute la politique est tournée vers les intérêts du patronat, il a déclaré : " je veux instiller l'esprit d'entreprise dans le système éducatif ". C'est le sens des réformes qu'il envisage d'imposer à tous les niveaux de l'enseignement professionnel, les universités et les grandes écoles : " L'objectif... est d'habituer les gens à créer des entreprises en étant jeunes et d'inventer de nouvelles techniques. Je voudrais plus d'innovateurs et moins de savants passifs ", a-t-il déclaré. " Il y a des méthodes qui enseignent l'esprit d'entreprise, qui apprennent à avoir confiance en soi ", sans doute cette confiance que la société du fric et du profit donne aux plus forts contre les plus faibles.
Allègre se vante de ses bonnes relations avec les patrons auxquels il veut donner encore plus, en subordonnant les formations aux besoins du patronat, en les " adaptant au bassin de l'emploi " et en multipliant les stages en entreprise à tous les niveaux de formation, une bonne aubaine pour les patrons qui profitent ainsi d'une main d'oeuvre en nombre, quasiment gratuite : " L'idée est d'introduire davantage d'alternance dans les formations, mais aussi d'obtenir une meilleure adaptation entre les filières professionnelles, celles de l'enseignement supérieur et de l'emploi. Les filières doivent être moins étriquées, moins contraintes par des règlements nationaux ", explique-t-il, affichant son mépris des enseignants qui s'opposent à sa politique : " Dans l'entreprise, il y a des savoirs, et pour se les approprier, il faut être dedans. Ce qui peut être difficile à admettre pour un enseignant, même si les mentalités ont beaucoup évolué grâce aux expériences locales ". Le socialiste Allègre voudrait un système éducatif " rentable " et projette de " vendre notre savoir-faire (les formations) à l'étranger ; nous nous sommes fixés un objectif de 2 milliards de francs de chiffre d'affaires en trois ans ".
Il rêve de soumettre l'école aux valeurs de la société de profit : rentabilité, concurrence, esprit d'initiative qui n'est que le chacun pour soi et la recherche du profit au détriment des intérêts collectifs. Il tient aux enseignants le langage du chef d'entreprise qu'il rêve d'être. Il a commencé à recevoir la réponse quil mérite.
Des maladies du travail en augmentation constante, des indemnisations au compte-gouttes
Un rapport sur les problèmes de la santé au travail vient de soulever un tollé chez le CNPF qui boycotte pour cela les réunions de la commission maladies professionnelles de la Sécurité Sociale. Il révèle que de plus en plus de travailleurs sont victimes de maladies dues à leur travail, dont des cancers : de 6500 à 10000 cas nouveaux signalés en 1995 contre 8850 en 1992. Et seulement 300 dentre eux ont été reconnus comme des maladies professionnelles par la Sécu en 1996. Cest ce constat que le CNPF conteste en qualifiant le rapport de " calomniateur, erroné et désinformateur ".
Parmi les cancers occasionnés par des substances auxquelles les travailleurs sont exposés dans leur travail figurent ceux liés à lamiante. Mais de nouveaux produits se sont révélés cancérigènes tels les éthers de glycol présents dans des solvants utilisés dans lélectronique. Une étude sur cinq ans et sur 3000 ouvrières de lindustrie des semi-conducteurs IBM aux Etats-Unis a révélé quelles présentaient un taux de 20 à 40 % supérieur de fausses couches quand elles étaient en contact avec des éthers de glycol que les autres ouvrières des mêmes sites. Le 21 janvier dernier, à linvitation de la Fédération des accidentés du travail et des handicapés, plusieurs avocats de familles douvriers américains travaillant dans ces usines ont témoigné que, depuis plusieurs années, des dizaines de cas graves et identiques sy sont déclarés. Ces cancers peuvent aussi affecter dautres travailleurs en contact avec les mêmes substances comme les peintres et nettoyeurs industriels et même les ménagères qui les retrouvent dans les produits de nettoyage. Dautres cancers frappent spécifiquement les travailleurs du bois, de lindustrie nucléaire, des fabriquants et transformateurs de plastique ou sont provoqués par le contact avec le benzène.
Les victimes de la première maladie professionnelle indemnisée en France, les troubles musculo-squelettiques (crampes, tendinites, lumbagos ) sont aussi de plus en plus nombreux. Touchant entre trois et quatre millions de personnes, ce type de trouble concerne tous ceux qui font des gestes répétitifs dans leur travail, du claviste sur ordinateur à la caissière de supermarché. Il y a aussi, parmi les maladies professionnelles des allergies, asthmes et dermites qui touchent les coiffeurs, les boulangers, les peintres, les agents hospitaliers mais aussi des surdités qui affectent les travailleurs du bâtiment, de la métallurgie, du textile et de laéronautique. La médecine du travail estime quune perte daudition de 40 décibels doit être indemnisée à environ 10 % du salaire, 600 F par mois environ, pour la perte de laudition !
Alors, si les maladies dont il ne fait aucun doute quelles sont engendrées par le travail sont si difficilement reconnues comme telles, cest parce que la caisse des maladies et accidents, largement financée par les patrons souvent employeurs des médecins du travail, ne veut pas avoir à indemniser les victimes. Les gestionnaires de cette caisse excédentaire préfèrent transférer sur le régime général de la Sécurité Sociale les dépenses qui lui incombent.
Dans le XVIIIème arrondissement de Paris, plusieurs écoles ont été ou sont occupées par des parents. Dans un secteur (le quartier de La Chapelle) cest pour exiger louverture dune école et dun collège. Dans un autre, cest pour lutter contre la fermeture de classes. Presquau même moment, des grèves ou des mouvements de revendications ont eu lieu dans des écoles ou des collèges du quartier. Tous ces mouvements, à des degrés divers, mettent en cause la politique éducative du gouvernement Jospin comme celle de ses prédécesseurs. Ségolène Royal et Claude Allègre prétendent " mettre lenfant au cur du système éducatif " alors quen fait ils préparent une offensive contre lensemble du personnel tant ouvrier et administratif quenseignant.
Dans le XVIIIème, de nombreux établissements sont placés en zone déducation prioritaire (ZEP), cest-à-dire où léchec scolaire fait partie intégrante de la vie des quartiers. Malgré cela, ils décident de réduire le nombre dheures denseignement (Dotation Horaire Globale) et donc de supprimer certaines filières.
La réponse des enseignants a été la grève reconductible, décidée en assemblée, et des manifestations avec les élèves tant face à la Mairie que face au Rectorat.
Certaines écoles sont encore en préfabriqué, et aussi surchargées. Depuis des années, les autorités administratives savent quil manque au moins une école et un collège, mais pour eux, dautres secteurs sont prioritaires comme le Stade de France. Malgré la mobilisation des parents, loccupation de locaux décoles pour exiger ces ouvertures, le Rectorat a décidé de fermer une des écoles occupées pour tenter de diviser les parents. Et les fermetures de classes continuent, que ce soit dans des écoles élémentaires ou dans des structures spécialisées pour enfants handicapés.
A qui voudrait-on faire croire que les enfants son égaux devant le savoir ? Les écoles privées (comme celle du Sinaï ou des intégristes Loubavitch) reçoivent subventions sur subventions quand certaines écoles laïques nont même pas les moyens minimaux de fonctionner.