Déploiement militaire contre lIrak : une menace contre tous les peuples
Tandis que " les chances de la diplomatie samenuisent " comme le dit la presse, les Etats-Unis auxquels sest jointe lAngleterre renforcent leurs troupes dans le Golfe et recueillent de nouveaux soutiens à une offensive militaire auprès des Etats que leurs représentants ont démarchés.
1500 soldats américains sont arrivés récemment au Koweit pour des " exercices ", selon une information non officielle donnée par un responsable militaire, et létat-major américain a annoncé larrivée de renforts terrestres de 2500 à 3000 hommes supplémentaires, " simplement pour assurer la sécurité du Koweit ". 42 avions supplémentaires vont être déployés dans la région, a dit le secrétaire américain de la Défense, dont 19 bombardiers ou chasseurs. LAngleterre doit y envoyer pour sa part 8 chasseurs bombardiers Tornado.
Une dizaine dEtats ont promis leur soutien en cas doffensive militaire, dont certains comme lAllemagne, le Canada et lAustralie de façon démonstrative, le Portugal, lEspagne, la Pologne, lArgentine, et dans le Golfe, le Koweit, Bahrein, et Oman.
Tout en multipliant les déclarations guerrières, Clinton et Blair continuent à affirmer quil pourrait y avoir une solution diplomatique, cependant de plus en plus faible. Juste de quoi laisser lillusion que les efforts diplomatiques des Etats qui ont des réticences à cette attaque militaire, comme la France, la Russie et lItalie, ne sont pas complètement vains, et que la décision dune offensive militaire ne dépendrait pas exclusivement deux.
Les Etats partisans dune solution négociée, qui tous, se sont affirmés solidaires des décisions de lONU contre lIrak, entretiennent cette illusion, réservant pour plus tard, quand la décision de loffensive serait prise, leur position.
Les reculs successifs, mais jugés insuffisants de Saddam Hussein, accréditent aussi cette illusion que tout pourrait rentrer dans lordre et la guerre être évitée si chacun y mettait du sien. Le dictateur irakien, prisonnier de ces relations de force imposées par limpérialisme, en est en même temps un acteur et le fantoche, hier, lors de la guerre de lIrak contre lIran, un de ses gendarmes dans le Golfe, aujourdhui, son " ennemi public n°1 ". Rôle déterminé par le fait quil ne cherche quà négocier une place dans cet ordre mondial des possédants et à préserver sa propre dictature.
Jusqu'à la dernière minute précédant une attaque militaire, si elle a lieu, tout contribuera à laisser croire quil y a encore un espoir, et quil pourrait y avoir un miracle.
Mais lengrenage, la logique de la guerre est en place, et même si elle nest pas utilisée cette fois-ci, elle constitue une menace permanente non seulement pour la population irakienne, mais également pour tous les peuples du monde. Un chantage terroriste destiné à intimider, soumettre, étouffer toute velléité de contestation ou de révolte dans les pays pauvres, en même temps quune préparation des opinions publiques des pays impérialistes à lidée dune guerre quon naura pas pu éviter malgré tous les efforts de conciliation, et ce, à cause de la " folie " du bouc-émissaire de lheure.
Intervenant devant les sénateurs américains, Madeleine Albright, la secrétaire dEtat aux Affaires étrangères a déclaré que les Etats-Unis pourraient frapper lIrak " à plusieurs reprises " sil y avait même " un soupçon quil reconstituait " son arsenal. Et évoquant lampleur dune guerre si, comme le demandaient certains sénateurs, lobjectif devait être de renverser Saddam Hussein, elle a posé la question : " Combien parmi vous sont prêts à envoyer un demi-million de soldats " en Irak ? Cest la première fois quest évoquée dans cette affaire, même si cest pour lécarter, la perspective dun envoi massif de soldats, et donc de pertes humaines lourdes, non plus seulement pour la population du pays agressé, mais pour celle des Etats-Unis.
Les bourgeoisies impérialistes savent que laggravation brutale de la crise actuelle ouvre une période de révoltes sociales, et en premier lieu dans les pays les plus frappés par cette crise. Outre le Moyen-Orient, il y a - et cest sans doute une de leurs préoccupations premières - la poudrière que constituent les centaines de millions de travailleurs asiatiques réduits en quelques semaines à une terrible dégradation de leurs conditions dexistence.
Au début du mois, Védrine, ministre français des Affaires étrangères, déclarait quun " affaiblissement des Etats-Unis ne pourrait qu'inciter, partout où ils sont de fait un facteur de stabilité, des acteurs secondaires à des politiques hasardeuses ", citant explicitement pour exemple le Proche- Orient et l'Asie.
Quand Martine Aubry approuvait les licenciements ou un ministre quon noublie pas
Les Papeteries de La Couronne (banlieue dAngoulême), " leader européen de lenveloppe " ainsi que le proclame le slogan inscrit sur la façade, sont un exemple édifiant des conséquences de la spéculation financière et de la complicité passive de responsables politiques.
Cette prospère entreprise familiale a été rachetée en 1979 par DRG, groupe industriel anglais, lui-même victime dune OPA menée par un spéculateur américain en 1990. Quelques mois plus tard, le groupe est revendu par lots, au plus offrant. Les dirigeants de lentreprise, soucieux de conserver leur place, font monter les enchères et rachètent à prix dor et... à crédit les sites de La Couronne et Roullet. Les salariés sont fortement " incités " à participer au financement de lopération. Lentreprise est saine, son bénéfice avoisine les 50 millions de francs. Mais le surendettement consécutif au montage financier est tel, que pour y faire face un plan de 148 suppressions demplois est engagé. Interpellé, le ministre du travail de lépoque approuve le plan social : " Ces papeteries sont bien connues de mes services (... ) Cette entreprise ne va pas si mal : Son CA sest accru de 4,5 % et elle dégage un bénéfice de 50 millions. Garantir la survie et le développement des entreprises peut consister à les aider à couper les branches mortes pour mieux développer celles qui sont compétitives. Cest ce qui se passe (... ) ". Cétait Martine Aubry actuel n°2 du gouvernement Jospin !
En 1993 un nouveau directeur est nommé. Il crée un poste de DRH. Aussitôt, un autre plan de 200 licenciements est décidé ! Les salariés se mobilisent, débrayent et avec le soutien de la population manifestent et barrent la RN10. La direction doit alors reculer et le plan social est revu. Cependant, 115 postes seront malgré tout supprimés sous forme de départs " volontaires " obtenus en grande partie par des pressions individuelles.
En 1995 les salaires sont bloqués. En 1996, cest la crèche de lentreprise qui est fermée et les assistantes maternelles, dont certaines âgées de plus de 50 ans, contraintes de travailler à la production.
Lentreprise, objet de la convoitise de trois industriels, est rachetée en 1997 par le groupe espagnol Tompla.
Aujourdhui, la charge de travail est telle, que le recours aux heures supplémentaires et à lintérim (certains licenciés sont dailleurs réemployés par le biais dentreprises de " réinsertion " financées par fonds publics) est pratique courante.
Ce sont les salariés (dont les effectifs sont passés de 1500 à 950 en 10 ans) qui ont payé la note dun montage financier comportant de nombreuses zones dombre et qui aura enrichi divers spéculateurs. Par contre, aucun compte na été demandé aux véritables responsables de ce gâchis social. Si Martine Aubry " connaissait bien la situation de lentreprise ", les salariés ont pu bien connaître la ministre et ne lont pas oubliée...
Ford : les profits augmentent, notre exploitation aussi
Ford, deuxième trust mondial, a publié récemment le montant des profits réalisés en 1997 : 45 milliards de francs soit une hausse de 56 % alors que la vente des voitures na augmenté que de 4 % .
Mais nous sommes bien placés pour savoir doù Ford tire ses profits : dun durcissement de notre exploitation quotidienne.
A Ford Blanquefort, où nous fabriquons des boîtes de vitesse, il nous faut produire toujours plus quoi quil nous en coûte. En production, nous nous retrouvons seuls à faire tourner trois ou quatre machines, à doubler pendant les repas pour ne pas arrêter la production. Sur la chaîne dassemblage, cest le même traitement : la production théorique est de 1350 boîtes par équipe ; elle est quotidiennement dépassée et cest 1400-1450 boîtes qui sortent finies des chaînes. Le record de ce début dannée est de plus de 1480 boîtes. Et il faut voir comment les chefs viennent pousser les boîtes qui arrivent normalement toutes les 16 secondes au poste de travail, pour quelles sortent plus vite !
Quand une machine tombe en panne, pas question darrêter la production pour réparer et ce sont plusieurs travailleurs qui sont sortis dun autre secteur pour exécuter les opérations que faisait la machine. Les contremaîtres mutent ainsi les travailleurs dun service à lautre, à charge de revanche.
Quand le manque de personnel est trop important, les heures supplémentaires sont monnaie courante. En début déquipe, pour les 2X8, cest à 5 heures du matin que nous devons embaucher et pour ceux qui sont déquipe daprès midi, cest en fin déquipe que nous devons travailler en plus, de 22 h 24 à 0 h 24, et le travail du samedi ne nous est pas épargné. Pour les 3X8, cest le samedi ou le dimanche quil faut faire des heures.
Cette exploitation forcenée porte atteinte à notre santé et les malaises au travail sont de plus en plus fréquents : il se passe rarement une semaine sans que nous voyions passer la voiture des pompiers qui amène une ouvrière ou un ouvrier à linfirmerie. Les " petits " accidents se multiplient, la santé de chacun sen ressent et les arrêts maladie augmentent.
Alors ces profits records, cest nous qui les payons et au prix fort !
" La vie de Karl Marx " de Boris Nicolaïevski
Les éditions de la Table Ronde viennent de rééditer dans la collection de poche Vermillon, au prix de 55 francs, la biographie de Karl Marx. L'avant-propos de Denis Tillinac qui se dit " foncièrement hostile au marxisme et ne désire point s'en repentir " est bien dans l'air du temps. Pour lui, la révolution russe de 1917 n'a été qu'un coup d'Etat ouvrant la voie à toutes les dictatures, de Staline, à Castro, Ceaucescu et Pol Pot. Il classe Marx dans la catégorie des " héros romantiques ", aux côtés de Chateaubriand, Napoléon et... De Gaulle ! Se disant " marxien ", il apporte, malgré lui, la preuve que ce qu'écrivait Marx dans " le Manifeste du parti communiste " en 1847, " un spectre hante l'Europe, le spectre du communisme ", est toujours vrai aujourd'hui. Quant à Boris Nicolaïevski, militant socialiste russe, il écrit la biographie de Marx en 1933, quand le fascisme allemand a triomphé et que le stalinisme étouffe le mouvement ouvrier. Ce qu'il dépeint, c'est " la vie du combattant Marx... comment la vie pourrait-elle être comprise autrement que comme l'unité de la pensée et de l'action ? ". Du jeune intellectuel qui se fixe comme but d'être utile à l'humanité et qui plonge dans l'étude de la philosophie la plus moderne de son temps, celle d'Hegel, au jeune exilé qui découvre, à Paris, au contact des ouvriers-artisans de la Ligue des Justes, la fraternité qui " rayonne de ces hommes endurcis par le travail ", jusqu'à celui qui écrit " le Capital ", il y a l'unité d'une vie vouée au combat pour armer la classe ouvrière de la claire conscience de son rôle et de ses tâches. " Marx était par-dessus tout un révolutionnaire. Coopérer d'une façon ou d'une autre au bouleversement de la société capitaliste et des institutions politiques créées par elles, contribuer à la libération du prolétariat moderne, auquel il a, le premier, donné la conscience de sa situation propre et de ses besoins, la conscience des conditions de son émancipation... telle était sa vraie vocation " est le portrait fait par son ami et collaborateur Engels, le jour de la mort de Marx, en 1883. En 1933, Nicolaïevski rédigea sa biographie de Marx pour combattre les trahisons des idées socialistes et communistes par la social-démocratie et le stalinisme. Aujourd'hui, la lecture de cette biographie garde toute son actualité pour ceux qui font confiance à la classe ouvrière pour transformer cette société et qui ont besoin de s'approprier les idées les plus modernes et les plus contestataires, celles du marxisme. Elle permet aussi de comprendre les filiations qui unissent les combats de la classe ouvrière, du vivant de Marx et ensuite à l'époque de Lénine puis de Trotsky qui ont enrichi l'expérience du mouvement ouvrier. Cette lecture est utile aussi pour tous ceux qui se posent les problèmes du mouvement révolutionnaire et de la classe ouvrière.