Derrière
la stabilisation du chômage, laugmentation de la
précarité, de lintérim et de la pauvreté
63 mineurs tués dans un accident en Ukraine : une catastrophe qui a des causes sociales
Les arrêtés
dexpulsion contre deux réfugiés politiques iraniens sont
abrogés
Lycée
Brémontier : halte à la dégradation de nos conditions
détude
Derrière
la stabilisation du chômage, laugmentation de la
précarité, de lintérim et de la pauvreté
Evidemment, pour justifier une telle conclusion, il faut malmener la réalité et les chiffres. Ainsi, les statistiques du chômage pour février annoncent une baisse de 0,2 % des demandeurs demploi. Mais ce mode de calcul exclue les chômeurs ayant exercé une activité réduite de plus de 78 heures dans le mois. Si lon tient compte de ce critère, on ne constate plus une baisse, mais une hausse du nombre de chômeurs de 0,3 %. En fait, non seulement le chômage ne diminue pas, mais il saggrave : les chômeurs de longue durée représentent désormais 37,9 % de lensemble des chômeurs, soit 5,9 % de plus en un an.
Le chômage baisse veut-on nous faire croire, mais la précarité et la flexibilité se développent. Sur les 140 000 emplois créés lan dernier, les deux tiers étaient des emplois en intérim. Les missions en intérim occupaient fin février, 409 763 salariés soit 42,8 % de plus en un an. Ce sont les jeunes qui sont les premières victimes de cette dégradation : les formes demploi précaires représentent 41 % de lemploi des jeunes contre 8 % pour lensemble des salariés qui ont un travail.
Dans lindustrie automobile, le nombre dintérimaires a augmenté de 90 % en un an. Le recours à une main duvre précaire, jeune, diplômée, payée au SMIC, est devenu permanent : les équipementiers emploient jusquà 50 % dintérimaires et les constructeurs, 15 %. Lextension de lintérim, notamment dans lindustrie et le Bâtiment, est telle que Manpower et Adecco sont désormais les premiers employeurs privés en France (400 000 salariés chacun), et emploient plus de personnel que la Poste (310 000 salariés) ou la Compagnie Générale des Eaux (223 000 salariés).
Ce développement de lintérim se traduit par un renforcement de lexploitation. Non seulement, les intérimaires sont taillables et corvéables - une mission sur cinq ne dure quune journée, 60 % moins dune semaine - mais il sont contraints de travailler dans des conditions dangereuses. La CNAM fait ainsi du travail intérimaire le deuxième secteur pour les accidents de travail après le Bâtiment : en moyenne, les intérimaires sont deux fois plus accidentés et deux fois plus gravement que les salariés permanents.
Jusqualors, cétait le chômage qui était la première cause de pauvreté, mais la dégradation du pouvoir dachat, conséquence de la précarité, est telle que désormais de plus en plus de salariés sont considérés comme pauvres. Lorsque lINSEE a publié son dernier rapport sur la pauvreté, beaucoup de salariés se sont fait la réflexion quils étaient pauvres. Selon les critères de pauvreté définis par lINSEE, le SMIC permet de dépasser le seuil de pauvreté si lon est seul, mais un couple dont un des deux conjoints est sans ressource, est au-dessous du seuil de pauvreté. Et pour un couple avec deux enfants, le seuil de pauvreté est de 7900 F par mois. Combien de salariés embauchés en CDI se retrouvent dans ce cas. Lécart entre les chômeurs pauvres et les travailleurs pauvres ne cesse de se réduire.
Ni les mensonges officiels, ni les déclarations gouvernementales ne peuvent cacher cette réalité : la situation du monde de travail se dégrade face aux attaques des patrons qui nont dautre recours dans leur course folle au profit que de renforcer lexploitation et de semer encore plus de misère..
63 mineurs tués dans un accident en Ukraine : une catastrophe qui a des causes sociales
63 mineurs sont morts dans laccident survenu dans une mine en Ukraine samedi dernier. 71 autres sont gravement blessés, dont 15 dans un état très critique. Lexplosion - un coup de grisou - sest produite alors que plus de 600 mineurs étaient au fond, au moment du changement déquipe. Une demi-heure auparavant, lalarme signalant une trop grande concentration de méthane sétait déclenchée, mais aucun ordre na été donné, ni pour faire remonter ceux qui étaient au fond, ni pour retenir ceux qui descendaient relayer leurs camarades. Beaucoup sont morts asphyxiés parce que leurs appareils respiratoires individuels ne fonctionnaient pas.
Depuis 1990, plus de 2500 mineurs sont morts dans les mines ukrainiennes, soit près dun par jour, et il y a chaque année plusieurs milliers de blessés. Les accidents sont dus la plupart du temps au manque dentretien des galeries et du matériel, qui provoque éboulements et pannes dascenseurs ou de ventilateurs. LEtat ukrainien, maintenant comme en Russie, au service des entrepreneurs capitalistes, des banquiers et des financiers du FMI, consacre toujours moins de moyens pour cette branche peu rentable de léconomie. Le budget 1998 , a déclaré le ministre de lindustrie charbonnière, ne couvre que 30 % des besoins . Les mineurs, qui gagnent 200 dollars par mois, viennent tout juste de toucher une partie de leur paye de novembre, et en décembre dernier, ils étaient plus de 15 000 à faire grève pour réclamer leurs arriérés de salaires.
Craignant une explosion de colère, le gouvernement a décrété un deuil national de deux jours, envoyé plusieurs ministres qui ont répandu des larmes hypocrites, et promis une indemnité de 15 000 à 35 000 dollars aux familles des victimes. Le ministre de lindustrie du charbon sest même indigné : Cest scandaleux. Il faut prendre des mesures pour améliorer la sécurité dans les mines . Ne pouvant cacher cependant son cynisme, il a déclaré : Les mineurs sont courageux. Certes mais il nont surtout pas dautre choix possible. Les ministres ont été pris à partie par les mineurs et leurs familles. Au nom de quoi ces gens périssent-ils, si leur salaire na pas été payé depuis sept mois, si je ne peux pas acheter du pain à mon enfant ? a lancé au premier ministre une femme qui a perdu son mari dans laccident. Aux journalistes, ils ont dit leur désespoir et leur révolte : Avant 1991, les mineurs emmenaient un véritable repas au travail. Maintenant bien peu peuvent se le payer. Un homme avec une pomme de terre, un oignon et une tranche de pain, est considéré comme riche, et normalement, il partage avec les autres , dit un mineur rescapé de la catastrophe, et lorsquun camarade de travail déclare : cest tout le système quil faut accuser , il ajoute : le patron na pas faim, il a toujours quelque chose à manger.
Pour faire connaître ce changement et le nouveau logo, dans un environnement capitaliste où chaque jour est marqué par les fusions et les rachats qui concentrent des entreprises de tous secteurs, entre des mains de moins en moins nombreuses, la CGE a commandé une campagne de pub de 400 millions à Havas. On nest jamais si bien servi que par soi-même.
Parions que la campagne sera diffusée par les moyens de communication de Vivendi. Canal +, la chaîne télé soi-disant impertinente, LExpress , Le Point , Courrier International , LExpansion et bien dautres médias propriétés du groupe ne manqueront pas de flatter limage de leur véritable patron, tout en se vantant de leur indépendance.
Le secteur de la communication (télé, presse, édition, pub et télécommunications) représente aujourdhui 25 % du chiffre daffaires du groupe, le reste étant composé dentreprises de transports, de BTP, dénergie, et bien sûr de traitement des eaux, la vache à lait de Vivendi qui en se partageant le marché des villes françaises avec la Lyonnaise et Bouygues, avant de sattaquer aux marchés du Tiers -Monde, a fait exploser le prix de leau.
La fusion en tout cas a produit son effet, pas seulement médiatique, puisque le cours de laction CGE a monté le jour même de 8,6 %, la plus forte hausse pour ce titre depuis 10 ans. Quelques jours auparavant, le PDG annonçait les profits de 1997 : 5,4 milliards pour la CGE, et 1,4 pour Havas. Les actionnaires peuvent être satisfaits : le dividende versé pour chaque action augmente de 25 %, passant de 12 à 15 F, soit une distribution de 2 milliards de francs pris évidemment sur le travail des salariés du groupe.
Les
arrêtés dexpulsion contre deux réfugiés
politiques iraniens sont
abrogés
En 1990, à leur libération après la prison pour action contre le régime de Khomeiny, le ministre de lIntérieur de lépoque, le socialiste Pierre Joxe, avait prononcé des arrêtés dexpulsion à leur encontre. Depuis, en dépit du jugement du 11/12/91 de la Cour de Cassation qui les avait déclarés illégaux, ces arrêtés avaient quand même été maintenus par tous les ministres de lIntérieur successifs, quelle que soit leur étiquette politique.
Aujourdhui, au bout de tant dannées, cette injustice prend fin. Cest le résultat de la ténacité, de la combativité de ces deux réfugiés politiques ainsi que celle des militants et associations qui les ont soutenus.
Ils ne sont bien sûr pas au bout de leur peine. Maintenant, il va leur falloir faire toutes les démarches pour obtenir la carte de résident de dix ans. Il faut repartir à zéro : visite médicale, papiers à fournir, passer dun bureau à lautre, dun guichet à lautre qui ne dit pas la même chose, faire face aux tracasseries dune administration peu encline en ce moment à faciliter les choses aux étrangers.
Mais pour eux, un grand pas est franchi. Savoir quon va pouvoir vivre au grand jour, avec des papiers en poche sans une menace perpétuelle dexpulsion cela change la vie. Bien des travailleurs immigrés qui se battent actuellement pour obtenir ces droits élémentaires savent quil sagit parfois dune question de vie ou de mort.
Lycée
Brémontier : halte à la dégradation de nos conditions
détude
Jeudi 26 mars, une délégation composée de professeurs, de parents et dun élève, tous élus du Conseil dadministration du lycée, menait des négociations avec lInspection académique. Le résultat nous a été annoncé le vendredi 27 : promesse dexamen de dossier pour la rentrée 98 et un poste temporaire au secrétariat pour la durée des inscriptions, pendant les mois dété.
Décidément, on se moquait de nous : la colère a éclaté. Nous nous sommes retrouvés, BEP ICB (viticulture nologie), CAP ETL (employés de laboratoire) et BAC PRO BIO (bio-industrie), à une soixantaine, sous le préau principal pour soutenir, par notre mobilisation, nos profs qui étaient en train de se réunir. Nous avons écrit une lettre au proviseur, lui demandant de se débrouiller comme il voudrait mais de satisfaire nos revendications dembauches et de crédits pour le matériel. La lettre a été remise par les délégués de classe qui ont fait le tour du bâtiment science pour en faire constater létat. Le nettoyage des classes a été promis pour dans les deux semaines à venir mais cela ne veut pas dire leur entretien régulier.
Nous sommes restés à occuper une partie de laprès-midi et pour quelques-uns jusquà la fin des cours à 17 heures, pour montrer quon nentendait pas se laisser désarmer par de simples promesses.