Trois jours de mobilisation
non stop des travailleurs de Ralston à Elbeuf et à
Rouen
Ford-Blanquefort (33) :
promesses non tenues et chantage à
lemploi
Fusions
bancaires : largent coule à flot
Plusieurs banques américaines ont annoncé leur regroupement pour constituer des empires financiers dominant le monde. Le but de lopération est dicté par une concurrence de plus en plus acharnée pour sapproprier des richesses qui naugmentent pas, loin sen faut, au même rythme que les masses de capitaux avides de profit. Ce que reconnaît clairement un économiste : les dirigeants des groupes bancaires dont les actions séchangent très cher en Bourse à leur valeur dépassant 20 fois leur bénéfice, sont sous pression. En fusionnant, ils sachètent encore quelques années de croissance . Cette course aux concentrations ne supprime pas la concurrence - au contraire celle-ci se fait à un niveau bien supérieur dans tous les pays qui se lancent dans la même politique de fusions pour servir leurs capitalistes.
Aux Etats-Unis, en premier ce sont Citicorp et Travelers Group Inc qui ont consommé leur mariage pour 70 milliards de dollars. La semaine suivante, la Bank One Corp et la First Chicago Corp, pour 29 milliards de dollars, et quelques heures après la BankAmerica Corp et la Nations Bank Corp, en fusionnant, devenaient la première banque américaine avec 570 milliards de dollars dactifs. Cette tendance est à lorigine aussi de loffre publique dachat qua lancée la Bank of New-York sur la Mellon Bank en attirant les actionnaires de la banque convoitée en leur offrant une prime de 28 %, sur la base du cours des actions en bourse. Ces fusions sortent du champ dun esprit rationnel , commentait un économiste. Le gigantisme des nouveaux empires financiers a entraîné, comme chaque fois que de nouveaux profits sannoncent, la hausse des cours des actions des banques concernées. Ce qui a fait dire à un banquier : chaque fois que le marché paraît un peu vulnérable, on a quelque chose dénorme. Cest sacrément dargent qui coule dans les mains des investisseurs. Le spectacle continue . Spectacle euphorique qui, pour les salariés des banques, prend lallure dun drame : dores et déjà, le président de la BankAmerica a annoncé 8 000 suppressions demplois sur un total de 180 000 salariés, ce qui va permettre déconomiser 2 milliards de dollars et la fusion de la Banc One et de la First Chicago doit se traduire par 10 000 suppressions demplois.
Pour les banquiers, conquérir de nouvelles parts de marché à léchelle internationale est la seule façon de continuer à accroître les profits financiers et pour cela, il leur faut augmenter toujours plus la productivité. La course à lenrichissement est dautant plus âpre que les banques américaines considèrent quelles ont un retard à rattraper du fait de la législation mise en place dans les années de crise de 1929 qui les obligeait à différencier les activités commerciales et daffaires et à exercer dans le cadre de lEtat où était leur siège. Aujourdhui, ces contraintes, qui déjà sétaient considérablement assouplies, volent en éclats et les banques en profitent pour se tailler des empires financiers plus larges.
En France, Strauss-Kahn a annoncé la fusion du CIC avec le Crédit Mutuel dans lobjectif de gagner des parts du marché européen. La vente au Crédit Mutuel de 67 % des parts que lEtat détenait dans le CIC va rapporter au gouvernement près de 14 milliards de francs. Le nouveau groupe se situera au 5ème rang des banques françaises et sil a été annoncé quil y aurait 3000 créations de postes, ce qui reste à voir, le CIC a précisé quil ny aurait pas de baisse des effectifs jusquen 2003, date butoir pour ne pas effectuer un nouveau regroupement bancaire. Après avoir parrainé ce nouveau groupe, le gouvernement continue sa politique au service des banquiers avec la privatisation du GAN et du Crédit Foncier de France.
A léchelle du monde entier, cette concentration croissante des capitaux et du pouvoir économique se traduit à lautre pôle par un appauvrissement croissant des peuples et des travailleurs.
Trois
jours de mobilisation non stop des travailleurs de Ralston à Elbeuf
et à Rouen
Jeudi 30 avril, nous sommes venus manifester à une cinquantaine de lusine de piles Ralston menacée de 334 licenciements, accompagnés par des chômeurs de lADEBE, lors de la réunion annuelle des patrons, artisans, commerçants, élus locaux et diverses autorités galonnées dElbeuf et de son agglomération. Nous les avons accueillis à lentrée par quelques slogans du genre Les patrons licencient, licencions les patrons ou Du fric pour lemploi, pas pour les patrons . Un camarade a pu intervenir au début de leur grand-messe, au nom de lintersyndicale CGT/CFDT et du Comité dorganisation contre les licenciements à Ralston. Après avoir décrit la situation sociale catastrophique de lagglomération (700 licenciements et suppressions de postes annoncés en 3 semaines à Ralston, Renault Cléon, Teeds... ), et rappelé les conséquences indirectes du chômage sur les familles et les petits commerçants locaux, il a présenté les revendications des salariés : interdiction des licenciements, ouverture des livres de comptes des groupes et de leurs dirigeants, arrêt des subventions aux entreprises qui licencient et utilisation de largent économisé pour la création demplois par lÉtat dans les hôpitaux, transports, enseignement... Son intervention na rencontré aucun succès parmi les 150 notables présents, mais par contre il a été chaleureusement applaudi dans nos rangs !
Vendredi 1er mai, la manifestation dans les rues dElbeuf a rassemblé 400 personnes, dont une bonne moitié en ciré jaune. Cest la tenue de ralliement des Ralston pendant leurs actions, un ciré avec les slogans : Energizer, la pile qui crée des chômeurs. Interdiction des licenciements à Ralston comme ailleurs.
Ces slogans étaient repris par tout le monde, ainsi que lInternationale. A la fin de la manifestation, nous nous sommes tous donné rendez-vous pour le lendemain samedi.
Samedi 2 mai, nous nous sommes retrouvés à 150 devant lusine où nous attendaient 3 cars qui nous ont conduit à Rouen, aux 24 heures motonautiques, une épreuve sportive qui attire des milliers de spectateurs. Parmi nous, il y avait aussi des chômeurs et deux ouvrières de Teeds, déjà venus à la manifestation du 1er mai. Nous avons manifesté à 200, avec détermination et bonne humeur, jusquà lIle Lacroix où avait lieu le départ de la course. Nous ne sommes pas passés inaperçus avec nos ballons, autocollants, tracts, banderoles, sifflets et bien-sûr nos cirés (et nos casquettes) jaunes ! Plusieurs camarades du Comité dorganisation se sont adressés, via la sono de la CGT, au public qui attendait pour expliquer la situation à Ralston et dans lagglomération. Au moment du départ des bateaux, nous avons lâché comme prévu nos ballons et nous sommes repartis en chantant Ce nest quun début, continuons le combat .
Huit salariés de Locatrans, une entreprise de transport et de manutention, sont depuis quatorze mois dans une situation insupportable. La société pour laquelle ils travaillaient, Locatrans, a perdu le marché quelle avait depuis plus de dix ans à la SOGERMA au profit des sociétés Cégélec et TMG. Dans ce cas, la loi prévoit que les salariés doivent être réembauchés par les sociétés qui ont repris les marchés.
Mais les salariés nont pas été repris par TMG : Locatrans disait quils nétaient plus salariés dans leur entreprise et la SOGERMA, principale responsable puisque cest elle qui fixe les conditions auxquelles elle accorde les marchés, disait quelle nétait pas concernée par ce problème. Depuis quatorze mois, ces huit salariés sont donc ainsi renvoyés de patron en patron et sans ressources. Depuis le début, ils ont refusé le sort qui leur était réservé, sinstallant devant Locatrans et entamant des poursuites devant les tribunaux contre toutes les sociétés. Le 1er mars dernier, le tribunal des prudhommes leur a donné satisfaction et a ordonné leur embauche à TMG, et le 10 mars que des indemnités leur soient versées. Mais depuis rien. Une manifestation de solidarité a eu lieu devant le siège de TMG mercredi dernier. Alors quun accord était en vue, la société TMG a demandé en référé lexpulsion des grévistes des locaux de TMG. La loi est plus rapide pour satisfaire les patrons que pour faire respecter les droits des travailleurs.
Echo du bulletin Front des
Travailleurs SNCF Rouen
rédigé par des militants
de lART et de Voix des
Travailleurs
Non aux transferts de tâches
La direction du dépôt de Sotteville na quun seul mot à la bouche : productivité.
Après avoir pendant plusieurs années resserré les roulements, la direction sattache aujourdhui aux transferts de tâches. Cest dabord le transfert des vacations Quatre-Mares effectuées dhabitude par des conducteurs qui seraient remplacés par des agents du Service Intérieur. Cest aussi transférer des trains, assurés par des conducteurs de ligne qui seraient remplacés par des conducteurs de manoeuvre, notamment Sotteville-Etrepagny et Sotteville-Louviers.
Tout cela pour les mêmes raisons : réduction des coûts , cest-à-dire faire faire le travail par des agents payés moins cher. Même si les arguments de la direction paraissent attirants (diversification du travail, augmentation des primes), ne soyons pas dupes : même travail, même salaire.
Partout à la SNCF cest la même chose : ne nous laissons pas faire.
Ford-Blanquefort
(33) : promesses non tenues et chantage à
lemploi
Il y a deux ans, la direction avait fait passer des tests à plusieurs dizaines de jeunes camarades qui étaient en CDD pour leur proposer de faire un contrat-qualification. Quarante avaient été retenus et la direction leur avait demandé de rompre leur CDD en prenant soin de leur faire signer une déclaration par laquelle ils sengageaient à ne pas demander dindemnités de rupture de contrat. Une promesse dembauche leur avait été faite - le coefficient dembauche, 170, leur avait même été précisé - ainsi que toutes les possibilités de déroulement de carrière sils réussissaient leur examen.
Cette année le contrat arrive à terme. Mais plus question dembauche, même en ayant réussi lexamen. La direction est revenue sur ses engagements et tous ont été mis à la porte, la veille du week-end du 1er mai.
Dans une lettre leur annonçant le licenciement, le chef du personnel écrit : la situation très changeante de notre volume de production nous empêche une vision claire et stable de lavenir, et ne permet pas de vous assurer à tous, une embauche définitive systématique et à court terme.
La direction a le cynisme décrire aussi que leur embauche ne dépend pas delle mais des travailleurs susceptibles de partir dans le cadre de lARPE. Elle multiplie en effet les pressions pour contraindre ceux dentre nous qui sont susceptibles de partir dans le cadre de lARPE, de quitter lusine. Mais beaucoup refusent, non parce quils ont envie de rester à Ford mais parce quavec 81 % de leur salaire, ils estiment quils ny arriveront pas ( un salarié qui touche 8000 F partirait avec 6400 F mensuels).
Non seulement la direction a renié toutes les promesse faites aux jeunes en contrat de qualification mais elle a le culot de tenter de reporter sur dautres camarades la responsabilité de leur licenciement. Mais tout le monde sait bien que la direction ment lorsquelle prétend quelle ne peut pas embaucher parce quil ny a pas de travail : lundi dernier, elle a rappelé une partie des 170 intérimaires quelle avait licenciés il y a plusieurs mois.
Les
expulsions continuent, manifestons notre solidarité
Après les expulsions de ces dernières semaines qui ont fait scandale car elles ont été rendues publiques par la résistance des sans-papiers eux-mêmes et des comités qui les soutiennent, aujourdhui, plus discrètement, la police de Chevènement continue son sale travail. Beaucoup de sans-papiers préfèrent se cacher plutôt que faire appel aux associations de soutien ; et cest ainsi que lon apprend, après coup, que certains immigrés ont été expulsés. Et pour un cas connu, combien après plusieurs jours denfermement au centre de rétention sont expulsés dans lanonymat. Plusieurs dizaines sans doute chaque jour dans le pays
Cest pour protester contre ces expulsions et pour exprimer notre solidarité que des manifestations seront organisées à Paris et dans plusieurs autres villes le 16 mai prochain.
La
lutte des chômeurs continue
Après des semaines de lutte et d'occupations menées par les militants d'AC ! Bordeaux, dont 15 sont sans logement, les seules réponses à leur exigence d'un toit ont été les brutalités policières et des réunions où on nous a menés en bateau. Des copains à la rue, des jeunes sans boulot et sans avenir, ils s'en foutent...
La dernière expulsion de la clinique Wilson, occupée 12 jours, avait provoqué un coup au moral, poussant 4 militants à entamer une grève de la faim dans l'église Saint-Michel.
Mais le moral et la détermination sont revenus. A l'AG du mardi 28 avril, plusieurs organisations sont venues nous soutenir et nous avons décidé de participer à la manifestation du 1er mai. Nous y avons distribué un tract et pris la parole pour appeler à un rassemblement lundi 4 mai, jour où une délégation était reçue à la préfecture.
Lundi, nous nous sommes retrouvés une centaine, militants chômeurs et salariés d'AC, de l'APEIS ou de la CGT, regonflés d'être tous ensemble au coude à coude, attendant sans aucune illusion l'issue de la réunion à la préfecture. Nos camarades de la délégation nous ont très vite rejoints : Aucune proposition... alors, nous avons claqué la porte !
Un gréviste de la faim a annoncé la fin de la grève, déclarant que s'ils s'imaginent qu'on va se laisser mourir de faim dans notre coin, ils se trompent.
Mardi, à une trentaine, plus que jamais déterminés, nous avons appliqué la loi de réquisition au 307, boulevard Wilson, dans une pension privée pour retraités, fermée depuis des mois, que nous sommes décidés à occuper. On connaît maintenant le quartier et les voisins pour avoir occupé la clinique... au 311 !
Comme a dit une camarade, il y a 12 000 logements inoccupés à Bordeaux, alors s'ils nous expulsent une nouvelle fois, il n'y a pas de problème, on les fera tous !