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La nécessité du regroupement des révolutionnaires : début de discussions et vrais enjeux

Depuis quelques semaines, une discussion s’est soudainement ouverte entre la Ligue Communiste Révolutionnaire et Lutte Ouvrière. Que deux organisations révolutionnaires qui vivaient en s’ignorant superbement s’ouvrent à nouveau à la discussion, nous ne pouvons pour notre part que nous en réjouir. Nous pensons que cette discussion au sein de toute l’extrême-gauche est indispensable et aussi inévitable du fait de la situation nouvelle. Personne n’est en mesure de s’y soustraire. Ceci dit, la discussion entre LO et la LCR, pour le moment, revêt un caractère étrange, quelque peu dogmatique où chacun assène à l’autre de longues citations à propos de la question du Front Unique sans que la discussion précise sur les tâches actuelles des révolutionnaires soit réellement entamée. On ne peut que le regretter mais sans doute n’est-ce que les difficiles préliminaires qui ne manqueront pas de déboucher sur la discussion de fond concernant les perspectives de l’extrême-gauche.

Le problème, pour la LCR comme pour LO, c’est que chacun a bien du mal à aborder directement cette question pour la simple raison que chacun s’apprête à faire l’inverse de ce qu’il disait vouloir faire. La LCR, championne du regroupement à gauche de la gauche, se prépare à une liste commune aux européennes avec Lutte Ouvrière alors que Lutte Ouvrière, qui ne cesse de répéter “ hors de nous point de salut ”, s’apprête à s’allier à la LCR en reprenant à son compte, pour une part, sa politique. C’est ainsi qu’on pouvait voir le week-end dernier, à l’occasion de la fête de la Ligue à Rouen, Lutte Ouvrière participer à un débat regroupant outre la Ligue, le PC, le PS et les Verts, ce qui eut été il y a peu une trahison pure et simple !

Chacun s’engage dans une direction qui diverge de son orientation sans le dire réellement et en conséquence aucun n’est en mesure de poser concrètement la question des tâches qui résultent de la situation actuelle, c’est-à-dire la nécessité d’un regroupement de l’ensemble des forces d’extrême-gauche pour donner naissance à l’embryon d’un véritable parti. De tels faux semblants préludes à des négociations ne peuvent que surprendre voire choquer, certes, mais cela ne doit pas cacher l’essentiel.

L’avenir, c’est le regroupement de toutes les forces des révolutionnaires, tendant la main à tous les travailleurs socialistes et communistes en rupture avec la politique de leurs partis au gouvernement.

L’extrême-gauche est de fait engagée dans ce processus. Les deux fêtes à venir tant de LO que de la LCR seront l’occasion d’en débattre fraternellement. Nous nous en réjouissons. D’autres étapes viendront dans les mois prochains et pour notre part, nous souhaitons le plus vivement qu’une candidature commune LO-LCR exprime dans les prochaines élections européennes la dénonciation de l’Europe des capitalistes qui se construit contre les peuples, pour affirmer la solidarité internationale et la nécessité d’une Europe des travailleurs.

Une telle liste serait la meilleure, et la seule, réponse aux manœuvres politiciennes du Parti socialiste qui voudrait remodeler le scrutin proportionnel pour empêcher l’extrême-gauche d’avoir des représentants au Parlement européen. Elle serait une étape importante.

Citation : Karl Marx “ Le dix-huit brumaire de Louis-Napoléon Bonaparte ”

“ La révolution sociale du XIXème siècle ne peut pas tirer sa poésie du passé, mais seulement de l’avenir. Elle ne peut pas commencer sa propre tâche avant de s’être débarrassée de toute superstition à l’égard du passé. Les révolutions antérieures avaient besoin de réminiscences historiques pour se dissimuler à elles-mêmes leur propre contenu. La révolution du XIXème siècle doit laisser les morts enterrer leurs morts pour réaliser son propre objet. Autrefois, la phraséologie dépassait le contenu, maintenant, c’est le contenu qui dépasse la phraséologie ”.

Emplois-jeunes : Seillière fait du “ social positif ”

Lors d’une réunion du CNPF consacrée à l’emploi des jeunes, Seillière a précisé les objectifs des patrons : 400 000 contrats en alternance pour l’an prochain. Seillière appelle cela faire “ du social positif ” et choisit ses références : “ comme dirait Tony Blair, l’apprentissage et la formation ça marche ”.

Ca marche d’ailleurs même très bien pour les patrons qui ont signé 370 000 contrats de ce type l’an passé. Ces contrats en alternance, apprentissage, contrats de qualif étaient destinés à l’origine à des jeunes sans formation. Aujourd’hui les patrons en font signer aussi à des jeunes diplômés, sortant même quelquefois des grandes écoles. Les 205 086 jeunes en apprentissage l’an passé étaient payés entre 25 et 75 % du SMIC et leurs patrons ont touché une prime de 6 000 F à l’embauche et 10 000 F par année de formation. 130 milliards sont affectés à la Formation professionnelle dont les patrons touchent une bonne partie par l’intermédiaire de ces contrats.

 Le “ social positif ” à la sauce Seillière, c’est donc cela : exploiter des jeunes en leur payant des salaires de misère -un véritable SMIC jeunes dans les faits- et en plus toucher des milliards de l’Etat pour cela !

Gayssot, lèche-bottes des capitalistes

En visite officielle aux Etats-Unis le ministre PCF des transports, de l’équipement et du logement s’est donné en spectacle dans plusieurs grandes villes devant des parterres de PDG américains.

Il a par exemple loué “ l’esprit de conquête, la compétition et la compétitivité des Etats-Unis ”, ajoutant : “ la loi du marché est un bon système de stimulation et elle fournit de bons indicateurs de performance ”. Il a aussi expliqué qu’“ il est faux de dire que les Etats-Unis n’ont créé que des petits boulots pour amener le chômage à 4 % ”...

Il a répété à chaque rencontre : “ c’est la première visite officielle d’un ministre de ma sensibilité politique aux Etats-Unis ”. Un interlocuteur désarçonné s’est d’ailleurs demandé : “ veut-il dire qu’il est un ancien communiste ? ”.  Eh non, Gayssot n’a jamais été communiste, stalinien seulement, et ce n’est pas pour lui un bien grand reniement que de chanter les louanges du système capitaliste... Mais tout de même, le faire avec un tel enthousiasme, même Martine Aubry ou Dominique Strauss-Kahn n’auraient pas osé, par peur du ridicule et pour tenir leur rang de ministres “ socialistes ”. Mais Gayssot, ancien ouvrier et ancien militant sorti des rangs d’un parti se revendiquant du communisme, doit mettre les bouchées triples pour prouver avant tout par ses actes au sein du gouvernement Jospin mais aussi par de tels propos qu’il est un larbin totalement fiable pour ses maîtres capitalistes.

Crédit lyonnais : un accord sur le dos des salaries et des contribuables

Un accord a été conclu entre la Commission européenne et le gouvernement français sur les conditions du “ sauvetage ” du Crédit Lyonnais. Dans cette affaire, la Commission européenne et le gouvernement français semblaient défendre des intérêts opposés : Bruxelles souhaitait que la banque vende une grande partie de ce qu’elle possède et réduise sa taille en contrepartie des plus de 100 milliards d’aides versés par l’Etat pour renflouer la banque. La Commission exigeait aussi que la privatisation se fasse de gré à gré, c’est-à-dire sans que l’Etat français puisse exercer de contrôle sur le futur repreneur de la banque.

Finalement un accord a été trouvé, qui semble satisfaire les deux parties : le Crédit Lyonnais devra vendre 620 milliards d’actifs et la privatisation aura lieu au plus tard le 31 octobre 1999.

Les futurs actionnaires du Crédit lyonnais privatisé seront débarrassés de tous les tracas puisque c’est nous, les contribuables qui avons réglé l’ardoise en versant un nombre de milliards, dont aucun gouvernement n’a d’ailleurs jugé bon de nous faire connaître le montant exact. Milliards dont il est officiellement dit que nous n’en reverrons pas la couleur car lorsqu’il sera privatisé le Crédit lyonnais ne sera même plus obligé de respecter une clause dite “ de retour à meilleure fortune ”, qui l’obligeait à consacrer une partie de ses bénéfices à rembourser l’Etat. Une telle clause a été jugée néfaste aux actionnaires qui seront assurés de percevoir un taux de dividende minimum de 58 % des bénéfices.

Quant aux salariés et aux contribuables français, aucune clause ne leur garantit quoi que ce soit et pour cause ! Les ventes des banques à l’étranger, la fermeture de 70 des 1920 agences françaises vont se traduire par de nouveaux licenciements. Les contribuables, eux, auront versé plus de cent milliards de francs pour qu’une poignée d’actionnaires puisse empocher des dividendes confortables.

Alors malgré tout le cinéma fait autour du “ bras de fer ” entre Paris et Bruxelles, les camps sont bien tranchés : non pas entre la Commission européenne et le gouvernement français, mais entre les salariés du Crédit lyonnais et les contribuables d’une part, et d’autre part, le commissaire européen et le ministre des Finances français. Tous deux sont d’ailleurs membres du Parti socialiste et sont bien d’accord sur ce qui pour eux est l’essentiel : permettre aux capitalistes de faire le maximum de profits en licenciant les salariés et en rackettant les contribuables !

Hypocrisie et morale au menu des “ 8 ”

La rencontre du 15 au 17 mai entre les huit représentants des principales puissances qui dictent leur loi à la planète devait être, paraît-il, un moment de détente entre bons amis. Tony Blair, chargé de l’organiser, a accueilli ses hôtes dans un château près de Birmingham où tenue décontractée était de rigueur pour faire une pause dans l’emploi du temps accablant de ces gens-là. On a pu ainsi voir ces messieurs da

mes applaudir à tout rompre à un concert, sans doute pour donner l’image qu’ils ne boudaient pas les plaisirs simples. Cet étalage de bêtise et de mièvrerie n’a fait que révéler à quel point, face à l’aggravation de la situation internationale, les grands de ce monde sont dépassés et se comportent de façon dérisoire. Un des sujets au menu de la rencontre étant la dette des pays pauvres, 40 000 personnes ont fait une chaîne humaine à Birmingham pour s’opposer à l’étranglement des populations des pays pillés par l’impérialisme. Tony Blair, en bon socialiste pratiquant la morale et l’hypocrisie, s’est prononcé pour continuer dans la voie du précédent G7 de 1996 qui faisait une distinction entre les “ pays pauvres très endettés ” pour lesquels il était question de ramener le montant de la dette à un niveau “ supportable ”, comme la Bolivie, le Burkina Faso, la Côte-d’Ivoire, le Mozambique, l’Ouganda, la Guyane et les autres. Dans leur magnanimité, les 8 ont décidé de considérer prochainement la Guinée-Bissau et le Mali comme appartenant aux “ pays pauvres très endettés ”. Tony Blair n’a pas été suivi dans sa proposition d’une liste de 15 à 20 nouveaux pays, ce qui, de toute façon, n’a aucune conséquence puisque ces distinctions ne changent strictement rien au sort des populations concernées. Chirac n’a pas été en reste pour faire une proposition hypocrite en proposant de retenir l’idée, non chiffrée, de créer un “ fonds de solidarité thérapeutique contre le sida ”. Tous, une fois de plus, se sont retrouvés dans la défense commune des privilèges des capitalistes qui dominent la planète et dont la soif de profits précipite les peuples et les classes ouvrières dans la catastrophe.