éditorial



Les renards assoiffés de pouvoir et méprisant les droits des peuples révélés et ridiculisés par eux-mêmes

Dimanche dernier, Clinton et son compère Tony Blair ont mis fin aux bombardements qui ont déversé sur l'Irak plus de bombes que pendant toute la guerre du Golfe. " Mission accomplie ", ont-ils déclaré. Quelle mission ? Quel objectif politique visait cette sauvage intervention militaire baptisée " Renard du Désert " ? L'un comme l'autre sont bien incapables de le dire. Ils agitent toujours pour justifier leurs actes terroristes l'épouvantail du dictateur Saddam Hussein, mais, encore plus aujourd'hui qu'en 91 au moment de la guerre du Golfe, il est clair que ce dernier n'est qu'un prétexte. L'Irak est affaibli, sa population affamée. Soumis à l'embargo, aux contrôles de l'ONU, il n'a aucun moyen de nuire à la paix. Personne, qui plus est, ne peut croire que les USA pourraient venir à bout de la dictature, si jamais cela était leur objectif comme ils le prétendent, en lui faisant la guerre. Bien au contraire, la haine que sème parmi les peuples déshérités l'intervention américaine ne peut que renforcer politiquement la dictature passée maître dans l'art de dévoyer les sentiments des masses à son propre profit.

L'acte de terrorisme des USA contre le peuple irakien n'avait d'autre but que de démontrer la force de l'impérialisme et par là même, de l'homme fini qui est à sa tête, Clinton.

Il est significatif que la décision de bombarder l'Irak ait été prise suite à un rapport mensonger du responsable de l'ONU chargé de superviser les contrôles sur l'armement irakien. Ce rapport déformant l'attitude de l'Irak fut remis directement à Clinton avant de l'être à l'ONU. Il est significatif aussi que Clinton ait décidé du bombardement de l'Irak sans en référer à l'ONU, violant les règles du droit international dont il se revendique tant, lui le champion de la paix et de la démocratie. Il s'est contenté du soutien de son allié obligé, le petit monsieur, Tony Blair, son compère toujours prêt à lui emboîter le pas pour réciter, tout sourire, ses litanies morales pour justifier sa bassesse cynique.

Clinton voulait faire une démonstration de force à l'égard de l'opinion américaine. Il voulait démontrer que lui, le président des alcôves, celui qui n'avait pas fait la guerre du Vietnam, était bien un vrai président capable de sacrifier des milliers de vies humaines pour les intérêts de sa carrière personnelle qu'il confond avec ceux des Etats-Unis.

Clinton, jouant sa carte personnelle, n'avait pas à s'embarrasser de ses alliés, dont Jospin, qui s'est contenté d'émettre des doutes pour lui assurer sa solidarité totale quant au fond. Tous les dirigeants politiques des grandes puissances ont accepté d'être mis devant le fait accompli, solidaires du président dans sa fonction, solidaires des Etats-Unis contre le peuple irakien que les uns et les autres affament depuis des mois par l'embargo.

Par son coup de force, Clinton espérait bien plus que seulement repousser de 24 heures la décision par le Congrès américain de sa mise en procès en vue de sa destitution. Il espérait se protéger au prix de 400 missiles et de milliers de morts de cette destitution, pariant que les Républicains n'oseraient pas aller jusqu'au bout. Quel manque de jugement ! Il n'en a rendu les Républicains que plus acharnés à bafouer ce président d'opérette qui voudrait se donner la stature d'un chef militaire.

C'est une belle occasion de voir la tartuferie et l'hypocrisie de ces politiciens dont le républicain, président du Congrès, qui a cru bon, le cœur sur la main, de rendre publiques ses infidélités conjugales pour démissionner ensuite. Les semaines qui viennent seront sûrement encore riches d'enseignements sur ce monde pervers des politiciens de la bourgeoisie habitués, en bons chrétiens, à dire une chose pour en faire une autre.

D'un côté, les discours lénifiants sur la démocratie et le droit international, de l'autre, les bombardements, le terrorisme d'Etat contre un peuple désarmé et à genoux, le tout au nom des intérêts de la carrière d'un politicien. Oui, voilà qui illustre bien la morale cynique des classes privilégiées qui imposent leur dictature aux peuples et aux travailleurs du monde entier.

Ce qui se passe aujourd'hui a au moins le mérite de le mettre en pleine lumière, au regard de tous. Cela ne peut que contribuer à balayer les illusions que bon nombre d'opprimés nourrissent à l'égard des grandes puissances et de leurs dirigeants, subjugués par leur force et leurs beaux discours de riches faisant la leçon aux pauvres. Cela ne peut que hâter la prise de conscience chez des millions de femmes et d'hommes,victimes de la politique des grands Etats et de la poignée de financiers qu'ils servent, qu'il n'y aura pas de paix dans le monde, de démocratie comme de respect du droit des peuples sans liquider cette classe cynique dont les politiciens jouent avec la vie de millions d'hommes pour leurs intérêts personnels. Tout comme les financiers et les patrons jouent avec le sort des travailleurs pour leur seule soif de profits.

 

Chères et chers camarades, tous nos vœux !

VDT ne paraîtra pas la semaine prochaine, la dernière semaine de l'année qui s'achève. VDT s'offre une petite pause à l'occasion des fêtes et nous voudrions profiter de ce numéro pour adresser à tous nos amis nos vœux les meilleurs pour l'année qui commence.

Cette année 1999 sera pour l'ensemble des travailleurs ainsi que pour le mouvement révolutionnaire, une année importante sinon charnière, riche de possibilités, d'espoir mais aussi lourde de dangers.

La bourgeoisie, acculée par la folle logique de son système qui exige que les entreprises dégagent toujours plus de profit pour nourrir les opérations financières, se prépare avec la complicité active de la gauche plurielle, à mener une nouvelle offensive contre le monde du travail. Et cela, indépendamment d'une aggravation ou non de la crise dans laquelle est plongée l'économie mondiale. La Bourse de Paris peut fêter son année la plus florissante des dix dernières années parce que l'exploitation des travailleurs ne cesse de se renforcer. Ces nouveaux profits, patrons, financiers et gouvernement les feront payer à la population laborieuse.

Qui plus est, il y a fort à parier que le répit momentané que connaît la crise ne dure pas longtemps. Il est même probable que les mois qui viennent connaîtront un nouvel épisode du krach rampant qu'a ouvert, il y a plus d'un an, la crise en Asie.

De même, il y a fort à parier que la relative détente politique que crée l'effondrement du Front national ne dure bien longtemps.

Voilà pourquoi l'année qui vient sera très importante. Elle pourrait être l'année du retour de balancier qui voit le mécontentement, la révolte des classes populaires s'exprimer du côté de l'extrême-gauche et, en particulier, à l'occasion des élections européennes, sur la liste LCR-LO, ou par une remontée des luttes.

1999 sera l'année où la possibilité que se constitue un nouveau parti, représentant authentique du monde du travail, se dessine en toute clarté. De la possibilité à la réalisation concrète, il y a un pas important, celui du choix volontaire, de l'action consciente des militants et sympathisants d'extrême-gauche comme de l'ensemble des travailleurs et des jeunes que nous saurons convaincre de notre combat, qui sauront y prendre leur part pleine et entière.

Et les meilleurs vœux que nous puissions formuler pour chacune et chacun est de connaître le bonheur de ce combat et de sa réussite.

Bonnes fêtes à tous et rendez-vous le jeudi 7 janvier pour le numéro 72 de VDT !