éditorial



Kosovo : les grandes puissances parlent de paix, font la guerre aux peuples et soutiennent les dictateurs

La date-butoir que les diplomates occidentaux avaient imposée pour clore les négociations de Rambouillet sur le sort du Kosovo, cette province de l'ex-Yougoslavie à laquelle le dictateur serbe Milosevic refuse la simple autonomie, droit qu'il lui a supprimé par la force en 1989, a abouti à… un nouveau rendez-vous entre les différents protagonistes. Les diplomates américains et européens avaient concédé un nouveau délai au dictateur serbe juste le temps de trouver un compromis qui renvoie dos à dos le bourreau et sa victime tout en envisageant un arrangement sur un processus de trois ans allant vers l'autonomie !

Milosevic, alors que les grandes puissances menaçaient le peuple serbe de frappes aériennes pour faire céder ce dictateur qu'elles ont elles-mêmes contribué à mettre en place, n'a non seulement rien cédé mais a obtenu que la rupture des pourparlers ne relève pas de sa seule responsabilité, condition pour rendre impossible toute mesure de représailles.

Jospin a déclaré au sujet de ces négociations : " Il faut que les protagonistes sortent du XIXème siècle vers lequel ils retournent pour entrer avec nous dans la fin du XXème siècle et le début du XXIème siècle ". Il utilise en politique étrangère les mêmes mensonges qu’en politique intérieure : il inverse les rôles pour masquer les vrais responsables.

Si les troupes de Milosevic ont fait 2 000 morts au Kosovo et plus de 200 000 réfugiés, c’est avec la complicité des dirigeants des grandes puissances qui se posent aujourd’hui en arbitres. Ils parlent de paix mais préparent leurs bombardiers et si les USA veulent imposer la présence au Kosovo de 30 000 soldats, ce n’est pas pour protéger le peuple kosovar, c’est pour mieux pouvoir faire pression sur Milosevic et sur les dirigeants kosovars, pour que les combats ne s’étendent pas à l’ensemble de la région. Les massacres de Srbrenica, que les " casques bleus " ont laissé perpétrer sans lever le petit doigt, ont bien montré que les droits des peuples étaient le dernier de leurs soucis.

Ce sont les grandes puissances qui, par anticommunisme, pour se ménager des zones d’influence, ont encouragé les dirigeants nationalistes comme Milosevic à démanteler la Yougoslavie au lendemain de la mort de Tito. Elles ont brisé ces relations que les peuples avaient construites dans un mouvement populaire qui, pendant la deuxième guerre mondiale, les avait réunis dans la lutte contre une même oppression et qui leur avaient permis de vivre pendant quarante ans sans affrontement national.

C’est par crainte des peuples que les dirigeants des grandes puissances ont favorisé les démagogues nationalistes. C’est en réprimant à la fin des années 80, au nom du nationalisme serbe, le soulèvement du peuple kosovar qui réclamait ses droits, en écrasant une grève générale et les luttes des mineurs du Kosovo, que Milosevic a consolidé son pouvoir et qu’il a été reconnu comme interlocuteur par les grandes puissances.

Il sait qu’elles ont besoin de lui pour mater son peuple et c’est cela qui lui donne la force de les défier.

Pour défendre l'ordre impérialiste, les USA et les pays européens ont besoin de dictateurs comme Milosevic, comme ils ont besoin de la dictature turque à laquelle ils ont donné tout leur soutien pour arrêter le leader nationaliste kurde Öcalan. Eux qui ont armé le régime turc qui livre depuis des années une guerre sanglante au peuple kurde privé de tous ses droits, ils voudraient donner le change en exigeant de ce gouvernement qu’il fasse un " procès équitable " à Öcalan. Le peuple kurde a chèrement payé cette politique de duplicité des grandes puissances qui, au gré de leurs intérêts, ont quelquefois fait mine de le soutenir alors qu'ils ont toujours armé ses massacreurs.

Milosevic et tous ces dictateurs savent bien que les grandes puissances, derrière leurs grands discours, les soutiennent parce qu’ils musellent leurs peuples. Ils négocient auprès d’elles le prix de leurs services. Lorsque ces dernières estiment qu’ils vont trop loin, qu’ils risquent par leur avidité de mettre en cause leurs intérêts, elles les remettent au pas, comme un chef de la mafia rappelle à l’ordre un homme de main qui outrepasse les consignes. Ce sont les peuples qui paient le prix fort des règlements de compte entre leurs oppresseurs, comme cela risque d’être une nouvelle fois le cas si les forces de l’OTAN interviennent au Kosovo.

Alors oui, il faut sortir du XIXème siècle mais aussi du XXème, c’est-à-dire sortir du monde capitaliste qui plonge les peuples dans les guerres et les crises pour qu’une poignée de bourgeois puisse piller la planète.

C’est du côté des opprimés et de leurs luttes que se trouvent l’avenir et le progrès. Et puisque Jospin nous parle d’histoire, rappelons-nous que la révolution russe avait créé un immense espoir pour les opprimés, qu’elle avait délivré les nationalités opprimées du joug du tsarisme et permis la constitution d’une république soviétique visant aux respects des droits des nationalités. La lutte des travailleurs russes et de tous ceux qui s’étaient reconnus dans leur combat, n’a pu être menée à son terme, trahie par les dirigeants sociaux-démocrates et staliniens, dont Jospin et Hue sont aujourd’hui les héritiers. C’est en continuant cette lutte, au nom des idées du socialisme et du communisme, que les peuples conquerront la démocratie, la prospérité et la paix.

 

L'électricité : proie des trusts à l'échelle européenne

Après le transport aérien et les télécommunications, le marché européen de l’électricité est ouvert à la concurrence depuis vendredi 19 février. C’est la conséquence d’une directive européenne de 96 devant entrer en vigueur deux ans plus tard et qui fixait qu’une entreprise ne pouvait démarcher des clients dans un pays étranger que si ses consommateurs nationaux avaient accès aussi à la concurrence. EDF jusqu’à maintenant achetait des entreprises à l’étranger mais avait conservé le monopole du marché français. L’Union européenne vient donc d’obtenir que le marché français de l’électricité ne soit plus protégé. Une ouverture minimum de 26,5 % est d’abord envisagée, ne concernant que les 400 très grosses entreprises. Plus tard, elle sera généralisée à des entreprises moyennes puis s’étendrait aux particuliers.

Le gouvernement français était bien d’accord pour mettre en application cette directive car elle est souhaitée par les industriels européens et français. Il n’est qu’à voir comment le secrétaire d’Etat à l’industrie, Pierret, a fait des pieds et des mains pour s’assurer que le projet de loi débattu à l’Assemblée mardi 16 février soit voté. Pour cela, il lui fallait obtenir les voix du groupe communiste. Celui-ci, avec une manifestation sous les fenêtres de l’Assemblée de plusieurs milliers d’électriciens et de gaziers conduite par la CGT, ne voulait pas avoir l’air de brader " le service public nationalisé ". Mais en échange de quelques amendements habilement négociés par Pierret et d’un délai jusqu’au 2 mars pour le vote définitif, le gouvernement s’est vite acquis la neutralité des députés du PC qui trouvaient finalement que la transposition de la directive européenne servait le service public ! Au-delà de ce baroud d’honneur à l’Assemblée nationale, les jeux sont faits et les décisions sont prises.

L’ouverture du marché de l’électricité à la concurrence va se faire pour le plus grand avantage du patronat, à commencer par la direction d’EDF : le programme de construction de centrales étant achevé, leur renouvellement n’étant pas pour demain et la politique du tout nucléaire étant arrivée à son maximum, il devient urgent pour EDF de chercher ailleurs des marchés et de s’étendre à l’échelon international. Sont intéressés, bien sûr, les concurrents d’EDF, des groupes privés comme Air Liquide, Suez-Lyonnaise et Vivendi déjà propriétaires de secteurs de productions d’électricité dans d’autres pays. Dans cette société où l’argent est maître, l’électricité n’est pas un bien précieux collectif mais une marchandise comme une autre, comme l’eau, entre les mains des profiteurs. L’Europe capitaliste ne favorise pas le progrès. Elle introduit une déréglementation maximum pour permettre aux trusts de s’affronter pour l’appropriation de cette source d’énergie sur une arène plus vaste.

Dans l’avenir, les patrons d’EDF et les autres, au nom de la concurrence et de la rentabilité maximum, s’en prendront aux salariés, à leurs quelques avantages, à leurs horaires, à leurs retraites, à leurs salaires, à leurs effectifs, si nous les laissons faire. Ils ont déjà commencé. Quant aux tarifs, ces tractations profiteront aux gros consommateurs au détriment des particuliers.