A Renault-Cléon, la politique de la direction a du mal à passer
A Renault-Cléon, les 5 000 travailleurs de lusine sont confrontés à une série dattaques en règle concernant les conditions de travail, la vente de la fonderie et la mise en place des 35 heures. La direction veut être en position de force sur lensemble de ces sujets.
Au Montage Moteur F, les cadences des deux chaînes Tabliers ont été augmentées de 20 % depuis janvier. Les travailleurs dans leur ensemble ont résisté en travaillant à leur rythme et en refusant systématiquement les heures supplémentaires et le travail du samedi. Du coup, la direction a eu recours début février à des contrats intérimaires dune journée. Cest ainsi que 60 intérimaires ont été recrutés spécialement pour faire le complément de production en plus de la vingtaine dintérimaires présents en temps ordinaire. Payés aux environs de 500/600 francs par samedi, cest la généralisation du RMI comme salaire de référence pour les jeunes de la classe ouvrière. Dautant que la direction entend proposer ce " travail à la carte " à des jeunes étudiants (les enfants des salariés de Cléon) pour les " aider " dans leurs études. Ce sont peut-être ces contrats de journaliers que Renault présentera demain comme des embauches ?
Quant au démantèlement des Services, Bureaux, Méthodes, la direction a annoncé la mutation de 120 personnes vers la Fabrication depuis le premier mars 1998. A cela sajoute la tentative, comme à Flins, dintégrer les professionnels de la Maintenance à la Fabrication pour à la fois dépanner et produire. Avec cette politique de diriger le personnel de structure vers la production, Renault anticipe ainsi les conséquences du Plan Automobile sur les mesures dâge pour les plus de 50 ans : 42 000 départs pour Renault et PSA contre 14 000 embauches, trois départs pour une embauche.
Mais le sujet dactualité à Cléon, ce sont les 35 heures. Pour la direction, pas question de passer de 39 heures à 35 heures en travaillant quatre heures de moins. La loi Aubry a créé la notion de " temps de travail effectif " qui exclut du calcul des heures de travail les temps de pauses et de repas. Par une savante manipulation entre temps de présence et temps de travail effectif, les travailleurs de lautomobile nauraient que deux heures de travail en moins au lieu de quatre.
A cette première arnaque permise par la loi Aubry, sajoute le projet de la mise en place de la " pluri-annualisation " sur 3 ans avec des semaines de 46 heures et 10 heures maximum de travail par jour, avec des rythmes de travail allant de trois à six jours. Ce qui veut dire que le travail du samedi sera imposé dans le cadre de la semaine de six jours et ne sera plus payé en heures supplémentaires à 130 %. Comme disent les ouvriers à Cléon : " cest du travail gratis ".
Tout cela a été largement débattu lors des réunions dinformations syndicales organisées par la CGT, la deuxième semaine de février. Les travailleurs, dont certains venaient pour la première fois à ce genre de réunion, ont exprimé que la mise en place des 35 heures nest acceptable que sil y a des avantages pour eux et lembauche des jeunes. Comme le disait lun dentre eux : " Si cest pour être pire avec 35 heures quavec 39, autant rester comme avant ". La réaction des ouvriers de Peugeot qui rejetaient laccord que sapprêtaient à signer lensemble des syndicats, sauf la CGT, a été commentée par certains pour dire " quil ne faut rien attendre de la hiérarchie syndicale. Les ouvriers ont leur avis à donner et cest à eux de décider de leur avenir ". Dautres salariés ont dit leur souci que la lutte soit la plus efficace possible et, pour cela, ils pensaient quil fallait lunité des syndicats sur ce sujet brûlant des 35 heures.
Jeudi 18 février, ce sont 600 travailleurs qui ont débrayé une heure à lappel de la CGT sur le problème des 35 heures. La plupart des grévistes présents étaient contents de se retrouver aussi nombreux et de voir la présence de jeunes embauchés. Ce premier débrayage est un avertissement ; le ras-le-bol des cadences élevées, les conditions de travail qui se dégradent sont autant de facteurs qui peuvent multiplier lénergie des travailleurs de Cléon pour ne pas se voir imposer les 35 heures au rabais, au seul profit du patron.
Le lendemain, ce sont les travailleurs de la Fonderie qui ont aussi fait grève sur les trois équipes pour dénoncer la vente de la Fonderie à Teksid fin avril. La CGT exige une prime de départ du groupe Renault. Le directeur de la Fonderie est resté bloqué dans son bureau de 10 heures à 17 heures et a reçu finalement une délégation de grévistes.
Elf Atochem Agri, (Bassens près de Bordeaux) : une semaine de grève pour la défense du pouvoir dachat
Depuis mardi 16 février, à lappel du syndicat CGT, 24 ouvriers sur un effectif total de 34 se sont mis en grève et se sont relayés 24 heures sur 24 sur un piquet de grève qui bloquait lentrée de lentreprise aux camions. Les fours produisant la fleur de soufre ont été arrêtés.
Les grévistes nont pas accepté l'accord salarial central signé pour les trois sites (Canet, Septemes et Bassens) par la CGC et FO qui fait que leur pouvoir d'achat est une fois de plus menacé au nom de la compétitivité et de la concurrence dans leur filiale du groupe Atochem, lui-même sous-groupe d'Elf Aquitaine.
En effet, l'accord ne prévoit que 0,5 % (de 30 à 40 F, une misère) comme augmentation générale et 1,5 % d'augmentation GVT (Glissement Vieillesse Travail) au titre de l'ancienneté, du "mérite" et de la promotion, favorisant le bon vouloir du patron pour distribuer les bons points.
Contre cet accord, les grévistes revendiquent une augmentation générale de 1,5 % et 0,5 % pour le GVT, la revalorisation de leurs coefficients par poste et atelier, la création d'une prime de poste existante dans le groupe Atochem, une prime d'ancienneté portée jusqu'à 20 ans de présence et une prime exceptionnelle de 2000 F pour l'effort consenti à l'obtention de la norme ISO 9002.
Pour toute réponse, ils ont reçu, le vendredi 19, des assignations à comparaître au Tribunal de Grande Instance le lundi 22 février pour avoir bloqué les livraisons et le départ des produits fabriqués, alors que le personnel non gréviste a toujours pu rentrer dans l'entreprise. Devant les menaces de fortes amendes dont ils risquaient dêtre frappés par le tribunal, les grévistes ont levé le blocage de lentrée et le référé n'a pas eu lieu. Perdant ainsi ce quils estimaient leur principal moyen de pression, sous la menace du tribunal et sans lappui des deux autres sites Elf Atochem, ils ont décidé de reprendre le travail tous ensemble plutôt que de voir leur mouvement seffriter. Mais même sils ont repris le cur gros, ils ont montré, dans la perspective de la négociation sur la loi Aubry qui est proche, quils nétaient pas prêts à se laisser faire.
Solectron-Canéjan : Avec les 35 heures, la direction voudrait augmenter la productivité et la flexibilité
Depuis le début de lannée, il y a une baisse de charge. La direction en a profité pour licencier la plupart de nos camarades intérimaires, soit 150 personnes sur une totalité de 850 salariés embauchés dont environ 400 travaillent à la production. Même si quelques-uns reviennent ces derniers jours, ça fait un gros vide.
Pour nous, il y a toujours autant de travail et malgré la baisse de charge, la direction cherche la rentabilité maximum. Pour remplacer nos camarades intérimaires, on nous a mutés sur des postes du jour au lendemain et il faudrait quon en fasse autant que ceux qui ont lhabitude de travailler sur ces postes.
Dans le même temps, des lignes et des secteurs ont déménagé pour faire de la place et faire en sorte que de nouvelles lignes puissent être installées rapidement en cas de nouvelles commandes. La direction est même en train de faire construire par LLO, un sous-traitant qui gère les commandes de composants nécessaires à la production, un bâtiment directement sur le site. Pour le moment, LLO se trouve à Pessac, à quelques kilomètres de là ; en se rapprochant, cela permet à la direction de gagner du temps et donc de largent.
Cest dans ce contexte quelle commence à nous préparer aux 35 heures. Il y a quelque temps, elle faisait courir des rumeurs envisageant quon pourrait travailler 6 jours dans la semaine et 6 heures par jour. Maintenant, elle dit quelle nous fera plusieurs propositions dhoraires. Alors quil y a quelques mois dans un article sur " Sud-Ouest ", le PDG, Mollet, disait quil nétait pas favorable aux 35 heures à Solectron, aujourdhui il est vraiment pressé de les mettre en place. Et on se doute bien que, pour nous, il ny aura pas de choix et que la direction essaiera de mettre en place les 35 heures en fonction de ses intérêts, cest-à-dire en augmentant la productivité, en formalisant la flexibilité et ceci avant juin, pour pouvoir toucher les subventions de lEtat qui seront de 7 millions de francs environ, cest-à-dire 9000 F par salarié de lentreprise, soit un million de plus que ce que les embauches coûteront réellement.
Nous, de ces 35 heures là, on nen veut pas ! Et on la fait savoir en répondant aux questionnaires de la direction sur les 35 heures, en disant quon était contre une diminution de salaires à 82 %. Et même, sur un secteur, une pétition contre les 35 heures que propose la direction en modifiant nos horaires en 6x6 a été largement signée.
Nous, les 35 heures que nous voulons, cest une réelle diminution du temps de travail sans perte de salaire avec lembauche de nos camarades précaires, sans flexibilité, avec des horaires qui nous permettent de vivre et de travailler dans de bonnes conditions. Et cela, la direction en a largement les moyens, elle qui se vante régulièrement daugmenter ses profits.
Et pour empêcher la direction de nous imposer ses 35 heures, il faudra que nous inversions le rapport de force ; nous avons besoin de nous organiser entre travailleurs, de créer des liens, de discuter de nos intérêts ; ce sera le seul moyen de préparer les luttes qui seront nécessaires pour la faire céder.
Face à la violence, il faut du personnel
Echo du bulletin Voix des Travailleurs Centre Pierre Jeanet (hôpital psychiatrique du Havre)
Les situations où la violence peut survenir sont de plus en plus fréquentes : personnes en hospitalisation doffice à aller chercher, patients en chambre d'isolement, appels de sécurité. Souvent, les collègues masculins sont amenés à interrompre le cours " normal " de leur travail pour aller " en renfort ", parfois à prolonger leur quart.
Il y a quelques mois, la direction a sorti une belle enquête, puis plus rien ! Maintenant, elle souhaite rencontrer le personnel... Pourtant, nous savons ce qui est nécessaire : un personnel médical et soignant en nombre, notamment au SAU (Service d'aide d'urgence) qui doit être agrandi, sans que l'on sache si la dotation en postes suivra.
Echo du bulletin Voix des Travailleurs CPAM Rouen
Les départs ARPE permettent actuellement à des personnes ayant commencé de travailler à 14 ou 15 ans, de partir avant 60 ans. La retraite elle-même nest complète que pour ceux qui peuvent totaliser pratiquement 40 ans de cotisations !
Aujourdhui nos proches, nos enfants nentrent dans le monde du travail guère avant 25 ou 30 ans, avec des petits boulots et autres emplois précaires.
On peut se demander à quel âge ils auront cotisé suffisamment pour avoir droit à une retraite. Une raison de plus pour mettre un coup de pied dans la fourmilière et exiger des embauches immédiates. Du travail, il y en a et tout de suite !
Pétrole : la spirale baisse des prix - licenciements - récession
Selon lInstitut américain du pétrole, le prix des produits pétroliers est au plus bas depuis la dépression économique des années 30. Loin de profiter à la population, la baisse des prix a été répercutée immédiatement sur les travailleurs par les patrons du secteur pétrolier pour maintenir leurs taux de profits. Ainsi, lindustrie pétrolière américaine a supprimé 42 000 emplois en 1998, et 11 500 de plus en janvier 1999.
Un pas de plus dans la récession.