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Thibault en tête de manifestation pour tenter de récupérer et d’édulcorer un mouvement de soutien à un militant et à la lutte des sans-papiers

La manifestation de lundi 8 à Clermont-Ferrand qui a rassemblé entre 10 et 15 000 personnes pour exiger la relaxe de Michel Beurier, militant CGT accusé d’avoir favorisé la fuite d’un sans-papiers condamné à l’expulsion, a été un succès. C’est un encouragement pour tous ceux qui n’acceptent pas que soient remis en cause les droits démocratiques et pour tous ceux qui, avec ou sans papiers, luttent depuis trois ans pour la régularisation de tous et contre les lois répressives de Debré, Pasqua et Chevènement.

Quand une fraction de la population laborieuse est attaquée, ce sont les droits de tous qui reculent. Le procès de ce militant syndical en est l’expression : les lois anti-immigrés visent l’ensemble de la classe ouvrière. La répression touche en premier lieu les plus démunis, les travailleurs clandestins vivant dans la crainte d’un internement en centre de rétention et d’une expulsion, mais aussi tous ceux qui combattent pour le droit à la dignité et à une vie décente pour tous et qui soutiennent et participent au combat des sans-papiers.

Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, était en tête de manifestation. Mais l’ensemble de ses déclarations ont été dans le sens d’édulcorer la signification réelle de la manifestation. Il a tenté de la transformer en protestation contre une sanction injuste, présentant M. Beurier comme un homme " placide et de droit ", quelqu’un de " non violent, serein, pacifiste ", relayé par le dirigeant local de la CFDT qui assurait : " il s’est toujours montré un dirigeant à la fois mesuré, raisonné, qui ne s’emporte pas, qui se maîtrise "...

Thibault a tenté de reprendre les revendications des milliers de manifestants en les émasculant, voulant les circonscrire à une protestation contre une justice qui ne ferait pas bien son travail, n’arrêterait pas les bons coupables. Car toute l’argumentation de Thibault a été d’expliquer que M. Beurier n’était pour rien dans la bousculade et la fuite du jeune sans-papiers, que c’est la police qui n’avait pas fait son travail, " laissant filer le prisonnier par inattention. Une bavure policière en quelque sorte " comme l’écrit L’Hebdo, le journal de la CGT… Refusant de s’opposer de face à la politique de Chevènement et de la gauche plurielle, Thibault veut limiter la responsabilité de la CGT.

Thibault, cet homme si " mesuré " et " raisonnable ", voudrait peut-être que les militants s’excusent de ce qu’ils font ? Il voudrait en faire des femmes et des hommes " de droit ", respectueux d’une justice qui sanctifie le droit des plus forts, la violence d’une société de profit, qui pousse les plus faibles d’entre nous à une vie dans l’ombre, contraints de vivre traqués, à la merci des négriers et des flics ?

Les manifestants ont apporté leur réponse en clamant " la solidarité n’est pas un délit ", " Jospin, on dirait la mère Thatcher " et en arborant les drapeaux rouges.

La lutte des sans-papiers et des militants qui partagent leur combat ont obligé Thibault à se prononcer, même si c’est avec des contorsions, pour la régularisation des sans-papiers et à dénoncer la situation des " 70 000 d’entre eux qui ont été déboutés et des 50 000 à 100 000 autres qui ne se sont pas déclarés ", comme elle a obligé Notat à déclarer " il n’est pas acceptable qu’il puisse y avoir 60 000 non-droit ". Tous deux voudraient croire qu’en reprenant des revendications, ils pourront mieux les empêcher. Ils se mettent le doigt dans l’œil.

La lutte tenace des sans-papiers, même minoritaire et malgré les difficultés rencontrées, a gagné l’estime, la solidarité et le soutien de l’opinion publique et des militants ouvriers. Et elle a révélé chaque jour la politique de chacun, non seulement celle du gouvernement de la gauche plurielle qui manie le bâton et condamne les militants, mais aussi l’ambiguïté, quand ce n’est pas la connivence, de dirigeants syndicaux.

Echo de la manifestation de soutien à Michel Beurier

Nous sommes partis une soixantaine, lundi 8 mars au petit matin, en bus d’Angoulême pour aller manifester à Clermont Ferrand pour la relaxe de Michel Beurier. Il y avait des militants de la CGT de différentes usines de la Charente, des représentants des sans-papiers, du comité de chômeurs CGT, de Ras l’Front, etc. Des discussions animées ont eu lieu durant le trajet, des militants de la CGT s’élevant contre l’accord Thibaut-Notat, d’autres mécontents de la politique du PC et qui disaient avoir déchiré leur carte.

A l’arrivée, la manifestation très importante, de 12 à 15 000 personnes avec des délégations de nombreux départements, avait démarré dans une ambiance chaleureuse et dynamique. Notamment, avec la délégation des Bouches du Rhône qui chantait et dansait.

Les slogans exigeaient la relaxe du militant de la CGT, dénonçaient la complicité entre le gouvernement et la justice. L’Internationale était souvent chantée.

Un jeune chômeur d’Angoulême, très content du monde, disait que ça faisait plaisir d’être aussi nombreux.

Echo du bulletin - PTT Rouen Recette Principale

Jusqu’à la moelle !

Le RMI n’est même pas un revenu minimum. Et pourtant, les huissiers en mal de poursuite se permettent de bloquer ces revenus auprès de la CNE. Où est le respect simplement de la légalité dans tout cela ? Quant au respect de l’être humain, n’en parlons pas. Même si les sommes ne sont pas ponctionnées directement, elles ne sont disponibles qu’après démarches et coups de fil interminables.

La Poste, dernier établissement financier à accueillir, sous contrainte de la Banque de France, les revenus minimums, ne devrait-elle pas fermer ses portes une bonne fois pour toutes aux charognards, vampires et autres vautours qui défendent la bourgeoisie jusqu’aux dernières extrémités ?

Fonderie de Leroy Somer ( Angoulême) : insécurité et hécatombe d’accidents, la responsabilité du patron !

Jeudi 6 mars dernier, un travailleur du service " fusion " a été victime d’un grave accident à la main droite. Chargé de nettoyer la fosse devant le four du chantier 16, il a soulevé à l’aide du pont roulant la plaque de fonte de plusieurs centaines de kilos qui la recouvrait et, dans la manœuvre, celle-ci a basculé et est venue lui écraser l’index de la main droite. Il a du être amputé des deux premières phalanges.

Cet accident est le troisième qui se produit dans ce service en trois semaines ! Le mardi précédent, un camarade avait été gravement brûlé au pied par de la fonte alors qu’il coulait sur le chantier 14. Et une dizaine de jours avant, un autre camarade avait aussi été brûlé au pied par de la fonte en conduisant le fenwick qui sert au transport du métal en fusion. Dans ce dernier cas, la direction s’était dépêchée de mettre un pare-brise sur ce véhicule car c’est à cause de cela qu’un autre camarade avait été très gravement brûlé en octobre 98. En 4 mois, la direction n’avait pas trouvé le temps de mettre cette sécurité !

Ces accidents à répétition sont particulièrement révoltants et font discuter les travailleurs. Les camarades blessés sont des " anciens " dans le service. Mais on a beau " être prévenu " ou se méfier de toutes les manœuvres, le gros " pépin " guette tout le monde et cela montre à quel point la sécurité est négligée par le patron. Car il ne suffit pas d’invoquer une étrange " loi des séries ", comme on l’entend dans la bouche de certains pour éviter les responsabilités.

Quand il s’agit de la production, la direction ne laisse rien au hasard. Quand elle a voulu la certification " ISO 9002 ", aucune procédure de travail n’est passée au travers de l’étude de postes ; des centaines d’imprimés ont été édités pour décrire la manière de faire et assurer la " qualité du produit ".

Pour la sécurité, pas tant de travail et rien de tel ! A nous de nous débrouiller avec les moyens du bord en espérant passer au travers du danger.

En même temps que les camarades se retrouvaient à l’hôpital, nous apprenions que LS venait d’augmenter ses bénéfices de 800 millions de francs, soit 15,5 % de mieux qu’en 1998. Voilà où prendre l’argent pour assurer notre sécurité !