éditorial
Communiqué de " Voix des Travailleurs "

A bas la guerre des grandes puissances contre les peuples de l'ex-Yougoslavie

Jeudi 1er avril, ont lieu, à l'appel de différentes organisations et partis, des manifestations contre la sale guerre que mène le gouvernement français, allié aux autres grandes puissances, contre les peuples de l'ex-Yougoslavie.
Il est de l'intérêt de tous de faire de ces manifestations un succès, une mise en accusation, de l'aventure guerrière irresponsable dans laquelle le gouvernement voudrait nous engager avec lui.
Pour justifier ce terrorisme contre les populations de l'ex-Yougoslavie, Chirac et Jospin invoquent des motifs humanitaires. C'est un mensonge. Pour en juger, il n'est qu'à voir les effets immédiats des premières vagues de bombardements, villes dévastées, populations condamnées à l'exode, alors que le dictateur Milosevic, l'ancien allié des grandes puissances, conforte sa position, et aggrave la sanglante répression contre les Kosovars.
Ceux qui sont à la tête des affaires de ce pays sont irresponsables, eux qui ont cru qu'il suffirait de bombardements pour ramener le dictateur serbe à la table des négociations. Aujourd'hui, la logique de leur aventure guerrière menace d'une intervention militaire terrestre.
Il faut tout faire pour tenter d'enrayer cette folie guerrière, dont tout le monde paiera les conséquences, y compris ici, tant sur le plan politique que social.
C'est pourquoi " Voix des Travailleurs " appelle à participer à toutes les manifestations, qui pourront avoir lieu, pour dire non à la guerre, affirmer le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, et dénoncer la folie guerrière dans laquelle Chirac et Jospin, la droite et la gauche, voudraient nous entraîner.

L'Europe de Jospin et des capitalistes, ce sont des peuples entiers terrorisés et réduits à l'exode et à la misère.
Non à la sale guerre en ex-Yougoslavie.

Jospin et Chirac ont revêtu l’uniforme aux côtés de Clinton et de Blair. Ils font la guerre en ex-Yougoslavie. La main sur le cœur, ils voudraient se faire passer pour des humanistes venant au secours d’un peuple en détresse, un peuple dont ils avaient oublié l’existence lors des accords de Dayton de 1995. Cette agression des grandes puissances capitalistes a révélé tout de suite ses conséquences désastreuses. Elle a révélé son caractère à la fois barbare, hypocrite et irresponsable, à l’image de leur système.

Les prétextes mis en avant pour bombarder la Serbie étaient de protéger le peuple kosovar et de contraindre le dictateur serbe Milosevic à accepter leur " solution " pour le Kosovo. L’intervention de l’OTAN a eu les effets inverses, ce qui était prévisible. Milosevic en a tout de suite profité pour procéder à une nouvelle " purification ethnique ". Au Kosovo, ses soldats et ses miliciens brûlent les habitations des Albanais et terrorisent la population pour la contraindre à l’exode vers d’autres pays. On assiste à la fuite éperdue de dizaines de milliers de familles pauvres qui tentent d’échapper aux massacres. Pendant une semaine, les seuls secours humanitaires sont venus de familles aussi pauvres qu’elles tandis que les Etats impérialistes lançaient leurs bombardiers et leurs avions furtifs qui coûtent des milliards.

Quant à Milosevic, il a pour l’instant consolidé sa position en prenant en otage la population serbe. Il a détourné à son profit les sentiments de colère et d’injustice des Serbes provoqués par les bombardements de l’OTAN.

Le scénario actuel ressemble en partie à celui de la guerre du Golfe et des frappes aériennes américaines sur l’Irak en décembre dernier, mais en pire quant aux conséquences. Les grandes puissances ont besoin des Milosevic ou des Saddam Hussein pour maintenir l’ordre contre les peuples des pays sous leur contrôle. Mais dès qu’elles veulent faire étalage de leur force pour que ces dictateurs arrêtent de les narguer, c’est le fiasco. Les dictateurs jouent les victimes et s’en sortent très bien tandis que les populations locales vivent un cauchemar.

En s’engageant dans cette guerre à haut risque, les dirigeants des Etats impérialistes se sont adaptés stupidement à la logique de leur ordre économique et social : licencier, réprimer, cogner de toutes les façons sur les peuples et sur les travailleurs, pour préserver leur capacité à faire des profits.

Ils tombent aujourd’hui dans un piège qu’ils ont fabriqué eux-mêmes et de longue date. En maintenant cette partie de l’Europe dans la misère, en imposant des frontières artificielles et en réactivant, par chefs de guerre locaux interposés, toutes les vieilles haines nationales qui avaient fini par s’apaiser, ils ont divisé les peuples. Ils ont créé non seulement une situation inextricable mais en retour des haines qui ne s’éteindront jamais contre l’ordre ignoble qu’ils défendent et qui ne profite qu’à une minorité de milliardaires sur cette planète.

La guerre actuelle dans les Balkans peut se transformer un jour en une sorte de guerre du Vietnam sur le continent européen. Les Clinton et les Jospin le savent. Leur façon de répéter que, pour l’instant, ils n’enverront pas de troupes se battre au Kosovo ou en Serbie est une façon de préparer l’opinion publique à une telle éventualité, qui peut devenir une nécessité pour leur ordre mondial. Les chefs militaires américains parlent désormais d’une guerre d’usure contre Milosevic.

Comment stopper l’escalade infernale qui risque de se mettre en place, avec toutes les souffrances et tous les sacrifices qui, d’une manière directe ou indirecte, seraient supportés par tous les peuples d’Europe ? Nous n'avons aucune illusion à nous faire, seule l'intervention des travailleurs peut arrêter la folie meurtrière. Notre intérêt à nous travailleurs est de nous opposer à ce gouvernement qui participe à cette guerre et d’exiger le retrait des troupes françaises des Balkans. Nous sommes nombreux à être choqués par ce gouvernement de la gauche plurielle qui, après avoir accompagné toutes les agressions sociales d’une poignée de financiers et de patrons contre le monde du travail, s’engage dans une aventure guerrière coûteuse et révoltante.

Les dirigeants du PCF prétendent qu’ils sont contre l’intervention française. Si cela était vrai, ils auraient déjà démissionné de ce gouvernement et rompu avec lui, comme les militants communistes honnêtes l’exigent d’eux à juste titre. Jospin est dans la tradition des fauteurs de guerre du Parti socialiste, en particulier de ceux, comme Guy Mollet en Algérie, qui ont provoqué l’aggravation des guerres coloniales sous prétexte d’obtenir la paix au plus vite. Le visage des dirigeants de la gauche gouvernementale se dévoile encore plus, et nombreux sont ceux qui y voient clair dans le jeu de ces politiciens, fiers d’accomplir toutes les sales besognes pour la bourgeoisie. Cette lucidité aidera tous les travailleurs, les militants qui rompent avec la gauche gouvernementale, à créer une force politique nouvelle, fondée sur les idées socialistes, communistes et internationalistes, une force nous permettant de défendre nos intérêts de classe et de construire une Europe de la paix, totalement débarrassée du pouvoir malfaisant des capitalistes.