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Renault-Nissan : mariage consommé. Les salariés ne seront pas à la noce

Après des mois de tractations plus ou moins secrètes, ça y est, Renault et Nissan se sont mariés. Dans la corbeille, Renault a offert pas moins de 33 milliards de francs. Il a acquis ainsi 36,8 % du capital de Nissan. Yoshikazu Hanawa, PDG de Nissan, ne peut faire autrement que de remarquer que " le lien financier est malheureusement en sens unique pour le moment ". Ce qui ne peut être autrement : Nissan avoue 200 milliards de dettes à l’heure actuelle.

Pourquoi Renault s’est-il lancé dans cette stratégie de fusion ? Parce que cela lui donne la quatrième place mondiale des constructeurs automobiles avec 9,1 % du marché mondial. Et aussi parce que le couple Renault-Nissan a des projets d’avenir qui vont frapper de plein fouet les travailleurs japonais comme français. Quand les compères projettent 20 milliards de francs d’économie entre 2000 et 2002, cela augure mal de l’avenir pour les travailleurs. D’autant plus que Carlos Ghosn, autrement surnommé le " chasseur de coûts " (il a fait ses preuves à Michelin puis à Renault Billancourt), a reçu les pleins pouvoirs dans la gestion du nouveau groupe. Les fusions capitalistes se font au détriment des travailleurs avec des licenciements, une productivité à outrance et une dégradation des conditions de travail. C’est ce qu’auront à combattre les ouvriers français et japonais face à leurs patrons communs.

 

Rhône-Poulenc Elbeuf : un début de mouvement encourageant

Lundi 29 mars, comme nous l’avions envisagé, le débrayage à l’appel de SUD-CGT-CFDT a été massif. Nous nous sommes retrouvés à plus de 300 devant l’entrée de l’usine face aux bureaux de la direction. L’ambiance était animée. Les travailleurs qui avaient débrayé en masse ainsi que les postés qui étaient revenus sur le temps de repos, tous étaient surpris du nombre qu’ils étaient. Dans les discussions, nombreux étaient ceux qui faisaient la comparaison avec la grève sur les salaires de 95 où nous avions réussi alors à obtenir 500 F de plus par mois. " Regarde, nous sommes plus qu’en 95 ! " entendait-on dans les groupes. Pour vérifier si tous les ateliers étaient présents, un recensement rapide a été fait. Chacun a pu ainsi se compter et constater la force du mouvement y compris parmi les techniciens et la maîtrise.

Après plusieurs interventions pour dénoncer la politique salariale et d’emploi du groupe RP, nous sommes allés en manifestation dans les rues de l’usine en scandant " nous voulons, nous aurons nos 500 F ", " les profits de Rhône Poulenc pour les salaires, pour l’emploi, pas pour les actionnaires ! ".

A l’issue d’une assemblée générale, la proposition d’entamer des débrayages de trois heures par quart commencant dès le soir même a été voté à l’unanimité.

Dès le lendemain matin les premiers travailleurs arrivés ont commencé à se regrouper devant les deux entrées de l’usine.

Contrairement à 95, la direction n’a pas tardé à réagir en faisant intervenir un huissier. Cela n’a pas entamé la détermination des grévistes qui tout le long de la journée, se sont relayés aux portes dans la bonne humeur.

Si dans les ateliers la grève est massivement suivie, tout le monde se rend compte aussi que le bras de fer avec la direction risque d’être plus dur qu’en 95. Car derrière la politique de notre propre direction, c’est à la politique salariale menée par Fourtou, PDG du groupe, que l’on s’attaque.

  

Tous ensemble et les plans de la direction ne passeront pas

Echo du bulletin Front des Travailleurs édité par la LCR et VDT à l’ALSTOM de Petit-Queveilly(76)

Le débrayage de jeudi dernier contre la réduction du temps de travail telle que veulent l’imposer les patrons de l’Alstom, a très bien marché. On n’avait pas vu ça depuis longtemps à Petit-Quevilly. Le fait que l’appel avait lieu le même jour dans toutes les unités du pays a contribué à sa réussite car nous sommes bien conscients que c’est tous ensemble que nous sommes plus forts contre la direction générale.

D’autre part, nous ne sommes pas décidés à accepter que l’application des 35 h se traduise à la finale par une réduction des effectifs. Il est évident pour nous que les 35 h doivent permettre des créations d’emplois et que nous ne voulons ni de l’annualisation, ni de la flexibilité.

Le résultat pour le moment est le suivant : les négociations sont suspendues. Tous les syndicats ont refusé les propositions de la direction. C’est un bon point marqué pour nous, même si nous savons que ce n’est pas gagné.

  

Pas de cadeau

Echo du bulletin Lutte des Travailleurs - Ralston-Caudebec lès Elbeuf édité par la LCR et VDT

Depuis la fin positive de la grève à l'usine Ralston de Caudebec-lès-Elbeuf, les salariés (les 2/3) quittent l'usine avec leurs acquis.

Peu à peu, nous sommes moins nombreux.

La quinzaine dernière, une salariée a quitté l'usine avec ses affaires personnelles et elle a emmené avec elle, entre autre, son équipement de protection (car elle travaillait dans les courants d'air). Mais son chef a réclamé le retour de ce vêtement " Ralston " qu'elle portait à l'usine à son poste. Il n'y a pas de petit profit. Même en licenciant, ces gens ont le culot de réclamer ce vêtement de travail de l'usine afin de le redonner, sans complexe, à d'autres qui devront travailler dans les courants d'air.

  

CHU de Bordeaux : non au diktat de la direction

Depuis longtemps la Direction fait pression pour que le personnel de nuit passe en journée, un mois par an, sous prétexte de formation.

Jusqu’à présent, avec des modalités différentes selon les services, cela s’est plutôt fait au volontariat. Mais bien sûr les volontaires sont rares vu la perturbation que cela apporte de changer de rythme de travail ainsi durant un mois. D’autant que dans les équipes de jour, cela veut dire autant de camarades obligés, eux, de passer de nuit pour assurer les remplacements.

Aussi notre réponse est de dire à la direction : " vous voulez nous " former ", eh bien, organisez des formations de nuit… "

Ce qui a fait déborder le vase, c’est une surveillante-chef particulièrement odieuse, qui, passant outre à notre opinion, a prétendu nous demander à chacune de programmer le mois où nous passerions de jour, pour 1999.

Aussi, mardi matin 30 mars, à l’appel de la CGT et de FO, nous étions plus de cent dans les couloirs de la Direction Générale où un Comité Technique d’Etablissement se tenait sur ce problème.

La colère était au rendez–vous d’autant que, ces derniers mois, vu le manque de personnel, nombre d’entre nous se voient obligés de faire des nuits au pied levé, après avoir déja fait notre horaire de jour. Et ce qui se discutait, c’est le fait que la direction compte bien nous imposer d’être mobiles, à sa convenance, de jour comme de nuit.

En début de séance, les syndicats ayant demandé que les personnels soient présents dans la salle de réunion, le Directeur Général, grand seigneur, voulut bien accepter 10 d’entre nous…

Mais les 10 se sont vite transformés en 30 puis 60, à tel point que tout le monde n’a pu rentrer. Ce monsieur nous a donné 5 minutes pour dire notre mot, et a exigé ensuite de continuer la discussion uniquement avec " nos élus ". Certains délégués allant dans le même sens, nous sommes ressortis dans les couloirs.

Au bout d’une heure, un délégué est venu faire le point : " La direction " recule " et elle accepte le statu quo ". C'est-à-dire : on ne change rien, là où c’est au volontariat, on y reste. Là où c’est imposé, on continue. Et cela jusqu'aux résultats d’une enquête organisée par la direction.

Notre réponse ne s’est pas fait attendre : " pas question de statu quo… Nous voulons revenir au volontariat partout. "

Retour des délégués dans la salle de réunion pour une nouvelle heure. Et cette fois, une déléguée est venue nous dire : " Le directeur se fout de nous, il faut envahir la salle. " Ce qui fut fait rapidement, et avec beaucoup plus d’énergie que la première fois.

Là, face au mépris des directeurs et des infirmières générales, plus d’un camarade est intervenu pour dire son ras-le-bol : " Vous voulez nous imposer les 3/8 ", " Y' en a marre de travailler dans ces conditions… ", " Pas question de faire les nuits. Nous on a choisi le jour, nos copines ont choisi les nuits… ".

Les Directeurs ont alors quitté la salle en disant : " nous avons écouté le personnel, c’est la preuve de notre démocratie. Mais maintenant, en attendant les résultats de l'enquête, nous en discuterons en réunions " secrètes " ". Et c’est sous les quolibets qu’ils sont sortis. Nous avons poursuivi la discussion entre nous et avons décidé de faire des AG dans tous les établissements du CHU. Et de nous retrouver tous, le 13 avril, à l’Hôpital-Sud pour décider de la suite, avec appel à débrayage ce jour-là, et organiser en même temps une conférence de presse.

Le sentiment partagé en se quittant, c’était d’avoir défendu notre dignité, avec la conviction de la nécessité de convaincre le maximum de copains et de copines, pour être le plus nombreux possible le 13 avril.

  

Hôpital Pellegrin - CHU Bordeaux : Journée en maladie = journée de travail !

A l'appel de la CGT de l'hôpital Pellegrin, nous nous sommes retrouvés à une quarantaine d'employés pour discuter des conséquences de GESTOR, ce nouveau mode de gestion informatique du temps de travail du personnel.

Par exemple : à la Maternité, une de nos collègues de nuit qui a été en arrêt maladie pendant plusieurs semaines s'est vue supprimer sa semaine de congés d'hiver sous prétexte de GESTOR !

L'argument de la direction, c'est qu'avec GESTOR, elle considère maintenant qu'une journée en maladie est inférieure en temps à une journée de travail effectif, et donc, en cas d'arrêt-maladie, nous serions redevables de temps de travail. Par de " savants " calculs, ce serait 12 minutes dues par jour d'arrêt pour les agents travaillant en jour, et ce à partir du 4ème jour d'arrêt, 1 heure pour les agents de nuit en roulement fixe, et un peu moins de 2 heures dues par jour d'arrêt pour ceux travaillant dans le pool de nuit de remplacement.

Il est très clair pour tout le personnel que la direction engage une offensive en règle pour éviter d'embaucher, nous faire travailler plus, et par ce système-même, remettre en cause notre droit à être malade.

A cette AG, nous avons décidé d'aller tous ensemble montrer notre désaccord à la direction qui, après avoir fait la sourde oreille, a finalement accepté de nous recevoir le 8 avril. Et comme par hasard, elle a accepté de nous recevoir le jour où nous nous sommes mis en grève lors d'un CTE - Comité Technique d'Etablissement - où nous sommes venus contester la flexibilité jour/nuit que la direction du CHU veut imposer à tout le personnel.

Face à toutes ces attaques, c'est bien tous ensemble que nous arriverons à faire reculer la direction.

  

Quelques chiffres en bref

2,2 %

C’est la nouvelle prévision de Strauss-Kahn pour la croissance en 99. Il y a encore quelque temps, il nous affirmait péremptoirement qu’elle serait de 2,7 %. Et il pourfendait quiconque émettait la moindre réserve sur son pronostic. Obligé de revoir ses prévisions à la baisse, Strauss-Kahn fanfaronne quand même : " ce sera la plus forte croissance des grands pays d’Europe " a-t-il déclaré ! Ces politiciens qui font mine, avec tant d’assurance, d’avoir le contrôle de tout et même de la croissance économique, ne sont que des charlatans qui nous expliquent qu’il ne faut pas revendiquer " pour ne pas casser la croissance " et quand la croissance recule, qu’il ne faut toujours pas revendiquer pour " permettre le retour de la croissance ".

3,60

C’est, en livres, le salaire minimum horaire en Grande-Bretagne qui vient d’être institué par Blair. Cela représente 35,42 F (le tarif horaire minimum en France est de 40,22 F). Le salaire minimum ne s’applique pas aux jeunes de 16-17 ans et pour les jeunes de 18 à 21 ans, il est de 3 livres, soit 29,50 F. Les salaires en Grande-Bretagne sont si bas que cela va représenter une hausse de salaire pour 2,3 millions de salariés notamment dans le Nord de l’Angleterre et l’Irlande du Nord. Du moins en théorie, car visiblement, le gouvernement n’a pas l’air de se préoccuper de faire respecter la nouvelle loi. Et cette mesure ne risque pas de changer quelque chose aux statistiques sur la situation sociale en Grande-Bretagne : le nombre de pauvres a été multiplié par trois en vingt ans, douze millions de personnes, un quart de la population, vit dans un état de pauvreté relative.

5

C’est l’âge d’André qui a été amené à la gendarmerie par la directrice de l’école de Nouvion-sur-Meuse parce qu’il n’avait pas l’argent pour payer son ticket de cantine. Cette pédagogue de choc ne faisait qu’appliquer la réglementation mise en place par le maire, divers gauche " d’origine socialiste ", qui pour un " confort de gestion " oblige les parents, même ceux qui n’envoient pas leurs gosses à la cantine tous les jours, à payer mensuellement les frais de repas. Cette mesure était combattue depuis le début du mois par la Fédération des parents d’élèves, notamment par une de ses adhérentes qui a fait circuler une pétition contre cette mesure. La maman d’André…

22

C’est le nombre d’années de prison auxquelles trois militants, anciens dirigeants du groupe d’extrême-gauche " Lotta Continua " ont été condamnés en 1997 pour des faits remontant à 1972. Ils sont accusés d’avoir assassiné le commissaire Calabresi, lui-même soupçonné du meurtre d’un militant anarchiste, Pinelli. Ils sont condamnés sur la base des aveux d’un " repenti " qui avait été interrogé dans une caserne de carabiniers pendant seize nuits, sans procès-verbal. Plusieurs arrêts innocentant les trois militants ont été cassés. Après onze procès, la peine a été confirmée et Sofri, Bompressi et Pietrostefani sont entrés en prison volontairement, le lendemain de la sentence. En déclarant qu’ils lutteraient pour prouver leur innocence. Une nouvelle demande de révision du procès a été déposée.

400

C’est le nombre de licenciements à l’usine Christian Dior Parfums de Saint Jean de Braye dans le Loiret. Ces licenciements ont pour but " d’améliorer la compétitivité industrielle, administrative et logistique " de l’usine. Christian Dior Parfums appartient au groupe LVMH dirigé par Arnault, qui bataille à coups de dizaines de milliards contre Pinault pour prendre le contrôle du groupe de luxe italien Gucci. Bernard Arnault vient la même semaine d’acheter 4 % du capital de Bouygues, soit 1,15 milliard de francs et en vendant une partie de sa participation dans Diageo, numéro un mondial des vins et spiritueux, il a empoché un chèque de 10 milliards de francs et réalisé une plus-value de 2 milliards de francs.