page 5



Intervention de notre camarade José Chatroussat à l'occasion du meeting d’Alain Krivine à Rouen le 22 mars

Nous remercions les camarades de la Ligue Communiste Révolutionnaire de nous permettre d’exposer rapidement à cette tribune, les raisons de notre soutien à la liste LO-LCR et comment Voix des Travailleurs se situe dans cette campagne.

Cette liste est la seule qui permettra aux salariés, aux chômeurs et aux jeunes d’exprimer leur opposition résolue à une poignée de capitalistes qui les acculent à la misère et provoquent le recul de toute la société. Elle est la seule qui leur permettra de sanctionner clairement la politique du gouvernement, une politique qui est tout aussi réactionnaire que celle de la droite et qui fait le lit de l’extrême-droite.

La liste conduite par Arlette Laguiller et Alain Krivine incarne à nos yeux la perspective d’une lutte radicale contre les financiers et les patrons et tous les politiciens à leur service, une lutte pour défendre leurs revendications, leurs droits fondamentaux, sans hésiter à s’en prendre à la propriété privée de la bourgeoisie, en se donnant pour but de contrôler toute l’économie et toute la société.

Cette liste offre l’opportunité d’entamer un regroupement des énergies du mouvement ouvrier, du mouvement social, non seulement dans ce pays mais à l’échelle européenne pour construire une Europe des travailleurs débarrassée du chômage et de l’exploitation capitaliste. Face à l’entente des capitalistes à l’échelle européenne, il faut construire l’entente des travailleurs par-delà les frontières. Et au moment où une nouvelle guerre risque d’éclater en Europe dans sa partie balkanique au mépris, de la part des grandes puissances comme du dictateur Milosevic, de la vie et des intérêts des travailleurs et des peuples de cette région, il nous semble important d’affirmer avec force que seuls les travailleurs peuvent, par leurs luttes et par leur union, construire une Europe sans misère et sans guerre, c’est-à-dire des Etats-Unis démocratiques et socialistes d’Europe.

Pour nous, la campagne en faveur de la liste LO-LCR se place dans la continuité de tout ce qui avait commencé à prendre forme au cours de l’année 1995 et qui s’est trouvé amplement confirmé depuis. Désormais, des centaines et des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs portent un regard lucide sur la nature du système capitaliste et sur les larbins politiques de droite ou de gauche qui aident à le faire fonctionner au détriment des besoins de toute la population. Une fraction du monde du travail a commencé depuis quatre ans à reprendre confiance dans ses forces. Elle commence à surmonter la démoralisation provoquée par l’offensive de la bourgeoisie, licenciant massivement et supprimant les acquis avec la complicité des gouvernants de gauche.

En 1995, le score de plus de 5 % d’Arlette Laguiller exprimait ce début de prise de conscience qui s’est trouvé confirmé quelques mois plus tard par les manifestations et les grèves de novembre-décembre contre le plan Juppé.

A l’époque, les militants à l’origine de la tendance Voix des Travailleurs militaient à Lutte Ouvrière. Nous avions adhéré pleinement à cette campagne de LO des présidentielles de 95 qui, non seulement mettait en avant des mesures d’urgence nécessitant de s’attaquer aux profits de la bourgeoisie, mais qui appelait les travailleurs à se donner les moyens de " préparer le troisième tour social ".

Compte tenu du score obtenu par la porte-parole de notre organisation, il était parfaitement logique qu’Arlette Laguiller appelle, au soir du premier tour, devant des millions de téléspectateurs, à la création d’un parti des travailleurs, des chômeurs, des exclus et des jeunes. Effrayée par ce succès et par les responsabilités qui en découlaient, la direction de LO a remis définitivement dans sa poche un an plus tard cet appel d’Arlette, sans s’en expliquer. C’est ce qui a entraîné l’exclusion, il y a exactement deux ans, de tous les militants de LO, notamment les sections de Bordeaux et de Rouen, qui avaient pris au sérieux cet appel et souhaitaient lui donner un contenu concret.

Le sens de notre exclusion est un des aspects d’une crise plus générale qui touche toute l’extrême-gauche depuis 1995. Il s’agit d’une crise révélant les difficultés pour les révolutionnaires à s’adapter à une situation nouvelle marquée par le tout début d’une remontée du mouvement ouvrier et du mouvement social. Cela s’est traduit, pour la majorité de LO, par l’incapacité à mener la discussion avec nous, par notre exclusion et par un replis sectaire. Cela s’est traduit pendant tout un temps, pour la majorité de la LCR, par la recherche, vouée à l’échec, d’alliances avec des secteurs de la gauche plurielle, en négligeant, du coup, de défendre sans concession une politique indépendante pour le monde du travail.

Ces faiblesses sont en voie de dépassement. Sans esquiver les discussions de fond sur leurs divergences, en toute franchise et en toute fraternité, les révolutionnaires doivent avant tout mettre en avant ce qui les rapproche et en particulier à œuvrer en commun à ce qu’une force politique nouvelle prenne corps, enracinée dans le monde du travail et dans la jeunesse.

Toute l’évolution politique et sociale a déjà en partie contribué à dégager une telle perspective. Les discussions et les collaborations entre tendances révolutionnaires (notamment entre la LCR et VDT) se sont multipliées que ce soit au Havre, à Bayonne, à Bordeaux ou à Rouen. Ici, la LCR, VDT, la GR et l’Alternative Libertaire ont engagé diverses formes de collaboration au travers de fêtes communes, de rencontres militantes ou de bulletins d’entreprises communs et nous nous sommes retrouvés au coude à coude dans le mouvement des sans-papiers, dans le mouvement des chômeurs et dans la lutte des travailleurs de Ralston.

Au plan national, les succès électoraux de l’extrême-gauche aux élections régionales et toutes les mobilisations des salariés, des chômeurs, des sans-papiers, ainsi que le mouvement en Seine-Saint-Denis, ont amené LO et la LCR à constituer une liste commune. Cette liste représente en elle-même un pas en avant dans le regroupement des forces révolutionnaires. Elle suscite l’intérêt et la sympathie au sein de la population travailleuse et de la jeunesse. Elle crée une dynamique qui débouchera très probablement sur un score important (peut-être plus important que celui du PCF) et sur l’élection de députés révolutionnaires au parlement européen. Mais le plus important est que cette campagne peut nous permettre à tous de jeter les premières bases d’un large parti des travailleurs. Ce qui est désormais à l’ordre du jour, parce que toute la situation y pousse plus que jamais, c’est la création d’un nouveau parti d’extrême-gauche regroupant en son sein les diverses tendances révolutionnaires et bien au delà tous les travailleurs, les chômeurs et les jeunes en rupture avec la gauche gouvernementale. Nombre d’entre eux sont des syndicalistes, des militants associatifs, déjà acteurs des luttes et aspirant à préparer et à coordonner les luttes futures de façon efficace. C’est le problème que se posent bien des enseignants impliqués actuellement dans la lutte.

Pour cela, notre tâche au travers de la campagne pour la liste LO-LCR est d’avancer dans la construction d’un cadre politique démocratique, ouvert à tous ces travailleurs et ces jeunes qui tournent leurs yeux vers l’extrême gauche. C’est dans cette perspective, au-delà de l’échéance des Européennes que notre tendance a engagé des discussions à tous les niveaux avec les camarades de la LCR avec la volonté qu’elles aboutissent à l’intégration-fusion de Voix des Travailleurs dans la LCR.

Avec l’affaiblissement au moins pour un temps de l’extrême-droite, avec l’écroulement de la droite et le discrédit à l’égard de la gauche plurielle, un espace politique se libère à l’extrême-gauche. Les idées du socialisme et du communisme révolutionnaire commencent à reprendre toute leur force et toute leur actualité parce qu’il n’y en a pas d’autres pour comprendre le monde et pour le transformer. Un parti des luttes peut émerger.

Aux côtés des camarades de la LCR comme aux côtés de tous les militants qui se situent sur le terrain de la lutte de classe, nous souhaitons établir des relations de plus en plus solides, au travers de la plus large démocratie. Nous voulons ainsi nous donner, ensemble, les moyens de tisser des liens profonds avec tous les travailleurs, avec tous les jeunes, qui veulent agir consciemment, énergiquement pour l’émancipation totale du monde du travail.

 

La gauche britannique défie Blair
Tribune de Vic Morris de 1’Alliance for Workers' Liberty

En Grande-Bretagne, nous avons l'habitude d'un mouvement ouvrier fort et uni : un mouvement syndical uni qui compte dans ses rangs, même après l'expérience de Thatcher, 7 millions de membres, un mouvement lié comme un frère siamois au parti travailliste. Nous avons également l'habitude d'être déçus à chaque fois qu'il parvient au pouvoir, mais le gouvernement travailliste actuel est particulièrement mauvais. Tony Blair s'est fixé pour tâche de faire du Parti travailliste un " parti naturel de gouvernement ", le parti qui gère le mieux le capitalisme. Il tente de pousser les travailleurs hors du champ politique.

Pour se faire, il a banni presque toute démocratie dans le parti, et a mis en place la direction syndicale la plus lâche que nous ayons jamais vue : à genoux devant Blair, à genoux devant les patrons. Et qui reste totalement sourde aux revendications de sa base.

Dans une telle situation que peuvent faire les socialistes ? Nous en sommes revenus à rappeler les principes de base de la propagande socialiste. Nous défendons l'idée que la classe ouvrière a droit à une vie meilleure et qu'elle a le droit de défendre ses intérêts. Que pour cela, elle a besoin de syndicats libres et d'une expression politique. Il y a bien des façons de parvenir à cela et nous explorons toutes les voies pour y arriver : en menant, sur nos arrières, une lutte au sein du Parti travailliste, en luttant contre les bureaucraties syndicales et, maintenant, sur le terrain électoral.

Pendant longtemps, nous avons eu un mouvement ouvrier uni mais les différents courants ou organisations révolutionnaires maintenaient, chacun indépendamment, leur propre orientation en sa direction. Certains d'entre nous l'ont fait avec succès, d'autres de façon désastreuse. Mais, pendant des décennies, l'idée de voir les groupes d'extrême-gauche s'orienter les uns vers les autres a été une vue de l'esprit. Cela est en train de changer.

Chose tout à fait nouvelle, un certain nombre de groupes socialistes présentent des listes communes aux élections européennes. Etant donné notre petite taille, cela n'est possible pour le moment que dans quelques endroits comme Londres où il y aura une liste commune comprenant le Socialist Workers' Party, l'Alliance for Workers' Liberty, le Socialist Party, l'International Socialist Group, l'Independent Labour Network et le Parti Communiste de Grande-Bretagne (qui n'a rien à voir avec le Parti communiste!). Nous sommes très enthousiastes à l'idée de faire cette expérience.

Notre meeting pour lancer la campagne, mardi 9 mars, a attiré 100 personnes qui n'étaient affiliées à aucun des groupes organisateurs. Nous allons apprendre beaucoup de choses dans les semaines qui viennent : comment travailler et débattre ensemble, comment mener une campagne contre Tony Blair.

Maintenant, plus que jamais, il est temps pour la gauche révolutionnaire de mettre ses divisions de côté, et d'offrir aux travailleurs une alternative politique à Blair et au capitalisme.

  

A l'attention de nos lecteurs qui souhaitent soutenir financièrement la liste LO-LCR

La campagne pour les élections européennes a commencé. " Voix des Travailleurs ", comme nous avons eu l'occasion de l'écrire à différentes reprises, fait campagne pour la liste conduite par Arlette Laguiller et Alain Krivine, que présentent Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste Révolutionnaire. Dans bien des endroits, nous ferons campagne avec nos camarades de la LCR, dans d'autres nous interviendrons avec la Gauche Révolutionnaire-La Commune ou parfois seuls. Pour nous, cette campagne électorale, comme toute campagne électorale, doit essentiellement contribuer à œuvrer dans le sens de l'organisation de fractions les plus larges de travailleurs et de la jeunesse autour des idées et des perspectives du marxisme révolutionnaire.

Tous nos amis lecteurs qui souhaitent nous aider dans cette campagne sont les bienvenus. Tous ceux qui souhaitent aussi soutenir financièrement la liste LCR-LO, sont invités à le faire.

Pour cela, ils doivent envoyer leurs dons à M. Jean-Pierre DEFFAYES, mandataire financier d'Arlette Laguiller, C/O Lutte Ouvrière BP 233, 75865 Paris cedex 18 ou C/O Ligue Communiste Révolutionnaire, 2 rue Richard Lenoir, 93 100 Montreuil.