éditorial


L'humanitaire pour justifier l'aventure guerrière !
Le terrorisme des grandes puissances contre les peuples empêche toute paix démocratique

Dans un même élan d'intransigeance guerrière,  Clinton, Chirac, Jospin ont rejeté la proposition  de trêve de Milosevic, dans un même élan présidentiel, pour Chirac et Jospin, soucieux, en bons politiciens, de peaufiner leur image de chef de la nation.

Les bombardements non seulement continuent mais s'intensifient, renforçant la position politique du dictateur en même temps qu'ils rendent encore plus insupportables les conditions dramatiques des populations.

Les images des centaines de milliers de Kosovars, parqués dans des conditions inhumaines, bouleversent et révoltent. Leur sort illustre toute l’hypocrisie de ces dirigeants des grandes puissances qui ont prétendu, pour justifier leur intervention, qu’ils venaient au secours du peuple kosovar. Après plusieurs jours de bombardements de l’OTAN, plus de 400 000 Kosovars, peut-être 600 000, sont chassés du Kosovo. " Nous n’avions pas prévu que Milosevic agirait ainsi " prétendent les dirigeants de l’OTAN.

Mensonges !

Ils le savaient et maintenant, ils tentent de justifier l’envoi de forces terrestres en prétendant que c’est la seule solution pour protéger le peuple kosovar. Et ils nous diront après qu’ils n’avaient pas prévu que l’envoi de plusieurs centaines de milliers d’hommes entraînerait une guerre sans issue dont les peuples seraient les premières victimes !

Ils voudraient nous faire croire qu’ils agissent pour défendre les peuples et mettre au pas un dictateur ? Mais les USA soutiennent partout dans le monde des régimes dictatoriaux : leur ancien ministre, Kissinger, ne vient-il pas de réaffirmer son soutien à Pinochet ? Ne tolèrent–ils pas que le régime turc livre depuis des années une guerre barbare contre le peuple kurde ? Les dirigeants français ne soutiennent-ils pas des dictateurs dans tous les pays d’Afrique ? N’ont-ils pas couvert au Rwanda l’un des pires génocides du siècle ? Tant que les dictateurs permettent aux pays riches de piller leur pays, les capitalistes les arment et les soutiennent. Mais ils ne supportent pas qu’un de ces hommes de main leur tienne tête. C’est pour cela qu’ils ont fait la guerre à Saddam Hussein et qu’aujourd’hui des milliers de gosses irakiens meurent, faute de nourriture et de médicaments, tandis que le dictateur, lui, est toujours en place.  

C’est pour régler leurs comptes avec Milosevic, venu au pouvoir en jouant sur le nationalisme serbe dans une Yougoslavie qui se disloquait sous l'effet du libéralisme économique et de la pression des grandes puissances, qu’ils sont prêts à bombarder les populations. Mais du sort des peuples, ils n’ont que faire. Ils se moquent du sort du peuple serbe qu’ils essaient de faire passer pour des fanatiques nationalistes soutenant Milosevic. Rien de plus faux : durant l’hiver 96-97, des dizaines de milliers de manifestants défilaient dans les rues de Belgrade contre Milosevic. Mais en faisant la guerre à la Serbie, en frappant des objectifs civils, l’OTAN renforce le pouvoir du dictateur.

Les dirigeants des grandes puissances ne se soucient pas plus du peuple kosovar. Dans toutes leurs tractations avec Milosevic depuis dix ans, ils ne se sont jamais préoccupés de son sort. Et il suffit d’entendre les déclarations hypocrites de Jospin justifiant le fait que la France n’accueillera pas, sauf quelques exceptions, de réfugiés kosovars, soi-disant pour ne pas faire le jeu de Milosevic, pour prendre toute la mesure de leur indifférence et de leur cynisme. Quant aux pays qui, à l'initiative de l'Allemagne, ont décidé d’accueillir des réfugiés, leur seul souci est politique et militaire : éviter l'effondrement des pays limitrophes, l'Albanie, le Monténégro et la Macédoine.

Aucune solution respectant le droit des peuples ne peut venir des grandes puissances. Elles ont favorisé la dislocation de la Yougoslavie, attisé les nationalismes et aujourd’hui elles sèment la terreur. Les solutions qu’elles peuvent imposer, un accord diplomatique avec Milosevic ou la partition du Kosovo, ne pourront se faire qu’au détriment des peuples et s’appuyer sur la violence des armées.

La seule paix démocratique possible, ce serait une paix imposée par les peuples, déterminant librement les formes que prendrait leur cohabitation, ces peuples qui vivaient en bonne entente avant que la politique des grandes puissances ne favorise l’émergence de bandes armées nationalistes et de dictateurs locaux. Mais tant que les Clinton, les Jospin, les Chirac et les Blair domineront la planète, tant qu’ils pourront imposer aux peuples la loi du plus fort, des classes dominantes, il n’y aura ni paix, ni progrès social possible. La guerre qu’ils font au Kosovo n’est qu’une illustration barbare de l’ordre qu’ils font régner sur toute la planète, un prolongement de la guerre de classe que le gouvernement de ce pays mène contre les salariés, fermant les usines, con-damnant des régions à la misère, transformant des banlieues en ghettos de misère.

Notre solidarité avec les travailleurs et les peuples de l'ex-Yougoslavie, c'est combattre, ici, les fauteurs de guerre, refuser d'être les complices de leur politique, refuser tout soutien au gouvernement Chirac-Jospin et unir nos forces pour imposer le respect des droits des travailleurs et des peuples. Il ne peut y avoir de paix démocratique respectant le droit à l'autodétermination des peuples sans leur intervention consciente et celle des travailleurs des grandes puissances contre leur propre impérialisme.