Leur société... et nos luttes



 De plus en plus de pressions sur les médecins pour qu'ils limitent prescriptions et arrêts maladie

Deux médecins viennent d'être traduits, et c'est une première, devant un comité médical régional (CMR), instance créée par l'ordonnance Juppé du 24 avril 1996. On leur reproche à tous les deux d'avoir prolongé de manière injustifiée un congé maladie. Dans les deux cas, il s'agit d'ouvriers du bâtiment, victimes d'accident. L'un a reçu une tôle sur la jambe, le second a été victime d'un infarctus qui a nécessité un triple pontage, et tous les deux ont, par la suite, été licenciés. Les médecins se voient condamnés à verser, l'un 17 000 F, et l'autre 10 000 F, à titre de " remboursement des indemnités journalières " que les caisses-maladie avaient déboursées pour ces arrêts " indûment " prolongés. (Jugements rendus les 23 et 25 mars derniers).

Un syndicat de médecins avait demandé que la séance soit publique, car " au-delà du cas du docteur Personnic, il y va des droits de tous les assurés sociaux… On ne peut pas être plaignant, juge et partie et tiroir-caisse ". Mais le procès s'est tenu à huis clos…

D'autres " infractions " sont également passibles du CMR. Ainsi en ce qui concerne les maladies longue durée, certains patients obtiennent une prise en charge à 100 % de leur maladie. Mais il arrive que des médecins, pour plus de simplicité, inscrivent, sur la même ordonnance, le tube d'aspirine ou les médicaments correspondant à un autre traitement dont le malade a besoin en même temps : c'est donc l'ensemble des médicaments prescrits qui sont remboursés à 100 %. Vol éhonté des deniers publics, estime le gouvernement qui entend maintenant remettre au pas ces mauvais médecins. De même pour les prescriptions " hors indications " : là encore il s'agit de pratiques courantes, un médecin prescrit un médicament qu'il sait efficace bien qu'il ne soit pas répertorié pour cette maladie. C'est maintenant interdit.

Derrière toutes ces tracasseries administratives et menaces de jugement, le gouvernement veut habituer les médecins à travailler sous surveillance. Il vise un système où toute pathologie, codée, (angine = 35, grippe = 36 etc) entraînera une prescription correspondante côté médicaments, c'est-à-dire une ordonnance préfabriquée. Mais la médecine de ville a un côté humain que les prescriptions gouvernementales ne peuvent pas remplir. C'est cette médecine " humaine ", proche des gens, qui est mise en cause. Les pressions pour que le médecin soigne " à moindre coût " se multiplient : ainsi le relevé SNIR, envoyé par la sécu à chaque médecin, qui établit pour chacun le relevé des actes, la somme totale des médicaments prescrits, le nombre d'arrêts maladie, etc., avec pour chaque rubrique, comparaison de son cas avec la moyenne nationale, et un nombre d'étoiles pour indiquer au médecin s'il dépasse cette moyenne ou s’il a encore " de la marge " ! L'ordonnance Juppé oblige également les médecins, si collectivement ils dépensent trop, à reverser la totalité des honoraires correspondant au " trop perçu " mais aussi à payer de leur poche 1/5ème de la somme correspondant à ces médicaments et prescriptions jugés " en trop ".

Le cas des deux médecins jugés en mars est donc révélateur de ces pressions qui se multiplient et des méthodes que le gouvernement entend employer pour faire plier les médecins et les obliger à rentrer dans une logique comptable qu'ils sont nombreux à dénoncer.

  

 Morts du travail : les ravages de l’exploitation capitaliste

Le Bureau international du travail (BIT) vient de publier un rapport qui révèle qu’il y a, chaque année dans le monde, un million de morts liées au travail et que des centaines de millions de travailleurs sont victimes d’accidents et exposés à des produits dangereux. 3 000 personnes sont tuées chaque jour par leur travail et 12 millions d’enfants sont victimes d’accidents du travail.

L’amiante est responsable du décès de 10 000 travailleurs par an.

Le taux des morts par le travail dans les pays industrialisés représente la moitié de celui enregistré en Europe centrale et orientale, en Chine et en Inde. Il est encore plus élevé dans les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, et équivalent en Asie à 4 fois celui des pays industrialisés.

Des chiffres qui sont une condamnation de ce système qui rend le travail meurtrier et avec lequel il faut en finir !

  

 Une " étude " pour quelque chose qui saute aux yeux

Le Samu social qui vient de créer un observatoire de la grande précarité semble découvrir (par le constat d'une étude) que les femmes, les couples et les enfants sont de plus en plus nombreux parmi les sans-abris. Selon cette étude, le nombre des appels varie peu entre l'hiver et la bonne saison. A cela, rien de surprenant : l'hiver, dormir à la rue est intenable, l'été, être jeté à la rue est tout aussi intenable. La plupart des centres d'hébergement ferment à la fin de l'hiver et les SDF qui s'y abritaient n'ont plus de refuge. Les familles en extrême urgence se retrouvant dehors sont aussi menacées (selon les médecins du Samu Social) par des hypothermies au printemps et en été. Les chiffres sont effrayants, ils sont plusieurs dizaines de milliers de personnes à la rue. 22 % d'entre elles ont moins de 30 ans, sur 7169 personnes ayant accepté de dire qu'elles étaient à la rue, 4925 y sont depuis moins d'un an, 2244 y sont depuis plus de deux ans. Les hommes restent majoritaires parmi les SDF, mais le nombre des couples accompagnés par leurs enfants n'a cessé d'augmenter. Ces couples n'arrivent sur le trottoir qu'après une longue bagarre contre l'adversité : démarches auprès des instances sociales, des mairies, des associations ; puis hébergements passagers dans la famille (elle-même très pauvre) ou chez des copains, puis la chute dans la rue. Car si certains touchent le RMI, qui ne permet pas de vivre et de payer un loyer, une majorité d'entre eux n'a aucune ressource. Il ne s'agit pas de clochards, il s'agit de salariés réduits à la misère. Et c'est sur cela que l'étude porte en vérité. Alors, l'équipe travaille sur les " facteurs de marginalisation ", sur les frontières entre précarité et exclusion qui engendrent la misère des sans-abris parmi lequels les femmes et les enfants sont de plus en plus nombreux. Elle travaille, entre autres, dans les centres d'urgence sur les problèmes de drogue, d'alcool, d'hygiène, de tuberculose, de risques nutritionnels, de dépression nerveuse... Mais ces problèmes ne se règlent pas en laboratoire. Ils se règlent à la racine de la misère ; par la suppression du chômage car ce ne sont ni des problèmes de paperasse, ni des problèmes moraux, ce sont des problèmes politiques et sociaux.

  

Assurance-maladie, Johanet plus fort que Juppé

Johanet, directeur de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie vient de faire voter par le Conseil d’Administration un plan d’économies draconiennes de 62 milliards de francs, au nom du " retour à l’équilibre " préconisé par le gouvernement. Pour faire passer ce plan, il a obtenu l’accord de la CFDT (Jean -Marie Spaeth est président du conseil d’administration de la CNAM et n°2 de la CFDT) et du MEDEF. La CGT, quant à elle, a hésité entre s’abstenir ou voter contre ce plan pour finalement voter contre ainsi que FO.

Dans ce plan, tout le monde est mis à contribution : assurés sociaux, agents de sécurité sociale, médecins, cliniques privées mais c’est encore le secteur public qui est le plus touché : il doit dégager 30 milliards de Francs contre 430 millions de francs pour les cliniques privées.

La Fédération Hospitalière de France, un syndicat de directeurs d’hôpitaux qui ne sont pas des gauchistes, estime que ce plan entraînerait la suppression de 160 000 emplois soit 1/5 des emplois hospitaliers. Le président de la CNAM, Jean-Marie Spaeth (CFDT), invite ses partenaires " à se demander s’il n’y a pas trop de CHU en France ? "

Selon la CNAM, les 30 milliards de francs d’économies pourraient être réalisées en modifiant le système de tarification qui est actuellement à la journée selon la spécialité, par exemple médecine ou réanimation, pour proposer une facturation à la maladie pour l’ensemble des établissements de santé publics ou privés.

Pour les usagers, il est prévu à nouveau de baisser certains remboursements de médicaments voire d’en supprimer, et de rendre l’usage du carnet de santé obligatoire pour prétendre au remboursement.

Cent médecins ont signé un appel pour tirer la sonnette d’alarme : pour eux, " il y a incompatibilité " entre le respect de l’éthique médicale et la maîtrise en vigueur dans notre système de soins. Ces médecins, proches de l’Association Médicale de Défense de la Déontologie et des Droits des Malades, estiment que l’accès aux soins est fortement menacé.

Il n’est effectivement pas possible de prétendre soigner correctement en diminuant constamment les moyens attribués. Johanet veut faire plus fort que Juppé et rendre l’accès aux soins encore plus difficile pour les salariés et les plus démunis. On ne peut que souhaiter à son plan de tomber dans le trou de la Sécu !

 

 Elf à Pau : les travailleurs occupent pour s’opposer aux licenciements

Depuis lundi matin, huit cents salariés occupent le Centre Jean-Féger d’Elf à Pau. Ils paralysent toutes les communications informatiques vers les filiales d’Elf en France et à l’étranger. Ils se sont organisés par roulement pour maintenir le système bloqué en permanence, pour s’opposer à la direction qui prévoit de supprimer au moins deux mille emplois, dont au minimum mille sur le site de Pau.

Vendredi, à Paris, le Conseil central d’entreprise extraordinaire se réunit pour la mise en place de ce plan baptisé cyniquement " Performance ".

La moitié des 2 300 salariés du Centre Jean-Féger sont menacés, un centre d’appui technique et de recherche lié au gisement gazier exploité à Lacq, où Elf a déjà supprimé mille emplois en 15 ans, et où les mille restants sont menacés avec l’abandon progressif de l’exploitation du gaz de Lacq.

Le 11 mars, 1 500 travailleurs d’Elf avaient manifesté à Paris. Ils seront certainement très nombreux aussi samedi 17 avril à Pau, à l’appel de tous les syndicats.

Des politiciens de tous bords, Labarrère ou Bayrou, ont prévu de se joindre à la manifestation, mais leur hypocrite clientélisme local ne manquera pas d’éclater, eux qui, du PS ou de la droite, soutiennent à l’échelon national la politique des entreprises qui font des bénéfices et qui licencient, comme Elf qui, en 1998, a fait plus de huit milliards de profits.

  

 AC ! : contre les radiations de chômeurs !

La DDTE de Bordeaux a annoncé à une camarade d’AC ! la suppression de son A.S.S. (Aide Sociale de Solidarité), pour le motif qu’elle n’aurait pas fourni suffisamment de preuves de recherche d’emplois. Il lui a été reproché également de refuser les petits boulots style CES.

Ainsi, pour avoir droit à survivre avec 2 400 F par mois, il faut prouver qu’on le mérite ! En réalité, depuis quelques mois, il y a une recrudescence des radiations de chômeurs... sans doute un effet de la loi contre l’exclusion de Martine Aubry ?

Le lendemain, à une quinzaine d’AC !, nous avons accompagné notre camarade à la DDTE. Rien de tel qu’une action collective... Devant notre intervention, le directeur lui-même est venu nous dire qu’il n’y aurait pas de radiation ! Et il a dû aussi répondre à nos questions et écouter ce que nous avions sur le cœur : " au lieu de contrôler les chômeurs, contrôlez plutôt les patrons qui encaissent des milliards d’aides "... sans pour autant créer d’emplois, bien au contraire.

A la question " est-ce que c’est une politique de radiations dictée par le gouvernement ? ", il a répondu " on mène la politique de la ministre... elle dirige ses fonctionnaires qui appliquent les textes "...

Nous savions bien sûr que tous nos problèmes avec la DDTE, l’ANPE, l’ASSEDIC, la CAF etc., viennent de la politique d’un gouvernement au service des riches. Maintenant on le sait encore plus !