éditorial


Le libéralisme, c’est la guerre contre les peuples et les travailleurs.
Assez de l’effroyable gâchis de la guerre !
Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes !
Aucune solidarité avec le gouvernement Jospin-Chirac !

À la fin de la quatrième semaine de guerre contre la Yougoslavie, les images des familles qui ont accueilli en France des réfugiés albanais, ont fait la une des journaux de la presse et de la télévision.

La détresse des centaines de milliers d’Albanais du Kosovo, que l’indifférence des Etats des pays riches laisse parqués dans des camps de fortune, dans la boue et le froid, sans même le minimum d’hygiène et de vivres, alimente la guerre morale, faite de " bons sentiments " et de soi-disant préoccupations humanitaires, que mène le gouvernement Jospin-Chirac pour tenter de nous faire accepter la sale guerre qu’il mène en Yougoslavie.

Lui qui, il y a dix jours, s’était prononcé contre l’accueil de réfugiés albanais en France, se sert des quelques centaines qu’il a autorisées à venir, et encore à titre provisoire, pour exploiter, à cette fin, l’élan de solidarité réelle et sincère provoqué dans la population par l’oppression subie par la population albanaise du Kosovo, son désespoir, son dénuement. Le ministre de la Santé et de la Solidarité, Bernard Kouchner, a endossé ses habits de bon apôtre, comme il l’avait déjà fait lors de la guerre en Somalie, pour prêcher au nom de la morale et des sentiments humanitaires... l’intensification de la guerre et l’intervention de troupes au sol.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit désormais.

Obligée la semaine dernière de reconnaître que ses avions avaient bombardé des convois de réfugiés, y faisant plusieurs dizaines de morts, l’OTAN a clairement averti qu’il ne pouvait y avoir de guerre sans pertes humaines.

C’est une évidence, la guerre, ce n’est pas cette soi-disant opération chirurgicale destinée, comme on nous le répète encore, à voler au secours de la population opprimée du Kosovo, c’est une œuvre de mort et de destruction dirigée contre toutes les populations de l’ex-Yougoslavie.

L’engrenage effroyable enclenché il y a trois semaines par les grandes puissances conduit inexorablement à cette escalade guerrière catastrophique, que sera l’intervention des troupes au sol qu’elles préparent aujourd’hui. Comme le montre l'envoi des hélicoptères d'attaque au sol, les Apaches, accompagnés de troupes lourdement armées et de chars. Intervenues pour imposer leur ordre, il n’est plus question pour les grandes puissances de reculer, quel qu’en soit le prix, la dévastation de tout un pays au cœur de l’Europe, quelles qu’en soient les pertes en vies humaines, parmi toutes les populations de l’ex-Yougoslavie comme parmi les troupes européennes ou américaines.

Les peuples de l’ex-Yougoslavie avaient pu cohabiter en paix pendant plus de trente ans, sous Tito, et c’est sous la pression des rivalités entre ces grandes puissances, dont chacune a encouragé des dirigeants nationalistes rivaux, desquels elles attendaient un renforcement de leur influence, que la Yougoslavie a éclaté. Le dictateur Milosevic, avant de devenir l’ennemi public numéro un, avait bénéficié, pour sa part, du soutien des gouvernements de Mitterrand, et de la " compréhension " de tous les Occidentaux. Exactement comme Saddam Hussein, le dictateur irakien, avant la guerre du Golfe.

Libérées, à la fin des années 80, de la pression des peuples, que constituaient l’URSS et les Etats comme la Yougoslavie, la Chine ou Cuba, parce que, malgré les cliques bureaucratiques qui y imposaient leur dictature, ils étaient nés de la révolution de 1917 et des révolutions anticoloniales, les bourgeoisies des grandes puissances ont pu donner libre cours à leur avidité et à leurs visées. Elles ont encouragé les forces les plus réactionnaires pour détruire les barrières qui s’opposaient à la pénétration de leurs capitaux en quête de profits. Que ces forces viennent des anciens partis prétendument communistes ne change rien au fond.

Il en est de la guerre que ces bourgeoisies mènent contre les peuples de l’ex-Yougoslavie, comme de la guerre qu’elles mènent contre le monde du travail. Elles n’ont de cesse d’imposer leur loi, leur ordre, celui de l’exploitation d’une poignée de milliardaires parasitaires à qui les intérêts de toute la société doivent être sacrifiés.

Aujourd’hui, beaucoup d'entre nous sont désorientés, paralysés par l’incompréhension devant ce qui leur apparaît absurde et irrationnel. Mais cette guerre relève de la même folie que la guerre de classes qu’ils mènent ici. Elle obéit à la même logique, irrationnelle du point de vue des intérêts collectifs, la logique des capitalistes qui régentent le monde.

Face à la fuite en avant criminelle des gouvernements européens et américain, comme face à la fuite en avant dans le libéralisme financier du gouvernement d’union sacrée Jospin-Chirac, il n’y a pas d’autre solution, pour la paix, la démocratie et le droit des peuples, albanais ou serbe, à disposer d’eux-mêmes, comme pour imposer nos droits fondamentaux, que celle de nous regrouper et nous préparer à intervenir, en ne comptant que sur nous-mêmes, afin d’empêcher le gouvernement de nuire davantage, aussi bien ici, qu’en ex-Yougoslavie. C'est un même combat.