échos des entrerprises



Les travailleurs d’Elf et la population s’opposent aux licenciements

12 000 personnes ont manifesté samedi 17 avril dans les rues de Pau contre les licenciements annoncés la veille au Comité central d’entreprise à Paris. La direction prévoit, dans le cadre d’une réorganisation de sa branche exploration-production, pour faire face à son concurrent, Total, qui lui a raflé la place de premier pétrolier français en fusionnant avec Pétrofina, de réduire ses effectifs mondiaux de 20 %, les ramenant de 10 000 à 8 000 salariés pour économiser 500 millions d’euros d’ici 2001. Deux mille personnes seraient licenciées dans la branche exploration-production dont 1320 travailleurs sur les 4400 que compte le centre scientifique et technique des métiers du pétrole, l’EEP de Pau qui est toujours en grève (voir VDT n° 86), en même temps que la production chimique d’Elf Atochem est arrêtée depuis vendredi 16 avril et qu’au gisement de gaz de Lacq, à 25 kilomètres de Pau, elle est au minimum technique. Les travailleurs s’opposent à des licenciements qui concernent 47 % des 2800 équivalents temps plein que compte Elf EEP en France ; les autres licenciements concernent 90 travailleurs expatriés et 400 à la tour du siège à la Défense, à Paris dont le centre informatique était aussi occupé samedi 17 avril.

Le but affiché d’Elf est de " doubler le bénéfice du groupe en 5 ans " en réduisant ses coûts, en faisant sous-traiter, avec l’informatique, l’exploration et la production. C’était exactement ce que craignaient les travailleurs lorsque la direction avait engagé son plan " Performance " en confiant un audit à un cabinet spécialisé dans les restructurations industrielles. Ils ne sont pas dupes du discours de la direction qui affirme : " Nous allons entrer dans l’élaboration d’un projet de réorganisation qui devra être exemplaire au plan social …Si toutes les parties concernées font preuve de bonne volonté, il sera possible de trouver des solutions qui pourront éviter tout licenciement ". Surtout lorsque la direction, au lieu de dire qu’elle va confier des secteurs à la sous-traitance et licencier, parle d’" accompagnement des salariés susceptibles d’être concernés par un changement de périmètre " !

Dans la manifestation, à laquelle avaient appelé de nombreux syndicats, associations et partis, avec la solidarité des commerçants, de la population, les travailleurs ont exprimé leur colère et leur méfiance vis-à-vis des politiciens de tous bords, du socialiste Labarrère à l’UDF Bayrou présents dans la manifestation, en dénonçant avec l’Intersyndicale, le " libéralisme économique " et " les pouvoirs publics qui se dédouanent de leurs responsabilités " ainsi qu’en scandant des slogans comme : " Jaffré (le PDG d’Elf) démission, Dumas en prison ! ".

Le projet de la SNCF pour les 35 heures : modération salariale, flexibilité et précarité accrues

Après le rejet par les syndicats du texte de la direction, le 18 mars, texte qui prévoyait le développement de la flexibilité avec une plus grande modulation des horaires, seulement 3000 embauches au statut et la création d’un nouveau statut à temps partiel dès l’embauche en plus de l’augmentation de 1400 à 1800 des emplois-jeunes en 1999, la SNCF a proposé jeudi 15 avril sa nouvelle mouture des 35 heures.

La direction dit vouloir embaucher de 23 500 à 25 000 agents pour les années 1999, 2000 et 2001, bien plus, précise-t-elle, que les 15 000 qu’elle estimait nécessaires sans les 35 heures, ce qui l’empêcherait de supprimer 1500 emplois par an comme prévu initialement. Mais comme il y aura 19 500 départs, elle ne créera de fait que 5 000 emplois. Et encore, compte tenu de l’intégration des temps partiels existants et de ceux à venir, puisque la direction maintient son projet de nouveau statut à temps partiel dès l’embauche, le projet prévoit en réalité seulement une augmentation de moins de 2000 équivalents temps plein ; il contribue donc à généraliser la précarité en créant une catégorie de travailleurs à temps partiel imposé.

Quant aux salaires, la direction, qui déjà le 18 mars, s’engageait " à ce qu’aucune diminution de salaire ne résulte des 35 heures " tout en annonçant " une modération de leur progression ", affirme dans son nouveau projet : " la progression des rémunérations devra être maîtrisée afin de contribuer à l’équilibre économique de l’accord national ".

Enfin, la SNCF fait en sorte que cette réduction du temps de travail se fasse dans le cadre d’" une organisation du travail qui se traduira par davantage d’horaires décalés et une généralisation du travail dans les établissements le samedi et le dimanche ". " Davantage de souplesse dans le travail " signifierait en l’occurrence 16 minutes de plus par jour pour les roulants.

La direction n’a donc quasiment pas modifié son projet initial. Mais les syndicats qui, comme la CGT, s’étaient montrés sceptiques tout en affirmant, comme un administrateur CGT de la SNCF : " Nous ne sommes pas contre une meilleure organisation du travail ", ont fait un très bon accueil à cette nouvelle mouture de la direction. Alors que la CFDT affirmait que le texte " avait évolué positivement " et qu’elle avait " contraint la direction à modifier ses positions initiales sur l’emploi ", la CGT estimait que le projet avait " beaucoup bougé ", " qu’avec un rythme moyen de 8000 embauches par an que les cheminots n’ont pas connu depuis bien longtemps, c’est à la fois des milliers de jeunes qui vont pouvoir entrer dans l’entreprise et des personnels sous contrat qui vont trouver place dans des emplois statutaires, ce qui doit faire reculer la précarité, contribuant à renforcer notre régime spécial de retraites " !

Centre de Tri et de Distribution (Bordeaux) : lutte contre des suppressions de postes

Il y a quelques semaines, la direction a annoncé un nouveau plan de restructuration : des services seraient transférés d'un bureau à l'autre. Résultat, il y aurait moins de travail au CTD et donc la direction en profiterait pour supprimer des postes de titulaires (les 2/3 de l'équipe de jour). Sans pour autant embaucher dans les services où il y aurait plus de travail.

Les 2 équipes de nuit ne sont pas directement concernées mais les attaques contre nos horaires se profilent avec l'aménagement de la RTT. Aussi, devant le refus de la direction de discuter, à l'appel de la CGT et SUD, nous nous sommes mis en grève les 5 et 6 avril : 100 % de l'équipe de jour, y compris nos camarades sous contrat et près de 90 % en nuit. La direction a vite reculé sur les suppressions de postes et a accepté notre revendication que tous les contractuels (une quinzaine) passent de 28 heures en moyenne à 35.

Mais les menaces sont toujours là. Alors, n'ayant pas la force pour nous lancer dans une grève longue, nous nous réunissons tous les jours en AG (1 heure) à l'embauche de nuit et au croisement des équipes nuit/jour (30 minutes). Cela nous permet de maintenir la pression, de retarder quelque peu le travail et surtout de discuter entre nous, de faire circuler les infos et ainsi de combattre d'éventuelles rumeurs qui nous diviseraient.

La direction qui reçoit habituellement des responsables syndicaux aux niveaux régional et départemental, a été obligée ces temps-ci de recevoir les délégués du CTD. Nous en avions discuté en AG et fait signer une pétition pour imposer notre volonté.

Depuis des années, la direction profite des restructurations pour réduire les effectifs. Et avec les 35 heures qui doivent se mettre en place dans le courant de l'année, ce sont encore plus d'attaques qui se préparent. Ceux qui sont de jour auraient 2 samedis travaillés sur 4 au lieu de 1 sur 4 (mais finalement la direction reculerait là-dessus), et pour ceux de nuit, la direction voudrait imposer une réduction de la durée des nuits travaillées de 10 heures à 6, mais en augmentant le nombre de nuits par semaine, certainement 5, contre 2 à 4 (par roulement) actuellement.

Lundi 19 avril, la direction nous a reçus et a confirmé son recul sur les effectifs, les horaires des contractuels et les repos du samedi. C'est grâce à notre mobilisation, mais nous savons qu'il nous faut rester vigilants car la direction cherchera quand même à imposer son plan prévu pour le 3 mai. Sur les effectifs, les horaires ou autres jours de repos, nous ne sommes pas prêts à accepter ces projets qui se traduiraient par une réelle aggravation de nos conditions de travail.

DCN-Ruelle (Angoulême) : un ministre " socialiste " au naturel !

Concernant les discussions avec le Ministre de la Défense sur l'avenir de la Direction de la Construction Navale, les syndicats sont très discrets. Prétendument parce que les négociations ne sont pas terminées, mais l'impression des travailleurs est qu'ils ne sont pas pressés de se soumettre à notre contrôle et de nous révéler ce qu'ils sont en train de marchander.

Il y a eu dernièrement une exception : un compte rendu pris à la volée lors d'une audience en février de la CGC auprès du Ministre Richard justement. Le document a circulé de la main à la main dans l'usine avant d'atterrir à la rédaction du journal local Charente Libre qui en a publié des extraits.

Le Ministre qui, visiblement ne se surveillait pas, s'y exprime avec une franchise tout à fait cynique. D'abord sur les suppressions d'emplois. Alors que la DCN compte actuellement 19 000 employés, il dit " l'objectif en terme d'effectifs est de 13 000 à 14 000 personnes. Encore que 13 000 est un peu beaucoup. 12 000 serait un bon chiffre ". Sur les départs volontaires : " la mobilité se réalise actuellement sur la base du volontariat. Le risque est qu'il ne reste à la DCN que les "bras cassés" ". Et aussi : " il faudra se mettre d'accord avec les organisations syndicales car nous ne pourrons offrir éternellement un "pont d'or" aux personnels pour qu'ils partent ".

Sur le temps de travail : " Pas assez important à la DCN. On perd de l'argent partout ". Sur l'outil industriel : " surdimensionné d'au moins un tiers. Et quand je dis un tiers, je suis bas. Il faut réduire les surfaces et les équipements qui existent en double, voire en triple ".

Bref, le Ministre " socialiste " crache tout son mépris pour les travailleurs de la construction navale : " écoutez, s'il s'avère trop difficile de sauver la DCN on ne va pas… s'embarrasser ! ". Et aussi : " avant de réduire à 35 heures le temps de travail, il faudrait déjà les faire ! ". Ajoutant : " Vous parlez du temps de présence ! Mais on peut dormir sur son lieu de travail ".

Les patrons sont quelquefois plus prudents avant d'avancer leurs mauvais coups, mais les ministres de " gauche " à leur service arrivent à avoir un langage plus patronal que les patrons. Belle osmose !

Retour au temps des casernes à la Sagem

La Sagem, dont fait partie notre usine à Saint-Etienne du Rouvray, près de Rouen, est une entreprise d’électronique qui travaille en partie pour l’armée et qui emploie en France 14 000 salariés. Ses bénéfices nets augmentent de 10 à 15 % par an et ont atteint près de 800 millions de francs en 1998. Le PDG Pierre Faure rêve de se lancer à la conquête du marché américain et se lance même dans le rachat d’entreprises. En janvier dernier, le groupe Sagem a acquis par une OPA la SFIM, une société en difficulté, ce qui le place au 3ème rang mondial de l’électronique de défense derrière British Aerospace et Thomson CSF.

Mais avec tout ça, le titre Sagem était en baisse depuis plusieurs mois et n’arrivait pas à séduire les boursicoteurs, jusqu’au rayon de soleil que constitue pour tous les industriels de l’armement le déclenchement de la guerre au Kosovo. Plus les Etats vont engager de forces militaires contre les forces des Balkans, plus les profits des Sagem, Dassault et autre Lagardère, s’annoncent juteux.

Pour les salariés par contre, c’est moins rose. A la Sagem de Saint-Etienne du Rouvray près de Rouen, la direction n’a pas attendu la guerre pour vouloir instaurer une discipline militaire. Elle pratique une chasse systématique aux pauses dans le but d’accroître au maximum la production. Sur les chaînes des téléphones mobiles, elle a triplé les cadences en un an. Elle n’y emploie que des intérimaires qu’elle réembauche toutes les semaines, reconnaissant par là qu’ils sont indispensables à la production mais refuse de les embaucher. Au contraire, elle veut être prête en cas de chute brutale du marché à s’en débarrasser.

Par ailleurs, elle utilise les combines les plus tordues. Elle prend sous sa coupe des boîtes en faillite, qu’elle emploie en sous-traitance, dont les salariés qui sont en CDI (selon leur ancien statut) peuvent être désormais licenciés du jour au lendemain quasiment sans indemnités selon son bon vouloir. Elle cherche ainsi à faire marcher tout le monde au pas, mais gare à la mutinerie !

Rhône Poulenc Biochimie (76) : trois semaines riches d’expériences

Ces derniers jours, le mouvement de reprise parmi le personnel à la journée s’est poursuivi soit à cause du fric, soit du fait de la pression de l’encadrement et également du manque de certitude quant à une issue rapide au conflit. Depuis le début de la semaine dernière, c’est donc en grande partie les postés qui continuaient les débrayages. Pour montrer à la direction notre détermination, des braseros et les tas de palettes sont apparus devant les entrées (cela ne s’est jamais vu à la boîte y compris en 68 !) et les amplitudes de blocage de camions ont été augmentées de 5h30 jusqu'à 21h le soir.

Mercredi 14, nous avons organisé une collecte à Renault Cléon avec l’aide de la CGT. Bien que nous ne les ayons prévenus que la veille, nous avons quand même récolté 870 F en 1 heure sur l’une des 6 portes que compte Renault (une autre collecte organisée par la CGT avait lieu au même moment pour un gars de Renault sanctionné). La grosse sono de la CGT mettait l’ambiance et appelait les gars de Renault à la solidarité financière.

Jeudi après midi, la direction a appelé les trois syndicats à l’initiative du mouvement, Sud-CGT-CFDT, à une troisième " négociation ". Comme résultat, il en est ressorti :

- 5 embauches (nous en demandions 43 pour remettre les effectifs d’équerre avant la RTT)

- En plus des 1000 F déjà obtenus, une prime supplémentaire de 1500 F en deux fois ( 1800 F seront donc versés le 1er mai et 700 F en octobre en fonction " des résultats de production ".

- Paiement partiel des heures de grève, le reste étant échelonné sur les cinq prochains mois

Vendredi 16, c’est sur ces dernières propositions de la direction qu’a eu lieu l’AG de reprise. Si personne n’était content de ces propositions, la plupart des travailleurs sentaient bien aussi que les perspectives de continuer dans de bonnes conditions étaient très limitées.

Au-delà des résultats de ces trois semaines de débrayages, nous avons vécu tous ensemble une riche expérience de lutte fraternelle et démocratique. Au travers des discussions et des actions quotidiennes, nous avons appris beaucoup, à nous connaître et nous sentir unis quelle que soit l’appartenance syndicale. La direction n’a pas lâché sur nos 500 F, mais elle ressort discréditée du conflit. Le vernis social a éclaté et chacun a pu constater son véritable visage. Alors, comme beaucoup de travailleurs l’ont dit à l’issue du conflit : " la direction sait maintenant à quoi s’en tenir, notre grève c’était un entraînement pour les prochaines négociations sur les 35 heures ! "

Ford Blanquefort : une saine contagion…

Après le débrayage du jeudi 8 avril, où nous étions un peu plus de 120 (voir VDT n° 86), l’intersyndicale FO-CFTC-CSL-CGC-CGT a décidé d’appeler à un débrayage pour le mardi 20 avec tract, affichage et passage sur les secteurs des délégués, toujours pour demander à la direction de bien vouloir discuter...

Vendredi, on a même vu passer sur les lignes des contremaîtres appelant au débrayage, promettant d’en être ! Pour finalement changer d’avis avec le retrait de la CGC et… exercer des pressions, lundi et mardi, pour dissuader de faire la grève : " Pas de promotion pour les grévistes " ! Réplique immédiate " de toute façon, ça fait des années qu’on n’en a pas ". Avant le débrayage, la direction, elle aussi, par un affichage nous a " invités à réfléchir sur les conséquences d’un mouvement "… ce que nous avons fait, en nous disant que c’était le meilleur moyen de nous préparer à faire face à ses attaques.

Mis en confiance par l’unité des syndicats, mais surtout par le moral contagieux des grévistes du précédent débrayage, nous étions 80 à 90 % à débrayer, plus de 1500 : du jamais vu à Ford !

Depuis le jeudi 8, nous avions tous largement fait partager notre enthousiasme d’avoir marqué le coup, en invitant tous les copains à nous rejoindre la fois suivante. La semaine a passé autour des discussions sur les conditions de travail, sur l’augmentation des salaires qui se fait habituellement le 1er avril, et qui n’a toujours pas eu lieu, et surtout sur l’inquiétude de ce qui pourrait sortir des discussions sur les 35 heures. Bref, le ras-le-bol était là.

Mardi, à 13 heures, nous nous sommes retrouvés très vite la quasi totalité de l’équipe de matin pour faire le tour des ateliers… déserts, et nous nous sommes rassemblés tous ensemble venant des deux usines. A 14 heures, ceux d’après-midi nous ont rejoints. L’ambiance était à la fête, et les discussions se poursuivaient, certains disant qu’ils n’avaient aucune illusion sur ce qui pourrait venir de la direction pour les 35 heures.

Dans l’équipe de nuit, même ambiance et même succès pour le débrayage. Seuls les intérimaires restaient à leurs postes, réconfortés par ceux qui disaient " on se bat pour nous, mais aussi pour l’embauche des intérims ".

Les dirigeants des syndicats, eux, en restent toujours à demander l’ouverture des négociations, disant qu’il fallait maintenant attendre le 26 avril, pour connaître les volontés de la direction.

Beaucoup d’entre nous disaient qu’ils seraient prêts à recommencer.

" 35 heures " à la MFP : ce ne sont pas des " propositions " mais une véritable provocation !

Pour les salariés de l’antenne de Haute-Normandie de la Mutualité de la Fonction publique, l’annonce, la semaine dernière, des projets de la direction générale concernant la réduction du temps de travail a fait l’effet d’une véritable provocation. Certes, personne ne s’attendait à quelque chose de positif et l’inquiétude dominait, au vu de tous les accords signés dans le cadre de la loi Aubry, tous défavorables aux salariés. Mais là, c’est tout simplement un retour en arrière de plusieurs dizaines d’années concernant nos conditions de travail et de salaire qui est concocté par la direction. En échange d’une réduction de 46 minutes de travail par jour (nous ferions désormais 34 h 25 par semaine), la direction veut nous imposer un gel des salaires pendant 3 ans, le calcul de nos primes bi-annuelles et de notre 13ème mois au prorata du " temps de travail effectif ", c’est-à-dire que tous ceux qui auront des arrêts-maladie verront leur salaire baisser… et donc c’est l’incitation à venir travailler quel que soit notre état de santé. De plus, nous perdrions 3 jours de congés annuels, les ponts, les jours fériés tombant un samedi récupéré et les 2 jours par enfant…Et pour couronner le tout : il n’y aura aucune embauche… la direction nous dit même que " seule cette RTT permettra de préserver tous les emplois actuels… car la MFP est en sur-effectifs ". A ne pas en croire ses oreilles lorsque l’on a vu notre charge de travail augmenter d’année en année. Il est clair que nous rejetons cette pseudo réduction du temps de travail : nous perdrions tous nos acquis pour avoir plus de feuilles à traiter avec moins de temps… 46 minutes de travail en moins par jour, ça donne peu de loisirs… et puis nous n’en aurions plus les moyens avec nos salaires au rabais ! La colère est réelle : personne ne veut laisser passer cela. Il se pose pour nous très vite la nécessité d’agir avec l’ensemble des salariés de la MFP pour qu’aucune organisation syndicale ne mette sa signature en bas d’un tel torchon.

Chiffres en bref :

2 sur 3

C’est la proportion de jeunes demandeurs d’emploi de moins de 25 ans qui ne touchent aucune indemnisation selon un rapport de l’UNEDIC. De façon générale, le chômage non indemnisé est en progression depuis 93 : 47 % de l’ensemble des chômeurs.

A défaut de donner du travail aux jeunes ou même de les indemniser, le gouvernement prend des mesures : Chevènement a décidé l’affectation permanente de 3 000 CRS et gendarmes dans les quartiers populaires.

1312 milliards de francs

C’est à peu près la valeur boursière de la nouvelle compagnie téléphonique qui va naître de la fusion de Deutsche Telekom et de Telecom Italia. En fait, le chiffre d’affaires de ce nouveau trust, qui serait le 2ème au monde dans cette branche serait de 386 milliards.

1312 milliards d’actions pour 386 milliards de chiffres d’affaires, c’est 3,5 fois plus. C’est la surenchère incontrôlée des actionnaires qui surcotent sans limites pour pouvoir toucher une part des profits, 24 milliards en 98, produits par les 300 000 salariés des deux compagnies, profits qu’ils réutiliseront pour surcoter à nouveau, gonflant la bulle spéculative… jusqu’au krach.

3 millions

Jamais il n’y a eu autant de chômeurs au Japon. Les uns après les autres, les grands groupes japonais annoncent des coupes sombres dans leurs effectifs pour " rétablir leur rentabilité ". Mitsubishi Electric annonce 14 500 suppressions d’emplois dont 8 400 au Japon soit 13 % de ses effectifs, Hitachi annonce la suppression de 6 500 emplois soit 10 % de l’ensemble du personnel. Les conséquences sont désastreuses dans le domaine de la consommation : les chiffres de vente de véhicules automobiles sont au plus bas depuis 12 ans et, pour la 3ème année consécutive, la deuxième économie du monde va connaître un recul de son PIB. Les journaux économiques ne faisaient état que d’un seul chiffre " favorable " : selon une enquête, le moral des patrons japonais est un peu meilleur…

Hôpital-sud Bordeaux : la surexploitation des CES, ça ne passe plus

Depuis des années, au CHU, la Direction a embauché et débauché des milliers de CES. pour leur faire tenir des postes permanents dans les ateliers, les bureaux ou les services de logistique. Ces camarades pallient ainsi le manque de personnel et permettent aux services de tourner, et cela pour 2900 francs par mois et la porte, le chômage à la fin de leur stage.

Les textes du gouvernement, certes tout à fait hypocrites, précisent pourtant que ces camarades ne devraient en aucun cas occuper des emplois permanents ou tenir les postes de titulaires absents, mais qu’ils sont là pour être formés, si possible réinsérés professionnellement à l’issue de leur stage. Et il est même précisé que chaque CES doit avoir un "tuteur", nommé par la Direction pour lui proposer des stages de formation et l’aider dans ses projets de réinsertion. Mais, de tout cela, nul n’a vu la couleur.

Cette politique de la Direction révolte beaucoup d’entre nous car nous les accueillons, nous les formons et tissons avec eux des liens de camaraderie. Comment ne pas être révolté quand on les voit jetés au chômage au bout de quelques mois ou quelques années ?

Mais, ces derniers temps, des mouvements de protestation ont éclaté ça et là.

- à la Blanchisserie, plusieurs mouvements de grève ont imposé l’embauche, et même la formation en vue de leur titularisation, de plusieurs de ces camarades.

- aux Magasins généraux, il a suffi du dépôt d’un préavis de grève et d’une entrevue avec la Direction pour faire embaucher en CDD, avec promesse de titularisation, un camarade présent depuis 3 ans sur le service.

- à la Stérilisation, lundi 12 avril, après 3 heures de grève, la Direction nous a tous reçus. Au cours de l’entrevue, la DRH a bien été obligée de reconnaître que les CES tiennent des emplois permanents puisqu’ils sont 8 sur 27 depuis des années dans notre service. Elle a promis l’embauche, en mai, de 2 de ces camarades en CDD. Et nous lui avons bien précisé qu’il nous faut, avant vendredi, la confirmation écrite de ces embauches ; faute de quoi nous repartirions en grève. Mais pour nous, et nous allons suivre l’affaire de près, ce qu’il faut c’est l’embauche définitive de ces camarades.

- dans les bureaux, à la Cardio, 2 jeunes CES sont allées demander leurs droits à la Direction Départementale du Travail, notamment au sujet des congés annuels. Suite à cette visite, considérant qu’elles n’ont pas eu leur dû, elles ont demandé l’intervention des syndicats pour exiger des comptes de la Direction.

Dans le contexte actuel de pénurie et d’aggravation des conditions de travail, une idée commence à faire son chemin, c’est celle de l’embauche sur place de tous nos camarades en contrats précaires.