éditorial


Les mensonges et la duplicité se révèlent, aucune confiance en ce gouvernement qui fait la guerre contre les peuples et mène la lutte contre les travailleurs, au profit des financiers

Ce week-end, Jospin s’est montré à la télévision, embrassant des enfants kosovars dans un camp de réfugiés presque au moment où un avion de l’OTAN bombardait un autobus, tuant des dizaines d’hom-mes, de femmes et d’enfants. Puis, il s’est empressé de se rendre en Egypte pour aider les capitalistes français à signer des contrats. Des sourires apitoyés, des bombes qui tuent des civils, des milliards de contrats pour les capitalistes, ces images révèlent la duplicité de la politique de ce gouvernement, ses mensonges.

Comme le révèle aussi, de façon ridicule certes mais criminelle, même si c'est à un niveau beaucoup moins dramatique, l'affaire corse du préfet qui défend "l'Etat de droit" avec des méthodes de fasciste.

Leur droit, c'est celui d'imposer par la force, quels qu'en soient les conséquences, les bavures, les "dommages collatéraux", la domination des puissants, du capital sur toute la planète. Leur droit et leur morale, c'est le masque d'intérêts privés, parasitaires, qui voudraient s'imposer, par une imposture, au nom des intérêts collectifs.

Jospin et Chirac prétendaient faire la guerre pour protéger le peuple kosovar. Ils lui avaient pourtant, lors des négociations de Rambouillet, refusé le droit à l'indépendance et aujourd'hui, près d’un million de réfugiés se retrouvent parqués dans des camps, dans le dénuement complet. Alors que leurs avions bombardent l'ex-Yougoslavie vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ils ne sont pas capables d’assurer les plus élémentaires conditions d'hygiène aux réfugiés dont les enfants meurent faute de soins.

Jospin, Chirac et leurs alliés, les dirigeants de l’OTAN, affirmaient s’attaquer au régime de Milosevic pour défendre la démocratie, enrayer la purification ethnique. Ils ne font qu’exacerber les nationalismes en attisant les haines et en appauvrissant les peuples : aujourd’hui, c’est en Macédoine, en Albanie, au Monténégro, que la guerre civile menace. La paix que les grandes puissances offrent aux peuples, c’est de vivre dans des pays, hier ruinés par la crise économique, aujourd’hui dévastés par la guerre, livrés à des chefs nationalistes qu'elles soutiennent ou combattent au gré de leurs intérêts.

Si demain, le peuple kosovar peut retrouver son territoire, ce sera une prison gardée plus que protégée par les soldats de l’OTAN ou de l'ONU, gendarmes des grandes puissances.

Ce qui se passe aujourd'hui dans l'ex-Yougoslavie n'est pas un simple épisode aberrant, mais bien la logique de la politique des grandes puissances qui ruinent les peuples qu'elles prétendent défendre. La Banque mondiale indique que la pauvreté ne cesse d’augmenter dans le monde : 1,7 milliard d’êtres humains vivent avec moins de 1 dollar, 6 francs par jour. En Russie, où ils se vantaient de faire triompher le libéralisme, le nombre de pauvres a été multiplié par dix en dix ans. L’aide au développement représente en 98, 40 % de moins qu’en 90.

Les discours sur la démocratie, le droit des peuples, le progrès social, ne sont que les mensonges dont les politiciens se servent pour voiler les véritables objectifs de leur politique, la défense des intérêts d’une poignée de capitalistes, de financiers et de multinationales qui mettent la planète en coupe réglée.

C'est la même duplicité qui conduit le gouvernement Jospin à invoquer la lutte pour l'emploi pour justifier ses mauvais coups. Ne nous avait-il pas dit que la loi des trente-cinq heures permettrait d’améliorer nos conditions de travail et créerait des emplois ? Les patrons en ont profité pour empocher des milliards, imposer la flexibilité et l’annualisation du temps de travail, baisser ou geler les salaires. Et le même gouvernement est incapable d'empêcher des entreprises qui font des milliards de profits de licencier !

Pour les retraites aussi, ils mentent en prenant prétexte de " changements démographiques " pour tenter de nous imposer de cotiser 42 ans et demi. La vérité est plus simple. Pour accroître les profits, ils veulent nous faire travailler plus, en sachant que cela signifie que, pendant que les anciens se tuent à la tâche, les jeunes galèrent de chômage en petits boulots. Ils veulent diminuer ce qu'ils appellent "le coût du travail" en allongeant la durée globale du travail au prix d'une aggravation du chômage et, en conséquence, d'une baisse des salaires.

Aujourd'hui, nous sommes de plus en plus nombreux à oser voir en face la duplicité et les mensonges de ces politiciens dont les directions syndicales se font les complices. Les travailleurs de la SNCF, en désavouant les syndicats, dont la CGT, qui voulaient entériner un accord qui leur était défavorable, en les obligeant à s'engager dans l'action, le prouvent. Ils ont raison. Leur grève s'étend, tant mieux. Ils montrent la voie, l'action à la base pour que les travailleurs exercent leur pression, à tout niveau.

Leur grève contribue à rompre le piège politique dans lequel, une nouvelle fois, les partis de la gauche plurielle et les directions syndicales voulaient nous enfermer, comme leur sale guerre nous éclaire sur les véritables intentions militaires de ceux qui prenaient le masque de l'humanitaire.

Il est temps de refuser notre confiance à ce gouvernement et à ceux qui le soutiennent. Il ne peut y avoir de paix juste et équitable, sans coexistence démocratique entre les peuples. Seuls les peuples eux-mêmes et les travailleurs peuvent garantir une telle paix. Il en est de même pour la défense de nos propres droits, comme de ceux des chômeurs, des exclus, des femmes et des jeunes. Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes, notre mobilisation, notre organisation.