éditorial


Le système libéral porte en lui la guerre et la misère, les puissances impérialistes sèment la haine, elles récolteront la révolution

Quoiqu’ils disent pour se justifier, les dirigeants de l’OTAN viennent de se livrer à ce qui ressemble bien à une provocation à l'encontre de la Chine, dans le seul but de l'obliger à se soumettre, bon gré mal gré, à leur politique.

Selon eux, le bombardement de l’ambassade de Chine à Belgrade ne serait qu’une " bavure " de plus. Ils sont persuadés que plus le mensonge est gros et plus il devrait normalement atteindre sa cible, c’est-à-dire l’opinion publique. Ils veulent l’habituer à gober n’importe quelle version cousue de fil blanc sur leurs actes de barbarie. A en croire leurs bobards, la guerre qu’ils ont déclenchée serait pavée de bonnes intentions humanitaires dans tous les cas de figures.

Ils nous disent que les bombardements en plein jour sur la ville de Nis en Serbie visaient l’aéroport. En fait, les avions de l’OTAN ont largué sur un marché et près d’un hôpital des bombes à fragmentation faites pour tuer des personnes et non pour détruire des pistes. Leur but est avant tout de terroriser et de briser moralement les peuples de l’ex-Yougoslavie comme l’ont déjà montré leurs bombardements sur des immeubles d’habitation, sur un train, un autocar ou un convoi de réfugiés kosovars. Quant à Milosevic, ils ne veulent pas l’abattre mais seulement l’acculer à approuver ce qu’ils ont décidé, en vue de futures " négociations ".

Leurs mensonges couvrent leurs exactions et en préparent d’autres. Ils voudraient nous faire avaler que dans tout Belgrade, seuls les services de renseignements américains n’étaient pas au courant que l’ambassade chinoise se situait, depuis plus de deux ans, dans un bâtiment isolé entouré d’un parc, le drapeau chinois flottant dessus. Ils laissent entendre que les agents de la CIA, stressés par 45 jours de bombardements sur Belgrade, se seraient penchés sur des plans périmés...

Mais même s'il s'agissait finalement d'une bourde de la CIA, les chefs de l'OTAN ont su en profiter pour atteindre un objectif politique.

De façon plus certaine, les chefs de l’OTAN se sont livrés à une provocation. Ils testent la capacité des dirigeants chinois à prendre place dans le dispositif de maintien de l’ordre impérialiste à l’échelle mondiale. Le message qu’ils leur ont envoyé sous forme de missiles sur leur ambassade de Belgrade a la signification suivante : " Nous, les chefs des pays les plus riches du monde, nous ne tolérons pas votre neutralité ou votre soutien timide à la Serbie. Vous devez être à notre botte. Vous êtes convertis aux charmes du capitalisme dont vous profitez. Vous laissez nos capitaux pénétrer en Chine. Fort bien. Mais cela ne nous suffit pas. Vous voulez faire partie de l’Organisation mondiale du commerce ? Prouvez d’abord votre fiabilité. Prenez votre place de chiens de garde du système libéral mondial, derrière nous,ÀË¥

Les dirigeants chinois ne demanderaient pas mieux que de leur obéir mais ils doivent compter avec leur jeunesse et avec les centaines de millions de travailleurs des villes et des campagnes frappés de plein fouet par la pénétration de l’économie de marché en Chine. L’attaque de l’ambassade de Belgrade est apparue à leurs yeux, à juste titre, comme un affront, comme une agression de plus des Etats impérialistes contre un peuple qui s’est battu héroïquement tout au long du XXème siècle pour échapper à leur domination.

De peur d’être menacés par des manifestations de colère spontanées, les dictateurs chinois ont préféré les organiser et les contrôler. Ils ne perdent rien pour attendre. Les jeunes et les travailleurs qui manifestent leur haine contre les impérialistes occidentaux ne tarderont pas à mettre dans le même sac les bourgeois et les bureaucrates chinois qui s’en mettent plein les poches, les oppriment et les licencient à tour de bras.

Dans leur escalade guerrière, les grandes puissances suivent la courbe implacable de leur économie mondiale en ébullition. Pour alimenter le feu de la spéculation boursière à New York, Paris, Francfort ou Londres, pour doper les cours des actions de quelques grandes firmes industrielles et financières, les dirigeants impérialistes pratiquent la fuite en avant la plus démente. Ils détruisent les emplois, les acquis et le pouvoir d’achat à une échelle gigantesque. Le point de rupture peut venir d’un krach boursier. Le point d’arrêt de cette fuite en avant ne peut venir que de l’organisation et de la mobilisation des travailleurs, ici comme ailleurs, contre leur bourgeoisie et les politiciens à leur service.

Conscients de cela, les dirigeants impérialistes comme Clinton, Chirac et Jospin, s’engagent préventivement dans la guerre et enrôlent tous ceux qu’ils peuvent, pour tromper et mater les peuples avant qu’ils ne se révoltent. Calcul stupide ! Ils sèment ainsi la haine contre eux sur tous les continents. Par leur escalade économique et guerrière, ils préparent la levée en masse des fossoyeurs de leur système, les travailleurs de tous les pays, qui ont un intérêt commun à regrouper leurs forces pour se préparer à leur arracher le pouvoir. Les travailleurs sont la seule force pouvant assurer la paix pour toute l’humanité.