Nous avons élu au Parlement européen Arlette Laguiller et Alain Krivine
Maintenant, tous ensemble, préparons nos luttes et un autre avenir
Moins dun électeur sur deux sest déplacé pour voter aux élections européennes. Cest un désaveu pour tous les politiciens qui voudraient nous faire croire quavec un bulletin de vote, nous pourrions décider de ce qui se passe dans lEurope des capitalistes et des financiers. Bon nombre de travailleurs et de jeunes ont refusé de cautionner cette comédie électorale, nen déplaise aux donneurs de leçons de " civisme " de tous bords ! Tous ceux qui, par leur voix, ont contribué à élire Alain Krivine, Arlette Laguiller et trois de leurs camarades au Parlement européen les comprennent, comprennent leur révolte et leur dégoût. Ils les partagent et ont choisi de le dire en votant pour l'extrême-gauche, affirmant ainsi leurs espoirs. Pour eux, pour nous, ces élections ont été l'occasion de dire bien plus clairement et bien plus fortement leur révolte, en faisant entendre notre voix, notre volonté de lutte, en envoyant des députés révolutionnaires au Parlement européen. Cela représente pour tous les salariés un succès.
Ce succès, comme cette très forte abstention, le désaveu quils expriment, ridiculisent les déclarations dautosatisfaction, le bluff des politiciens. Ainsi, Hollande voudrait présenter le score de sa liste comme un encouragement pour que le gouvernement continue sa politique " transformatrice et réformatrice ". Il ne convainc que lui-même. Il pourra certes compter sur lappui des Verts qui ont profité du vote délecteurs du Parti socialiste déçus, attirés par un emballage plus neuf, des politiciens plus jeunes, mais qui nont rien à envier aux caciques du Parti socialiste. Il pourra aussi compter sur la collaboration du Parti communiste. Son mauvais score est un désaveu de la politique de Hue, le prix de ses renoncements et de son alignement sur les socialistes et la politique du gouvernement, mais Hue n'en a pas d'autre.
Ce bluff des politiciens de la gauche plurielle n'est possible que du fait de la déconfiture de la droite. Nous ne pouvons que nous en réjouir mais sans être dupes, ils ne s'effondrent que victimes de la cohabitation, parce que la gauche a pris leur place et fait leur politique.
Dimanche soir, Sarkozy et son acolyte Madelin avaient rabattu de leur morgue, eux qui étalent dordinaire leur suffisance et leur mépris social. Ils étaient ridicules, dominés par leur échec alors que Le Pen et Mégret faisaient aussi grise mine : ils ont fait le plus mauvais score électoral de lextrême-droite depuis des années. Mais sils se déchirent à belles dents, le danger de lextrême-droite nest pas écarté pour autant. Ce que Mégret n'a pas réussi, Pasqua et de Villiers qui ont rassemblé derrière eux la fraction la plus réactionnaire de la droite et qui chassent sur les terres de lextrême-droite, pourraient le réaliser ; rassembler les ambitions de la droite hostile à la cohabitation et nationaliste à celle de l'extrême-droite. Ils annoncent dailleurs la formation dun nouveau mouvement, le Rassemblement pour la France, au sigle de sinistre mémoire, celui du mouvement anticommuniste et dextrême-droite, fondé par de Gaulle dans les années 50.
Face à ces dangers, face aux attaques du patronat et du gouvernement qui vont redoubler après les élections, le score réalisé par la liste dArlette Laguiller et dAlain Krivine qui a obtenu 5,2 % des suffrages et cinq députés, a exprimé clairement le désaveu des politiciens au service du patronat. Cest la confirmation de lexistence dune opposition ouvrière au patronat et au gouvernement et un encouragement pour lensemble du monde du travail. Les revendications défendues par Arlette Laguiller et Alain Krivine, linterdiction des licenciements dans les entreprises qui font des profits, larrêt des subventions aux patrons et la création de centaines de milliers demplois dans la Fonction publique, le contrôle des comptes des capitalistes et des financiers, ce sont les seules réponses possibles à la guerre que mène le patronat contre les salariés.
Au Parlement européen, les députés révolutionnaires se feront les porte-parole de ces revendications et ce sera un appui important pour nos luttes. Mais le parlement nest quune tribune, cest dans la lutte de classe, dans les luttes quotidiennes que se déterminent les véritables rapports de forces. Pour que ces revendications deviennent le programme de nos luttes, il faudra que nous nous en fassions, nous-mêmes, les porte-parole dans les entreprises, les bureaux, les quartiers et les cités, auprès des travailleurs et de la jeunesse. Cest en défendant ce programme, en préparant les luttes au coude à coude avec tous les militants ouvriers qui veulent défendre les intérêts de leur classe, que nous pourrons rassembler, organiser, enraciner dans le monde du travail, la force politique, aujourdhui dispersée, qui sest exprimée dans le vote de dimanche. Cest en nous organisant entre travailleurs, en agissant par nous-mêmes, dans l'unité et la démocratie, que nous pourrons transformer ces idées et le courant qui les défend, en une force qui sera linstrument des luttes des travailleurs pour défendre leurs droits et mettre un terme au recul du monde du travail et de toute la société.