éditorial


Öcalan condamné à mort par pendaison : la barbarie des alliés de l’Otan, une " victoire " de l'impérialisme contre les peuples prisonniers du nationalisme

Le dirigeant kurde Abdullah Öcalan, vient d’être condamné à mort par la Cour de sûreté de l’Etat turc à la suite d’une véritable campagne de lynchage public et de déchaînement nationaliste turc, après une parodie de procès montée par l’armée et le gouvernement. La dictature turque, alliée de l’Otan, veut ainsi imposer une défaite au peuple kurde à qui elle mène une guerre sanglante depuis 15 ans.

A l’annonce du verdict, les pays européens, complices de la Turquie, ont " regretté " avec hypocrisie l’utilisation de la peine de mort, voulant faire semblant de marquer leurs distances avec ces pratiques barbares, opposées, disent-ils, à leurs " principes ", essayant ainsi de maintenir sur leur Europe un vernis " démocratique ". Mais ce vernis se craquelle de partout. La barbarie de l’Etat turc est la leur, c’est le vrai visage de l’impérialisme qui pour imposer sa domination aux peuples s’appuie sur des dictatures sanglantes.

Depuis la Première guerre mondiale, le peuple kurde vit en paria. Les grandes puissances impérialistes, qui ont dépecé la région, ont imposé des frontières en fonction des rapports de forces et de leurs intérêts respectifs, dans le plus grand mépris des peuples, en particulier du peuple kurde qui est aujourd’hui dispersé sur 5 Etats : la Turquie, l’Irak, l’Iran, la Syrie et l’Arménie.

Cette oppression, qui maintient les populations dans la misère et l’arriération, a poussé des milliers de jeunes et de travailleurs dans la voie de la révolte. En Turquie, la lutte armée du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) contre l’Etat turc, dirigée par Öcalan, a attiré de nombreux jeunes qui ne voyaient pas d’autre issue que la violence pour s’opposer à la violence de la dictature.

L’armée turque a instauré une politique de terreur avec la complicité de l’impérialisme, menant une guerre systématique dans les montagnes du Kurdistan, détruisant des milliers de villages au cours d’opérations punitives et déportant près de trois millions de Kurdes. En quinze ans, cette guerre a fait plus de 30 000 morts dont 26 000 Kurdes. Les populations déportées sont entassées dans des villes confrontées à la misère, aux problèmes de l’eau potable, du logement, du transport, quadrillées par les militaires qui effectuent régulièrement des opérations de ratissage, faisant quotidiennement de nombreux morts.

L’Etat et les nationalistes turcs, soutenus par l’impérialisme, ont tout fait pour dresser un fossé de sang entre la population kurde et la classe ouvrière turque qui partage la même misère, victime elle aussi de l’oppression de l’Etat au service de la bourgeoisie turque et des capitalistes occidentaux. Ils ont tenté de dévoyer la révolte et les frustrations de la population turque contre les Kurdes, distillant le poison du nationalisme.

La politique d’Öcalan et du PKK a été incapable d’offrir une issue à la population kurde qui s’est, elle aussi, trouvée prise au piège du nationalisme. La politique du PKK n'a pas cherché à s'adresser à la classe ouvrière et à la population pauvre turque. Pour tenter d’obtenir un Etat kurde, Öcalan a recherché des soutiens non parmi les opprimés turcs mais parmi les Etats, ceux de la région et ceux des grandes puissances, tentant de négocier avec les représentants de l’impérialisme. Pour mener la guérilla, il a négocié le soutien de régimes tels que celui de Syrie pour installer ses bases et ses camps d’entraînement.

La guérilla du PKK visait tous ceux qui, à ses yeux, étaient complices de l’Etat turc, les soldats et les représentants de l’Etat, mais elle a aussi pris pour cible des civils et ses méthodes ont alimenté la propagande de l’Etat turc, elles ont contribué à creuser un fossé entre les populations turque et kurde, mettant la population kurde elle-même devant le fait accompli.

La répression de l’armée turque a affaibli le PKK, décimant ses rangs, emprisonnant des milliers de militants, de jeunes et de démocrates kurdes. Devant son affaiblissement, Öcalan a fait, ces dernières années, plusieurs offres de cessez-le-feu au régime et s’est dit prêt à une solution diplomatique, ce qu’il n’a cessé de répéter depuis l’ouverture de son procès. Il a appelé le PKK à rendre les armes et a, d’une certaine manière, offert ses services à l’Etat turc, proposant de faire cesser la rébellion en échange de sa vie. Mais l’Etat turc est moins que jamais disposé à un compromis.

Il ne peut y avoir aucune solution diplomatique ou " démocratique " dans le cadre de l’impérialisme pour la population kurde, pas plus que pour l’ensemble des peuples. Quand les grandes puissances acceptent de négocier, de traiter, c’est uniquement pour se donner des moyens supplémentaires pour soumettre les peuples, leur imposer leur ordre et mieux les piller.

Que la décision d’appliquer la sentence de mort soit votée par le parlement turc (ce qui semble probable vu l’influence des nationalistes et de l’extrême-droite) ou que la peine d’Öcalan soit commuée, la révolte de la jeunesse et des travailleurs kurdes contre l’oppression et la misère ne pourra que s’amplifier. Cette révolte saura trouver ses véritables alliés, en premier lieu la classe ouvrière et la population pauvre turques dont nombre de Kurdes partagent la vie, permettant à l’ensemble des opprimés d’unir leurs forces et de se dégager de l’impasse du nationalisme.