éditorial


Le " docteur " Kouchner gouverneur civil du Kosovo les grandes puissances utilisent l'humanitaire pour tromper les peuples,

comme le gouvernement, les étiquettes socialiste et communiste, pour tromper les travailleurs

Bernard Kouchner vient d'être nommé par le secrétaire général de l'ONU Koffi Annan, administrateur civil du Kosovo.

Kouchner est nommé à ce poste, non à cause de ses fonctions actuelles de secrétaire d’Etat à la santé dans le gouvernement Jospin, mais à cause de son passé de fondateur de Médecins sans Frontières, de " french doctor ", comme le dit la presse, qui aurait dévoué toute sa vie à la cause humanitaire. Il irait aujourd’hui au Kosovo, comme il allait au début des années 70, alors jeune médecin, soigner bénévolement les victimes de la guerre civile et de la famine au Biafra. Il serait de ces hommes qui auraient fait triompher auprès des Etats des grandes puissances l’idée d’un " devoir d’ingérence humanitaire ".

Les grandes puissances nous servent aujourd'hui, pour justifier leur occupation militaire du Kosovo, le même mensonge qu'il y a quatre mois pour justifier leur sale guerre contre l'ex-Yougoslavie.

C'est pour tenter de ramener dans la région des Balkans la stabilité nécessaire au pillage qu'exercent leurs trusts dans l'ensemble du monde que les grandes puissances sont intervenues contre l'ex-Yougoslavie. Cette stabilité était menacée par la politique guerrière de Milosevic, conséquence, comme l'exacerbation de toutes les tensions et rivalités nationales, de l'appauvrissement des peuples livrés à la mondialisation, saignés par l'offensive libérale menée depuis plus de dix ans par l'oligarchie financière des puissances impérialistes. Les brigands qui dirigent le monde ne pouvaient tolérer qu'un de leurs sous-fifres enfreigne leurs ordres.

La " paix " actuelle n'est que la continuation de la guerre sous une autre forme, celle d'une occupation militaire d'un Kosovo devenu protectorat des grandes puissances, occupé militairement par 50 000 soldats.

Kouchner est prêt à y jouer le rôle de gouverneur colonial, à assumer la responsabilité du maintien de l'ordre contre une population albanaise meurtrie et ruinée, à qui les grandes puissances refusent le droit à l'indépendance. Prêt également à défendre, dans la foire d'empoigne à laquelle donnera lieu la reconstruction du Kosovo, les intérêts des trusts français, avides de ces nouveaux marchés de la reconstruction, payés par des crédits des Etats et des organismes internationaux, face à leurs rivaux des autres pays d'Europe et des Etats-Unis, qui ont pris soin de se faire attribuer eux aussi des représentants dans la nouvelle administration coloniale.

Les troupes occidentales resteront probablement longtemps dans les Balkans, quel que soit le sort de Milosevic, parce que les grandes puissances savent bien que la situation des populations de cette région, les plus pauvres d'Europe, a été aggravée à tel point par la guerre, qu'elle ne peut pas ne pas engendrer des explosions sociales. Elles sont là-bas pour les briser, et c'est parce qu'il semblait le mieux à même de tromper les peuples en permettant de présenter cette occupation militaire comme une œuvre humanitaire que Kouchner a été choisi par l'ONU et l'OTAN.

C'est pour les mêmes raisons que la bourgeoisie a délégué à la direction de ses affaires le gouvernement Jospin de la gauche plurielle. Les ministres socialistes et communistes ont pour tâche de nous tromper pour nous faire accepter les licenciements et la réduction des salaires qui nourrissent ses profits.

Comme Kouchner vend son étiquette humanitaire auprès des grandes puissances pour les servir en trompant les peuples, les dirigeants des partis au gouvernement vendent leur étiquette communiste et socialiste auprès du patronat pour servir ses intérêts contre le monde du travail.

Mais les uns comme les autres ne sont plus guère capables de faire illusion, la recette est usée. Kouchner s'était révélé en prêtant son image à l'expédition des grandes puissances en Somalie en 1992, alors qu'il se faisait photographier un sac de riz sur les épaules, et les dirigeants socialistes et communistes ont déjà ruiné la confiance que leur accordaient les travailleurs lors de leur premier passage au gouvernement sous Mitterrand.

Aujourd'hui qu'ils sont ouvertement convertis à l'économie de marché, aux privatisations, au libéralisme, leur duplicité ne peut que détruire les dernières illusions que certains d'entre nous avaient encore, et finir de nous convaincre que nous ne pouvons compter que sur nos propres forces pour mettre un coup d'arrêt à la dégradation de nos conditions d'existence.

En cherchant une fois de plus à nous tromper, ils ne font que favoriser le mouvement de recomposition politique qui s'opère dans le monde du travail, et l'organisation, dans les entreprises et les quartiers de cette nouvelle force politique dont Arlette Laguiller et Alain Krivine se sont fait les porte-parole lors des dernières élections européennes.